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Le triomphe de la vérité

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Edito du 04 mars 2013: L’électricité en pointillés


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Nous sommes donc en plein délestage. Et ce phénomène met en lumière les plaies béantes de la SBEE. Pour y parer, celle-ci a mis en place un solide dispositif de pardon. Par sms, par radio et par télévision, la société demande l’absolution au moment où les appareils prennent feu dans les chambres et les services, au moment où des entreprises entières sont bloquées du fait des coupures intempestives de courant.

 Les explications des responsables de la SBEE nous convainquent d’une seule chose : les problèmes de la société sont énormes.

        Le premier problème, c’est la disponibilité même du produit. L’électricité est devenue de l’or depuis que les problèmes récurrents du Nigeria et du Ghana, nos principaux fournisseurs, par le biais de la CEB, se sont aggravés. Le Nigeria est lui-même      au creux de la vague depuis plusieurs années. Ses fournitures de courant par le biais de la station de Sakété sont devenues pour le moins irrégulières. Ce géant de l’Afrique a aussi ses propres difficultés qui sont parfois gigantesques. Il suffit de visiter Lagos une fois pour s’en rendre compte : le délestage y est encore plus sauvage qu’ici. C’est pourtant dans ces conditions que le projet d’interconnexion a été réalisé sous l’impulsion des différents Chefs d’Etats du Bénin et du Nigeria. La décision politique s’est révélée plus difficile à appliquer qu’on ne le croyait. Le cas du Ghana est connu. Le barrage d’Akossombo sur la Volta, enregistre à intervalles réguliers des phases d’étiage plus ou moins importantes. Les accords conclus avec la CEB deviennent dès lors difficiles à appliquer.

        A tout cela, il faut ajouter les pertes dues à la vétusté des équipements. Plus de 10% de la production se perdent chaque année, obligeant les autorités à des acrobaties permanentes. C’est l’un des problèmes les plus complexes de l’industrie mondiale de l’énergie. La poussée démographique exige la modernisation des équipements, pour ne pas aboutir à l’aggravation du phénomène.

 Il y a aussi la crise de la tarification. En effet, c’est là le deuxième gros problème.

 Depuis toujours, le système de tarification a été un des principaux goulots d’étranglement de la société. En décembre, l’ancien système a été arrêté avec la ferme promesse d’en instaurer un autre, mensuel, comptant sur la consommation effective des ménages. Nous l’attendons toujours. Et les consommateurs attendent les factures, avec beaucoup d’appréhension. Ceux qui en ont reçu parlent déjà de facture exorbitante et crient à la tricherie. Elles ont grimpé considérablement, passant du simple au double voire plus, dans certains cas. Dans bon nombre de cas, il s’agit d’erreurs grossières, mais que les procédures compliquées de la société ne permettent pas de corriger rapidement.

        Les cas sont légion où des citoyens qui tentent de payer leurs factures se sont heurtés à un mur de difficultés liées à l’indisponibilité des agences. Soit, elles n’ont pas le courant elles-mêmes, soit elles n’ont pas la connexion. Pendant ce temps, les clients se font couper pour facture impayée. S’il y avait un moyen de nous rendre fous, en voilà un…

        Néanmoins, l’Etat n’est pas resté les bras croisés. Les solutions annoncées peuvent permettre de sortir de l’impasse. Le cas le plus patent reste les turbines à gaz de Mariagléta. Elles sont conçues pour nous épargner de toute carence énergétique, de tout délestage, au moins pour plusieurs années. Mais les difficultés de la centrale sont monstres. Soit elle fonctionne à base du jet A1 utilisé dans les avions mais qui coûte extrêmement cher, soit elle fonctionne avec du gaz naturel, qui n’est pas disponible. Sans compter que quatre turbines ont récemment été réceptionnées par l’Etat, et que les quatre autres doivent l’être (si elles ne le sont pas encore).

Nous sommes donc au beau milieu d’une quadrature du cercle. Abandonner ce projet qui constitue un investissement de plus de 30 milliards de F CFA ? Ce serait un bel éléphant blanc dont l’opposition ferait des gorges chaudes. Le signe d’un fiasco retentissant.

L’inquiétude, c’est que cette fermentation de frustrations accumulées ne débouche sur une révolte populaire. Il y a comme une urgence à réaliser l’impossible pour résorber la crise avant qu’elle ne prenne les dimensions apocalyptiques qui, ailleurs, ont fait les grandes révolutions.

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