.
.

Le triomphe de la vérité

.

Éditorial :L’équation Djogbénou


Visits: 512

Joseph Djogbénou était parti pour être président de l’Assemblée nationale. Mais les législatives du 08 janvier ont fragilisé cette ambition. L’ancien président de la Cour constitutionnelle s’est retrouvé seul élu de son parti dans la seizième circonscription électorale. Là précisément où l’opposition a dicté sa loi à la mouvance. Et il se pose une question de légitimité. Comment peut-il diriger des gens qui ont fait mieux que lui dans leurs circonscriptions respectives et qui de ce fait sont plus fondés que lui à être au perchoir ?

Pour donner le change, deux noms sont désormais cités. Gérard Gbénonchi et surtout Louis Vlavonou. Le premier a fait ses preuves dans le Couffo où l’UPR a tout raflé. Comme en 2019. Lui laisser le perchoir ne serait que justice. Mais il y a Louis Vlavonou qui n’a pas renoncé à son ambition de rempiler. Le président sortant a montré des preuves de docilité et de management qui parlent en sa faveur. La docilité aux idéaux du régime Talon demeure en effet une preuve que l’on peut compter sur lui pour maintenir la cohésion au sein de la mouvance, maintenant que l’opposition est là.  Mais Vlavonou a de nombreux adversaires contre lui. Ils avaient presque déjà obtenu sa tête, n’eût été la débâcle du camp présidentiel dans les grandes villes. Son règne était déjà conjugué au passé.

Mais l’on oublie facilement le patron du Bloc Républicain, Abdoulaye Bio Tchané. Il est vrai que son parti ne peut se targuer d’une quelconque majorité qu’il a cherchée en vain. Mais l’actuel ministre d’Etat veut le perchoir. D’autant plus que, contrairement à 2019, l’UPR n’a pas obtenu la majorité absolue et doit donc composer avec le BR pour diriger le parlement. Entre nous, si ABT s’en va du gouvernement, Patrice Talon aurait enlevé un caillou de ses pieds, lui qui a réduit son ministère à presque rien pour contraindre l’ancien président de la BOAD à renoncer à ses ambitions présidentielles. C’est désormais chose faite. Mais Bio Tchané n’ira pas à l’Assemblée nationale juste pour y siéger comme simple député. A défaut du perchoir, le BR veut des postes stratégiques au sein du bureau. Toute la décision appartient au Chef de l’Etat qui peut dicter à chaque parti ce qui lui revient.

Reste le cas Djogbénou. Contraint à marcher dans ses petits souliers, Joseph Djogbénou est pressenti pour reprendre le chemin du gouvernement en tant que ministre d’Etat.  Il reste que dans un contexte où le régime fait la promotion de la bonne gouvernance, il n’y a pratiquement pas de ministère où il peut disposer d’un budget conséquent pour aller sur le terrain dans le cadre de ses ambitions présidentielles. La présidence de l’Assemblée lui en offrait les moyens institutionnels et le prétexte financier. Mais au gouvernement, il sera engoncé dans des habits trop étroits pour se mouvoir aisément sur l’échiquier. Et pour conquérir l’électorat dans ce contexte, il vaut mieux disposer de soutiens financiers conséquents. Ces soutiens financiers ne s’obtiennent pas dans une gouvernance vertueuse. Sauf si Talon consentait à mettre la main à la poche, en puisant dans les caisses noires. Ou à lui tailler un poste de premier ministre…

   Mais là n’est pas le problème. Le véritable problème, c’est qu’on croyait qu’il pouvait faire le plein des voix chez lui à Cotonou. La razzia  de l’opposition a démontré le contraire. Descendu de son piédestal. Tous les calculs relatifs au dauphinat sont alors remis à plat. Nous attendons encore le messie. Au Bénin, si vous n’avez pas de fief, inutile de briguer le fauteuil présidentiel. Où donc est celui de Joseph Djogbénou ? Battu jusque dans son bureau de vote lors de  la récente élection, il ne peut prétendre qu’il s’agit de Cotonou. Mais s’il s’agit du plateau d’Abomey, son choix de candidater à Cotonou était mal venu. J’entends d’ici les moqueries et autres quolibets qu’il devra essuyer si jamais il tentait de se rabattre sur cette région. Alors où ira-t-il ? Question d’autant plus cruciale que d’autres personnalités au sein de la mouvance, toutes aussi fidèles les unes que les autres au Chef de l’Etat, ont les mêmes ambitions que Djogbénou, sans avoir été bernées par leurs électorats.

Olivier Allocheme

Reviews

  • Total Score 0%



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page