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Le triomphe de la vérité

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Décès du Général Mathieu Kérékou : Le Caméléon a cassé sa pipe à 82 ans


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Mathieu Kérékou EPLe Bénin est en deuil. Il vient de perdre un de ses dignes fils. Ancien président du Dahomey et de la République du Bénin, le Général Mathieu Kérékou ne répondra plus au peuple. Né le 02 septembre 1933 à Kouarfa dans la commune de Toukountouna dans l’Atacora, il a tiré sa révérence, ce mercredi 14 octobre 2015 à l’âge de 82 ans. L’homme de la révolution était arrivé au pouvoir par un coup d’Etat militaire le 26 octobre 1972. Grand camarade de lutte, il a ouvert le ballet de la conférence  des forces vices de la nation en Afrique. Il totalise 29 ans de pouvoir. Père de plusieurs enfants, il laisse derrière lui, deux anciens chefs d’Etat, à savoir, les présidents Emile Derlin Zinsou et Nicéphore Soglo. Véritable artisan de l’unité nationale, un deuil national de sept (07)  jours a été décrété par le président Boni Yayi pour saluer sa mémoire.

Défilé de personnalités aux filaos
Quelques heures après l’annonce de son décès, c’est à un impressionnant ballet d’hommes politiques qu’assiste la famille de l’illustre disparu. Plusieurs anciens ministres, des députés à l’Assemblée nationale, des personnalités de la société civile défilent depuis hier à Zongo pour présenter leurs condoléances à la famille éplorée.

Témoignages de quelques leaders politiques
La triste nouvelle du décès de celui-là qui a passé 29 ans au pouvoir, le Général Mathieu Kérékou, a été comme un coup de poignard dans le cœur des Béninois. Certains d’entre eux se sont prononcés, ont témoigné leur compassion et donné leur opinion sur la personnalité qu’incarnait le président révolutionnaire.Amos Elègbè, ancien ministre, ancien directeur de cabinet  de Kérékou et conseiller politique spécial du Chef de d’Etat Boni Yayi :
 «  Mathieu Kérékou est un homme exceptionnel, un baobab, une énigme un grand visioneur  et un patriote convaincu »
« Je voulais rendre grâce à Dieu pour la vie du Général Mathieu Kérékou que j’appelle affectueusement mon deuxième papa. Effectivement, il disait qu’il était mon deuxième papa, après le décès de mon père. Ce qui m’a marqué chez ce grand homme d’Etat a été son courage, sa patience légendaire et son sens élevé du devoir. Le Président Mathieu Kérékou est un homme exceptionnel et patriote convaincu. Il l’a prouvé à maintes occasions et c’est surtout un homme de paix très sobre. Vous savez bien qu’il adore l’humour. Le président Kérékou est un baobab qui s’en va, comme l’a dit  le président Yayi Boni en annonçant son décès. C’est avec une grande douleur que la nation béninoise perd celui-là qui a marqué son histoire pendant 28 ans et qui a marqué toutes les générations de son pays, depuis 1972. Nous aurons l’occasion de faire l’histoire du Général. Mais pour ne pas être trop long, je présente mes condoléances à sa femme, à sa famille, à ses enfants et que Dieu veuille sur eux. Qu’ils ne pensent pas qu’ils sont délaissés à cause du départ du Général et que Dieu s’occupera du reste. Kérékou est une énigme et nous aurons l’occasion de le dire. Ce qu’il faut retenir, c’est le courage d’un homme exceptionnel qui est un militaire et qui a pris le pouvoir ; qui a eu le courage de conduire ce pays à la paix, à l’unité nationale qu’il a défendue corps et âme.  Le président Kérékou est un grand stratège tant dans l’armée que dans la politique, bref un grand visionnaire. Car, Kérékou est une énigme. Mais l’homme était aussi toujours curieux. Je crois que tous ceux qui l’ont côtoyé le connaissent. C’est un homme de science et je ne le dis pas parce qu’il est mort. La postérité doit retenir de cet homme qu’il a construit sa nation, marqué l’Afrique et le monde. Les archives  le prouveront et nous aurons l’occasion d’en reparler. Je m’incline devant la mémoire de mon Papa Kérékou et lui rend l’hommage dû à son rang ».

Ousmane Batoko, président de la Cour suprême et ancien ministre de Kérékou:
« Kérékou est un artisan de paix, l’homme de la stabilité »
« Je retiens de lui trois choses. Mathieu Kérékou a été un véritable artisan de l’unité nationale dans notre pays. Une unité nationale à laquelle il a consacré une bonne partie de sa vie, à régler nos contradictions et nos problèmes de « béninoiserie ». Cela n’a pas été du tout facile, mais Mathieu Kérékou a été l’homme qui a mis les béninois ensembles et leur a permis de travailler et de réfléchir ensemble. La deuxième chose, c’est que Mathieu Kérékou a été l’homme de la Conférence nationale, avec le soutien de Monseigneur Isidore de Souza avec qui il a conduit ces assises inédites. Je dis que ce n’est pas vrai quand j’entends certain dire qu’ils ont été les initiateurs de la conférence nationale auprès de Mathieu Kérékou. J’ai eu l’honneur d’appartenir au comité d’organisation de cette conférence nationale et nous avons vécu des étapes palpitantes dans la vie politique de notre pays. C’est le lieu de rendre hommage à ces deux grands hommes que notre pays a connus, Monseigneur Isidore de Souza et Mathieu Kérékou. Mathieu Kérékou  a été l’homme de la stabilité politique de notre pays. La stabilité était liée bien entendu à sa vie politique et le Bénin en a bénéficié. Le passage en douce du régime du PRPB au régime démocratique n’a été possible que grâce à cette stabilité. C’est à cela que nous assistons aujourd’hui à travers les gouvernements de Nicéphore Dieudonné Soglo et du président Boni Yayi ».

Patrice Hounsou-Guèdè, ancien maire d’Abomey-calavi  :
« C’est un homme différent de beaucoup de Béninois »
« Je rends hommage à l’homme pour tout ce qu’il a fait pour le Bénin. Pour ceux qui le connaissent, c’est un homme détaché et différent de beaucoup de Béninois. Grâce à lui, nous tous, du nord au sud et de l’est à l’ouest, nous nous sentions appartenir à une même nation. Pour être sous-officier, on devait envoyer 30 dont 5 dans chaque département sans qu’on ne sache que tel est enfant de riche. C’est comme ça qu’on s’est retrouvé et depuis que nous sommes sortis officiers, chacun de nous se sent appartenir à une même nation et c’est très important. Quand le régionalisme règne dans un pays, ça ne marche jamais ».

Benoit Dègla, député à l’Assemblée nationale  :
«Il a su s’imposer face aux pressions pour respecter la constitution de notre pays »
« Le Général Kérékou vient de nous quitter. Ce grand homme, quoi qu’on puisse dire de lui, a marqué d’une empreinte particulière l’histoire de notre pays. 29 ans de pouvoir n’est pas peu mais quand on se réfère à son parcours, c’est un révolutionnaire qui a su déjouer tous les pronostics et s’imposer face aux pressions de tout genre pour respecter rigoureusement la constitution de notre pays et préserver la paix. Je crois qu’il nous a légué un héritage que nous ne devons jamais bafouer qui est la paix. Il a initié la série de conférence nationale à travers l’Afrique et est le seul qui demeure un exemple dans les cœurs de tous. C’est avec fierté, aujourd’hui, que quand vous entendez parler du Général Mathieu Kérékou, vous pouvez être fiers d’être Béninois parce que c’est un exemple ».

Honorable Barthélémy Kassa, cadre de l’Atacora:
 « Kérékou est immortel »
« Vous venez de constater l’état dans lequel nous sommes plongés. Je pense que tout le peuple béninois, le peuple conscient devait être dans le même état parce que, pour la plupart des dirigeants actuels de notre pays, pour ne pas dire tous, nous avons été formés par le Général Mathieu Kérékou.  A des moments donnés, on se dit « le bon vieux temps » qui est celui que Kérékou a forgé. C’est le temps  qu’il a passé à marquer l’esprit du peuple béninois. Il est immortel et tout béninois conscient doit pouvoir garder en mémoire et s’inspirer de la méthode qu’il adopte en matière de gouvernance du pays. Si on ne le comprend pas aujourd’hui, demain on le comprendra. C’est ça qui fait que tout le poids est sur nous et dans nos esprits. On n’a pas encore fini de comprendre Kérékou à chaque fois qu’on le découvre, et je sais qu’on va encore le découvrir à travers les archives, à mieux comprendre certaines de ses réactions et interventions pour bâtir notre Bénin. Au nom de tous les peuples de l’Atacora-Donga, je voudrais présenter nos condoléances à la famille Kérékou et lui faire savoir que nous serons avec eux ».

Abdoulaye Bio Tchané, ancien ministre sous Mathieu Kérékou et président de l’Alliance pour un Bénin triomphant:
 « C’est une perte personnelle pour moi »
« Je viens d’apprendre comme vous le décès du Général Mathieu Kérékou. En cette heure si grave pour notre pays, je voudrais présenter à sa famille, à ses enfants, à son épouse, et au peuple béninois, toutes mes condoléances les plus sincères. En cette grave occasion, on ne peut pas oublier que le Général Mathieu Kérékou a été l’un des artisans du Renouveau démocratique pour ne pas dire qu’il était au centre. J’ai retenu de lui beaucoup de choses sur la gestion de l’Etat. Je retiens surtout que c’est un homme qui était très engagé sur le chemin de la démocratie, de la paix dans notre pays et surtout de l’unité nationale. Je pense qu’en un moment aussi important pour notre pays, je dois me rappeler de ces messages. Je suis aussi croyant et je demande à tous les croyants béninois chrétiens, musulmans, vodouistes, de prier pour le repos de son âme. Cet événement tragique intervient à un moment crucial et nous devons aussi nous rappeler du message qu’il nous laisse. Je suis bien placé pour en parler puisque j’ai servi dans son gouvernement pendant quatre ans. Je sais tout ce qu’il a l’habitude de dire à nos différentes réunions et au conseil des ministres. Je rappelle que c’est quelqu’un qui est au cœur de notre système démocratique, qui a participé à faire émerger le renouveau démocratique, qui a été très courageux à un moment où tout pouvait basculer dans ce pays. Nous devons nous rappeler les trois choses que sont l’approfondissement de la démocratie, la préservation de la paix dans notre pays, la culture de l’unité nationale. Ce sont des messages qu’on ne peut pas oublier à un moment aussi important. Vous avez bien fait de rappeler combien il a compté dans ma carrière politique. Mon père est un politique, il a été député et ministre. C’est le général qui m’a ramené en politique en me nommant ministre et je ne peux pas aujourd’hui oublier beaucoup de choses qu’il nous a enseignées en matière de gestion de l’Etat. C’est une perte personnelle pour moi ».

Emmanuel GBETO

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