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Le triomphe de la vérité

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Edito: Recensement ? Quel recensement ?


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logo journalRecensement administratif à vocation d’identification de la population. Il m’a semblé avoir entendu mille fois ces sept dernières années, les arguments (ou arguties) employés par le ministre d’Etat Pascal Iréné Koupaki pour justifier la nécessité d’un nouveau recensement à l’échelle nationale.  « Il s’agit d’un système informatisé qui permettra de recenser la population (citoyens béninois et résidents) à partir des informations nominatives, personnelles, biométriques et des empreintes digitales électroniquement capturées afin de faciliter leur identification, au moyen de la technologie appropriée », a-t-il affirmé. Et personne ne peut s’opposer à cette initiative du gouvernement, si tant est qu’elle consiste à générer un fichier national d’identification de la population.
C’est plutôt la suite qui soulève des interrogations, voire des incompréhensions. Le conseil souligne en effet qu’une société dénommée « SAFRAN–IS » sera chargée de la  « constitution d’un fichier national centralisé et de personnalisation des titres d’identification officiels ». Et qu’elle bénéficiera d’un Contrat d’acquisition de matériels, logiciels, licences et services signé avec le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique et le Ministre de l’Economie et des Finances. Un Comité technique de pilotage et un Comité interministériel de supervision ont été mis en place pour opérationnaliser tout ceci.  Je ne comprends pas : combien de fois veut-on recenser la même population ?
Je le répète encore : il est utile d’avoir un fichier national informatisé sur la population, avec des données d’identification précises. Seulement, l’empressement à confier la réalisation de cet instrument à une société privée peut surprendre. Nous avons déjà un fichier électoral national, réalisé à grand peine et à grands frais. Il regroupe les données d’identification de tous les citoyens âgés d’au moins 14 ans. Mieux, ce fichier fait l’objet d’une actualisation permanente instituée par la loi sur la LEPI. Pourquoi ne peut-on pas générer le fichier administratif de cette LEPI qui a coûté les yeux de la tête ? Nous avions bien apposé nos empreintes digitales et pris des photos d’identité à cet effet. Et nos cartes LEPI portent bien les renseignements nécessaires sur la date et le lieu de naissance. De ce premier outil, on peut tirer valablement et facilement un fichier national d’identification, sans avoir à déployer du matériel acheté à prix d’or. A ceux qui seraient tentés de rétorquer que la LEPI n’a pas été faite dans de bonnes fonctions, il faut rappeler que ses imperfections ont été corrigées durant des années de travail. Que de ce fait, à défaut d’être parfaite, la LEPI est bien fiable. Elle nous a permis d’aller aux élections de 2015 et 2016, sans contestation. Et que par conséquent, ce serait un gâchis déraisonnable.
Au demeurant, on nous avait bien rebattus les oreilles sur « l’outil de développement »  que constituerait la LEPI, au moment de sa réalisation en 2010 et en 2015. Je me rappelle bien les arguments employés pour faire sortir les populations. Aujourd’hui, on ne saurait faire admettre aux populations que les avantages tant vantés se sont volatilisés.
Si tout cela ne suffisait pas, il faut voir du côté du fichier national d’identification généré par la réalisation de la carte nationale d’identité. Il est clair que cette pièce d’identité reste l’outil le plus fiable en matière d’identification aujourd’hui. Sa réalisation donne lieu à des prises d’empreinte digitale qui pourraient bien servir à un fichier national. Agréger les données issues, non seulement de la LEPI mais aussi de la carte nationale d’identité, devrait être la mission de toute institution commise à la réalisation d’un fichier national digne du nom. On ne devrait jamais laisser de côté tous ces outils aujourd’hui. Car le risque majeur que court la nouvelle trouvaille, c’est le boycott massif de la population, désabusée par des mirages intempestifs utilisés pour la flouer. La LEPI, réalisée pendant des années et toujours en cours d’actualisation, n’a pu se mettre en place sans la contestation d’une large part de la population. Pour le fichier national, il faudra s’attendre à une contestation   doublée d’une méfiance avérée liée aux contradictions d’un Etat qui ne sait pas éviter le ridicule.
Car le ridicule ici, c’est qu’au même moment sur le même territoire subsisteraient au moins quatre dispositifs concomitants d’identification de la même population : les dispositifs historiques  de la carte nationale d’identité et du passeport, le dispositif de la LEPI et celui créé par le gouvernement. Non, il faut arrêter ce cirque !

Par Olivier ALLOCHEME

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