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Le triomphe de la vérité

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Lutte contre la corruption : Jean-Baptiste Elias dévoile les maux qui minent le combat du Bénin


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(« Le problème de gain facile doit quitter la tête des Béninois », dit-il)

Invité de l’émission « Questions actuelles » sur Capp Fm le vendredi 21 juillet dernier, le président du Fonac, Dr Jean-Baptiste Elias a évoqué les faiblesses de la lutte contre le phénomène de la corruption au Bénin. Pour lui, ce n’est pas encore ça qu’il faut pour ce combat.

Dr Jean-Baptiste Elias

Ce qu’il faut retenir : « La lutte contre la corruption en peine ou en panne au Bénin ». C’est le thème de cette émission. Ancien président du Conseil de l’union africaine sur la lutte contre la corruption et actuel président du Fonac, Dr Jean-Baptiste Elias a fait savoir que la Criet n’est pas une panacée dans ce combat contre la corruption. « La Criet est là pour réprimer les infractions. Beaucoup de pays ont mis une juridiction spécialisée de lutte contre la corruption avant le Bénin. Malgré que la Criet est installée en 2018 jusqu’en 2023, la corruption continue. Ce n’est pas encore ce qu’il faut », a-t-il expliqué. Pour lui, il faut coupler toutes les actions que ce soit la sensibilisation, l’éducation, la formation puis la répression en conseil de discipline et ensuite au niveau de la Criet. « Dans les pays où les peines de mort existent, les infractions de la peine de mort continuent. Ça veut dire qu’il y a un travail d’éducation pour que les gens changent de comportement. Quand les gens n’ont pas le nécessaire pour vivre, on n’a beau mis la Criet, corser les sanctions, les gens vont continuer », déplore-t-il.

L’exemple n’est pas donné au plus haut niveau : Dr Jean-Baptiste Elias a déploré que l’exemple n’est pas donné avec les autorités au plus haut niveau. De ses explications, le déclic de la lutte contre la corruption au Bénin est fait en 1964 sous le président Ahomandégbé et les autres régimes ont pris le pas. C’est pourquoi selon lui, en matière de corruption, il n’y a pas que le côté répressif, il y a la sensibilisation, l’éducation, la vulgarisation. Et, tout ceci est confié au Haut-commissariat de prévention et de lutte contre la corruption régit par la loi du 23 avril 2020, qui n’est pas installé. Aussi, il regrette que malgré qu’il est bien dit dans l’article 4 de la loi 2011 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption, la déclaration du patrimoine, il y a un ministre qui n’a pas fait la déclaration de ses patrimoines en 2018, une dizaine de députés, des membres du conseil économique et sociale. « L’autorité de lutte contre la corruption les a assignés en justice devant la Cour suprême. Ça fait 5 ans que nous attendons. Aucune sanction n’a été prise à l’encontre de ceux-là. La Haute cour de justice a été installée depuis 30 ans, elle n’a jugé personne jusqu’à ce jour. Ce ne sont pas des dossiers qui manquent, mais la façon de la saisir et de travailler, fait qu’elle n’a jamais jugé personne », s’est-il indigné.

Sur l’indice de Tranparency international : « Nous n’avons pas la moyenne », a réagi Jean-Baptiste Elias qui poursuit en disant « nous sommes dans une classe où il faut avoir 50 sur 100. Le premier a eu 88 points sur 100. Je ne peux pas avoir 43 points sur 100 dans une classe où le premier a 88 points et dire que j’ai progressé ». Prenant l’indice de performance de Tranparency international, il dit que le Bénin a eu 7 points sur 100 en 12 ans.

Les freins à la lutte : Ce qui justifie la faible performance du Bénin dans cette lutte de son point, est la non vulgarisation et application des textes ou de certaines recommandations. A titre d’exemple, il évoque les Journées nationales de la gouvernance de 2017, 2018 et 2019 du Fonac. Au terme de ces journées, des recommandations ont été formulées à l’endroit de l’Assemblée nationale, de l’exécutif, de la Cour suprême, de la Haute cour de justice, du Conseil économique et sociale, de la Haac, de l’Autorité de régulation des marchés publics, de la CCI Bénin et le patronat, de la société civile et des partenaires techniques et financiers. Ces documents, selon les dires de l’invité, sont dans les ministères et institutions, les nouveaux venus n’ont peut-être pas eu accès. Sur un autre plan, il s’interroge sur le système national d’intégrité du Bénin financé en 2016 par l’Union Européenne avant de poursuivre que le Fmi a travaillé sur les finances publiques et la corruption en février 2023. « Les recommandations de ces travaux suffisent largement pour améliorer la lutte au Bénin », souligne-t-il.

Perspectives de la lutte : « Le Bénin peut mieux faire en essayant d’appliquer les lois, en suivant les procédures, en appliquant le code d’éthique et de valeurs dans l’administration publique », a déclaré Jean-Baptiste Elias. Il recommande qu’il faut respecter les conventions et les protocoles internationaux signés par le Bénin. « Que le Bénin prenne une loi spécifique contre la corruption, mette les guides des usagers dans les administrations, renforce les connaissances des magistrats, les sociétés civiles, le conseil de discipline, que le Haut-commissariat à la prévention et à la lutte contre la corruption soit installé, faire la promotion des cadres vertueux en leur donnant des prix et former les agents », suggère-t-il. Par ailleurs, il a dit sa satisfaction de la lutte contre la cybercriminalité que mène le gouvernement. « C’est une bonne chose, il faut l’encourager, l’accentuer et collaborer avec les pays du monde entier. Le problème de gain facile doit quitter la tête des Béninois »  conseille-t-il.

Alban TCHALLA

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