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Le triomphe de la vérité

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Dossier spécial sur le Bombardement atomique du 9 août 1945 à Nagasaki: Une survivante fait des révélations sur le cauchemar vécu au Japon


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Le 9 août 1945, en pleine deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis larguent une bombe atomique sur la ville de Nagasaki, à l’époque l’un des plus grands ports de l’ouest du Japon mais aussi pilier du complexe militaro-industriel japonais. La bombe tue plus de 70.000 personnes. Plus de 70 ans après l’attaque, Michiko Harada, une survivante de la bombe revient sur ce traumatisme dont les cicatrices sont restées profondes.

Nagasaki, le 09 août 1945. Il faisait beau ce jeudi matin. Un peu avant 11 heures, un avion de chasse américain, un bombardier B-29 déchire le ciel. Il est piloté par le major Charles Sweeney et a, à son bord, « Fat man », une bombe atomique. Parti de l’île de Tinian, dans l’archipel des Mariannes, le bombardier devait initialement larguer la bombe sur la ville de Kokura mais Sweeney décide de se reporter sur Nagasaki, du fait de la couverture nuageuse sur la ville. Il est 11H 02 minutes lorsqu’à 500 mètres d’altitude, Sweeney lâche « Fat man » sur la cathédrale d’Urakami, principal lieu de culte des chrétiens du Japon. Certaines sources affirment que le bâtiment de la cathédrale a été confondu à un bâtiment portuaire par Sweeney. « C’était comme une boule de feu qui avait tout englouti sur son passage. De loin, elle était perçue comme un champignon, comparable au soleil qui expédiait plusieurs rayons de plusieurs millions de degrés Celsius », se rappelle avec douleur, Michiko Harada, 76 ans. Rencontrée par l’Evènement Précis à Nagasaki en 2016 dans le cadre d’une visite du Musée de la Bombe atomique de Nagasaki, la survivante de cette explosion, âgée de six ans au moment du drame, raconte en sanglots, comment en 10 secondes, cette explosion a anéanti Nagasaki. « Ce matin-là, je m’amusais avec ma jeune sœur de 3 ans. Notre mère séchait le linge. Notre pays était en guerre avec les Américains. La sirène qui annonçait l’arrivée de l’ennemi avait à peine sonné quand tout a basculé. C’était semblable à un éclair différent de celui du tonnerre », relate Michiko. Selon le Musée d’histoire de Nagasaki, la puissance de la bombe s’est manifestée en une explosion dont la chaleur et la radiation ont détruit Nagasaki en quelques secondes. Elle était estimée à l’explosion de 5.200 camions portant chacun 4 tonnes de dynamite. Michiko Harada explique n’avoir eu aucune crainte, malgré l’explosion. Coiffée de la petite capuche qu’elle portait à l’époque, lors des attaques de l’ennemi, la survivante montre aux visiteurs du musée, des dessins illustrant sa bravoure et le rôle de secouriste qu’elle a joué lors du drame, malgré les flammes et son jeune âge. « Ma mère m’avait ordonné de rentrer dans la cachette avec ma petite sœur. C’était une case souterraine qui nous servait d’abri et de cachette quand les ennemis envahissaient Nagasaki. Mais au moment de rejoindre l’abri, j’ai été projetée par l’explosion. Notre maison venait d’être pulvérisée. Plusieurs morceaux de verre me pénétraient dans le corps. J’y suis tout de même parvenue, avec ma mère et ma sœur dans ses bras. La peur qui gagnait déjà les cœurs, la forte chaleur qui embrasait les couloirs de la cachette nous rendaient la vie impossible. J’ai décidé de sortir de la cachette et ça a été le choc. Tout était déjà fini. Plus rien n’existait sur plusieurs kilomètres. Les maisons majestueusement dressées n’étaient plus que ruines et décombres. Les colonnes de feu qui dominaient dans les ruelles étaient associées à une masse de flamme qui s’échappait des débris », se souvient la septuagénaire, décrivant une ville en feu. En dix secondes, la vie venait de s’arrêter à Nagasaki, laissant place au chaos. Comme si elle revivait l’attaque, Michiko Harada se bouche les oreilles : « Ce bruit résonne encore dans ma tête ».

Des séquelles radioactives sur plusieurs générations
Plus de 70.000 morts, des brulés par dizaines de milliers, des dégâts matériels considérables avec 80% des bâtiments détruits. Nagasaki venait de connaître le même destin que Hiroshima, principale ville d’art et d’histoire du Japon après Kyoto, mais aussi important centre d’approvisionnement et base logistique pour les forces armées. Les survivants des attaques des deux villes, appelés « hibakusha » (« exposés à la bombe »), sont estimés à 450.000. Pour eux, commençait une vie de souffrances physiques et psychologiques. La « hibakusha » Michiko Harada se rappelle avoir perdu toute sa famille en quelques années. « Ma petite sœur, âgée seulement de trois ans, n’a pas résisté au gaz. Elle est morte sur le champ. Ma mère était contente de revoir mon père qui revenait des champs avec une blessure à la tête. Il avait la diarrhée, la fièvre et de fréquentes crises cardiaques. Personne ne pouvait dire ce dont il souffrait. Très inquiète, ma mère s’est occupée de lui. Mais mon père s’affaiblissait de jour en jour. Il est mort 18 ans après l’explosion. Les personnes de ma famille qui ont survécu à l’explosion sont mortes l’une après l’autre », confie-t-elle, la voie émue. Des actions ont été entreprises par les autorités japonaises pour faire face aux effets des deux bombes, qui se sont propagés sur plusieurs générations. Au lendemain des attaques, une liste des victimes a été établie et a permis aux autorités de la ville de se pencher sur les effets secondaires de la bombe. Soixante-dix ans plus tard, la situation est revenue à la normale. Les malformations enregistrées lors des naissances, ainsi que les taux élevé de mortalité maternelle et infantile ont connu une baisse considérable. Ceci a été possible grâce aux nombreux efforts consentis par les autorités japonaises, notamment la mairie de Nagasaki à travers le suivi et la prise en charge des femmes en état de grossesse. Matahari Junko, Chef du service de la santé de l’hôpital de la mère et de l’enfant de Nagasaki, rencontrée en 2016, explique que les soins médicaux de la femme enceinte sont pris en charge par la mairie de la ville. Dès les tous premiers jours de sa grossesse, cette dernière doit déclarer son état à la mairie pour bénéficier d’un suivi. Un médecin est alors mis à sa disposition. La femme enceinte se rend ensuite à l’hôpital de la mère et de l’enfant de Nagasaki, pour recevoir des carnets de suivi et de soins qui lui indiquent les comportements à adopter, les vaccinations, les types d’aliments à consommer, et d’autres détails devant lui garantir un accouchement dans les meilleures conditions. Ces mêmes documents sont aussi adressés au père de l’enfant. Une quinzaine d’examens est prévue pour le suivi de la santé de la mère et de celle son enfant. La municipalité prend aussi en charge les soins du bébé jusqu’à l’âge de trois ans. Cette mesure a eu des résultats positifs dans l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant à Nagasaki. Selon certains documents, le nombre de bébés nés entre 2007 et 2010 est passé de 3.365 à 3.353 et de 3.230 à 3.305 entre 2011 et 2013. Si le nombre de décès de bébés a connu un pic en 2010, il est passé de 10 à 8 entre 2011 et 2013. Malgré les résultats encourageants dus aux efforts consentis par les autorités municipales de Nagasaki, on note néanmoins un faible engagement des femmes à procréer. Une situation qui est due aux malformations des bébés à la naissance. « Les femmes âgées de 30 à 34 ans sont les plus nombreuses à procréer, déclare Matahari Junko. Selon certains documents, elles sont à peine 1100 femmes de cette tranche d’âge, à donner naissance par an. Ceci, entre 2010 et 2013. Celles âgées entre 25 à 29 ans sont environ 900 à procréer par an, entre 2010 et 2013. Aussi, le nombre de bébés à Nagasaki est limité à 1,4% par foyer. Un résultat qui témoigne de la réticence des femmes à donner vie, malgré les nombreux efforts consentis. « Plusieurs années après l’explosion, j’avais peur d’avoir un bébé. Les femmes qui sont sorties vivantes de cette explosion donnaient naissance à des enfants qui avaient des malformations physiques ou qui mouraient à la naissance. J’ai enfin fait un enfant qui n’avait aucune séquelle. Aujourd’hui, il a grandi et a aussi des enfants épargnés des effets secondaires de la radioactivité. Je suis très heureuse et je rends grâce », se réjouit Michiko Harada.

Le Japon, leader du mouvement mondial contre les armes nucléaires

Le drame de Nagasaki n’est malheureusement pas la seule plaie radioactive que porte le Japon. Le 6 août 1945, une première bombe atomique, « Little Boy », avait réduit en cendres la ville d’Hiroshima, et fait près de 140.000 morts. Les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, en pleine deuxième guerre mondiale, ont alors poussé le Japon à capituler. Le 2 septembre 1945, un traité fut signé entre les représentants de l’empereur japonais Hirohito et du président américain, Harry Truman. Douze ans après, en décembre 1967, le gouvernement japonais s’est résolument engagé à adopter ses trois « principes nucléaires » à savoir : ne pas fabriquer, posséder ou laisser entrer sur son territoire d’armes nucléaires. Un engagement dont se souvient le peuple nippon, 70 ans après. « En tant que seul pays au monde à avoir subi une attaque nucléaire en temps de guerre, je réaffirme ma détermination à jouer un rôle d’exemple dans la recherche d’un monde sans armes nucléaires et dans le maintien des trois principes du non-nucléaire », déclarait le premier ministre Shinzo Abe, le 9 août 2015. Le 15 août marque ainsi la renaissance du Japon sur le plan politique, social, économique et fait rappeler son engagement à lutter efficacement contre les armes nucléaires.

Rastel DAN

 

Entretien avec l’Ambassadeur du Japon près le Bénin, Kiyofumi Konishi

 « Il faut éliminer l’usage des armes nucléaires dans le monde »

Les 6 et 9 août 1945, en pleine deuxième guerre mondiale, les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki ont été anéanties sous l’effet de deux bombes atomiques larguées par les Etats-Unis. 73 ans après les faits, dans une interview accordée à votre journal L’Evénement Précis, l’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Japon près le Bénin, Kiyofumi Konishi, parle de l’engagement de son pays contre les armes nucléaires.

 

L’Evénement Précis : Le 2 septembre 1945, la capitulation du Japon a entraîné la fin des hostilités de la seconde guerre mondiale. Quel a été l’impact de cette décision sur les plans politique, économique et social pour le Japon ?

Ambassadeur Kiyofumi Konishi : Le militarisme japonais à cette époque-là qui croyait aveuglément à la nécessité de l’élargissement du territoire en vue de maintenir la sécurité et la prospérité du pays avait subi une grande défaite. C’était une sorte de chance, cette capitulation, car elle a permis la reconstruction du pays et l’a propulsé en tant que pays qui promeut la paix mondiale. Elle a également permis de rétablir le Japon en soignant son image et en le hissant au titre de pays honorable dans le monde où la réflexion de chacun est prise en compte pour redorer le blason d’un peuple qui a beaucoup perdu pendant le période de la seconde guerre mondiale. Cette importante décision, sur le plan politique, a donné une nouvelle orientation à la diplomatie japonaise. La Constitution du Japon de l’après-guerre rejetait la guerre comme moyen d’établir sa puissance. Sur le plan économique, le Japon a connu une croissance remarquable. Sur le plan social, on peut aussi noter une certaine accalmie, même si le peuple japonais est resté longtemps traumatisé par ces bombes atomiques.

Tirant leçon de cette guerre, le Japon s’investit depuis lors contre les armes nucléaires. Quelles stratégies le Japon utilise-t-il pour que cela soit effectif?

Le Gouvernement du Japon ayant subi un sinistre sans précédent par les bombes atomiques, a renoncé à la possession des armes nucléaires et continue toujours à propulser le désarmement et l’abolissement des armes nucléaires dans le monde.

 

La question du nucléaire entre les Etats-Unis et le Corée du nord a agité l’actualité mondiale ces derniers mois. Comment l’avez-vous vécu ? L’usage des armes nucléaires est utile pour la force de dissuasion mais c’est tout de même une épée à double tranchant ; le mieux serait de l’éliminer.

 

Que diriez-vous pour conclure cet entretien ?

Je crois que le désarmement est très important dans la coopération multilatérale. Les guerres entraînent beaucoup de pertes en vies humaines. Ce sont non seulement les vies d’une multitude de citoyens des pays en belligérance qui sont prises, mais aussi celles des citoyens du monde. Cependant, ce sont les pays qui vendent ces armes qui en tirent les plus grands profits. Les dirigeants qui ne font rien pour éviter les guerres civiles ou qui induisent les pays dans les guerres civiles doivent bien y réfléchir. Quand j’étais encore un petit enfant, l’on m’a raconté l’histoire de mon père qui avait été recruté par des militaires et envoyé sur un champ de bataille. En pensant à la misère de la guerre mondiale, il avait délibérément choisi de ne pas se nourrir afin de tomber malade, et lorsque cela est arrivé, il fut renvoyé. Son renvoi est la raison de ma naissance, sans quoi, je n’existerais pas ; c’est d’ailleurs pourquoi je rapporte la conception de la vie à la lutte contre la guerre.

Entretien réalisé par Rastel DAN

Après la seconde Guerre Mondiale de 1945

Le Japon : Sorti de la misère, Redressé debout, Décollé au ciel du monde

Le 15 août 1945, le Japon a capitulé sans condition. Il n’est pas toujours clair de percevoir comment le pays du Soleil levant se retient debout de la misère et devient aujourd’hui la troisième puissance économique mondiale. On profite du 73ème  anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale pour revoir le parcours du Japon d’après-guerre qui s’appelle souvent « Le miracle économique ».

Ambassade du Japon

 

« La période d’après-guerre est déjà terminée. » C’est une phrase qui a conclu le Livre blanc de l’économie à l’édition de 1956 publié par l’Agence japonaise de la planification économique (intégrée au Cabinet du Gouvernement en 2001). Cette phrase illustrait bien la situation économique où se trouvait le pays du Soleil levant à l’époque. Effectivement, en 1955, le Produit National Brut (PNB) du Japon par tête a dépassé le niveau d’avant-guerre et les populations se sont exaltées face au boom économique. Une telle vitesse de sa reconstruction étonnait le monde, car elle ne se faisait que seulement 10 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale. Nous l’appelons souvent le « miracle économique » du Japon et les pays en voie de développement, comme ceux au sud-est d’Asie prennent modèle sur ce développement de grande envergure du Japon d’après-guerre. Mais il n’est pas toujours clair de saisir comment le pays au plus profond de la dépression pouvait sortir de la misère et devenir aujourd’hui la troisième puissance économique du monde. Alors quels facteurs ont rendu possible ce redressement drastique ?

 

Esprit de tolérance et d’acceptation

La Seconde guerre mondiale a ravagé le Japon. Plus de trois millions de Japonais dont environ un million de civils ont été tués. Après la guerre, les citoyens étaient à deux doigts de la famine et des villes débordaient d’orphelins. Se plongeant dans la tristesse et la douleur, le Japon était littéralement réduit en cendres. Sur le plan politique également, le Gouvernement du Japon endurait des épreuves. Il pouvait à peine maintenir la famille impériale et l’Empereur comme symbole du pays, mais il n’avait pas de choix sans accepter de nombreuses réformes radicales au niveau politique et économique, forcées par les Alliés, principalement les Etats-Unis pour faire du Japon un pays qui ne pourrait jamais recourir à la force comme moyen de résoudre les problèmes internationaux. En effet, la nouvelle Constitution qui n’est jamais modifiée jusqu’aujourd’hui, a été élaborée et interdisait au Japon d’avoir la force militaire et mettait la démocratie comme pilier principal du pays, à la place du régime militaire. Par ailleurs, les zaibatsu (conglomérats industriels) qui s’occupaient des industries militaires ont été démantelés, afin de ne pas avoir à nouveau des armes militaires susceptibles de ruiner le monde. En plus, les réformes s’étendaient aux différents domaines tels que l’éducation, l’agriculture, l’administration, etc. Il était facilement imaginable que les populations et les cadres politiques japonais opposent une résistance vigoureuse aux décisions des Alliés, mais en réalité, les réformes avançaient sans grands heurts, contrairement aux prévisions. Une supposition est que, depuis l’ouverture de leurs frontières à l’extérieur au début de l’époque de Meiji (1868), les Japonais avaient tendance à admettre et adopter avec respect les excellentes choses des pays étrangers et cherchaient toujours à suivre l’exemple de l’Occident et le rattraper : une telle mentalité semblait rester toujours dans le cœur des populations même après la guerre, ce qui facilitait l’acceptation des réformes et des systèmes d’« ailleurs ». Il va de soi qu’il restait des cadres politiques avec de bon sens, comme M. Shigeru YOSHIDA, ancien Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères d’après-guerre, qui se dépensaient pour essayer d’empêcher l’ouverture des hostilités par la diplomatie et qui admettaient l’importance du dialogue sans recours à la force et la démocratie pour rétablir le pays. De tels facteurs permettaient la mise en place des bases de décollage économique dans la société japonaise.

 

Coup de main de l’international

Toutefois, il ne faut pas oublier de mentionner l’aide publique au développement par les Fonds américains et des organisations internationales, car sans elles, il était impossible de reconstruire le Japon. Par exemple, les Etats-Unis ont créé le Fonds gouvernemental pour le soulagement des régions occupées (GARIOA : Gouvernment Appropriation for Relief in Occupied Area Fund) et le Fonds pour la reconstruction économique des régions occupées (EROA : Economic Rehabilitation in Occupied Areas) et le Japon a reçu une énorme contribution, à travers ces fonds, d’un montant total de 1 milliard 800 millions d’US dollars dont la donation de 1 milliard 300 millions. Si l’on convertit ce montant en valeur actuelle, ce s’élève à 12 mille milliards de yen dont la dotation de 9,5 mille milliards. Actuellement, le Japon soutient plus de 160 pays en voie de développement, à travers l’aide publique au développement d’un montant annuel de mille milliards 500 millions de yen, mais relativement aux soutiens financiers que le Japon a reçus de la part des Fonds américains, on peut aisément comprendre combien ils étaient importants. Par ailleurs, la Banque mondiale elle aussi, joue un rôle essentiel pour le redressement économique du Japon avec le financement de 860 million d’US dollars (environ 6 mille milliards de yen en valeur actuelle). Le Japon était donc l’un des plus grands pays financièrement aidés. En effet, comme le volume économique du Japon à l’époque était juste à quelques pourcents de celui des Etats-Unis, le Japon était sans doute un pays en voie de développement.

 

Le fonds nécessaire pour la reconstruction de l’économie manquait définitivement au Japon d’après-guerre. A cet effet, les financements octroyés par les Etats-Unis et la Banque mondiale contribuaient vraiment à la mise en place des bases économiques et industrielles, notamment, les infrastructures routières et énergétiques. Celles-ci ont fonctionné comme les bases de la croissance économique. Ce n’est qu’en juillet 1990 que le Japon a remboursé toutes les dettes et est sorti de la catégorie des pays en voie de développement. Par contre, le Japon était à la fois un pays qui soutient les pays en difficulté, en participant en 1954 au Plan de Colombo, l’une des premières organisations internationales ayant pour objectif de contribuer au développement socio-économique des pays pauvres. Aujourd’hui, le Japon prend conscience de son devoir de rendre un bienfait au monde et une contribution au développement des pays en voie de développement.

 

Une série de booms économiques

Il faut citer aussi l’impact économique de la Guerre de la Corée de 1950. Comme c’est une des guerres par procuration entre la Corée du Nord soutenue par le bloc communiste comme la Chine et l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) et la Corée du Sud appuyée par le bloc des Nations Unies dont les Etats-Unis, ces derniers se sont empêchés de changer leur cap sur la démilitarisation du Japon. Ce dernier n’est pas intervenu directement au conflit, mais il fonctionnait comme la base de ravitaillement militaire pour l’armée américaine pendant la guerre. Jusqu’à la conclusion de l’accord d’armistice de 1953, le Japon était économiquement impacté de manière indirecte par le conflit. Il est donc possible de dire que la confrontation entre les deux blocs (guerre froide) a ironiquement contribué à la restauration d’après-guerre du Japon.

 

En surmontant quelques périodes de récessions après la Guerre de la Corée dans les années 1950-60, le Gouvernement du Japon à l’époque a connu le premier boom (1959-61) piloté par la production de sucre, de papier et de ciment, ce qu’on a appelé « trois blanches », le deuxième (1962-64) boosté par la production de la machine à laver, de l’aspirateur et de la télévision en noir et blanc, ce qui sont « trois nouvelles blanches » et le troisième (1965-70) entraîné par la vente d’appareil photo, de climatiseur et de la télévision en couleur (3C ; Car, Cooler, Color TV). Pendant ces périodes, le Japon a enregistré environ 10 % du taux de la croissance économique chaque année et l’exportation massive des produits textiles et de voitures a accéléré cette tendance positive. Au fur et à mesure que le commerce extérieur s’élargissait, l’économie japonaise est remontée et a rattrapé celle des Etats-Unis.

 

Les jeux Olympiques de Tokyo en 1964 étaient une belle occasion pour montrer au monde entier la reprise socio-économique du Japon. 93 pays et régions avec 5.133 athlètes y ont participé. Six ans après, la ville d’Osaka a accueilli l’Exposition Universelle de 1970 sous le thème du « Progrès et l’Harmonie pour l’Humanité ». Avec la participation de 76 pays et 4 organisations internationales, cette exposition a connu plus de 64 millions de visiteurs de tous les coins du monde. Ces deux événements d’envergure étaient symboliques pour prouver la sortie du Japon de l’après-guerre et son réveil économique.

 

Retour au sein de la communauté internationale

Il faut aborder aussi son retour sur la scène internationale. Après bien de péripéties autour de la modalité du traité de la paix, le Traité de la paix de San Francisco a été conclu en 1951 entre le Japon et les 48 pays concernés par les ravages de l’armée japonaise pendant la guerre (plusieurs pays de l’Est dont la Chine et la Corée du Sud n’étaient pas invités pour raison politique. Il fallait attendre encore 14 ans pour normaliser la relation diplomatique avec la Corée du Sud et 21 ans avec la Chine. Dans la même année, le Japon a fait une requête pour adhérer aux Nations Unies. Après la normalisation des relations diplomatiques avec l’URSS en 1956, le Japon a pu finalement être membre des Nations Unies. Le Japon était déterminé tout au début à contribuer à la paix et à la stabilité de la société internationale et aujourd’hui même, la contribution financière par an du Japon aux Nations Unies est la deuxième la plus importante parmi les membres, après les Etats-Unis, car le Japon prend conscience de la nécessité d’accomplir son devoir sur la scène internationale, selon son influence politique et sa taille économique.

Japon encore à l’épreuve

73 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale, la société japonaise est encore en pleine mutation. La reconstruction de la région de Tohoku (nord-est de l’archipel) après le grand séisme et le tsunami du 11 mars 2011 avance constamment, mais il reste des obstacles à surmonter dont les dommages dus aux rumeurs relatives à la radioactivité issue des centrales nucléaires de Fukushima. Il reste des pays qui suspendent l’importation des produits venant de la région en question, sans fondement scientifique. En effet, le Préfet de Fukushima continue depuis l’accident des centrales, l’inspection de tous les sacs du riz venant de la région selon un standard plus strict que celui à l’international et les résultats sont toujours négatifs quant à la radioactivité. Par ailleurs, le vieillissement de la population et la dénatalité sont deux questions principales auxquelles le Japon fait face. Aujourd’hui, 26,7 % de la population japonaise ont plus de 65 ans (33,92 millions) et ce pourcentage s’élèvera à près de 40% en 2050. Pour ce qui concerne la dénatalité, le taux de natalité est de 1,45 en 2016 et la chute de la démographie ne s’arrête pas. Malgré les efforts accumulés par le Gouvernement actuel, le Japon n’a pas encore trouvé de moyens efficaces pour sortir de la dépression économique.

Mais peut-être que l’histoire se répète. Tokyo accueillera de nouveau les jeux Olympiques et Paralympiques en 2020 et la ville d’Osaka a présenté sa candidature comme ville d’accueil de l’Exposition Universelle de 2025 dont l’élection est prévue en novembre 2018. Le Japon espère que ces deux évènements historiques seront encore symboliques pour faire connaître au monde entier le début de sa reprise économique et sa reconstruction après les catastrophes naturelles survenues dans l’archipel.

 

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