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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Ces petits riens qui font les montagnes


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Les Béninois ont pris l’habitude d’accabler leurs dirigeants. Mais à y voir de près, les dirigeants sont à l’image du citoyen ordinaire qui passe son temps à tricher avec les règles, à violer les principes les plus élémentaires de la vie en communauté.

Erigée en règle, la violation des normes est le déterminant premier du Béninois dans son rapport quotidien à la loi. Que ce soit dans la rue où il prend un vilain plaisir à déverser des déchets de toutes sortes et à violer le code de conduite, ou dans son service où les trafics et corruptions les plus ordinaires s’accumulent, il semble s’engraisser par le mal.

C’est ce qu’ailleurs en littérature, certains spécialistes appellent déréliction et qu’en sociologie l’on appelle anomie. Sommes-nous en train de mettre en place une société en pleine déréliction, sans règle et sans principe ? Telle est la question que je me pose toujours lorsque des modèles de la société, montés au pinacle de la république comme étant des icônes se comportent en réalité comme de parfaits voyous.

Tous nous connaissons des cas de ces personnalités célébrées ici et ailleurs qui auraient bien mérité l’enfer. Tel ce professeur d’université, invité sur tous les médias pour donner des explications scientifiques à des phénomènes de société, pris la main dans le sac à l’Université d’Abomey-Calavi pour falsification de notes.

Plusieurs années durant, il a instauré un système très lucratif de ventes de fausses notes et de trafics en tout genre grâce auxquels il a sans doute engrangé beaucoup d’argent avant que ses collègues ne découvrent le pot-aux-roses. Il y a aussi cette autre personnalité de haute stature, à qui l’on déroule partout le tapis rouge, au Bénin comme ailleurs dans le monde, mais qui est spécialiste avéré du népotisme le plus abject.

Que dire enfin de ces agents des impôts devenus la vermine de notre société ? Ils s’entendent avec les entreprises pour minorer leurs impôts, moyennant de juteuses commissions. Beaucoup deviennent riches très tôt, par la force d’une corruption devenue la règle. L’argent n’ayant pas d’odeur, c’est eux qui sont célébrés pour le lustre de leurs costumes, le chrome rutilant de leurs voitures et le luxe époustouflant de leurs châteaux.

S’il vous est déjà arrivé de visiter le marché Dantokpa et que vous êtes sensible à la saleté, vous avez dû constater comment les ordures côtoient quotidiennement les aliments. Ce sont les bonnes dames elles-mêmes qui polluent les caniveaux, déversent les eaux les plus noires dans leurs voisinages tout en critiquant la mairie qui n’aurait pas fait son travail.

 J’ai déjà vu des agents de l’Etat retarder exprès des dossiers d’investissement pour se faire intéresser alors qu’ils se plaignent du chômage de leurs enfants, des maçons voler systématiquement du ciment sur leurs chantiers pendant qu’ils critiquent la corruption supposée autour du Chef de l’Etat, des mécaniciens subtiliser des pièces de la voiture de leurs clients pour les revendre à d’autres pendant qu’ils se plaignent de la corruption à la mairie, ou encore des policiers bloquer un chargement d’oignon en provenance de Malanville dont le propriétaire n’a pas fait le geste qui ‘’sauve’’ alors qu’ils sont les premiers à se plaindre de la cherté du coût de la vie.

C’est qu’à force de perpétrer impunément ces « petits » vices, le Béninois ne se rend pas compte qu’il est à l’image de ceux qui nous gouvernent et dont beaucoup sont même largement plus propres que le citoyen ordinaire. Le week-end dernier, un certain groupe dénommé Convergence pour la Nation et le Développement et l’alliance Fcbe sont montés au créneau pour réclamer l’indulgence du Chef de l’Etat dans le dossier du port sec de Tori, au nom du Plateau d’Abomey.

 A en croire ces pontifes du régime, il ne serait pas convenable que l’Etat engage des poursuites pénales contre les personnes supposées coupables, pour ne pas risquer des conséquences politiques jugées graves sur le Plateau d’Abomey. En clair, au nom de la politique, il faut que les lois de la République ne s’appliquent qu’à certains et pas à d’autres.

Oser même aller sur la place publique pour tenir ces propos, montre le niveau de dérèglement atteint par notre société. Il y a une thérapie à appliquer, mais qui en prendra la responsabilité historique ? Telle est la question.

Olivier ALLOCHEME

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