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Le triomphe de la vérité

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Pratique du lévirat en Afrique: Le consentement des veuves banalisé, le phénomène persiste


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Dans de nombreuses régions d’Afrique, il existe une pratique culturelle selon laquelle les femmes, une fois mariées, deviennent la propriété de leur belle-famille, en particulier lorsque la dot a été remise à celle-ci. Cette appartenance implique que, en cas de décès de leur mari ou d’infertilité de ce dernier, les femmes sont contraintes de se remarier avec un membre de la famille de leur défunt époux. Malgré, la résistance croissante des femmes et les lois adoptées pour protéger leurs droits, le lévirat persiste dans de nombreuses communautés.

« J’ai reçu un appel téléphonique un soir qui m’a informé du remariage de ma mère. Mon père a rendu l’âme depuis environ quatre mois. Le conseil de famille s’est réuni pour décider  que ma mère  devra se mettre en couple avec le petit frère de son défunt époux. Si elle oppose un refus, elle se fera chasser de la maison de son époux, perdra tous les biens de son époux ainsi que nous  ses enfants. Consternée et horrifiée, elle m’a appelée pour avoir une idée du comportement à tenir.  J’étais en pleurs car je ne savais plus quoi faire ». Gbènadé Laure (étudiante) a les yeux larmoyants et le regard triste quand elle en parle. Le lévirat a davantage d’implications profondes sur l’autonomie et la liberté de choix des femmes. Au lieu de  décider de leur propre avenir après le décès de leur conjoint, elles sont souvent soumises à la volonté de leur belle-famille et contraintes de se remarier, même si elles ne le souhaitent pas. Cette pratique porte atteinte à leurs droits fondamentaux et à leur dignité en tant qu’individu.Le lévirat est, pour, le professeur Hubert Topanou, cité par le site afrique-gouvernance.com, « une pratique culturelle qui consiste à donner en mariage les veuves à l’un des frères de leur époux défunt parfois même à ses fils ainés issus de premiers mariage».

Accepté ou se voit renvoyer ?

Les femmes se voient imposer cette pratique dans les familles pour ne pas, selon la belle-famille, perdre l’héritage du défunt ou pour perpétuer sa lignée. L’argument avancé pour justifier cette pratique est, selon la sociologue ivoirienne, Olivia Katy, le maintien de la dot dans la famille de l’époux défunt. Mieux, il est dit que « les enfants issus du lévirat portent le nom du mari initial défunt».Par ailleurs, il est important de souligner que certaines femmes sont victimes de violences ou de pressions pour faciliter le lévirat. Il peut arriver que des membres de la famille utilisent des pratiques mystiques ou recourent à des actes violents pour éliminer le mari initial et forcer la veuve à se remarier avec un autre membre de la famille. Ces situations peuvent mener à des conflits, à des suspicions de meurtre et à des divisions au sein des familles.De plus, le lévirat peut entraîner des conséquences néfastes sur le bien-être émotionnel et psychologique des femmes. Elles peuvent se sentir dépossédées de leur autonomie et de leur capacité à décider de leur propre destin. Certaines femmes sont contraintes de vivre dans des mariages où elles subissent des abus physiques, émotionnels ou sexuels. La pression sociale et familiale pour se conformer à cette pratique peut être écrasante, ce qui rend difficile pour les femmes de s’opposer et de faire valoir leurs propres choix et droits.« Durant ce second mariage forcé, j’ai eu deux enfants avec Firmin. Mais ce fut un mariage sans repos. Entre disputes et rivalités, j’ai fini par décider de quitter mon second foyer au risque de tout ce qui suivra ». Le regard vide, Geneviève ajoute. « J’aurais dû refuser ce mariage dans le temps. Mais, mes premiers enfants étaient en bas âge. J’avais besoin d’aide pour les éduquer et les élever ».Elle dit être sortie de ce mariage complètement « meurtrie ».  Pire, elle fait face toute seule aux charges actuellement. « Je me demande si la mort de mon défunt mari est naturelle. Si son frère n’y a rien à avoir puisqu’il m’avait courtisé dès mon arrivée dans cette famille », révèle Geneviève.

Quid du respect des droits de la femme

Heureusement, de plus en plus de femmes s’opposent au lévirat et se battent pour leurs droits. Elles rejettent cette pratique coercitive qui les prive de leur liberté et de leur capacité à décider de leur propre vie. Parallèlement, des lois ont été promulguées dans certains pays africains pour interdire le lévirat et protéger les droits des femmes. Cependant, malgré ces avancées législatives, la mise en œuvre effective de ces lois reste un défi.En attendant, la mère de Laure  devra prendre une décision. Epousera-t-elle son beau-frère ou opposera-t-elle un refus au risque de se faire renvoyer de la maison de son défunt époux ?

Merveille GANSA (Stag)

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