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Le triomphe de la vérité

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Excuses du chef de l’Etat aux Pays-Bas: Acteurs politiques et société civile désapprouvent Yayi


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boni-yayi-2 net« Je voudrais faire allusion ici au scandale de l’eau objet d’un partenariat entre notre pays et le généreux Royaume des Pays-Bas à qui je présente la gratitude et les excuses publiques de tout le peuple béninois ».  Dans son discours du 1er août dernier, Boni Yayi s’est laissé aller à des excuses publiques de la nation aux Pays-Bas. Quelques acteurs de la société civile et de la politique estiment que cette initiative est mal venue.

Martin ASSOGBA, président de l’ONG ALCRER: « Il n’a qu’à demander pardon au nom des gens qui ont volé »

« Avant de répondre à votre question, je me dois de rappeler que l’ONG ALCRER que je dirige est une organisation qui s’investit dans la promotion de la bonne gouvernance à travers la lutte contre la corruption et la délinquance financière. En ce qui concerne ma réaction par rapport au discours prononcé par le chef de l’Etat à la veille du cinquante-cinquième anniversaire de notre accession à l’indépendance et particulièrement par rapport à l’excuse publique qu’il a présentée en notre nom, au nom du peuple béninois, à l’endroit des Pays-Bas par rapport à l’argent du Programme pluriannuel d’appui au secteur de l’eau et de l’assainissement (PPEA2) qui a été distrait par certains cadres de l’administration de l’eau au Ministère chargé de l’eau et de l’énergie, je dis que le chef de l’Etat aurait pu éviter ça si et seulement il avait véritablement fait de la lutte contre la corruption son vrai cheval de bataille comme il nous l’avait promis. Si la volonté politique a accompagné sa vision de lutte contre la corruption, il n’aurait pas eu besoin de venir publiquement demander pardon pour huit milliards cinq cent millions qui ont été distraits des fonds que des partenaires nous ont alloués pour donner de l’eau potable aux communautés qui n’en ont pas. Et puis, le chef de l’Etat a dit qu’il demande pardon au nom du peuple béninois ! Ce n’est pas tout le peuple béninois qui a distrait les fonds. Il a demandé pardon au nom de ses collaborateurs et en premier, au nom de son ministre Barthélémy Kassa qui, si même lui, il n’a pas touché aux fonds comme on veut nous le faire croire alors que nous ne sommes plus au biberon, il a une lourde responsabilité à partir du moment où il est le ministre chargé de la gestion de ce dossier-là. Qu’on ne nous trompe pas ! L’excuse a été présentée pas au nom du peuple mais au nom de ceux qui ont distrait les fonds. Il faut que ça soit clair dans la tête de chacun et qu’on comprenne ! Ceux qui ont fait l’erreur, on n’a qu’à citer leurs noms et demander pardon en leurs noms ».

Professeur Sébastien Azondékon, membre de l’Alliance ABT: « Ce n’est pas le peuple béninois qui a détourné l’argent »

« Je pense que le pardon est déplacé, le président de la république devrait demander pardon au peuple béninois d’avoir décrédibilisé sa signature, la signature du peuple béninois, parce que c’est à travers lui que cette signature se manifeste et ils ont vraiment commis un  crime économique, parce que priver quelqu’un d’eau au troisième millénaire, c’est un crime. Ils ont privé le peuple béninois d’eau. Le pardon devrait aller au peuple béninois. Maintenant quand il dit qu’il demande pardon aux Hollandais au nom du peuple béninois, ce n’est pas le peuple béninois qui a détourné l’argent. Je suis désolé. Il ne faut pas aller souiller le peuple jusqu’à ce point. Il me semble que d’ici à là, on veut tuer le poussin dans l’oeuf. L’affaire est si grave et le degré jusqu’auquel elle entache la crédibilité de notre pays est si élevé qu’on ne peut pas tuer le poussin dans l’œuf. Le ministre Kassa qui était aux affaires ne fait que demander à parler, mais laissez le peuple entendre sa part de vérité par rapport à ça. On doit entendre sa part de vérité, et chacun des acteurs impliqués. Là il faut qu’il parle. On parle du ministre pour dire qu’il était aux affaires, mais il n’était pas directement impliqué. Qu’est-ce que ça veut dire ?Pour le moment, ce qu’on sait, jusqu’à preuve de contraire, jusqu’à ce que le ministre soit autorisé à dire sa part de vérité, il est coupable de même que tout le Gouvernement. Il n’ya personne au plus haut sommet de l’Etat qui va dire qu’il n’est pas coupable. Le président de la République, pour avoir blessé la crédibilité, a porté atteinte à la crédibilité du pays dans son discours. Il devrait dire : ‘’ Peuple béninois, je vous demande pardon de vous avoir privé d’eau  parce que l’eau c’est quelque chose de très précieux et vital et au troisième millénaire dire qu’il ya des coins dans ce pays qui n’ont pas d’eau potable, j’ai échoué et j’ai encore fauté. Parce que l’argent destiné à leur donner de l’eaua disparu. J’en suis responsable’’, espérant que le peuple Béninois sera vigilant pour exiger que tous les acteurs impliqués parlent, soient entendus et reçoivent donc les châtiments qu’il faut, chacun à son niveau de responsabilité et de culpabilité. Dire pardon aux Pays-Bas au nom du peuple béninois, c’est vraiment  instrumentaliser la naïveté des gens. Nous n’allons pas accepter ça, surtout que c’est un Gouvernement en fin de mandat et son successeur va hériter de cette situation qui va le soumettre à rudes épreuves. On  ne peut pas accepter cela et que le président de la République revoie sa copie. On a dit qu’on a supprimé l’IGE pour créer quelque chose de vérification générale et je dis c’est du faux. C’est pour davantage camoufler les choses et ça, permettez moi de vous dire, c’est du Koussey sans  Koussey  parce que dans tous les pays cette affaire du vérificateur du Gouvernement,  c’est né au Canada  et le vérificateur général est au-dessus du Gouvernement. Il contrôle tout,  il est autonome, il n’est rattaché à aucune présidence ou à aucun Ministère.  Le Mali l’a expérimenté et on a vu que c’est une entité autonome qui contrôle même le Gouvernement, la présidence de la république. Maintenant on nous met ça sous la Présidence de la République.   Mais  qu’est-ce que l’IGE faisait ?Pourquoi on a supprimé l’IGE qui a été créée par décret ? »

Dieudonné Lokossou, secrétaire général de la  CSA Benin: « Il reconnait ce dont notre pays est accusé »

« Je ne suis pas d’avis avec le chef de l’Etat lorsqu’il  livre cela dans son discours. Je ne sais pas pourquoi il va demander ce pardon. Je suis très embarrassé, moi. C’est comme s’il reconnait de façon honnête ce dont notre pays est accusé, sinon en d’autre temps, il n’aurait pas dit cela. Donc, de façon implicite, il reconnait les faits qui lui sont reprochés. Il est allé un peu trop loin. Et je constate même que dans une certaine presse, il y a des tapages médiatiques pour montrer qu’il y a bien de réalisations dans ce programme. C’est bien dommage ».

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