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Le triomphe de la vérité

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Après le remaniement ministériel de Yayi II: Des citoyens et responsables syndicaux apprécient le nouveau gouvernement


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Les réactions pleuvent à propos du remaniement effectué par le chef de l’Etat dans la journée du mercredi 20 août 2014. L’un après l’autre, Noël Chadaré de la Cosi-Bénin, Dieudonné Lokossou de la CSA-Bénin et Laurent Mètongnon de la Fesyntra-Finances ont donné leur lecture des départs, des arrivées et des changements de portefeuille. Dans l’ensemble, c’est un remaniement inopportun et même un non événement au regard des urgences qui attendent le Bénin.

BabylasDjomatin, plombier

« Le chef de l’Etat avait promis 50% de femmes. Ce qu’il n’a pas fait »

« Je pense  qu’il y a encore des efforts à faire. Le chef de l’Etat avait promis 50% de femmes. Ce qu’il n’a pas fait.Ce que j’apprécie, par contre, dans ce nouveau gouvernement, c’est la sortie de François Houessou. Celui qui a d’abord commencé par créer cette histoire de casque, ensuite la boîte à pharmacie.J’en profite pour demander à celui qui l’a remplacé de repenser à tout ça, surtout à cette histoire de boîte à pharmacie. » 

 

Pascal Tchékounou, conseiller en nutrition et bien-être

« Le départ de Fatouma Djibril, la dame du troisième mandat, fait beaucoup plaisir »

« Je ne connais pas trop les nouvelles têtes qui ont été mises dans le gouvernement, mais je peux déjà me prononcer sur les ministres dont la population voulait le départ. Le départ de Fatouma Djibril, la dame du troisième mandat fait beaucoup plaisir au peuple béninois parce qu’avec ce qu’elle a dit, elle devrait même être éjectée dès le lendemain de son intervention. Si cela n’a pas été fait en son temps, c’est peut-être parce que le chef de l’Etat était sûr qu’il devait faire un remaniement. Autre départ qui nous fait plaisir, c’est celui du ministre de l’Intérieur parce que c’est sous sa gouverne qu’on a commencé par tuer nos policiers. Quoi qu’on puisse leur reprocher, ça exaspère à un niveau donné et il faut qu’il en paie le prix. Ça c’est très important. Pour ceux qui restent, Komi Koutché, en l’occurrence, qui se voit confier l’Economie et les Finances du Bénin, je pense que c’est un homme de main du chef de l’Etat. Il est en train de connaître une ascension fulgurante et on ne sait pas où il atterrira demain. Ce qui est sûr, c’est que c’est un monsieur qui est très compétent. S’il met de côté sa fibre partisaneet travaille de façon pointue, je crois qu’il pourra aider à relever le niveau de notre économie. Mais ce qui me chagrine un peu, c’est que toutes les réformes qu’il a entamées dans le domaine des communications, il n’a pas pu les achever. J’espère que depuis son nouveau poste, il pourrait aider son successeur à les poursuivre ».

 

Noël CHADARE, SG/COSI-Bénin

« On s’attendait à un gouvernement d’austérité conformément à la situation économique du pays »

« Je crois que le chef de l’Etat n’a pas changé grand-chose. Je le dis parce que c’est un gouvernement de 27 ministres que nous avions et nous avons en retour 27 postes maintenus. On s’attendait à ce qu’il y ait un gouvernement d’austérité conformément à la situation économique. Ce que je peux dire aussi, c’est le positionnement des femmes dans ce gouvernement. Dans l’équipe qui vient d’être détruite, on avait 06 femmes, cette fois-ci, on retrouve 04 femmes. Pour moi, c’est un recul pour un gouvernement dont le chef a toujours clamé haut qu’il les aime et promet contribuer à la promotion de la gent féminine. Il faut comprendre que moi, je ne vois pas la pertinence de ce remaniement ministériel à 20 mois de la fin de son 2ème et dernier mandat, à moins qu’il ait des intentions derrière cet acte. Cette équipe n’a pas gagné puisqu’on dit qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Ce qu’il faut dire, est que ce n’est pas bien pour l’image de notre pays que tous les ans presque, on change les membres du gouvernement. C’est un aveu d’échec. Voyez avec moi, dans les pays que nous avons comme référence, ce n’est pas tous les ans qu’on change le gouvernement. On prend des gens qui ont des qualités requises. C’est donc à des réajustements techniques qu’on procède par moment pour maintenir l’équilibre. Malheureusement, chez nous au Bénin, ce sont des gens choisis pour préserver les arrières politiques. C’est bien dommage parce qu’en les changeant, leur intégration dans le système prend du temps. Aujourd’hui, on nous met en face de 07 entrants qui doivent prendre leurs marques. A cela s’ajoute les changements de chaises. Pour en venir au secteur de l’enseignement, vous avez des ministres qui sont fortement enracinés dans leurs milieux. C’est le chef de l’Etat qui sait son critère de nomination et de maintien. Et je crois que c’est le critère politique. Car, Soumanou Djemba dans l’Atacora Donga maitrise bien son fief, de même que le ministre Abiola dans le Plateau et Eric N’dah dans le même Nord. Donc, ce sont des lieutenants politiques de Yayi sur le terrain. Et donc des lieutenants qui appliquent bien les règles du jeu et préservent bien la troupe. Dès lors, ils continueront de travailler tant qu’ils réussiront à faire ce jeu là. Pour parler du ministère de la fonction publique où il y a eu changement, je n’ai pas trop apprécié cela. C’est vrai que c’est celui qui est à la tête qui fait les frais au nom des autres qui sont dans l’ombre de l’organisation catastrophique des concours. Malheureusement, ceux qui sont responsables de ce désordre sont toujours là. On n’a pas soldé les comptes des examens antérieurs qui ont été annulés. Il ne s’agissait pas d’annuler seulement, mais aussi de punir les auteurs. Il faut comprendre que ce n’est pas aussi de sa faute puisqu’on n’organise pas un concours d’une telle envergure dans la précipitation. Le Directeur de l’Office du baccalauréat et les Directeurs des examens et concours ont souvent le temps d’organiser leurs examens et pourquoi pas les concours ? Donc, il a payé le prix de ce concours qui a été organisé de façon calamiteuse, même s’il y a des situations atténuantes pour lui. Il fallait réduire le nombre de Ministères à 17 voire 18. Je me demande pourquoi, on a quatre Ministères pour l’éducation. Dans les pays qu’on prend comme exemple et en Allemagne aussi, il y a un seul Ministère de l’Education nationale. On s’attendait à cela, conformément à ce que le forum de l’éducation a prescrit. Ce qu’on a à lui conseiller, est de tout faire pour terminer le mandat en beauté. Car, on sent qu’il a placé des gens en mission politique sur le terrain. Pour quelle mission, je ne sais. Donc, on espère que la mission est de bien l’aider à terminer son dernier mandat et non commencer à embrouiller les cartes. Nous autres jouerons notre rôle de veilleurs de la démocratie et des engagements pris pour les travailleurs ».

 

Laurent METONGNON, SG/Fesyntra-Finances

« Un non-événement…»

« Pour moi, c’est un non-événement, ce remaniement, fut-il technique où ministériel dans la mesure où toutes les analyses qui se font aujourd’hui ne s’attaquent pas à l’essentiel. Et beaucoup de Béninois veulent analyser les raisons pour lesquelles le président Boni Yayi a fait un remaniement. Surtout qu’on ne connait pas les critères qui l’amènent à pendre tel et laisser tel autre. Mais, vous savez, lorsqu’un ministre de la république, je veux nommer Barthélémy Kassa dit à un meeting populaire que quand le président Yayi dit d’aller à droite, il faut y aller, comme s’il dit d’aller à gauche, il faut y aller et s’il faut se coucher qu’il passe, il faut le faire, vous ne voyez pas que les vœux que ces ministres en question ont faits, sont des vœu de soumission ? Et lorsque c’est le vœu de soumission, ce sont ceux qui le font qu’il prend. Dès lors, qu’est-ce que notre peuple aujourd’hui qui veut une rupture radicale avec le système néocolonial qu’on a aujourd’hui, a, à perdre son temps face à un système d’impunité, de fraudes, d’arrogance ? Il faut, de mon point de vue, plutôt attaquer ces comportements antidémocratiques. Et non, voir pourquoi, tel occupe telle place. Ceux-là, savent ce qu’ils veulent faire. Il faut que le peuple analyse aujourd’hui comment il doit faire pour que le pouvoir qu’on aura ne soit plus un pouvoir d’impunité. Mais un pouvoir que le peuple lui-même aurait forgé pour ses intérêts. C’est de cela qu’il s’agit. Donc, c’est un non-événement et il faut mieux qu’on s’attaque à l’essentiel au lieu de voir les gens qu’il a placés. Et je précise et prend tout le peuple à témoin, qu’il n’aura plus d’immunité. Il faut que le peuple commence par faire ses analyses autour de cela. Des gens ne vont pas souvent venir piller le pays et à la fin, on leur accorde l’immunité pour qu’ils aillent se reposer en paix. Il n’y aura plus cela. Si c’est la question de troisième mandat qu’il agite comme le pensent beaucoup, il faut que le peuple s’arme pour dire non. Le président même a dit qu’il ne fera pas un troisième mandat. Donc, du coup, ce serait dangereux si en coulisses, il se prépare pour le faire. C’est pourquoi, il ne faut pas faire penser à certaines choses mais à comment réaliser la Lépi pour que les élections s’organisent, que la démocratie soit réelle et exercée par le peuple lui-même. C’est cela qui doit faire la préoccupation des Béninois à mon avis. Un regard sur le maintien des ministres de l’enseignement est aussi un vœu à la soumission. Il faut voir le ministre Djemba dans les champs de coton, Eric N’DAH dans les écoles pour savoir que ce sont ceux qui se soumettent qui sont reconduits. Le système éducatif ne les intéresse pas. Les problèmes ne les intéressent pas. La preuve, il a dit que ce n’est pas lui qui a fait que les résultats des examens ont donné ces pourcentages mais plutôt, les travailleurs, les enseignants et les syndicats. Et je dis que c’est normal puisqu’on a jamais eu un président responsable de quoi que ce soit. Le 06 avril 2006, quand il a prêté serment, il a omis volontairement une bonne partie du serment. Les affaires Cen Sad et autres ont eux des auteurs. Nous avons un président qui n’a jamais été au courant de quoi que ce soit. Je pense que le problème éducatif est posé et pour le résoudre, il faut rompre avec le système néocolonial. Et pour revenir à la fonction publique, ce qu’on a gâté en 08 ans, ce n’est pas en une année qu’on doit le réparer. Donc, je ne vois pas Yaya ABOUBACAR à la tête de ce Ministère faire de miracle. Il ne sera qu’un soumis car le président Boni Yayi est à la fois président et 26 ministres. Donc, je pense que ceux qui ont passé ce concours doivent comprendre que la procédure de correction se poursuit. S’ils ne se battent pas pour qu’on annule, et ces nombreux normaliens formés qui sont laissés sur le carreau pour aller recruter d’autres, je crois qu’on est en train d’assassiner l’éducation dans notre pays. Et les responsables tôt ou tard payeront ».

 

Dieudonné LOKOSSOU, SG/CSA-BENIN

« L’idéal aurait été qu’on réduise la taille du gouvernement pour être en phase avec toutes les misères »

« Je crois ce sont des prérogatives constitutionnelles du chef de l’Etat de procéder à des remaniements. C’est son droit le plus absolu. On n’a pas à porter un jugement de valeur sur l’acte qui est posé. Néanmoins, on peut opiner sur ce changement cyclique des ministres parce qu’un gouvernement doit avoir une durée de vie. La preuve, le président doit faire cinq ans deux fois et quitter alors lorsqu’on prend un ministre qui doit faire une année au poste, quel programme peut-il exécuter à la satisfaction du chef de l’Etat ? Donc, moi cela me pose un problème sérieux. Et ma grande déception se situe ailleurs. Notre pays traverse une crise économique aigüe, une crise sociale que personne n’ignore. Donc, l’idéal aurait été qu’on réduise la taille du gouvernement pour être en phase avec toutes les misères que notre peuple subit depuis l’avènement de ce gouvernement et surtout après le fameux K.O de 2011. Lorsqu’on ne fait pas la politique de ses moyens et on laisse l’impression que nous vivons dans une prospérité infinie et le gouvernement n’a plus raison de nous dire que les moyens sont limités et qu’on doit condamner les travailleurs à la misère. Vous savez que chaque nouveau ministre qui vient bénéficier de quelque chose que vous appelez primes d’installation et ceux qui s’en vont, sont aussi remerciés. Tout cela ne fait que des fonds gaspillés. Donc, on ne peut pas avoir, dans ces conditions, la même ambition que la France qu’on essaie d’imiter, que les Etats-Unis aussi. Donc, je déplore cela bien qu’il ne reste qu’une année et quelques mois pour que le président finisse son mandat constitutionnel. Ils auraient pu donner la bonne foi en procédant à la diminution des portefeuilles. Par rapport au Ministère du travail, il faut dire que les concours frauduleux ont été camouflés et c’est grâce aux mânes de nos ancêtres qu’on a pu découvrir cette fraude. Donc, la dame et son équipe qui étaient à la base des concours frauduleux de 2012 ont été balayées. Malheureusement, on a laissé l’équipe qui l’a aidé à commettre cet acte. Donc, si les concours ont été annulés, c’est pour que désormais, on fasse des concours propres. Que ce ne soit pas des enfants de ministres, des parents qu’on positionne. On ne doit pas encourager la médiocrité dans le système administratif de notre pays. Donc, le départ du ministre ne signifie pas qu’il n’y aura plus de concours frauduleux tant qu’il y aura des gens dans l’ombre qui sont même condamnés par la Cour constitutionnelle. Donc, pour moi à ce niveau, je ne peux pas dire qu’il y a changement. Le ministre de la fonction publique a été sacrifié.  Je ne suis pas là pour le défendre parce que je ne sais comment il est venu au gouvernement. Pour l’acteur social que je suis, je voudrais qu’on mette fin aux marches, messes de remerciement après chaque nomination. Est-ce qu’en France lorsqu’on nomme un ministre, il mobilise les gens pour remercier le chef de l’Etat ? C’est parce que le chef de l’Etat sait que le monsieur qu’il appelle pour un travail patriotique est doté de compétences et mérite sa confiance. On ne doit pas organiser des messes et meetings pour remercier quelqu’un. Malheureusement, lorsqu’ils s’en vont, on ne vit plus ces problèmes de marches. C’est le moment de limiter les dépenses à ce niveau. Si vraiment ce sont des hommes qu’il faut à la place qu’il faut, ils doivent partager cette idée célèbre de feu monseigneur Isidore de Souza qui dit : « Vous m’avez nommé, mais je ne vous reconnais plus ».

Propos recueillis par Emmanuel GBETO

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