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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec CéphiseBéoAguiar, porte-parole d’une Fondation citoyenne: « 55 ans après, le Bénin a enfanté les Potiers de la République »


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Aguiar Beo CéphisDes jeunes issus des 77 communes du Bénin, conscients de leur mission pour l’avènement d’un Bénin nouveau, ont créé depuis le 25 juillet 2015, une Fondation citoyenne baptisée “Les Potiers de la République”. Ils entendent surtout œuvrer pour la restauration des valeurs éthiques et morales. Une restauration basée sur la crainte de Dieu. Le porte-parole de cette fondation, Céphise Béo Aguiar, revient ici sur ses ambitions.

L’Evénement Précis : Le  25 juillet 2015, vous avez créé la Fondation “Les Potiers de la République. Beaucoup ont tôt  faitde vous coller l’étiquette de parti politique. Que leur répondez-vous ?

Céphise Béo Aguiar :Vous avez bien fait de souligner que certains ont tôt  fait d’attribuer à notre organisation, l’étiquette de  parti politique. Mais je puis  répondre que  ce n’est pas le cas. Les Potiers de la République (PR) sont une initiative citoyenne qui s’est préparée sur une durée avant de se rendre publique. C’est un travail de longue haleine qui nous a pris deux ans d’actions,  de mobilisations diverses sur le terrain à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. C’est une fondation, une organisation qui entend accompagner le Bénin dans sa marche vers le progrès, pour la paix, la stabilité et la prospérité. Elle travaillera à soutenir les initiatives politiques, économiques, citoyennes et socio-culturelles de jeunes. Tout ce qui ira dans le sens de marcher ensemble vers le Bénin nouveau. Le Bénin du scénarioAlafia tel prévu par les études Bénin Perspectives 2025.

Qui sont les Potiers de la République ?A quoi doit ressembler le Potier ?

Les Potiers de la République sont une fondation du point de vue légal. Le statut que les Potiers exhibent est celui d’une fondation comme il y en a d’autres qui ne sont pas forcément d’origine béninoise. Vous les connaissez bien et elles accompagnent les pays,  les entités politiques et la société civile dans des domaines de renforcement des capacités pour la bonne gouvernance et le leadership. Les Potiers de la République se veulent cette fondation inspirée par les Béninois eux-mêmes pour être au service de leur pays. Le Potier de la République est toute personne d’origine béninoise, toute âme manifestée au Bénin ou d’origine béninoise manifestée ailleurs et qui prend conscience de la situation difficile et s’engage sur l’honneur à être fidèle et loyal à sa patrie. C’est-à-dire que son premier amour est sa patrie. Ensuite, nous pensons que le Potier de la République est un réparateur des anciennes brèches. Tout ce qui peut être perçu comme fissure dans le pays. Autrement dit,  le Potier de la République vient colmater les brèches. Il s’en indigne d’abord parce qu’il veut que les choses changent. Nous pensons aussi que le Potier de la République est animé du désir de servir sa patrie dans la loyauté et le détachement. Il doit avoir une capacité de sacrifice et de renoncement par rapport aux services qu’il doit rendre à sa nation. Il ne travaille pas pour lui-même mais pour la nation. Nous pensons également que le Potier de la République agit sous la crainte de Dieu, il est dans un souci permanent de voir sa nation dans la paix, la prospérité et qu’également, c’est un citoyen qui a un degré élevé de conscience et d’esprit.  Il  s’arme de valeurs morales et éthiques pour se mettre au service de l’affranchissement total de la patrie. Donc, il rentre dans la devise du pays, à savoir, “Fraternité, justice, travail”.  Ce qu’il recherche partout,  ce sont les valeurs portées par cette devise. En somme, pour repartir à sa définition primaire, le potier  de la République est cet  artisan qui utilise les matériaux dont il dispose pour façonner une nation meilleure.Il doit trouver l’argile de bonne qualité pour réaliser son chef-d’œuvre.

Dites-nous en quelques points les objectifs que vous visez pour atteindre cet idéal ?

Le Potier de la République est un idéal à atteindre parce que chaque citoyen béninois est un potier potentiel. Chaque Béninois sera cet artisan qui exploitera les matières premières à sa portée  pour  façonner le Bénin nouveau. C’est un travail sur la durée. C’est en partant du constat que le pays se trouve dans  de nombreux liens qui l’empêchent de décoller  que nous nous sommes dit qu’en tant que postérité, nous  avons  le devoir de porter le pays à  un niveau meilleur. Nous reconnaissons que nos ainés ont apporté une importante touche à la construction du pays. Ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Mais, la suite,  ce sont les héritiers, leurs  enfants qui s’en préoccuperont. Ceux-là devront faire un état des lieux et capitaliser les acquis. Ainsi, après avoir fait le point des succès et des échecs,  nous apporterons les améliorations là où il faut. Cette démarche nous permettra aussi de mieux appréhender le présent et l’apprécier. Ce qui manque souvent,  c’est le discernement du temps présent. Nous n’avons pas toujours  le détachement qu’il faut pour lire le présent,  ce qui se déroule chez nous. Nous y allions  avec beaucoup d’émotions et de ressentiments.  Ceci biaise l’analyse à l’arrivée.   Ayant appréhendé le présent, nous projetterons l’avenir.

Le jour de la présentation de la fondation, vous avez défini un certain nombre de critères que doit remplir le président de 2016. Pourriez-vous les repréciser ?

Le président qui devra porter la charge de tous devra avant tout être un potier. Les délégations de jeunes venus des 77 communes ont proposé  un profil face aux défis en vue. Unanimement, nous avons convenus de ce que le prochain président de la République doit avoir la crainte de Dieu. Il doit se forger dans les valeurs spirituelles et morales liées au détachement, à l’humilité, au sens du service, au respect et à l’amour du prochain. Il doit être une personne intellectuellementirréprochable,maitrisant  les enjeux politiques, économiques et socioculturels du pays ainsi que la géopolitique stratégique à l’international. Moralement, il doit être aussi le plus irréprochable possible. Il ne doit pas se complaire dans des déviances, le mensonge, le sexe et l’alcool. Cette personne ne doit être mêlée à aucun scandale, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.Elle  ne doit être sous aucune influence de milieux et cercles douteux. Nous pensons que c’est quelqu’un qui doit être dans l’exemplarité. Ceci implique la culture de la sanction et de la justice. Pas de partisannerie, pas de parti pris. Il doit être en mesure d’appliquer la thérapie de la sanction pour le développement. Un autre critère proposé, c’est l’appartenance aux générations nouvelles. Nous estimons  que cette personne doit  être née après 1960. Aujourd’hui nous fêtons 55 ans d’indépendance. Au bout de 55 ans, on ne peut pas dire que dans cette génération post-indépendance, on n’a pas un citoyen  capable de conduire efficacement et sagement  le pays, capable de porter l’espérance. C’est une discrimination générationnelle, mais c’est un choix tourné vers l’avenir.

N’est-cepas une vue trop idéaliste des  choses ?

Non. Il y a des personnes à même de porter ce rêve pour le Bénin. Si au bout de tant d’années,  on n’a pas pu produire une relève intelligente, c’est un échec. Mais nous croyons que  55 ans après, le Bénin indépendant a enfanté les Potiers de la République.Il y a donc  des personnes responsables et matures qui se dégagent et rassurent quant à l’avenir.Nous avons été plus précis pour dire que nous voudrons que  ce gouvernant soit de préférence  dans la tranche d’âge des 42 et 52 ans. On trouve, en effet, dans cette génération de citoyens, beaucoup de jeunes, enfants à la fois  de la  Révolution et du Renouveau démocratique. C’est une génération qui s’est formée et qui se trace difficilement son chemin dans le pays et a le mérite de connaître les failles des différents systèmes de gouvernance. Nous pensons donc qu’il y a bien de gens assez outillés politiquement, économiquement, intellectuellement et spirituellement pour porter cette charge.

Avez-vous déjà un nom qui remplit ces critères ?

Non. Ce n’est pas le rôle des Potiers de la République. Ils n’indiqueront personne  et ne soutiendront non plus  personne ou un groupe politique. Ils se proposent juste humblement de montrer le chemin et le profil défini en dit long.

Mais nous sommes à quelques mois de la  présidentielle de 2016. Ne pensez-vous pas que c’est inquiétant  de dire aux Béninois que vous ne trouvez toujours pas ce jeune dont vous parlez ?

Non,  parce que le temps des choses utiles et des choses vraies n’est pas forcément le temps des humains. C’est vrai que, sur le terrain, il y en a déjà beaucoup qui se promènent et proposent bien de choses. Mais à cette date, visiblement, la bonne révélation dans laquelle les Béninois se retrouveront n’est pas encore manifestée.

Quelle est la suite après la naissance de la Fondation ?

Nous nous devons  d’abord de vous rassurer que  les Potiers de la République ne sont pas une  fondation de Cotonou, encore moins des grands pôles urbains. Le groupe de travail a fait trois tours et des rencontres à l’intérieur de pays pendant deux années pour discuter de l’opportunité d’une telle initiative.C’est le besoin d’une identité unique  qui nous a conduits à la mise en place de cette organisation. Les Potiers de la République, c’est tous les jeunes béninois des milieux ruraux et  urbains, artisans ou fonctionnaires, acteurs sociaux,  politiques, économiques, culturels, sportifs etc.

Vous prônez les valeurs éthiques et morales sur le plan politique. Dans un pays où l’argent règne en maître dans les élections, que pourrez-vous faire ?

On a besoin de ressources financières pour faire des actions publiques et politiques.  Mais l’argent seul ne suffit pas. Il y a des gens qui ont de l’argent et qui ont échoué aux dernières  élections. Les populations regardent et savent dans le temps, où se situent leurs besoins et celui qu’il leur faut pour porter leur volonté. L’argent ne permet pas de tout avoir. C’est pour cela  que nous insistons sur les valeurs pour dire qu’il faut davantage regarder les profils. Ce n’est pas les religions, les régions, les loges, les lobbies affairistes dont proviennent des candidats qui  vont  leur permettre de se faire élire. Mais  c’est leur capacité d’opérer ce détachement et d’être en harmonie avec Dieu, dans  la foi citoyenne et l’amour de la patrie qui leur  permettra de conquérir le cœur et la confiance de leurs concitoyens. Notre rôle à la fondation, c’est d’attirer l’attention de tous  sur la nécessité d’aller à ces valeurs, à ces critères de choix. Ce n’est pas une tâche facile et ce genre de combat n’est jamais gagné à l’avance. Mais lorsque  vous vous mettez  dans la logique d’apporter la lumière et d’influencer positivement pour le bien de tous, Dieu veille et combat pour vous.

Pour faire ce travail, vous appelez maintenant à une nouvelle conscience. Un concept qui se rapproche d’un potentiel candidat à la présidence de la République. Quelle est la ligne de démarcation que vous mettez entre vous et lui?

La conscience est une des multiples facultés de l’homme.  C’est la tour de garde intérieure de notre fonctionnement individuel. Parler donc d’une nouvelle conscience implique une remise à jour de cette faculté afin qu’elle tourne à pleine performance. La nouvelle conscience semble se limiter à un état des lieux et à un constat de notre panne mentale et morale qui nous empêche d’impacter le pays. Les Potiers de la République, au-delà ce simple état des lieux et du constat de panne, se proposent de travailler à façonner une nation meilleure après un perfectionnement de l’âme et de l’esprit de l’humain béninois. Les Potiers de la République, ce sont des idées, ce sont des solutions pour le pays sur la durée. L’objectif ici, ce  n’est pas la conquête du pouvoir avec un slogan philosophique autour d’un homme.

Un mot de conclusion ?

Je vais vous remercier et repréciser tout simplement pour tous ceux qui pensent que les Potiers de la République sont un mouvement ou un parti politique, que  c’est sur la durée qu’ils se rendront compte de ce que quelque chose est pensé, proclamé pour agir aujourd’hui et demain.  Nous pensons qu’il nous faut travailler et être conséquents  dans nos actes. Notre discours doit être conforme à nos postures publiques et privées. Car, comme nous l’a dit à un de nos amis du mouvement sénégalais « Y en a marre », nous devons  faire en sorte que  le “P” du “Potier” ne devienne pas  “Problème” ou  “Pourriture”de  la République.

Propos recueillis par Donatien Gbaguidi

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