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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le phénomène Lionel Zinsou


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Lionel Zinsou définit son identité : « 100% Français et 100% Béninois… Aujourd’hui, je travaille à Cotonou, à Abidjan, mais aussi dans une nouvelle société de conseil basée à Casablanca ». A ceux qui se posent des questions sur ses orientations politiques, voici ce qu’il en dit, toujours dans une interview rendue publique, ce lundi 04 septembre 2017, par le journal français La Tribune : « Nous représentons la «2ème gauche» avec des racines rocardiennes, puis strauss-khaniennes et ensuite moscoviciennes. » Le plus curieux est ici, dans la dernière phrase de l’interview et elle est d’une limpidité solaire : « Je conserve mon bureau à Cotonou et je n’abolis pas le Béninois en moi ! »
Ceux qui s’étonnaient du mutisme exceptionnel de l’homme depuis 2016, depuis son échec à l’élection présidentielle où il était arrivé second au second tour, avec un score honorable d’environ 34%, peuvent déjà se faire une idée des raisons pour lesquelles il a presque entièrement oublié ses militants et ses électeurs. Il représente, lui, « la «2ème gauche» avec des racines rocardiennes, puis strauss-khaniennes et ensuite moscoviciennes. » Est-ce que vous avez compris ? Ses racines politiques sont toutes françaises et n’ont rien à voir avec les FCBE. Le problème est qu’il était le candidat des FCBE et qu’il a incarné en ce moment-là l’espoir de 34% des électeurs béninois. Il a failli devenir Président de la République.
Je suis convaincu qu’aujourd’hui, en l’écoutant, beaucoup de ses électeurs se posent des questions graves du genre de celles-ci : « est-ce qu’on a voté pour un Français ? » Et je leur réponds : oui, vous avez voté pour un Français, il ne le cache pas lui-même. « Est-ce qu’on a failli tomber dans un piège néocolonial ? » Il n’y a pas de doute à cet égard. Lionel Zinsou a été nommé en mai dernier par le président français François Hollande pour travailler en qualité de personnalité qualifiée au sein du groupement d’intérêt public dénommé « Mission de la mémoire de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions.» Ce groupe de personnalités a pour mission de travailler pour l’intérêt public en défendant les valeurs universelles chères à la France. Autre chose, déjà co-président de la Fondation AfricaFrance, Lionel Zinsou est devenu récemment président de Terra Nova, un think tank français destiné à la réflexion sur les enjeux et défis de la société, de l’économie et de la politique française.
Il n’est donc pas étonnant que ce lundi, lors des « rencontres économiques Africa », il ait choisi de s’attaquer aux activistes anti-CFA en les qualifiant de « populistes » qui ne devraient pas se mêler d’économie. Mais ce qui intriguera ses supporters, c’est la posture postélectorale de ce français d’origine béninoise, qui a bien failli devenir le premier français élu président au Bénin (ou même en Afrique). Depuis son élection, Lionel Zinsou est resté ostensiblement distant, non seulement des FCBE qui ont porté sa candidature à bout de bras, mais aussi des autres branches de la coalition qui l’a soutenu. C’est probablement la première fois dans l’histoire politique de ce pays depuis son indépendance qu’un Béninois, candidat au fauteuil présidentiel, et ayant réuni un tel score, laisse son électorat comme à la dérive.
Oui, l’ancien premier ministre a été probablement déçu par les Béninois, ou plus exactement par ceux qui lui miroitaient déjà la présidence. Au sein de la garde rapprochée de ceux qui l’ont amené dans cette course, il a dû avoir expérimenté in vivo la méchanceté de la béninoiserie. De leurs hypocrisies souriantes aux joues gonflées de flatterie basse, ils l’ont délesté de ses milliards, sucé à fond par les pontes du régime défunt. Il n’oubliera pas de si tôt l’immense duplicité de ceux qui lui ont fait croire qu’il pouvait gagner le pouvoir comme on cueille un fruit mûr. Selon toute probabilité, cet homme a été floué et en est devenu amer. On sent dès lors l’énorme dépaysement qui hante ces mots qu’il lâche : « je n’abolis pas le Béninois en moi ! » C’est une pure aberration pour les Béninois vivant au Bénin et n’ayant connu que ce pays. Mais il s’agit d’un questionnement curatif pour cet ancien de la Rothschild qui se pose la question basique : « qui suis-je ? »
Au-delà de Lionel Zinsou, la véritable question à laquelle je ne trouve guère de réponse pour le moment, est de savoir si, après tout, Lionel Zinsou n’a pas mis à nu la fragilité ontologique de l’électeur béninois, taillable et manipulable à merci.

Olivier ALLOCHEME

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