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Le triomphe de la vérité

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Fiscalité locale: Les contribuables de Bohicon paient, mais ignorent l’utilité de leurs impôts


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Bohicon, cité commerçante du département du Zou. Dans cette ville-carrefour, le recouvrement des impôts locaux constitue l’un des chevaux de bataille de l’équipe municipale. Avec des taux moyens de recouvrement supérieurs à 75% ces cinq dernières années, la mairie de la ville ne se plaint pas. Et pourtant, les citoyens qui paient aussi massivement leurs redevances fiscales savent peu de choses de leur utilisation effective. « Moi, je ne sais pas ce qu’ils font avec l’argent. Peut-être que les gens savent ce à quoi cela sert. Mais, moi je n’en sais rien, » laisse entendre dame Eléonore qui tient une boutique de distribution de lubrifiants. Emmanuel, distributeur de boissons importées, nuance, mais n’en pense pas moins. « Ce que je sais, c’est que c’est pour la mairie, pour la réparation des voies et le fonctionnement de la mairie ». A la mairie de la ville, le Chef du service développement local et planification, Ange-Brice Hounyo dresse pourtant la liste des réalisations effectuées grâce aux ressources fiscales : réaménagement et pavage du marché de Bohicon-centre, construction du parking gros porteurs, construction d’un nouvel hôtel de ville, etc…

L’utilité d’informer

Selon une étude intitulée « Identité nationale et participation citoyenne au développement » menée entre novembre et décembre 2011 par Kassim Assouma        et    Azizou Chabi Imorou, chercheurs à l’Institut de recherches empiriques en économie politique, près de trois Béninois sur quatre estiment que « les citoyens doivent payer leurs impôts à l’Etat afin que le pays se développe ». En même temps, quatre Béninois sur cinq estiment qu’il est très difficile de se renseigner sur la manière dont le gouvernement utilise les recettes provenant des impôts des contribuables. Secrétaire général de la mairie de Bohicon, Joseph Josué Mèhou affirme plutôt qu’il faut prendre ces données avec circonspection. « Ce sont des arguments qui ne tiennent pas », dit-il avant de mettre l’accent sur les mesures mises en œuvre pour informer les populations de l’utilisation des ressources prélevées. « On fait même des focus groupes au niveau communautaire, des communiqués radio et télé pour informer les gens », explique-t-il. Et de brandir un plan de communication élaboré pour impacter ces groupes cibles. Le 15 mars 2013, lors du lancement du Programme d’appui aux services décentralisés conduits par les communautés (PSDCC), le ministre de la décentralisation, Raphaël Edou a affirmé que « … nos communes retournent à une autre forme de centralisation qui fait du pouvoir local décentralisé un pouvoir fermé, peu transparent, opaque et empêchant le citoyen de comprendre la gestion des affaires de sa commune». Quant à Ange-Brice Hounyo, il attire l’attention sur l’incivisme fiscal qui caractérise certains contribuables de la ville. Cette situation est à la base de la baisse tendancielle des taux de recouvrement ces dernières années dans la commune de Bohicon. De 91% environ en 2001, il est descendu à 83% en 2011 après avoir connu des chutes en 2009 (59%) et en 2010 (77%), selon les données de la mairie datées d’avril 2013.

Olivier ALLOCHEME

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