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Le triomphe de la vérité

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Editorial:La république des petits


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A voir le déploiement massif de la mouvance qui dit donner la réplique à l’UN, on ne peut que se poser des questions. Pourquoi fait-on semblant de tuer une mouche avec un bazooka ?

A l’évidence, l’Union fait la Nation ne représente plus grand-chose dans l’arène politique. Vidée de sa substance par les départs successifs de la RB et surtout du PRD, elle est à peine capable de se constituer en un groupe parlementaire. Son style d’opposition a été sérieusement écorné par ces douleurs successives. On est passé d’un mode virulent et va-t-en-guerre à une discrétion avérée d’où le groupe sort de temps en temps par quelques coups de gueule qui signalent encore son existence. C’est le cas de ses 26 propositions ayant prétendument entrainé la violente charge livrée par le Chef de l’Etat le 1er août.

La première de ces propositions appelait simplement à ‘’un front unifié’’ et non à une ‘’insurrection populaire’’. Ce furent d’innocentes idées qui n’ont attiré l’attention de personne, sauf celle du Chef de l’Etat lors de son inqualifiable interview. C’est lui qui a travesti l’idée de l’UN et en a fait un horrible fantôme. Et c’est lui qui a encore contraint tout le monde à en faire la chasse à travers marches, déclarations de soutien, conférences et autres rodomontades dignes d’un cirque. L’art de se payer son propre cauchemar.

A l’évidence aussi, lorsqu’on analyse les propos faussement terrifiés de la mouvance, une chose retient l’attention. Aucun leader politique, fût-il le plus apatride des mouvanciers, n’a osé faire une analyse sincère du contenu de l’interview. On s’est borné de la survoler en cherchant « l’esprit » qui serait à l’origine d’une sortie proprement injurieuse à l’intelligence et à la nation. Et pour donner le change, la moribonde UN a été réveillée de sa torpeur. On lui a fait dire ce qu’elle n’a jamais dit.

C’est de la névrose au sens où l’entend Edgar Morin, c’est-à-dire un « compromis entre un mal de l’esprit et la réalité, compromis qui se tisse et se paie avec du fantasme, du mythe, du rite » (L’esprit du temps I, Grasset p.7). Contraints de tenir des propos infâmants sur l’UN, propos teintés d’invectives gratuites et de grossièretés à peine imaginables, les 96 partis de la mouvance vont en guerre contre le vent. Attitude névrosée s’il en est, mais symptomatique d’un profond malaise. Le soutien quémandé ne pouvait être légitimement obtenu sans ces contorsions ubuesques.

Aucun Béninois buvant la bonne eau d’ici, respirant l’air frais de chez nous, fier d’être Béninois, foulant la bonne terre pacifique de nos aïeux, ne peut soutenir qu’au nom d’une pseudo-rivalité politique, des Béninois s’affrontent sur des questions que personne ne voit ! Qu’étant entendu qu’on a remporté des élections, les vaincus n’ont même plus le droit de lever le plus petit doigt. Ce sont des propos inqualifiables que la mouvance refuse d’assumer.

On comprend que pour nombre de partis qui n’ont d’existence que le nom, et de militants que les seuls cadres qui en tirent profit à travers les strapontins politico-administratifs que le Président leur a offerts dans sa vaste générosité, on comprend donc que tout ce monde ait trouvé dans les envolées de Boni Yayi une opportunité à saisir. Ils pourront réveiller leurs « bases » et montrer au moins une fois depuis les dernières élections, qu’ils existent encore.

A l’approche d’un remaniement probable, ne pas soutenir l’interview ( !!!) du Chef de l’Etat est un motif suffisant pour être sorti du gouvernement. Le fauteuil ministériel et les postes administratif sont au Bénin des sièges éjectables à tout instant. Qu’est-ce que cela coûte d’aller faire semblant de soutenir verbalement un homme, même s’il faut pour cela se ridiculiser pour une heure ? Rien. Après, ce sera vite oublié…

« Ô Seigneur choisis pour ce peuple mien de bons bergers et non pas de frénétiques ambitieux qui ne travailleront que pour leur promotion au rang d’idoles », disait le poète béninois Paulin Joachim déjà en 1960, dans une prière supplique qui résonne encore aujourd’hui. Tous ceux qui ont vécu l’histoire récente du Bénin savent que ce déploiement factice de la mouvance est juste pour faire bonne figure. Que malgré les fébriles agitations qui traduisent l’innommable, nous ne sommes pas une république de petits.

Olivier ALLOCHEME

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