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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec le député Isidore Gnonlonfoun, président de la commission des relations extérieures:« L’objectif, c’est d’apporter notre contribution à l’édification d’une Assemblée nationale au service de la nation »


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L’honorable Isidore Gnonlonfoun, président de la commission des relations extérieures

Longtemps resté dans l’ombre des quatre autres commissions permanentes de l’assemblée nationale, la commission des relations extérieures, chargée de la coopération au développement, de la défense et de la coopération est devenue très active sous la sixième législature. Grâce au dynamisme de son président, le député Isidore Gnonlonfoun, plusieurs activités ont été menées dont des séminaires ateliers et des descentes sur le terrain ayant permis de réfléchir sur deux thématiques importantes, notamment les relations internationales et la sécurité. A travers cet entretien, il fait le point de toutes ces activités ainsi que des résultats obtenus.

L’Evénement Précis: Honorable Isidore Gnonlonfoun, vous êtes président de la commission des relations extérieures, chargée de la coopération au développement, de la défense et de la sécurité. Parlez-nous un peu de cette commission

Isidore Gnonlonfoun : Comme vous le savez, l’Assemblée nationale, au terme des dispositions de l’article 79 alinéas 2 joue trois rôles essentiels. La fonction législative, la fonction du contrôle de l’action gouvernementale et celle de représentation nationale. Pour assumer de façon efficiente ses activités, l’Assemblée nationale s’appuie sur cinq commissions dont la commission des relations extérieures chargée de la coopération au développement, de la défense et de la sécurité. Cette commission est composée de 17 membres dont je suis le président.

La question sécuritaire de temps à autre est préoccupante. Est–ce que l’équipe que vous dirigez s’en préoccupe et qu’est – ce qui a été fait ?

Je pense que pour rendre visible les activités de l’Assemblée nationale et de la commission, nous avons initié deux activités principales. D’abord en ce qui concerne les segments des attributions des relations extérieures et puis la partie prépondérante de la défense et de la sécurité. Par rapport aux relations extérieures, nous avons initié un séminaire qui s’est déroulé les 15 et 16 octobre 2012 à l’hôtel Bel Azur de Grand Popo avec tous les membres de la commission et les présidents des réseaux d’amitié.

A cet effet, il y a eu plusieurs communications qui nous ont permis de maîtriser un peu les grandes orientations des relations extérieures et de savoir nos prérogatives en matière de relations inter- parlementaires, les liaisons qui devaient exister entre notre commission et les différents réseaux et notre prérogative par rapport aux relations inter- parlementaires. C’est-à-dire les relations que nous avons avec les parlements frères et ceux régionaux. La 2ème activité a consisté en une tournée sur toute l’étendue du territoire national et les membres de la commission se sont éclatés en quatre équipes.

Quelle a été la préoccupation auprès de vos interlocuteurs sur le terrain ?

La cible de cette mission, c’est d’échanger avec les responsables en charge de la sécurité, à savoir les commissaires de police, les commandants de compagnies, les commandants de brigade territoriale et de recherche. Il y a également les élus locaux. La préoccupation fondamentale est de savoir le niveau d’insécurité au niveau des départements et les moyens dont ils disposent pour lutter contre cela. C’est une tournée qui nous a permis de nous enquérir par rapport aux conditions de travail des agents de sécurité.

Par exemple, au niveau des commissariats ou des compagnies, on s’est demandé s’ils sont dans des bâtiments administratifs ou en location. Nous sommes informés de toutes ces questions. Nous avons compris que la brigade de recherche de Savè qui doit couvrir six communes n’avait même pas un moyen de déplacement. Nous avons constaté la même chose au niveau de la brigade de recherche de Pobè qui doit couvrir environ six communes également. Sur les différentes communes, il n’y avait que deux véhicules qui sont pour la plupart amortis.

Nous nous sommes rendus compte que les gendarmes surtout travaillent 24 heures sur 24. Ils travaillaient dans l’insécurité totale. Lorsqu’ils n’ont pas, par exemple, de gilet pare-balle, lorsqu’ils n’ont pas de grenade, de gaz lacrymogène, etc. ils sont face à des malfrats qui sont plus équipés. Nous avons donc pu constater la réalité des conditions de vie de ces unités de gendarmerie.

A quoi les populations doivent s’attendre ?

Je pense qu’ils se débrouillent. Nous avons pu mesurer leur sens de patriotisme parce qu’au prix de leur vie, ils sont obligés d’assurer la sécurité des populations. Nous avons estimé qu’en tant qu’élus du peuple et pour mieux assurer notre rôle de contrôle des actions gouvernementales et de représentation nationale, nous allons exciter le gouvernement à corriger ces insuffisances.

Comme vous le savez, nous sommes en session budgétaire, nous sommes en train de rendre compte au président de l’Assemblée nationale et de mobiliser tous les collègues autour de ces préoccupations pour que la représentation nationale puisse négocier avec le gouvernement pour qu’il y ait des autorisations spéciales de crédit afin qu’au moins s’agissant par exemple des moyens de déplacement, toutes les compagnies de gendarmerie, tous les commissariats de police soient dotés de moyens roulants et qu’on puisse amorcer la réalisation d’infrastructures pour abriter ces unités de sécurité dans les conditions requises en la matière.

Ceci, parce que quand on met les unités de gendarmerie dans les domiciles privés, les gendarmes ne sont pas en sécurité. Ils ne pourront pas assumer de façon efficiente la sécurité des gens parce qu’ils sont obligés de collaborer avec leurs justiciables, avec les malfrats. A partir de ce moment leur fonction ne peut plus être assumée de façon efficiente.

Monsieur le président, votre commission s’est aussi préoccupée de la thématique, opération diplomatie parlementaire. Vous avez eu des activités dans ce cadre, pourquoi avoir senti la nécessité d’initier ces activités ?

La commission, au titre des dispositions de notre règlement intérieur, devrait avoir beaucoup d’activités en dehors de la ratification des conventions, des traités et des dossiers relatifs aux questions de sécurité. Nous avons estimé qu’on ne maîtrise pas tout. Il fallait oser pour pouvoir comprendre les contours de nos attributions.

Alors, nous nous sommes dit qu’il faut faire recours aux experts en la matière qui sont en même temps avertis des questions parlementaires pour des communications afin d’apprécier les méandres de la diplomatie parlementaire et des relations inter- parlementaires. Je pense que ces préoccupations feront l’objet de recommandations à l’endroit du président de l’Assemblée nationale.

Quelles appréciations faites-vous de la diplomatie parlementaire aujourd’hui ?

Ce que nous constatons, c’est qu’il y a beaucoup d’activités. Mais il semble qu’il n’y a pas une certaine coordination de ces activités avec les actions que mène le gouvernement. En définitif, il faut que nous sortions dans les instances régionales parlementaires. Il faut que les activités du gouvernement sur le plan extérieur puissent avoir une certaine finalité, une certaine amélioration des conditions de vie de nos populations pour le développement du pays.

On sent qu’il n’y a pas une conjugaison des efforts parlementaires sur le plan régional, sur le plan international avec les activités que mène le gouvernement. A cet effet, nous avons dit que sur le plan de l’orientation de la diplomatie béninoise, le gouvernement, à travers le ministre en charge des Affaires étrangères doit venir présenter à la représentation nationale l’orientation qu’il donne à notre diplomatie.

 Cela va nous permettre de prendre les dispositions idoines pour que l’Assemblée nationale soit en synergie avec le pouvoir exécutif. Nous avons même estimé que les députés doivent participer aux négociations que mène le gouvernement à l’étranger par rapport aux accords de développement.

Dites-nous comment vous vous êtes organisé pour avoir vos résultats ?

Cette question m’amène à étaler nos insuffisances internes. Durant la 5ème législature, en voulant respecter la déontologie en la matière, c’est-à-dire la présence du gouvernement et le quorum des membres de la commission, nous avons été bloqués. Tous les membres n’étaient pas disponibles.

Durant la 6ème législature, nous avons estimé qu’il faut changer de méthode de travail pour aller de l’avant. Quel que soit le nombre de députés qu’on a pour les travaux en commission, on essaie d’avancer pour éviter d’avoir des dossiers en instance. Vous avez vu à travers le rapport du président de l’Assemblée nationale, n’eût été les dossiers qui sont restés sans être étudiés du fait du gouvernement ou le dossier sur l’origine des armes à feu qui a été rejeté pour incompréhension, la commission n’aurait aucun autre dossier en instance.

Pour le moment, nous sommes à 60% et je dois vous dire que les dossiers non étudiés ne sont pas du fait des membres de la commission. Notre objectif, c’est d’apporter notre contribution à l’édification d’une assemblée au service de la nation.

Au cours de votre tournée, est-ce que vous avez fait cas de l’actualité en matière de sécurité aux hommes en uniforme ?

Si les gens se trouvent dans le cadre de légitime défense, c’est tout à fait normal qu’ils puissent se défendre. Si tel n’était pas le cas, nous sommes dans une République et en démocratie. Je pense qu’avec le respect des droits de l’homme, nous avons ratifié les conventions des droits de l’homme sur le plan national.

Je crois que nous devons respecter les principes. Je dois dire qu’aujourd’hui face à l’insécurité, il y a l’intransigeance des braqueurs. Alors, il faut leur poser de la résistance pour sauver les concitoyens. On est en mesure d’abattre un certain nombre seulement pour protéger les autres. Je pense que ce n’est pas une mauvaise chose.

Qu’en est-il du statut particulier des policiers du point de vue de leur rémunération ?

Je dois dire que nous avons pris le bâtons en votant la loi portant règle générale applicable aux personnels militaires et autres forces de sécurité assimilées. Les dispositions de l’article circulaient que nous allons prendre les statuts spéciaux pour voir dans quelle condition nous allons améliorer un temps soit peu les conditions de travail de ceux là parce que lorsqu’il y a le bâton, il faut la carotte. On a essayé de priver ces forces de sécurité de liberté pour les amener à se consacrer à leur profession.

Et de la même façon, il faut qu’on les mette dans les conditions normales. L’Assemblée nationale a déjà interpellé le gouvernement par rapport à ça. Mais le gouvernement n’est pas encore prêt. C’est heureux qu’on a appris à la plénière que le statut général des agents permanents de l’Etat est arrivé. Je pense que c’est un début d’exécution. Nous y parviendrons pour que tout se passe au mieux. Je dois vous dire que dans ces documents, il n’y a pas que les questions de retraite.

A votre dernier séminaire à Grand Popo, les députés avaient souhaité que le gouvernement leur présente le code d’orientation de la diplomatie béninoise. Plus loin, ils ont évoqué les missions de nos forces de défense à l’extérieur, dites-nous ce qu’il en est concrètement.

Le séminaire de Grand Popo nous a permis de prendre une résolution qui va déboucher sur l’interpellation du gouvernement pour qu’on sache s’agissant de la participation du Bénin à l’intervention internationale au Mali, dans quelle condition cela va se passer. Est-ce que des citoyens béninois iront au front ? S’ils doivent être engagés, dans quelles conditions, ils doivent partir. Il faut que la représentation nationale soit informée afin qu’on prenne des dispositions utiles.

Et par rapport aux orientations de la diplomatie parlementaire ?

Que ça soit l’ensemble de la politique et des activités du gouvernement, les représentants du peuple que nous sommes, nous devons avoir une vue sur cela. Même chose en ce qui concerne la diplomatie du Bénin et les relations extérieures. Lorsque vous prenez les Etats- Unis, quel que soit le régime qui est en place, ils ont une vision sur leur politique extérieure. Il serait bon que la représentation nationale soit fixée par le gouvernement sur la vision qu’il donne à nos relations extérieures, internationales, à notre diplomatie. Nous avons estimé que c’est une préoccupation fondamentale. Que le gouvernement vienne nous présenter le cadre général de sa politique extérieure.

Certains de vos collaborateurs, députés membres de votre commission se sont plaints du fait qu’ils sont lésés par rapport à comment la diplomatie parlementaire se mène. Ils ont souhaité que la commission chargée des relations extérieures soit associée à la signature des traités et autres. Qu’en dites – vous en tant que président ?

Vous savez que les questions de mission à l’extérieur intéressent tous les députés. Et le président, par rapport à cela fait ce qu’il peut. Ce n’est pas toujours en liaison, en respectant ce qui devait être normalement fait. Comme je vous l’ai dit au titre des relations inter- parlementaires, le bras de notre parlement, c’est la commission qui est en charge des relations extérieures.

Il est inopportun que le parlement ne soit pas mis au courant de ce qui se passe par rapport aux relations – interparlementaires. Je suppose même dans la sous-région, si le président de l’Assemblée nationale doit aller participer à une session à l’extérieur, en premier lieu la commission intéressée est la commission chargée des relations extérieures. Mais ce n’est pas toujours le cas. C’est à travers les groupes parlementaires que cela se fait. Il faut qu’on soit au courant de ce qu’on fait. Il y a autant de choses qui frustrent les membres de la commission. Mais le président de l’Assemblée nationale prend déjà les mesures.

On désigne des fois des membres de la commission sans que je ne sois informé. Nous demandons les informations de façon efficiente. Je vois des collègues qui ne participent pas aux travaux de la commission mais qui sont désignés par le président de l’Assemblée pour aller dans ce genre de voyage alors que je connais ceux-là qui travaillent. Parfois, pour raison d’indisponibilité de certains membres, je me retrouve seul. Les travaux en commission sont indispensables pour les députés. Si on doit mériter, on doit prendre le salaire, il faut faire un peu.

Propos recueillis par

Hugues E. Patinvoh

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