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Le triomphe de la vérité

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OPINION/Rappels intempestifs et fantaisistes de l’article 66 de la Constitution béninoise: Halte au nationalisme étriqué


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Introduction
Des déclarations intempestives et fantaisistes circulent depuis un certain temps sur les réseaux sociaux à propos de l’article 66 de notre Constitution.
Elles ont peut-être pour but de semer de la diversion en cachant des intentions réelles.
En tant que vrai patriote et grand nationaliste pour ceux qui me connaissent bien, je tiens à cracher ici la dure vérité à propos dudit article afin que les spécialistes indécrottables de la politique de diversion cessent de jouer leur mélodie à la trompette bouchée.
Lisez d’abord l’article 66.
« En cas de coup d’Etat, de putsch, d’agression par des mercenaires ou de coup de force quelconque, tout membre d’un organe constitutionnel a le droit et le devoir de faire appel à tous les moyens pour rétablir la légitimité constitutionnelle, y compris le recours aux accords de coopération militaire ou de défense existants.
Dans ces circonstances, pour tout Béninois, désobéir et s’organiser pour faire échec à l’autorité illégitime constituent le plus sacré des droits et le plus impératif des devoirs».

L’irrésistible vérité
Avant l’adoption de la Constitution du 11 Décembre 1990, j’avais combattu avec verve la limitation d’âge à la présidence. J’avais caractérisé cette innovation comme le cancer permanent de la division. Ma vive réaction a été publiée dans le Journal gouvernemental «La Nation» du 19 Juillet 1990, tout juste à côté de celle aussi vive du Très Respecté Ministre Adrien AHANHANZO GLELE.
De la même façon, j’avais combattu l’article 66 de notre Constitution, ceci par tous les canaux. J’avais réaffirmé énergiquement mon opposition dans mon Essai de plus de 300 (trois) cent pages et intitulé : « De la médiocrité marxiste à la problématique démocratique». Ledit Essai avait été présenté au concours «Regards croisés sur le Bénin» en 1995 et dont le titulaire du 3ème prix était mon jeune frère Joseph Djogbénou avec son recueil « Pleurs et Fleurs»
L’article 66 de notre Constitution était un article circonstanciel. Il avait été taillé sur mesure. C’était à la taille du Général Mathieu KEREKOU. Car malgré l’organisation de la Conférence Nationale, ses participants avaient peur de son issue.
La Garde Présidentielle de 1500 hommes était la plus équipée et plus forte que tous les autres corps réunis.
Seulement, beaucoup ignoraient à l’époque que Mathieu KEREKOU était un grand patriote. Le vieux aimait son peuple. C’est un homme très émotif et très coopératif. C’est un natif du signe Vierge.
Il m’avait reçu à domicile vers 2 heures du matin le 2 Mars 1991 et le 16 Mars 1991 presque à la même heure. J’étais parti lui signifier mes inquiétudes à partir du moment où son échec aux élections présidentielles avaient déjà été planifié face à Nicéphore Soglo. Avec un léger sourir, alors que moi je buvais la douce boisson « KREST » de SOCAGRIKO, il m’avait lancé cette phrase, citations : « Mon fils, ne t’inquiète pas. Le sang a déjà trop coulé au Bénin. Maintenant, mon sang peut couler si c’est pour sauver la Nation. Mais le sang ne coulera plus » fin de citations. Cette révélation avait été rapportée par le journal « 24 heures » de Pascal GANDAHO, ancien Directeur Adjoint de Cabinet du Président YAYI Boni.
Il est inconcevable de recourir aux accords de coopération militaire et de défense pour résoudre nos problèmes internes. En 1990, avions – nous fait appel à une force étrangère pour organiser la Conférence Nationale des Forces Vives ? Non. Pas du tout. Le Général Mathieu KEREKOU avait été contraint par les événements : le débrayage, les marches, les tracts etc. A tout Seigneur, tout honneur. La grande marche du 11 Décembre 1989 organisée par le Parti Communiste du Bénin avait sonné le glas de la Révolution marxiste. Ainsi donc, le second et dernier alinéa de l’article 66 seul suffit pour régler nos contradictions les plus compliquées. Citations : « Dans ces circonstances, pour tout Béninois, désobéir et s’organiser pour faire échec à l’autorité illégitime constituent le plus sacré des droits et le plus impératif des devoirs » fin de citations.
Le premier alinéa doit donc être revu en profondeur par les parlementaires.
Lisez bien : « Tout membre d’un organe constitutionnel a le droit et le devoir de faire appel à tous les moyens pour rétablir la légitimité constitutionnelle, y compris le recours aux accords de coopération militaire et de défense existants ».
C’est très grave : tout membre, donc une personnalité quelconque d’un organe peut donc agir à titre individuel. Ce n’est pas l’unanimité au sein de l’institution ou tout au moins un consensus au niveau de l’institution. Ce n’est pas non plus un parti politique reconnu au Ministère de l’intérieur ou un groupe social organisé. On assistera à du désordre .On assistera à du bordel pour utiliser le langage militaire.
A voir de près, tout n’a pas été parfait à la Conférence Nationale pour qu’on considère toutes ses décisions comme de l’argent comptant ou des écrits de la Bible ou du Coran. Car, les concepteurs de l’article 66 ne s’étaient pas du tout rappelés de l’ignoble agression du dimanche 16 janvier 1977.
Le premier alinéa de l’article 66 contient même trop d’ambiguïté et de non-dits.
Une illustration : un membre quelconque d’une institution peut faire appel à une force étrangère pour rétablir la légalité, parce qu’il avait estimé que le Président de la République en exercice était devenu illégitime et qu’il était en train de glisser de la ligne démocratique vers une forme de gestion dictatoriale. Ce Président démocratiquement élu, au vu du même article 66, peut lui aussi faire appel à une autre force étrangère plus puissante pour le remettre au pouvoir et rétablir ainsi la légalité.
Si un tel scénario se présente, où allons –nous ? A la Conférence Nationale, les participants ou les décideurs n’avaient tiré aucune leçon des conflits du Tchad et des atrocités du Darfour. Ils n’avaient également aucune vision prospective des crimes inimaginables et génocides qui s’annonçaient au Libéria et en Sierra –Léone.

Conclusion
Les problèmes internes doivent être résolus par tous les moyens, mais à l’interne.
On peut faire appel à une force étrangère en cas d’agression de mercenaires ou une guerre ouverte entre Etats. Mais ce rôle est dévolu au Pouvoir exécutif appuyé par l’Assemblée Nationale. Trêve donc pour ceux qui depuis un certain temps font référence sans réflexion et sans analyses profondes à l’article 66 de notre Constitution par des déclarations dites courageuses. Alors que le savant Archevêque de Lokossa son Excellence feu Monseigneur Sartre avait déclaré à propos du courage, citations : « Il y a des gens vraiment courageux. Mais, ils sont très rares. Car, ce qu’on appelle courage, c’est sa capacité à faire peur à l’autre » fin de citations.
Trêve donc encore une fois à ceux-là qui ont porté le manteau d’un nationalisme étriqué. A bon entendeur, demi-mot.

Par GBEMASSE Cyprien

  • Ecrivain et Chercheur
  • Président de l’observatoire d’Analyses de l’Histoire et de la politique Internationale (0AHPI)
  • Téléphone : 97 08 18 89

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