Théophile YAROU, Président du parti LNA, invité de « Sous l’arbre à Palabre » de l’Événement Précis : « Patrice Talon s’est beaucoup amélioré »

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Théophile YAROU, Président du parti LNA

Nouvel invité de la rubrique phare ‘’Sous l’Arbre à Palabre’’ du journal L’Événement Précis pour le compte de cette année 2022, l’ancien Secrétaire exécutif national adjoint  du parti FCBE et ex ministre de la Défense de Boni Yayi, Théophile YAROU,  fait le point du parcours ayant conduit à la formalisation  de l’existence légale du parti La Nouvelle Alliance dont il assume la présidence. Il se dit déjà avec les siens, partants pour les prochaines législatives 2023 sous les couleurs de cette nouvelle formation politique.  Au cours des échanges avec les journalistes, le président de  LNA n’a pas manqué de souligner la particularité de son parti qui   ne se réclame ni de l’opposition, ni de la mouvance, encore moins du centre. Ce parti prône plutôt le Social-Libéralisme et se positionne comme une « alternative crédible à l’écoute du peuple béninoise ». Réagissant à propos de la gouvernance de Patrice Talon, l’invité de l’Événement Précis avoue que le Chef de l’Etat s’est beaucoup amélioré, faisant allusion aux différences mesures sociales et autres initiatives qu’il entreprend depuis quelques temps pour soulager les peines des populations. Lisez plutôt.  

Et si on en parlait !

Votre parti LNA a récemment obtenu son récépissé définitif. Quels sont vos sentiments ?

Avant de répondre à votre question, il est important de faire remarquer qu’après une période très agitée de la vie politique de notre pays, j’ai, ensemble avec certains camarades, pris du recul pour mieux apprécier la situation afin de mieux nous repositionner sur l’échiquier politique national. En effet, le parti LNA est né à la suite d’un certain nombre d’événements au sein des FCBE. Ces événements ont été provoqués par les différences de vues liées essentiellement à la conviction, à l’éthique à la morale et la façon des uns et des autres de faire la politique. Ainsi, ne partageant et convaincus de la noblesse de la cause que nous défendons, nous avons décidé de créer un autre cadre politique totalement indépendant en vue de promouvoir les valeurs qui nous sont chères, à savoir la justice sociale, la

morale, l’éthique, l’égalité devant la loi et l’égalité sociale, la répartition des richesses et le panafricanisme.

A la création du parti, nous avons proclamé que nous sommes un parti social libéralisme qui en l’état actuel des choses n’est ni de l’opposition ni de la mouvance.

Nous sommes nés pour pouvoir trouver des hommes et des femmes partageant les valeurs du social libéralisme et le panafricaniste. Nous sommes heureux de pouvoir accomplir toutes les formalités requises par la loi régissant les partis politiques dans notre pays et d’obtenir ce fameux récépissé. Et il normal de s’en réjouir lorsqu’on connait le contexte politique de notre pays.

Le contexte politique actuel de notre pays nous amène à pousser un ouf de soulagement à l’obtention du récépissé.

De quel contexte parlez-vous ?

Je ne voudrais pas rappeler les événements malheureux qui ont conduit à l’exclusion de l’opposition aux élections législatives de 2019. Je veux parler de ce fameux certificat de conformité a fait couler beaucoup d’encre et de salive.

L’obtention du récépissé définitif du parti LNA n’a pas été du tout facile. En plus du contexte socio-politique caractérisé par la peur, l’incertitude et la méfiance, il faut également braver les obstacles liés à la loi sur la charte des partis politiques en République du Bénin. En effet la loi a rendu difficile la création des partis politiques afin de réduire considérablement le nombre de partis politiques. C’est une réforme du gouvernement que nous approuvons en partie dans la mesure où elle vise à créer de grands ensembles politiques dans notre pays. Pour moi, cela ne devrait pas constitué un prétexte pour interdire la création des partis politiques. La réduction viendra à l’épreuve des réalités du terrain. Nous sommes donc pour la création de grands ensembles politiques qui s’imposent dans la durée en tant que formations politiques hégémoniques et non pas décréter des grands ensembles politiques.

Vous comprenez maintenant pourquoi l’obtention du récépissé définitif du parti LNA est une grande joie pour moi et pour tous les camarades du parti. J’en profite pour remercier tous ceux qui ont fait ce parcours avec nous. Ce fut un parcours de combattant.

Visiblement, vous soupçonnez quelque chose ?

Non. Je dis simplement que cela a été difficile et exagérément dispendieux. Le législateur a certainement voulu que ce soit ainsi. Je crois personnellement que l’esprit de la loi ne devrait pas être de rendre difficile et coûteux la création des partis politiques. Si l’objectif est de limiter le nombre des partis, les dispositions relatives à la question des 10%, à l’interdiction des alliances de partis politiques ainsi que celles relatives à l’obligation qui leur est faite de participer à deux élections législatives consécutives sont largement suffisantes. Par principe j’ai toujours été légaliste. Autrement dit, sans être entièrement d’accord avec une loi, je peux de m’y conformer en attendant d’être en position de pouvoir la modifier ou la remplacer. C’est pour cela qu’hier, nous n’avons pas soupçonné les formalités de mise en conformité mise en place par le gouvernement. Au sein du parti FCBE, nous étions d’accord pour le certificat de conformité mais, nous soupçonnions une volonté d’exclure. Nous sommes au Bénin et en politique, on ne se fait pas de cadeau.

C’est grâce à vous que le FCBE a eu son récépissé et que le LNA a également son récépissé, selon nos informations…

Oui c’est j’y ai contribué pour beaucoup. Mais je n’étais passe seul ! Il y avait les autres anciens amis. En effet, au regard de la loi, le parti FCBE avait perdu son existence juridique le 17 mars 2019 et j’avais compris qu’avec le régime en place il était très risqué d’animer la vie politique dans l’illégalité. Malheureusement, tout le monde ne l’entendait pas de cette manière. C’est leur point de vue ; et je le respecte. Mais, il y avait la réalité du moment doit-il fallait tenir compte. Ainsi, il fallait tout simplement satisfaire aux exigences de l’administration chargée de délivrer le récépissé afin de pouvoir recouvrer notre légalité et nous protéger ainsi des risques liés à l’exercice de l’activité politique à un moment où les portes de Missérété étaient grandement ouvertes. Il n’y avait pas d’autres alternatives que de se plier à la volonté du ministère. Malheureusement, la méfiance, la suspension et les conflits de leadership ont vicié l’ambiance au sein du parti. Nos émotions ont eu le dessus sur notre capacité à apprécier objectivement la réalité des choses. Finalement, arriva ce qui ne devrait pas arriver : « la division et la cassure du parti ». Ce que je n’ai pas compris par la suite, est pourquoi les mêmes qui nous ont taxé de traîtres pour avoir accepté de nous plier aux « injonctions » du ministère de l’intérieur ce sont eux-mêmes conformés aux mêmes injonctions afin d’obtenir leur récépissé ?

LNA ne se réclame ni de l’opposition, ni de la mouvance et même pas centriste. N’est-ce pas une position ambigüe, voire suspecte ?

Elle peut être ambigüe ; mais pas suspecte. La coutume politique du Bénin a réparti l’environnement politique en deux blocs antagonistes : le bloc de l’opposition et celui de la mouvance. La déclaration à l’appartenance à l’un de ces blocs est facultative. Elle ne s’impose pas aux partis ! Une telle classification à mon sens est trop simpliste et ne clarifie pas totalement l’environnement politique dans notre pays. La preuve en est que les deux blocs de la mouvance actuelle, à y voir de près, sont pratiquement opposés du point de vue idéologique. Et l’avenir nous le confirmera.

Nous pensons que ce n’est pas un bon référentiel dans la mesure où lorsqu’on parle d’opposition et de mouvance, dans le concept béninois et africain en général, cela traduit un état de conflit. Autrement dit, cette manière de simplifier l’organisation politique du pays occulte les vrais débats et ne permet pas de percevoir les propositions alternatives des uns et des autres. Nous pensons qu’être dans la mouvance, c’est approuvé le projet de société du parti au pouvoir et que de faites votre parti n’a pas d’autres solutions à proposer en dehors de celles du gouvernement en place. En un mot, votre parti ne constitue pas une alternative par rapport au pouvoir. De l’autre côté, l’opposition, c’est ne pas se retrouver dans le projet de société du parti au pouvoir. Vous comprenez par là qu’un parti peut être opposé à un autre sans que ce dernier ne soit au pouvoir. Par exemple, de par notre idéologie ; le social-libéral, nous sommes opposés au parti communiste. Ainsi pour nous, la véritable classification, celle qui permettra de distinguer les partis politiques, doit se fonder sur leur approches et sur leurs idéologies et non pas par rapport à la marmite nationale.

Au Bénin par exemple, les défis à relever ont un nom. Ils s’appellent, la pauvreté, le changement climatique, le retard technologique, le manque d’infrastructures, un tissu industriel quasi inexistant, une éducation et une formation inadaptées, etc. Les débats autour de ces questions devraient permettre aux citoyens électeurs, de faire le choix du parti qui propose les meilleures solutions. Il n’existe quasiment pas d’espace public qui permet aux différents partis politiques de confronter leurs idées face aux différentes situations. C’est pour cette raison que notre parti a fait le choix de n’être ni de la mouvance ni de l’opposition. S’il y a donc ambigüité, cela est forcément due au fait qu’il n’y pas de débats politiques. En revanche, il n’y rien de suspect dans notre déclaration dans la mesure où nous avons dit que nous ne sommes pas de la mouvance. Cela voudra dire que nous ne nous reconnaissons pas à travers le projet de société de ceux qui sont au pouvoir. Pour faire simple, on pourrait dire que nous sommes opposés à ceux qui sont au pouvoir. Nous avons dit également que nous ne sommes pas de l’opposition. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous ne voulons pas être un parti opposé à un homme. L’enjeu n’est pour nous, n’est de s’accrocher à nos égos mais, de défendre la cause des populations. Sur ce point nous avons des difficultés à distinguer au sein de l’opposition actuelle ceux qui servent les intérêts d’individus de ceux qui défendent la cause de nos braves populations.

Qu’est-ce qui se pratique aujourd’hui ?

Par exemple quand j’étais encore FCBE, j’ai déclaré officiellement que je ne suis pas de la résistance. Pourquoi ? Parce que pour moi, la résistance voudrait dire le déni total du système qui est en place. Il faut tout rejeter, tout peindre en noir, insulter sans ménagement pour mériter d’être appelé opposant. Par ailleurs la résistance voulait dire également ne participer à aucune élection sur la base des lois votées et promulguées par le parlement en place. Nous n’étions pas d’accord avec cette façon de voir les choses ; ce qui a fait de nous l’ennemi public numéro 1. La résistance pour nous, c’est lorsqu’on est en état d’occupation ou lorsque la forme républicaine du pays est menacée. Nous disions en son temps que, nous serions prêts à résister à tout système politique qui voudra remettre en cause la forme républicaine du Bénin même si ce régime était élu démocratiquement.

Nous avons fait l’option d’une opposition raisonnable, disposée à envoyer des représentants au parlement pour y porter de la contradiction et éviter ainsi les lois opportunistes. C’était plus stratégique à notre avis surtout lorsque nous avons en face régime de la rage et de la ruse.

Malheureusement, nous été incompris par beaucoup qui pensaient certainement que la solution à la crise se trouverait dans le chaos. Gloire et louange à Dieu ! tout ceci est désormais derrière nous et le Bénin peut se donner la chance de redorer son blason grâce à l’effort de tous.

J’en appelle ainsi au sens de patriotisme des uns et des autres afin que les prochaines élections législatives soient l’occasion pour les béninois de fumer le calumet de la paix et de la réconciliation. C’est donc pour réaffirmer cette conviction que notre parti a fait le choix de n’être ni de l’opposition ni de la mouvance. Nous avons voulu nous mettre au-dessus de la mêlé, au-dessus du clivage opposition/mouvance afin que nos critiques et nos analyses soient les plus objectives possibles. Et comme vous le savez vous-même, au Bénin, lorsque vous vous déclarez de l’opposition ou de la mouvance, du coup, la population vous regarde d’un autre œil. Que vous disiez la vérité ou pas, la population vous juge en fonction de votre position tranchée. Je comprends que ce soit encore difficile au Bénin, de faire le choix n’appartenir ni à la mouvance ni à l’opposition. Ce qu’il faut comprendre, pour rester dans le carcan habituel, nous sommes un parti de l’opposition par rapport au pouvoir actuel et ce, jusqu’à nouvel ordre. D’un autre côté, nous voulons faire autrement l’opposition sans tomber dans le radicalisme ni céder aux compromissions.

Quelle manière ?

Il y a deux manières. Il y a l’extrémisme et la compromission. Nous sommes prêts nous à faire des compromis lorsqu’il s’agit de faire avancer le pays sans céder aux compromissions.

Quand vous parlez de l’extrémisme, est-ce que vous avez des cas que vous pouvez partager avec nous ?

Les propos du genre « on ne discute pas avec le dictateur ». Regardez ce qui s’est passé en 1990 dans notre pays. Pourtant, pour beaucoup, KÉRÉKOU était un dictateur.

Un exemple de compromission ?

Je ne peux vous donner des cas ni citer de auteurs. Vous devez vous-même connaître ces comportements de discours de compromission.

Est-ce que vous connaissez un parti qui ne soit ni de l’opposition ni de la mouvance ?

J’ai appris que comme nous, le parti La Nouvelle Force Nationale a dit, bien avant nous, qu’il n’est ni de l’opposition ni de la mouvance.

Concernant LNA, cette position sera évolutive ou elle est actée définitivement ?

Justement c’est parce qu’elle sera évolutive que nous nous sommes mis dans cette posture. Nous faire évoluer les critères de clarification vers paramètres plus significatifs. D’un autre point de vue, nous sommes prêts à nous mettre ensemble avec un parti au pouvoir ou avec un parti de l’opposition qui partage les mêmes valeurs que nous. Notre seule préoccupation est d’être en phase avec les valeurs morales et éthiques que nous défendons.

Si par exemple, le gouvernement du président Talon entre dans les champs du social-libéralisme que sont la solidarité, la justice sociale, la répartition équitable de la richesse nationale, l’égalité, bref en mettant l’accent sur l’humain, la pauvreté, alors il se pourrait que notre parti révise sa position et décide d’examiner les possibilités de travailler le gouvernement. Puisque nous sommes là pour le développement. Nous ne sommes pas là seulement pour servir d’instrument de la division.

Vous parliez tantôt des contradictions internes au parti FCBE, des contradictions que vous n’acceptiez pas à l’époque. Dites-nous aujourd’hui qu’est-ce qui a suscité votre départ ?

Malheureusement, j’ai dit que je ne ferai pas de tabou sur les sujets que vous allez aborder dans ce débat. Mais je ne voudrais personnellement pas évoquer les raisons. Je voudrais rappeler ici que nous sommes des légalistes. Nous sommes prêts à faire des compromis, pas des compromissions. Le parti FCBE dans la douleur est allé aux élections de 2020. Et j’avais la ferme conviction que malgré les difficultés avec lesquelles nous avions participé à ces élections, nous étions en mesure de pouvoir réunir au moins 16 maires sur les 77 que compte notre pays. Malheureusement à la fin, nous n’avons eu que 6 et demi. Puisque le septième était parti très tôt. La question qu’il faut se poser est de savoir si FCBE est fondé présenter un candidat à l’élection présidentielle. Les juristes nous aiderons à répondre à cette question. Ce débat, tous les partis politiques de l’opposition l’ont connu. Malheureusement tous, ou presque tous ont succombé à la tentation, que dis-je à la naïveté. Ce n’est donc pas une situation qui est propre au FCBE. Je suis donc parti pour des raisons de convenance personnelle.

C’est vous seul qui êtes parti. Personne ne vous a suivi en dehors d’une ou deux têtes.

Ah bon ? Donc le secrétaire général de LNA, le Premier et le Deuxième Vice-président de LNA, madame la ministre GBEDJI et tous les élus locaux et communaux qui sont partis après moi ne sont personne ? Vous avez raison puisque c’est de cette manière que nous avons traité. Vous savez, j’ai pitié de ceux qui traitent leurs semblables d’inutiles. C’est encore plus grave en politique.

Qu’est-ce qui a suivi ?

Eh bien ils sont allés vers des partis qui connaîtront leurs valeurs en l’occurrence, les partis au pouvoir qui malgré leur position de force vont à la recherche d’autres militants. Cela s’appelle de l’expérience. Dire à gens qui sont faits élire une fois dans leur vie qu’ils ne sont des menu-fretins, ne relève pas d’une bonne communication. La preuve, les grands bateaux que sont l’UP et le BR se sont empressés d’aller pêcher ces menu-fretins. En politique, il faut faire très attention. En politique, c’est de l’addition et de la multiplication ; jamais la soustraction. Dès qu’on commence par enregistrer des soustractions, il faut vite réagir et accourir vers ses menu-fretins au lieu de les laisser partir pour devenir plus grands ailleurs. Même le fou est important en politique. Parce que le fou peut guérir un jour. Même dans son état de folie il peut être utile. Un fou peut par exemple ramasser le logo d’un et commencer par faire de la publicité autour de ce logo de manière totalement inconsciente. Cela pourrait amener certaines personnes à croire à une prémonition et les amener pour ce parti. C’est pourquoi je dis que je ne comprends pas que des leaders politiques minimisent des citoyens qui ont une expérience politique. Ceux qui se comportent ainsi sont généralement des gens qui n’ont jamais été élus quelque part. Vous comprenez ça ? Je ne voulais même pas aborder ces questions avec vous parce que la posture que nous avons aujourd’hui, ne nous autorise pas à retourner dans le passé. Nous voulons aller de l’avant.

Vous voulez dire que vous n’aviez pas été victime d’un gangstérisme politique, vous qui aviez été téméraire au point de lutter contre l’ancien président d’honneur du parti jusqu’à faire obtenir le récépissé ?

Je n’ai jamais lutté contre l’ancien président d’honneur du parti FCBE. Ce que nous avons fait n’était dirigé contre personne encore moins contre l’ancien président d’honneur. Vous savez, il y avait beaucoup de conflits d’intérêts autour de l’ancien président d’honneur. Des conflits de leadership, de recherche de privilège, de bonne grâce, de pain et de recherche d’aura. Chacun y allait à sa manière en fonction de son éducation, de sa position et surtout en fonction des concurrents en présence. Tous savaient ce qu’il faut dire pour susciter la colère du président d’honneur contre x ou y. Tout le monde a été victime de ce méli-mélo autour de l’ancien président d’honneur, YAROU y compris. C’est tout ce que je peux dire. Comme je vous l’ai dit, nous sommes partis de quelque chose. Le président Boni Yayi est un Chef d’Etat que nous respectons, c’est notre père, c’est notre grand-frère et fut surtout président de tous les béninois. Il sait quel rôle chacun a joué dans la création, l’organisation et le fonctionnement du parti FCBE.

Je n’ai jamais voulu de la cassure du parti comme vous sembler l’insinuer, sinon pourquoi dès son retour, j’aurais obligé tous les collègues de l’ail HOUNKPE (comme on nous appelait à cette époque) à aller vers la réconciliation ? Par simple question de problème de conscience ? Certainement pas ! Au point où nous en étions. Le plus simple pour moi, après la façon dont nous avions été traités, était d’aller faire allégeance à la mouvance pour en finir définitivement avec la polémique.

Malheureusement, le processus de réconciliation a été plombé par ceux qui de chaque côté n’y avaient pas intérêt. La suite vous la connaissez. Encore une fois, je rappelle que la réconciliation, c’est nous qui l’avions demandé. C’est dire que notre combat n’était dirigé contre personne. C’était juste pour que nous puissions être reconnus légalement et continuer le combat sans prendre le risque de se retrouver en prison ou en exil. Notre combat, plus particulièrement mon combat était dirigé contre l’être extrémisme en notre sein, l’utilisation de certaines méthodes révolues de luttes politiques. Beaucoup pensaient qu’il fallait adopter une position de non négociation. Je ne sais pas s’il y a des crises dans le monde qui se sont résolues sans un dialogue avec l’adversaire. Vous voyez ce qui se passe entre l’Ukraine et la Russie ? Pendant qu’ils sont en guerre, d’autres discutent afin de trouver un terrain d’entente autour d’une table. C’est ça, le monde moderne. C’est un problème de communication et surtout de confiance entre les membres du parti qui a malheureusement conduit le parti à la cassure. L’adversaire a tout simplement profité et exploité cette faille. Mais aujourd’hui tout ça est passé et chacun de nous doit avoir fait sa propre autocritique. Chacun a certainement tiré leçon de cette expérience. Sans prétendre avoir une quelconque raison, j’ai la ferme conviction que les combats politiques sont plus efficaces lorsqu’ils se mènent au sein des instances de décision à travers des débats constructifs que lorsqu’ils se font par médias interposés ou dans les rues…

En réussissant à écarter l’opposition du parlement, celle-ci devrait changer sa changer sa stratégie. C’est pourquoi nous avions décidé d’aller aux élections communales afin de nous éviter la mort politique. Voyez-vous ce qui se passe actuellement sur le terrain ? Les deux blocs prennent allègrement de l’avance. Qui l’aurait cru il y a deux ans ? C’est la nature qui est ainsi faite.

Certains ont pensé qu’on pouvait faire autrement. Je ne dis pas qu’ils n’ont pas raison ! Peut-être même que cela aurait pu réussi. Mais je doute fort que l’échec de l’opposition puisse s’expliquer par le départ de Yarou de la résistance. Ce n’est pas mon départ qui peut avoir comme conséquence l’échec de l’opposition entre 2019 et 2021.

A l’ère de la réforme du système partisan qui prône le regroupement des partis, pensez-vous qu’il était utile de créer votre propre parti ou vous aurez pu intégrer un parti ?

Oui, il était véritablement utile de créer notre propre parti politique parce que je vous ai dit que nous avons pris suffisamment de recul lors de notre vacance politique afin de réfléchir et de prendre une option en vue de notre repositionnement. Savez-vous pourquoi nous nous sommes chamaillés au sein des autres partis ? Simplement parce nous n’avions pas atteint la phase de brassages et de symbiose nécessaire pour s’entendre sur une cause. Chacun avait sa conviction, ses valeurs et ses certitudes. Le parti n’étant pas créé sur la base d’une idéologie, nous avions manqué d’idéal autour duquel s’accorder.. Il y avait parmi nous, des anciens communistes, des anciens républicains, démocrates, marxistes, socialistes, etc. Donc ce qui nous unissait, c’était la conquête et la jouissance du pouvoir. On était un groupe hétérogène qui cherchait à conquérir le pouvoir par le jeu de la majorité démocratique sans idéologie consensuelle. C’est ça le problème. D’où nous avons dit, qu’il faut faire les choses autrement. Cela veut dire qu’il faut des repères. Le Bénin doit revenir sur les partis qui ont des offres politiques concrètes à proposer au peuple. C’est pour ça que nous avons créé ce parti. Le seul parti créé sur la base d’une idéologie reste le parti communiste du Bénin. Voilà que nos convictions contrastent avec l’idéologie du parti communiste. C’est pourquoi nous ne sommes pas allés dans le parti communiste. Nous avons lu les projets de société de presque tous les partis politiques : l’UP, le BR, Les démocrates, etc. Nous avons lu tous ces projets et nous nous sommes dit qu’il fallait créer notre propre parti.

On vous assimilait au parti PCB

Je n’ai jamais été militant du PCB. Toutefois, dans les années 1988-1989, nous avons aidé ce parti à ventiler les tracts. C’était une époque où toutes les masses populaires en avaient marre du gouvernement révolutionnaire du Général Mathieu KÉRÉKOU. Tout le peuple béninois s’était levé comme un seul homme contre le PRPB. Le parti communiste a joué un important dans cette lutte du peuple. C’est dans ce cadre que, en ma qualité de responsable d’association d’élèves au Lycée, que le parti communiste m’a sollicité pour ventiler des tracts. Cela ne fait pas de moi un militant du Parti communiste. En revanche, je n’ai jamais regretté d’avoir participé à cette lutte aux côtés du parti communiste du Bénin que je respecte beaucoup. Il faut que cela soit clair. Le premier parti politique auquel j’ai appartenu fut le Fard-Alafia.

D’autres estiment que Yarou a créé le parti LNA pour confirmer son leadership dans son électorat de référence, le Borgou ou bien est-ce par revanche ?

Non ce n’est pas une revanche ; Yarou n’a pas créé le parti LNA. C’est un ensemble de personnes qui ont créé le Parti. Savez-vous? Quand vous êtes animé par une force intérieure, une idée ou une forte conviction, rien ne vous arrête. Nous pensons que le Bénin peut être dirigé autrement. Nous pensons que le Bénin doit être gouverné autrement sur la base des repères politiques bien définies. Ces repères doivent intégrer la spécificité de son histoire, de la diversité des nations qui le compose et de la répartition géographique de ses potentialités. Les fondateurs du parti LNA veulent d’u Bénin prospère, solidaire où règne une justice au service de tous. C’est ce qui justifie le social libéralisme comme idéologie du Parti.

Et aujourd’hui avec l’existence des partis d’envergure nationale au Bénin, est-ce que le parti LNA peut faire vraiment le combat sur le terrain?

Excusez-moi, je vais demander pardon pour ce que je vais dire. Il est un peu trop de dire que ces partis ont une envergure nationale. C’est circonstanciel. Ces partis ne peuvent pas dire qu’ils sont d’envergure nationale s’ils ne confirment pas cette tendance après la fin du 2ème mandat du Président Talon. S’ils ne confirment pas cette tendance et n’étendent leur hégémonie après le régime qui les a vu naître, on pourra pas dire qu’ils sont d’envergure nationale. Donc, un parti né en cours de mandat, ne peut pas se proclamer le plus grand parti politique. Cependant, je souhaite vivement qu’il en soit ainsi.

Vous pensez qu’ils sont éphémères ?

Non, je n’ai pas dit qu’ils sont éphémères. Je dis qu’ils doivent confirmer cette tendance pendant des années encore pour que moi je puisse les appeler partis d’envergure nationale. Je considère que LNA a les mêmes chances aujourd’hui que n’importe quel autre parti politique pour devenir un parti d’envergure nationale.

LNA doit avoir beaucoup d’adversaires, Démocrates, Républicains, Progressistes, Fcbe ?

Ce que nous souhaitons est que les élections soient démocratiques et ouvertes. Qu’on n’assiste plus à ce que nous avons pu voir dernièrement. Si le pouvoir ou les partis politiques actuels laissent le jeu démocratique se jouer dans les urnes, on verra bien le résultat.

Comment le parti LNA se prépare-t-il pour les législatives de 2023 ?

Nous avons dit que nous irons aux législatives effectivement. Mais comment ? Le bureau politique se réunira pour en décider. Pour l’instant, je ne peux rien vous dire, car le bureau politique peut décider autrement si les conditions ne sont pas réunies pour assurer notre participation. Il peut aussi décider d’y participer si les conditions nécessaires sont réunies.

Qui finance votre parti ?

Les militants à travers les cotisations, les souscriptions volontaires. C’est ce qui est légalement et statutairement prévu. Le parti ne dispose d’aucune autre source de financement occulte. Pour l’instant, le parti n’a reçu de dons d’aucune bonne volonté pas plus qu’il ne bénéficie de financement public. Sur cette dernière possibilité de financement, nous pensons que tout parti régulièrement inscrit devrait bénéficier d’un minimum de financement public pour lui permettre d’animer la vie politique à travers un accès égalitaire aux médias.

Il me semble que c’est ce qui était retenu au dialogue politique. L’animation de la vie politique est une mission constitutionnelle dévolue aux partis politiques. Le financement public des partis politiques tel qu’il est accordé en ce moment devrait essentiellement servir à financer la participation aux différentes élections des partis ayant déjà des élus aux niveaux local et national.

Maintenant, à la question de savoir qui finance le parti, j’ai répondu que personne ne finance le parti en dehors des cotisations de ses militants. Vous pouvez vous renseigner. Le Parti LNA est en train de restaurer le militantisme au sein des formations politiques.

Nous sommes sous l’arbre à palabre…

Tout à fait. Je réaffirme que le parti est financé par ses propres membres. C’est pour la première fois depuis plus de 20 ans que j’ai réussi à faire comprendre aux militants que les sources principales et légales du financement des partis politiques restent les cotisations et les souscriptions de leurs membres. Une opération de souscription volontaire est actuellement en cours au sein du parti et nous serions heureux de recevoir la vôtre.

C’était la coutume à FCBE ?

Je ne suis pas de FCBE

Vous y étiez ?

Je ne le suis plus. Mais en ce qui concerne mon parti LNA, c’est la règle.

Bientôt le parti lancera des demandes de dons et legs de toute nature. C’est une opération légale et statutaire. Avis donc aux personnes physiques et morales de bonne volonté. Ils n’auront pas à craindre des représailles parce l’opération garantira l’anonymat à tous.

Mais avant de naître, vous avez franchi des étapes, établi des dossiers, légalisé des actes de naissances et autres pour plus de 1000 personnes. C’est un budget important aussi ?

Oui, 1555 personnes pour être précis. Mais, je dois dire que j’ai toujours été vexé par ces genres de questions. Comment peut-on croire que des personnalités comme nous ne soyons pas en mesure de mobiliser des ressources pour financer nos projets fussent-ils politiques. Même si vous croyez qu’à priori nous n’avons autant de moyens, comment pouvez-vous douter de notre capacité à mobiliser les ressources nécessaires à nos projets ? Pourquoi les Béninois sont ainsi ? Vous pensez que Théophile Yarou et ses camarades ne trouvent peut-être même pas à manger au point de trouver de l’argent pour financer la constitution des dossiers de leur parti ? Vous pensez cela vraiment ? De toute façon, il n’est interdit à personne de faire recours aux amis et autres donateurs sous forme de prêts ou de dons pour financer un projet politique. Encore une fois, ce qu’il faut éviter ici, c’est la compromission et les deals qui ont pour but de tromper le peuple et abuser de sa confiance.

Avec quels partis vous pourriez vous amener à vous allier si cela vous paraissait nécessaire ?

Les alliances sont prescrites par la loi. Mais nous sommes disposés à travailler avec n’importe quel parti au pouvoir.

Même le PCB ?

Non. Nous ne pouvons pas appartenir à un gouvernement formé le PCB au pouvoir. Nos idéologiques ne sont pas les mêmes. Mais, je vais souligner que j’ai de très bons amis communistes.

Pouvez mener la résistance contre le pouvoir en place ?

Non, pas du tout. Je refuse la résistance, parce que je refuse la politique de la chaise vide. En revanche lorsqu’un pouvoir voudra remettre en cause la forme républicaine du pays, alors oui.

Mais aujourd’hui, FCBE, la nouvelle équipe qui est là, se réclame d’une opposition constructive. Certainement dans la même logique que vous ?

Je ne sais pas quelle est leur logique. En tout cas nous avons la nôtre.

Il faut dire que si la loi n’autorise plus les alliances elle n’interdit pas les fusions.

Vous avez vu le cas de l’UDBN qui récemment s’est fondu au BR. Si les militants de LNA décident que le parti se fondre au BR ou à l’UP, FCBE et autres, on le fera sans souci.

Il y a les 10 % qui inquiètent aussi des partis. Vous avez vu ce qui est arrivé au PRD par exemple aux dernières élections ?

Je ne veux pas comparer notre parti à un autre, mais je sais que si on nous laisse librement aller aux élections, nous aurons les 10%.

C’est parce que c’est libre que vous avez pu avoir le récépissé ?

Oui, et j’ai salué cela. Je n’ai pas cessé de dire que cette fois-ci le ministère de l’intérieur a joué pleinement sa partition.

Aviez-vous espéré qu’avec le second mandat, le président Talon allait changer un peu les donnes en ce qui concerne sa gouvernance ?

Je l’aurais bien voulu. Il faut dire que les choses commencent par s’améliorer même s’il reste beaucoup à faire sur plusieurs plans. Paris ne s’est pas construit en un jour, dit-on. Il a certainement un objectif à atteindre.

C’est quoi son objectif, selon vous ?

Son objectif sur le plan de la gouvernance politique est de réduire considérablement le nombre de partis politiques au Bénin. Il l’a bien dit ; et il s’est engagé à faire en sorte que nous ayons moins d’une dizaine, d’envergure nationale. C’est un objectif tout à fait louable, mais qu’il ne faut chercher à atteindre par la brutalité.

Il y a un an que Patrice Talon a entamé son second mandat. Pensez-vous que sa nouvelle gouvernance a changé par rapport à celle du premier mandat ?

En tout cas, pour ces trois ou quatre derniers mois, nous avons commencé par avoir des signes d’espoir, surtout du point de vue de la gouvernance économique. On ne change pas du jour au lendemain, on peut s’améliorer. C’est pourquoi, nous voulons être indépendants et libres dans nos opinions. Il y a eu beaucoup d’améliorations tant sur le plan économique que sur le plan politique.

Sur le plan politique notamment, nous observons une certaine accalmie après la tempête de mai 2021. Le ministère de l’intérieur a délivré les récépissés à tous les partis qui ont rempli les formalités nécessaires à son obtention. Ce n’était pas évident il y a quelques mois. Espérons que cela dure dans le temps.

Sur le plan social, nous avons appris que le gouvernement a l’intention de relever les salaires des travailleurs. Au cours du premier mandat, on n’avait pas entendu ces genres de propos. Cela voudrait dire que le gouvernement commence par penser au social et aux conditions de vie des travailleurs. Récemment encore, par rapport à la flambée des prix sur le marché, le gouvernement a pris des mesures d’atténuation et de régulation.

Même si personnellement, je pense que ces mesures ne sont ni suffisantes ni opérationnelles sur le terrain, elles constituent néanmoins des bons signes. Il faudra que le gouvernement puisse aller plus loin afin de soulager les consommateurs. En tout cas, nous saluons ce qui est déjà fait.

Mais il y a eu emprunt obligataire encore aujourd’hui ?

L’emprunt obligataire fait partie des mécanismes de mobilisation des ressources de l’État sous forme de prêts remboursables. Il est régi par des directives communautaires et des standards internationaux. Recourir à l’emprunt obligataire n’est pas un problème en soi. Le plus important pour nous, est de pouvoir mettre en place des réformes structurelles permettant d’assurer la bonne affectation et la bonne utilisation des ressources ainsi mobilisées. Ces ressources devraient prioritairement être affectées aux investissements productifs afin de garantir leur remboursement. Si le gouvernement reste dans les normes et autres standards internationaux, nous allons accompagner.

Sur le plan économique, vous notez avec satisfaction un certain progrès. Au plan politique, il y a aussi eu des arrestations et des emprisonnements ?

Il faut regretter cela. Je pense que même le président lui-même doit pouvoir regretter cela. Si ce n’est pas le cas aujourd’hui, ce sera le cas demain. En effet, l’histoire retiendra qu’au cours de son mandat il y a eu beaucoup d’arrestations politiques.

Moi, ce que je préconise, est que les différents protagonistes enterrent la hache de guerre et qu’un mécanisme de règlement du conflit soit trouver en vue de parvenir à un règlement à l’amiable du différend. Je suggère vivement au Président de la République de régler ce problème avant la fin de son mandat 2ème mandat. Il est le père de la nation. Les filles et les fils de ce pays doivent se pardonner mutuellement à commencer par celui qui est le père de la nation. Ceux qui se sont sentis brimer également doivent pardonner. C’est cette capacité du béninois à pardonner qui a été appelé « le génie béninois ». C’est ce génie qui a conduit à la conférence des forces vives de la nation de février 1990 où d’anciens ennemis se sont assis sur la même table au nom de la paix et de la réconciliation pour décider de la destinée du Bénin. Le Bénin n’a pas connu de commission vérité réconciliation à cause de ce génie béninois, à cause de notre capacité à pardonner sans passer par un règlement de compte. Un proverbe juif dit : « Dans l’amitié, ménage une petite place pour la brouille ; et dans la brouille, une autre pour la réconciliation ».

Est-ce que vous préconisez une loi d’amnistie pour certains cas d’acteurs politiques en prison?

Une loi d’amnistie serait la bienvenue à mon sens. La loi d’amnistie relève de l’initiative des députés. Il serait quasiment impossible au parlement actuel de prendre une loi d’amnistie compte tenu de sa spécificité sans l’accord du gouvernement. Sinon, prendre une loi d’amnistie pour effacer les charges et les sanctions retenues contre ceux que l’on peut appeler détenus politiques seraient une très bonne chose. A défaut, le Chef de l’Etat peut user de ses prérogatives constitutionnelles pour gracier les intéressés. Cela leur permettra tout au moins de recouvrer leur liberté. Tout ceci ne peut se faire sans un minimum de dialogue ou de compromis. Dans une situation comme celle-ci, il faut éviter que l’une des parties ne perde la face surtout celle qui accorde la grâce présidentielle ou l’amnistie. C’est très important. Je sais que les militants et autres soutiens ne sont pas de bons conseillers en pareille circonstance.

Quels sont aujourd’hui vos rapports avec le président Yayi que vous aviez servi au poste de ministre de la défense ?

Je suis fier d’avoir servir le Président Boni YAYI. Fier de l’avoir soutenu de 2003 à 2016 sans jamais décevoir pendant qu’il avait besoin de moi.

Aujourd’hui, ça fait longtemps que je n’ai plus de ses nouvelles. Je ne suis plus en contact avec lui. Je pense qu’il vaudrait mieux laisser le président Boni YAYI se reposer comme il le fait en ce moment plutôt que de toujours vouloir l’instrumentaliser à des fins inavouées. Je m’adresse surtout à vous, les journalistes qui ne cessent de vouloir titiller la sensibilité des gens. Le président Boni Yayi, tout comme le président Nicéphore SOGLO, mérite respect et reconnaissance pour les bons et loyaux services rendus à la nation. Quand on a été président de tous les béninois, on l’est également en tant qu’ancien président.

Depuis qu’il était allé voir le président Patrice Talon, comment vous l’aviez pris ?

Je vous ai dit que je suis toujours très heureux de voir des belligérants se parler. Donc quel que soit la raison pour laquelle il s’est présenté là-bas, pour moi, c’est un point positif. On devrait le voir très souvent là-bas. Le fait d’aller voir son adversaire politique ne fait pas de lui un adepte de ce dernier. C’est ce que beaucoup de Béninois doivent comprendre. Le Président Patrice Talon comme le Président Yayi, sont de grandes personnalités politiques de notre pays. Quand on a la chance d’exercer la plus haute fonction de l’Etat, on devient utile ad vitam æternam pour son pays. Si un jour, les béninois nous accordaient la chance d’exercer cette haute fonction, l’une des réformes politiques et institutionnelles à mettre en œuvre sera la création d’un haut conseil consultatif composé d’anciens Chefs d’Etat, d’anciens présidents d’institutions (assemblée nationale, Cours constitutionnelle, Cours Suprême, etc) afin de profiter de leurs expériences.

En conseil des ministres le 30 mars dernier, le gouvernement a nommé trois anciens militaires aux grades de généraux. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Vous savez, la nomination au grade de général relève du pouvoir discrétionnaire du Chef de l’État ; sauf que le candidat au poste de général doit remplir les conditions d’expérience, de grade, et d’ancienneté. Donc si ces conditions sont remplies, le président peut nommer n’importe qui parmi ceux qui remplissent ces conditions. J’ai tout simplement à féliciter les heureux récipiendaires. Personnellement, pour avoir été ministre d’Etat au département de la défense, j’estime que le Bénin doit de plus en plus élevé ses cadres aux grades les plus élevés. Très rarement, les candidats remplissent les conditions de nomination au grade de Général de Division. Cette situation fait perdre des positions au Bénin dans les instances de commandement au niveau régional et international.

Comment vous avez vécu ces nominations ?

J’ai été très heureux pour eux. Mais ils doivent savoir que cette nomination implique des responsabilités. Le Chef de l’Etat, Chef Suprême des armées nomme au nom du peuple. Je me permets de rappeler à leur mémoire cette fameuse phrase du Général Mathieu KÉRÉKOU, je cite : « Ce n’est pas mon armée, c’est l’armée du peuple béninois ».

Certains parmi eux ont esquivé les élections de 2019 ?

Écoutez, je ne veux pas faire de commentaire en ce moment où j’appelle à la réconciliation. J’essaie d’expliquer que la nomination au grade de général relève de la discrétion du Chef de l’État.

En tant qu’ancien ministre de la défense, vous avez suivi un peu la montée de l’extrémisme islamique violent à nos frontières. Comment appréciez-vous la réaction de nos forces armées?

D’abord, je voudrais dire que l’extrémisme islamique ou le terrorisme international constituent des phénomènes difficiles à combattre en raison de leur caractère asymétrique. La sous-région ouest africaine connaît ces phénomènes depuis fort longtemps, ils se sont complexifiés avec la chute de Kadhafi, le changement climatique et les changements intervenus dans la géopolitique internationale. Le Bénin semblait être épargné jusqu’ici. Toutefois, l’armée béninoise participait déjà aux opérations de lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier. Le Bénin est présent dans la force régionale de lutte contre Boko Haram et dans MINUSMA.

La question du terrorisme est une question sérieuse parce que cela concerne une forme de guerre à laquelle les militaires ne sont pas habitués. L’ennemi peut vivre avec vous et frapper au cœur de votre dispositif. Ce n’est pas une guerre conventionnelle ou vous avez l’ennemi à vue. Pour répondre à votre question, je dirai que l’armée béninoise a fait des exploits. Et vous savez pourquoi ? Quand vous ne pouvez identifier l’ennemi que lorsqu’il a fini de frapper alors, il devient difficile de faire des exploits. Malgré les moyens limités, l’armée béninoise est parvenue quand même malgré tout à mettre hors d’état de nuire un certain nombre de djihadistes. Cela est à saluer. Il faut déplorer les pertes en vies humaines. A ce propos je demande au gouvernement de mettre immédiatement à la disposition de l’armée les moyens techniques et logistiques nécessaires tels que décidés lors d’un conseil des ministres. Le gouvernement devra mettre l’accent sur le renseignement et les échanges d’informations avec les autres partenaires. Il faut mettre également l’accent sur une bonne coordination des forces en jeu. J’espère bien qu’il le fera parce que ce qui manque aux soldats béninois ce sont les moyens.

Est-ce que vous êtes pour une installation d’une base militaire française au Bénin ?

C’est une question délicate à laquelle je ne souhaiterais pas répondre de suite. J’aime la France, mais elle devra revoir sa politique extérieure surtout vis-à-vis de ceux qu’elle appelle ses anciennes colonies. Je regrette les difficultés rencontrées par l’armée française au Burkina et au Mali.

En tant qu’ancien ministre de la défense. Pensez-vous que l’ennemi peut dormir avec vous en donnant suffisamment de moyens pour financer cette guerre-là ?

Ecoutez, c’est très complexe tout ce qui se passe là. Je ne veux pas y revenir en détail. Ce qu’il faut savoir, est que l’ennemi n’est jamais loin dans ses genres de situations. L’ennemi peut effectivement dormir avec vous sans laisser d’indice. Les réseaux de terroristes recrutent parmi les jeunes désœuvrés qui vivent avec nous. C’est pourquoi il faut établir une parfaite collaboration entre les forces de sécurité et de défense et les populations.

Talon a été désigné à la tête de la conférence des chefs d’Etat de l’UEMOA et a placé son mandat sous le signe des réformes. Qu’en pensez-vous?

Je pense plutôt que c’est une très bonne chose pour le Bénin. Le président Talon étant un homme d’affaire, il connaît les déterminants sur lesquels il pourra s’appuyer pour faire des réformes salvatrices au sein de l’institution. Ce que je lui souhaite, c’est de pouvoir mettre en œuvre ses réformes telles qu’il le souhaitera pour faire avancer l’institution. Il y a plusieurs domaines de réformes. Vous avez le secteur de l’agriculture. Depuis toujours, tout le monde s’accorde pour dire que l’agriculture constitue la base de l’économie de l’espace UEMOA. Paradoxalement, c’est le secteur qui le plus exclu des systèmes financiers traditionnels. Les institutions n’ont pas de produits adaptés à l’activité agricole. Voilà quelques exemples de pistes de réformes.

D’autre part, il faut mettre l’accent sur le secteur privé. Comment encourager et soutenir les entreprises privées dans leur rôle principal de créateur de richesses et d’emplois ? Il y a beaucoup de pistes de réformes. Je sais que le président Talon a toutes les capacités mieux que quiconque pour faire des réformes au sein de cette institution. Bonne chance au Président dans ses nouvelles fonctions.

Un mot pour conclure cet entretien

Je remercie tous les journalistes de l’Evènement Précis et son directeur, le peuple béninois et tous militants du parti LNA. Je présente d’ores et déjà mes excuses à tous ceux à qui mes propos auraient causé de tort. La diversité de nos opinions n’implique pas une adversité des uns envers les autres. Le Bénin a besoin de la diversité des opinions pour faire progresser sa pensée philosophique. Le débat politique dans une démocratie est ce qu’est le sang dans l’organisme humain.

Les opinions exprimés dans cette émission « arbre à palabres » s’inscrivent strictement dans le cadre des conditions d’organisation de cette émission qui ne prévoit pas une préparation préalable. Je ne prétends pas avoir la science infuse ni même avoir dit toute la vérité et rien que la vérité sur toutes les questions qui m’ont été posées, mais les réponses sont sincères.

Enfin, je voudrais appeler les militants à la sérénité, à faire confiance à leur parti et à nous soutenir dans tous les combats.

Le militantisme béninois qui jusqu’ici exclut la participation financière des militants doit être réinventé.

Carte d’identité: Dire la vérité en politique

Théophile Yarou a un parcours tout à fait atypique. Inscrit en Physique-chimie à l’Université après son Bac série C, il était déjà en deuxième année lorsqu’une bonne volonté lui conseille de s’inscrire à l’Ecole nationale d’administration (Ena) pour faire trois ans et aller vite travailler. Il passe donc le test de recrutement et sort major de la promotion Administration générale des finances et du Trésor en 1997. Après un peu moins d’un an de chômage, il est recruté comme animateur de projet par le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), alors même que l’on recherchait un profil de sociologue. Animateur pour le compte du Pnud à Nikki sur le Projet d’appui au développement local, il commence sa carrière professionnelle en 1998, une carrière qui l’amènera ensuite à servir dans un projet financé par la Banque mondiale. Celle-ci avait en effet lancé un concours pour son Projet pilote d’appui au monde rural. Ses cours de comptabilité lui ont permis d’être retenu comme comptable du projet, où il a fait quatre bonnes années. Durant cette période, la Banque mondiale, dans le souci d’avoir des spécialistes en la matière sur le terrain, avait formé des cadres béninois en matière de passation de marchés. Devenu comptable spécialiste en passation de marchés, il gagnait un salaire équivalent à deux fois ce que pourrait gagner un député béninois de l’époque. Mais le 31 décembre 2002, son contrat étant terminé, il devait envisager d’autres horizons. L’Union européenne cherchait un spécialiste en finances locales. Il fut recruté et mit son expertise au service des communes du Bénin. « Dans ce projet, dit-il, j’ai formé tous les maires, tous les préfets, tous les chefs des services Administration et finances des préfectures de l’époque, sur la comptabilité communale, la gestion budgétaire communale, la fiscalité communale etc. ». Durant la période, le Pnud le rappelle pour servir au Programme d’appui au développement des communes de l’Alibori, en tant qu’expert en finances. De ce poste hautement technique, il est nommé en mai 2009, comme directeur des ressources financières et du matériel au ministère de la Décentralisation. Après trois ans au poste, il passe ensuite au poste de directeur général du Centre de formation pour l’administration locale. Ce fut le premier directeur de cette école d’où il a été nommé ministre d’Etat en charge de la Défense le 22 août 2014.

Mais qui donc est cet homme ?

Théophile Yarou naît officiellement en 1969 d’un père et d’une mère originaires de la commune de Bembèrèkè. Mais c’est à l’âge de 10 ans qu’il commence l’école primaire, à Béroubouay. Il obtient son Cep à Kandi, en 1984, le Bepc à Bembèrèkè quatre ans plus tard et le Bac, série ST (ou C) au Lycée Mathieu Bouké de Parakou et entre à l’Université nationale du Bénin, à Abomey-Calavi où une autre aventure l’attend.

Politiquement, ce cadre du Fard Alafia était de toutes les luttes de ce parti à la création duquel il a pris part en 1994. Même s’il dut observer plus tard une trêve pour respecter les clauses des institutions internationales pour lesquelles il travaillait, Théophile Yarou est resté fidèle à son parti par lequel il fait son retour à la politique en 2006 pour faire élire Boni Yayi. Les remous internes ont conduit à la cassure du parti, mais son engagement politique est resté intact. Elu en 2015 aux élections législatives, c’est un homme qui vient de loin. Ancien  collaborateur clandestin du Parti communiste du Bénin, il fit aussi partie des effectifs du parti Notre cause commune (Ncc) d’Albert Tévoédjrè. « Le communisme n’était pas ma conviction parce que je n’y comprenais pas grand-chose. Ma conviction c’était plutôt la liberté, la justice sociale et l’égalité puisque j’étais réfractaire à tout ce qui est répression », soutient-il. « Je suis en fait un socio- libéral  de profondeur » avoue-t-il. Cette idéologie,  il a essayé de la faire adopter par son ancien parti, Fcbe qui a  préféré adopter plutôt la sociale démocratie. Malgré cela,  il ne s’en formalise pas outre mesure : « Je me sens à l’aise par rapport à cela et je me dis qu’au-delà de tout, ma conviction, c’est l’importance de l’homme. C’est-à-dire qu’il faut mettre l’homme au centre de tout et laisser l’homme s’exprimer », explique l’ancien ministre de Boni Yayi. Théophile YAROU a en fait décidé de faire la politique autrement, en son âme et conscience. « C’est pour cela que dans tout ce que je fais, je refuse de mentir et si on me demande de mentir, je refuse. Si je sais et que c’est établi, quelle que soit la personne, je refuse. Je pense qu’on peut faire la politique en disant la vérité », selon lui. Après la mise en conformité du parti  en septembre 2019, il  maintient son poste de Secrétaire exécutif national Adjoint du parti  FCBE alors que le poste de Secrétaire Exécutif National lui revenait d’office. Mais en juillet  2021, suite à des divergences sérieuses avec  certains de ses anciens camarades, il démissionne du  parti pour créer sa propre formation politique.  Ce sera  La Nouvelle Alliance (LNA), un parti dont il devient le président et  qui a obtenu son récépissé définitif de  reconnaissance  officielle le mois dernier. 

Intimité: Attaché à l’honnêteté

Théophile Yarou est marié et père de sept enfants dont l’ainé aura bientôt 22 ans. « Je reste très attaché à des hommes qui sont sincères. Je n’aime pas du tout le mensonge et je n’aime pas la trahison » confie-t-il. En bon Bariba, il adore l’igname pilée à la sauce sésame et à l’aubergine. Son sport favori reste la marche, et sa boisson de toujours l’eau.

LA RÉDACTION

Une réflexion sur « Théophile YAROU, Président du parti LNA, invité de « Sous l’arbre à Palabre » de l’Événement Précis : « Patrice Talon s’est beaucoup amélioré » »

  1. Ousmane SANNI

    Merci beaucoup Excellence pour cette sincérité dans vos réponses.
    Votre parcours en dit long. Et pour celui qui vous connait, sait que vous avez reçu une très bonne éducation.
    Le meilleur c’est La Nouvelle Alliance.

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