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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’anémie des recettes douanières


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Les recettes douanières sont en baisse. Il a fallu l’arrivée du nouveau ministre des finances pour que la nouvelle soit connue et pour que le chef de l’Etat gicle en un quart de tour. Dès le lendemain, organisation d’un déjeuner avec les douaniers, mesures médiatiques pour pallier  ce déficit.  L’une des actions préconisées est l’accélération des procédures au niveau du guichet unique, de sorte à valider les bordereaux de frais unique (BFU) en 15 minutes, nous apprend-t-on. Rien que ça ? Bien sûr, il fallait seulement que le Guichet unique soit dynamisé pour que l’argent rentre à flots dans les caisses.  Il fallait y penser. Et l’arrivée du nouveau ministre, le divin Komi Koutché a directement permis de diagnostiquer le problème et d’y trouver une solution immédiate en  un et un seul déjeuner.   Il ne vous a certainement pas échappé non plus qu’on a tout fait pour empêcher l’information de tomber dans des oreilles indélicates. Les médias ont été juste autorisés à entendre la version du ministre des Finances.

         Et bien sûr, rien n’est dû à la mauvaise gouvernance au sommet de l’Etat ni à l’acharnement contre les opérateurs économiques nationaux. Rien n’est dû à la politisation outrancière de l’administration douanière marquée par le nombre effarant de ministres des finances que nous avons eus en huit ans. Puisqu’en huit années de changement refondé, six ministres ont occupé le fauteuil d’argentier national avec une durée moyenne d’un an quelques mois seulement. C’est une instabilité record qui est à l’image de tout le gouvernement qui vacille en permanence.

          Pour expliquer la situation des recettes en baisse, on a trouvé un terme technique que le commun des Béninois, trop occupé à chercher son pain quotidien, a du mal à appréhender : désarmement tarifaire sur certains produits vers le Nigeria dans le cadre du Tarif Extérieur Commun de la CEDEAO.  C’est simplement la réduction drastique des droits de douane sur des produits en direction du Nigeria.   

         Du fait du contrôle strict exercé sur cette information, personne ne nous dira que la  situation pourrait s’aggraver les jours et mois à venir.  Car désormais, le Nigéria rouvre ses ports commerciaux. Il  a révisé ses accords commerciaux notamment dans le domaine des importations. Conséquences, les importations au Bénin ont connu une tendance baissière depuis le trimestre écoulé, puisque près de 90%  des produits importés à Cotonou sont réexportés vers le Nigeria.  

          Mais en dehors de ce facteur, il y a l’enfer que vivent tous les entrepreneurs qui travaillent avec ou pour l’Etat. Leurs factures déambulent dans les tiroirs du Trésor public d’où elles ne ressortent qu’à coup de pots-de-vin.  Si cette situation n’est pas nouvelle, ce qui l’est moins, c’est que pour être payée, une facture de plus de deux millions de FCFA est obligée de faire au minimum un an au Trésor. On ne compte plus les chefs d’entreprises obligés de raser les murs pour fuir leurs créanciers, parce que le Trésor est hermétiquement fermé à leurs requêtes. Il n’y a pas d’argent dans les caisses. Lundi, les représentants des banques ont été conviés au déjeuner présidentiel pour réfléchir à la question. Près de 22 milliards de francs Cfa de chèques du Trésor sont en  attente  d’être payés. Quelle solution l’Etat trouvera-t-il à court terme pour faire face à toute cette détresse ? Je l’ignore. Comme je l’ai dit ici déjà, les banques béninoises n’ont plus confiance en notre Etat et n’acceptent plus de couvrir des dettes publiques qui ne seront remboursées qu’au bout  de plusieurs années de souffrances et de patience.   Le déjeuner de lundi permettra-t-il de gommer cette mauvaise image de l’administration publique auprès des banques ? Je préfère l’espérer à défaut d’y croire réellement.

         Il se fait qu’en réalité la baisse des recettes de l’Etat est le résultat d’une politique économique sans boussole ayant servi jusqu’ici à déstructurer le mince tissu industriel national. On ne parlera plus du commerce. Tout a été fait (ou presque) pour asphyxier les grands  opérateurs économiques nationaux qui   excellent dans l’importation.  A contrario, tout est fait pour dresser un tapis rouge aux étrangers  qui viennent s’enrichir ici.

         Au sortir du déjeuner de lundi, ce sont les importateurs qui vont avoir chaud. C’est eux que l’on va pressurer encore plus pour combler le gouffre béant qui s’ouvre sur les recettes de l’Etat.

Par Olivier ALLOCHEME

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