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Le triomphe de la vérité

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Polémique autour de la gestion de la campagne cotonnière:Le Dg/Sonapra disqualifie l’AIC: la commission d’enquête démarre ses travaux


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L’Etat soupçonne l’Association interprofessionnelle du coton (AIC) d’avoir indument perçu un montant de 14 milliards de FCFA au titre des quatre dernières campagnes cotonnières. C’est du moins ce qu’a laissé entendre hier le Directeur Général de la Sonapra, Idrissou Bako. Interrogé par la Télévision nationale, il a donné une idée des grandes lignes des arguments du ministère de l’agriculture face à la commission d’enquête internationale commise par le gouvernement pour investiguer sur la gestion de la filière cotonnière. La commission démarre ses travaux ce jour. D’ores et déjà, le DG/Sonapra estime qu’elle sera amenée à rechercher la vérité sur la gestion de la filière cotonnière, notamment sur les subventions versées par l’Etat, les chiffres de la production et l’impact sur la croissance économique du Bénin en 2012.

ORTB : Qui a le vrai chiffre entre l’AIC et les producteurs de coton ?

Idrissou Bako : Je salue la clairvoyance du Chef de l’Etat et de son gouvernance par rapport à cette question, celle de vouloir tirer au clair cette situation à travers une commission internationale de vérification, car ceci dénote de l’impartialité de l’enquête. Vous savez, sur cette question, il y a trois aspects qui sont objets de polémique. Premièrement, nous avons la subvention décaissée au profit de l’AIC. Deuxièmement, la quantité de coton produite pour la campagne 2011-2012 et troisièmement nous avons les conséquences de ces déclarations sur le niveau de croissance économique de notre pays.

En fait, par rapport à la subvention, il faut noter que par lettre n°10-59/11-2011/AIC/SP-SE, l’AIC a adressé une correspondance au ministre des finances, selon laquelle il doit être reversé dans le compte de l’AIC une subvention des intrants coton au titre de la campagne 2011-2012. Le montant pour lequel le décaissement est fait s’’élève à 11. 268 894 000 Fcfa représentant la part de la subvention de l’Etat pour la consommation d’environ 63 470 000 tonnes d’engrais. Pour une telle quantité, il va falloir emblaver 317 380 hectares.

Que s’est-il donc passé ?

Ce qui s’est passé, c’est que selon toutes les déclarations qui ont été faites jusque-là, au niveau du ministère de l’agriculture et pour l’AIC, au titre de cette campagne, il a été réalisé 209 000 hectares.

Quelle quantité d’engrais faut-il pour les 209 000 ha

Pour les 209 000 ha, il y a eu surévaluation des superficies emblavées qui s’élèvent à 108 380 ha, ce qui fait une estimation de 21 676 tonnes d’engrais subventionnés pour un gap de 108 380 ha non emblavés. En termes de valeur, c’est que l’AIC a encaissé un montant de 3 848 140 300 FCFA pour ce qui concerne cette campagne.

Est-ce que vous vous êtes rapproché des services du ministère ?

En fait, nous avons exploité les données de l’AIC. Ce gap fera partie des sujets à mettre sur la table de la commission d’enquête, et la commission d’enquête va pouvoir trancher sur la question. Par rapport à cette question des subventions déjà encaissées, nous soupçonnons un gap de 3 848 000 000 de francs encaissés abusivement. Cette situation nous a permis de revenir sur les quatre campagnes antérieures où depuis 2009, le gouvernement a décidé de subventionner l’engrais pour les paysans. Ce qui a fait qu’au cours des quatre années, le montant indument encaissé par l’AIC, s’élève à près de 14 milliards de Fcfa. Il va falloir mettre ceci à la disposition de la commission pour qu’elle tranche afin de pouvoir trancher.

En ce qui concerne la polémique autour de la quantité de coton produite au cours de cette même campagne. Il faut dire qu’il y a eu suffisamment de débats sur la question. La superficie emblavée reconnue par l’AIC est de 209 000 ha. Au niveau du ministère de l’agriculture, on a estimé que la production sera d’au moins 265 000 tonnes de coton graine.

Le Fonds monétaire international (FMI) a fait les mêmes estimations sur la base des superficies emblavées et sur les rendements historiques au niveau du Bénin et a situé le Bénin entre 270 000 et 300 000 tonnes. Les déclarations faites par l’AIC situent le coton autour de 174 000 tonnes. Vous voyez qu’il y a un gap très sérieux de 136 000 tonnes environs. Ces 136 000 tonnes, lorsque nous essayons de les valoriser par rapport au prix du kg de coton, c’est que cela doit être environ de 31 milliards de FCFA de FCFA à ristourner en principe aux paysans.

Ce jeu de chiffres a des conséquences colossales en termes de revenu des paysans qui s’adonnent au coton et en termes même de niveau croissance économique de notre pays. Lorsque le FMI a fait ses estimations, qui étaient entre 270 000 et 300 000 tonnes, le taux de croissance économique du pays était situé entre 3,1 et 4%. Le chiffre donné par l’AIC nous amène à un taux de croissance d’à peine 1%. Vous voyez, cela a des conséquences incommensurables par rapport à la mobilisation des ressources extérieures.

C’est pour cela qu’il va falloir tirer au clair cette question parce que cela y va en fait de la nation et même du niveau de prospérité de nos populations. Le problème est tellement sérieux qu’il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités. Et au vu des conclusions de la commission, le gouvernement doit pouvoir prendre des décisions de réforme. En dehors des subventions accordées dans le cadre des intrants, il y en a que le gouvernement a octroyé pour le programme de relance du secteur cotonnier. Ce programme est sous la tutelle de l’AIC. En principe, au moment où les réflexions ont été menées pour la relance du secteur, c’était prévu que ce programme prenne en compte la question de gestion de la filière.

Ce qui fait que le ministère de l’agriculture a été dessaisi en fait de ce programme et c’est allé au niveau de l’AIC qui aujourd’hui contrôle toutes les opérations et toutes les interventions dans le secteur cotonnier. Etant donné que le gouvernement a déjà mis à la disposition de ce programme sa participation qui était de quatre milliards environs qui ont été complétés par les derniers décaissements, ce qui porte sa participation autour de six milliards, il va falloir à mon avis faire des audits, voir comment le programme a été géré pour que des décisions conséquentes soient prises.

N’y a-t-il pas acharnement contre l’AIC ?

On ne saurait parler de harcèlement. La question de contestation des chiffres par rapport à la production, je crois que c’est de l’AIC que cela provient. Le ministère de l’Agriculture a produit des informations. Et ces informations seront mises à la disposition de la commission pour que la vérité soit dite. Ce n’est pas une question de harcèlement. C’est une question de recherche de vérité à travers une commission impartiale.

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