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Societas: Des Béninois racontent ce qu’ils font des placentas


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Comment les Béninois gèrent-ils le placenta à la naissance de leurs enfants ? Dans quel lieu le déposent-ils ? Pourquoi ? Ce sont là des questions que ce numéro de Societas a abordées avec certains citoyens béninois. Et voici leurs réponses.

Innocent Codjo Abouké, habitant de Ouèdo-Kpossidja

«J’enterrais au niveau de la douche»

«Moi, j’ai toujours enterré les placentas de mes différents enfants dans un lieu humide. Souvent, c’est au niveau de la douche que je faisais ça. Parce qu’en ce moment, j’étais dans une maison où la douche n’était pas carrelée, ni cimentée comme c’est le cas aujourd’hui dans presque toutes les maisons. Mais, pour mon dernier fils, né il y a 5ans, j’ai fait cet enterrement au niveau d’un marigot. C’est dans l’optique de permettre à l’enfant d’avoir la paix, la facilité dans ce monde. Selon la tradition de chez moi, il te faut un petit canari plus des feuilles de l’hysope (7 si c’est une fille et 9 si c’est un garçon). Ces feuilles, tu les déposes dans le canari avant de mettre le placenta dessus tout en prenant le soin de garder le placenta dans une position ouverte. C’est à dire le poser de sorte que le cordon ombilical se retrouve en haut sur le placenta. Quand vous le retournez, la femme ne tombe plu enceinte. »

Wanignon Anicet LOKO, habitant de Ouèdo Dessato

« Je l’enterre dans notre maison familiale»

«Actuellement, je suis en location. Et pour le sujet que vous me soumettez, je voudrais simplement dire que le placenta est enterré après l’accouchement. Quand ma femme accouche, je reçois le placenta et je vais l’enterrer dans notre maison familiale dans un lieu humide. Parce qu’en tant que locataire, je suis appelé à quitter la maison là un jour. Voilà pourquoi je préfère aller l’enterrer dans la maison familiale, là où je sais que c’est en sécurité. Et pour le faire, je mets le placenta dans un petit canari et je verse de l’huile rouge sur ça avant de déposer dans le trou que j’ai creusé.

Il y a aussi une autre façon de le faire. C’est-à-dire que quand je fais le trou je dépose le placenta dedans et je mets en terre au lieu qu’on appelle communément “agnan”. Ceci compte tenu de l’adage qui dit “si man han do agnan” (cette plante regorge toujours d’eau) histoire de permettre à ce que ce placenta soit toujours dans l’humidité. Ce qui va à coup sûr apporter la paix dans la vie de cet enfant-là. J’ai aussi appris qu’avant, les grands parents enterraient le placenta dans la douche, vu que c’était des douches non cimentées. Mais je n’ai jamais enterré un truc pareil là où j’ai loué. »

Biowa Yolande, habitant à Arconville

« Mon mari l’enterre dans sa maison familiale au village »

« Les placentas de nos trois enfants sont immédiatement après leur naissance mis sous terre au village dans un endroit précis et discret. Mon mari ne le confie à personne. C’est lui-même qui prend la responsabilité de le faire puisqu’il faut être prudent pour ces choses qui sont vraiment sensibles. Dans la main d’une personne malintentionnée, cela peut agir sur le destin de l’enfant. Donc mon époux va directement au village enterrer et quand on va là-bas ensemble, il me montre l’endroit. Maintenant que nous sommes dans notre propre maison, je crois qu’on peut désormais l’enterrer ici si on faisait encore d’enfant. Les autres fois c’est parce qu’on était en location ».

Thierry Fatolou, habitant de Cotonou

«Le placenta est enterré après dans la cour de la maison»

«Moi, je suis du plateau, précisément de Sakété. Et chez nous, le placenta est enterré après l’accouchement dans la cour de la maison ou là où il y a des plantes qu’on arrose. Pour ce qui me concerne, ce sont les parents qui s’en chargent. Ils mettent le placenta dans un canari accompagné de quelques feuilles et disent des prières avant d’enterrer. Peut-être qu’un jour, je ferai ça pour le nouveau né de ma fille.»

Messan Dohou

« En le faisant on fait une prière pour appeler de bons signes sur l’enfant qui vient de voir le jour »

« D’abord la première précaution c’est de faire en sorte que cela ne soit touché par des souris. Et après il faut faire l’enterrement avec les feuilles d’hysopes et dans un endroit humide. C’est pourquoi certains conseillent sous un arbre ou proche d’une douche. Maintenant il est nécessaire que ça soit quelqu’un de confiance, la mère ou la belle-mère, le père ou le beau-père, le mari même ou un oncle. Mais souvent c’est plus conseillé que cela soit le père de famille qui fasse cette petite cérémonie d’enterrement du placenta et en le faisant on fait une prière pour appeler de bon signe sur l’enfant qui vient de voir le jour. Dans mon cas, ce n’est pas moi qui le fais. C’est ma mère qui s’en charge. Et elle les a enterrés à la maison chez mon père».

Avanon Félicien, père de famille

« On met ça dans un canari, on met les feuilles d’hysope là-dessus »

Chaque ethnie a sa façon de gérer le placenta. Après l’accouchement, il y a des choses qu’on fait pour l’enterrer. On creuse le trou et on l’enterre avec les feuilles d’hysope. Chez nous à Allada, on met ça dans un canari, on met les feuilles d’hysope là-dessus puis il faut enterrer dans un coin où il y a toujours de l’eau. Généralement, c’est dans la douche pour que, d’après ce que nos parents expliquent, le placenta trouve de la fraîcheur tout le temps. Il n’y a pas d’interdit pour cela. On peut enterrer n’importe où. Par exemple, je suis d’Allada, mais j’enterre ça à Cotonou ici chez mon beau-père. Nous sommes presque dans le même quartier. Je m’approche de lui et puis il me montre un lieu pour que j’enterre ça dans sa maison. »

Carlos Biaou, conducteur de taxi

« Il n’y a pas de loi ni de texte qui réglemente sa gestion »

Je n’ai pas grand-chose à dire. Toutes les familles ont leur histoire. Il n’y a pas de loi ni de texte qui réglemente sa gestion. Et ça dépend de chaque ethnie. Pour moi, j’enterre et c’est fini. Je suis chrétien et je peux même jeter.

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