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Le triomphe de la vérité

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Edito: Pour un plan Marshall sur l’agriculture et l’industrie


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Si vous avez suivi la trajectoire d’Emmanuel Macron dans sa campagne électorale, vous serez d’accord avec moi : cet homme méritait bien de gagner la présidentielle française. Cela tenait aussi bien à la médiocrité du personnel politique français embourbé dans des affaires politico-judiciaire, qu’à l’extrémisme de son challenger du second tour, Marine Le Pen. Pour nous autres Africains, le Président élu de la France parle un langage qui nous intéresse.

Emmanuel Macron dit simplement qu’il entend établir une loi de programmation budgétaire pour accroitre  l’aide au développement de façon à atteindre environ 0,7 % du PIB français entre 2022 et 2030, en fonction des marges budgétaires disponibles. Et je cite une de ces interviews accordées au journal Le Monde en avril dernier : « Cette montée en puissance de notre politique de développement, avec des ressources accrues en dons, nous permettra de renforcer notre aide bilatérale en Afrique, en priorité dans les pays de l’espace francophone et dans les pays les moins avancés ». Dans une autre interview accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique, il souligne ceci : « cette aide au développement renforcée devra se concentrer sur l’Afrique et l’espace francophone, pour appuyer les priorités que j’ai déjà évoquées : lutte contre le dérèglement climatique, droits des femmes, éducation et formation, infrastructures, bonne gouvernance, développement du secteur privé et de l’emploi. » Mais il n’a pas oublié non plus l’aide humanitaire et l’aide directe à des populations en situation difficile, particulièrement dans les situations de crise. Il a indiqué également : « Nous devons être prêts à reconsidérer notre soutien aux gouvernements qui bafouent les droits les plus fondamentaux.Je compte proposer un programme de renforcement des capacités des sociétés civiles dans toutes leurs composantes : fondations locales, organisations de droits de l’Homme ou de protection de l’environnement, médias, partis politiques, syndicats. » Autrement dit, l’aide française ira aux organisations syndicales, aux partis politiques, aux organisations de jeunesse et aux ONG afin de promouvoir la démocratie sur le continent.

Ici, le discours du président élu de la France diffère quelque peu de ce que nous avons entendu jusqu’ici. Emmanuel Macron affirme dans son interview accordée au quotidien français Le Monde : « Je souhaite par ailleurs relancer notre aide bilatérale en Afrique pour faire face au défi du développement. Je souhaite notamment mobiliser plus de financements, publics et privés, pour financer les infrastructures et les PME africaines, qui sont créatrices d’emplois. Je veux promouvoir le rôle des femmes et doubler le financement des projets liés à l’égalité femmes-hommes ». Ce volet d’investissement en faveur des entreprises locales africaines m’intéresse particulièrement. Il indique clairement que l’Etat français mettra en place des mécanismes pour accroitre les potentialités  de nos petites et moyennes entreprises.

C’est peut-être à ce niveau qu’il faut se méfier des discours lénifiants que tiennent les politiques français. Il ne faut pas se laisser endormir par ce type de discours qui nous dit que la France s’occupera de nos entreprises et travaillera à la promotion des investissements chez nous. Concrètement, notre avenir ne se trouve pas dans l’aide au développement tel qu’elle a été  mise en œuvre depuis les indépendances. Si vous vous rappelez les chiffres que l’on donnait en 2010 lors de la célébration des cinquante ans de nos indépendances, vous saurez que l’Afrique est le continent le plus aidé au monde. Mais, c’est malheureusement le continent le plus pauvre. Ahmadou Kourouma, le romancier ivoirien que vous connaissez sans doute, dira aussi qu’il est de loin, le continent le plus riche en dictature.

En clair, l’aide au développement, dans sa version d’assistance conditionnée à la démocratie, nourrit beaucoup les réseaux d’amis et de complaisance installés à l’Elysée et au quai d’Orsay et dans bien des capitales africaines, au cœur de nos palais présidentiels.

Je parle d’aide à la productivité agricole,  je parle carrément d’un plan Marshal pour l’industrialisation, la maitrise technologique et au renforcement de nos capacités de transformation des matières premières. Par-dessus tout, le Bénin d’aujourd’hui n’a plus besoin d’aide à la démocratie qui engraisse les acteurs politiques et affame les citoyens.

Si donc Macron peut faire quelque chose de vraiment différent pour le Bénin et l’Afrique, c’est bien nous aider à nous passer de l’aide en misant résolument sur la productivité agricole et surtout industrielle.

Par Olivier ALLOCHEME

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