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Le triomphe de la vérité

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Edito: La querelle de la dette


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logo journalQuel est le montant exact de la dette publique du Bénin ? Le sujet est loin d’être une simple vue de l’esprit. Il cache des enjeux liés à la survie même des réformes économiques engagées par le régime Talon.

Dans un premier temps, le conseil des ministres du 28 avril 2016  a noté que la   dette publique au 31 mars 2016 est estimée à 2. 101, 17 milliards de FCFA. Le taux d’endettement public retenu s’élevait alors à environ 42% du PIB.     Mais ce     22 juillet, devant le corps diplomatique, le gouvernement a annoncé une  dette totale s’élevant à 2462 milliards FCFA.   L’encours de la dette est d’environ 70% du Produit intérieur brut (PIB). Entre les 42% environ annoncés en avril et les 70% annoncés en juillet, il y a bien un écart d’au moins 28%. Oui, c’est bien 28% du PIB.

Ce jeudi 28 juillet, une certaine presse a bien voulu rappeler les chiffres de la Direction générale de l’analyse économique, une direction du ministère des finances. Ces chiffres datant de mars 2016 donneraient    un encours global de 41,7%.  Au 31 décembre 2015,  effectivement, le taux d’endettement public (intérieur et extérieur) se situait bien dans cette fourchette, contre 31% en 2014.  On remarquera bien que le niveau d’endettement du pays a bondi d’environ 10% de 2014 à 2015, du fait en grande partie des fluctuations du dollar, principale devise d’endettement extérieure du Bénin.   Le  cours de la monnaie américaine a augmenté de 26 %, à 603 FCFA fin 2015 contre 479 deux ans plus tôt, ce qui renchérit le coût de la dette libellée dans cette monnaie.

 Le nouveau régime accuse l’ancien gouvernement d’être responsable de cette montée en flèche de la dette publique.   On se rappelle qu’en juin, le ministre des finances avait déclaré ceci  devant les députés :    « …Entre janvier et mars 2016, le gouvernement a  augmenté la dette intérieure à plus  de 1000 milliards… En décembre 2015, le gouvernement a émis 250 milliards et on laisse les finances publiques dans une situation désastreuse ».

De fait, les engagements électoraux pris par l’ancien régime ne pouvaient qu’engendrer un endettement affolant. Les 70% étaient non seulement une sorte de piège pouvant empêcher  tout gouvernement de recourir à des prêts, intérieurs ou extérieurs pour réaliser ses projets. Avec un plafond communautaire fixé depuis des lustres  à 70% du PIB, l’ancien régime avait déjà miné le terrain, creusé les abysses pour bloquer les financements ultérieurs. En annulant une bonne partie des projets factices et même suicidaires, il était évident que l’Etat devait revenir au taux raisonnable de 42%.

 Et c’est pourquoi, l’emprunt obligataire avait pu se réaliser sans que le Bénin n’attire les foudres des bailleurs de fonds internationaux. Il a permis de  réunir un montant de 202 milliards de FCFA sur le marché monétaire régional, le mardi 28 juin 2016. On ne pourra peut-être plus recourir à ce mode de financement dans l’avenir, mais il constitue une des meilleures manières aujourd’hui de mobiliser des ressources pour réaliser des projets structurants, notamment dans le domaine des infrastructures. Par contre, comme s’il sortait d’une guerre civile qui l’a ruiné, l’emprunt obligataire de cette année a servi à rembourser la dette intérieure afin de faire tourner l’économie, à travers les entreprises privées.

Le vote, en août prochain, de la loi sur le partenariat public-privé (le fameux PPP) devrait permettre de s’appuyer désormais sur les ressources du privé pour réaliser des investissements substantiels. Même en l’absence de cette loi, dans un pays comme le Togo, le gouvernement a réussi à réaliser des infrastructures qui forcent l’admiration. La dernière en date reste l’aéroport international de Lomé qui a été entièrement rénové dans une structuration financière appuyée sur les ressources du privé, le privé étant lui-même adossé à un Etat responsable dont la signature est respectée. Ce type de financement et, disons-le clairement, d’endettement, constitue une manière de mettre le citoyen au cœur du financement des biens et services dont il a besoin pour son confort et celui de la cité. Mais, par le passé, le PPP a fini par être dévoyé qui a fait peur à tous les investisseurs.

C’est dire que l’adoption projet de la loi sur le PPP constituera un tournant important dans le financement des initiatives publiques, en même temps qu’il va donner une nouvelle résonance à l’endettement de l’Etat.

Par Olivier ALLOCHEME

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