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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Le ver est dans le fruit


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La grève continue. Malgré les menaces du gouvernement, les enseignants membres du Front sont décidés à mener à terme leur mouvement. Un peu comme si les risques de défalcation ainsi que les menaces de radiation les avaient galvanisés, ils vont droit devant. Même si la stratégie a changé, compte tenu de la réaction gouvernementale, les objectifs restent les mêmes : obtenir coûte que coûte les 25% d’allocation spéciale de revalorisation de la fonction enseignante.

Dans les faits, leur revendication a subi ce qui arrive trop souvent ces temps-ci, c’est-à-dire un glissement stratégique. Dans la première mouture de leurs revendications, les enseignants voulaient réellement obtenir leurs 25%, comme tous les agents de l’Etat conformément au décret du 05 août 2011. Mais d’explication en explication, de preuve en preuve, le gouvernement a pu leur montrer que ce qu’ils prenaient pour l’allocation spéciale de revalorisation de la fonction enseignante, octroyée depuis 2008, n’existe plus depuis 2010.

 Qu’en lieu et place, ils ont désormais une augmentation de leur indice de traitement équivalent simplement à ce que les autres catégories de fonctionnaires vont obtenir en 2011. Battus en brèche par les arguments de la partie gouvernementale, les syndicats brandissent désormais une autre arme : la revalorisation de la fonction enseignante. Ils se rendent compte en réalité que l’avantage comparatif dont ils disposent face aux autres agents de l’Etat, n’en est pas un. L’allocation n’existe plus.

Le penchant naturel de l’homme à se comparer aux autres a fait le reste : il a accru la volonté des syndicats d’en découdre. Tant qu’ils n’auront pas le sentiment de disposer de nouveaux avantages sur les autres, leur sentiment d’injustice (et d’humiliation) n’en sera que plus amer. Ainsi posé, le problème relève simplement de l’égoïsme. La tension et les menaces lui donnent une dimension folklorique et même mélodramatique. Pendant que l’avenir des élèves et du Bénin se joue, l’on se préoccupe d’égocentrisme, d’humiliation, de personnalité bafouée, etc. Au risque de faire basculer l’année scolaire dans le néant d’une année blanche, les enseignants tiennent à leurs maigres avantages et tiennent bien en main les cartes à jouer pour les prochaines « négociations ».

Disons-nous quand même la vérité. Même matée par une myriade de menaces pleuvant sur la tête des enseignants, cette grève est loin d’être terminée. La grève sur le tas enclenchée dès ce matin n’est pas moins dangereuse que l’autre. Elle est de la même gravité. Pire encore, cette stratégie est enveloppée dans une perfidie joyeuse en ce que la présence requise au sein des établissements scolaire est assurée, alors que le travail effectif ne l’est pas.

Les menaces ne feront donc que déplacer le problème. Même dans l’hypothèse que les enseignants soient forcés au travail, ils peuvent encore attendre tranquillement l’échéance des examens de fin d’année, et surtout la période de la correction des copies, pour déclencher un mouvement suicidaire. Le gouvernement ferait alors face à une houle impossible à contrôler par le simple remède des menaces. La reprise (forcée) obtenue aujourd’hui n’est qu’une pâle solution à un mal plus profond. Le ver est dans le fruit.

L’impasse est là. L’avenir s’écrit aux lettres rouges du désespoir de ces élèves qui déambulent dans les rues. Prompts à saisir le moindre vice pour s’occuper dans cette oisiveté qu’ils n’ont jamais choisie, ce sont eux qui vont pâtir de la guéguerre. Ce sont eux qui vont s’encrasser davantage de médiocrité alors que tout le monde se plaignait déjà de la baisse généralisée des niveaux. Et c’est encore eux qui vont perdre la compétition de la compétence et de la connaissance face à leurs camarades des cours privés. Nous voici dans la république à deux vitesses, pour un même avenir, un même destin commun. Dans la réalité, il y a longtemps que chacun sauve sa tête en oubliant la commune patrie.

Donnons tout de même le dernier mot à l’espoir. Espoir que les positions, radicales aujourd’hui, finissent par se rejoindre. C’est un appel du cœur, une nécessité de ce moment si crucial, une gageure en ces temps d’affrontement ouvert.

Olivier ALLOCHEME

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