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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec Martin Assogba, président de l’Ong ALCRER:« Nous avons désormais des raisons d’espérer que la lutte contre la corruption sera un succès»


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A la faveur de la 6ème Journée nationale de lutte copntre la corruption, le président de l’Association de lutte contre le racisme, l’ethnocentrisme et le régionalisme (ALCRER), Martin Assogba dresse un bilan de la lutte contre ce fléau au Bénin. Cet ardent défenseur de la bonne gouvernance fait également des propositions pour favoriser le succès dans cette lutte désormais renforcée par l’avènement de la Loi contre la corruption.

L’Evénement Précis : Quel bilan faites-vous de la lutte contre la corruption au Bénin ?

Martin Assogba : Vous savez, les résultats que nous avons enregistrés. jusque-là ne sont pas encore résultats probants, ne sont pas des résultats qui puissent permettre de dire que la lutte a véritablement démarré. Néanmoins, nous en tant qu’organisations de la Société civile, nous avons fait notre travail. Notre travail se limite à la sensibilisation, à l’éducation des populations, à la dénonciation.

 Nous avons fait beaucoup de sensibilisations, beaucoup d’éducation des populations par rapport à la question de la corruption et ses méfaits dans notre pays. Parce que c’est la présence de la corruption dans notre société, dans tous les secteurs d’activités qui fait que la pauvreté ne recule pas. Et nous autres, une fois que nous dénonçons, normalement, les autorités doivent pouvoir prendre le relais parce que la lutte contre la corruption est une course de relais.

Ça signifie que nous, en tant que sachant, n’ayant pas le pouvoir d’agir, lorsque nous arrivons à un certain niveau et que nous faisons des dénonciations, il faudrait que la machine judiciaire puisse reprendre ce que nous avons dit et organiser les enquêtes, aller fouiller pour voir si ce que nous avons dit est vrai. Et s’il s’avère que ce qu’on a dit est vrai, ils doivent pouvoir s’en saisir et prendre les délictueux afin de leur faire subir la rigueurde la loi. Mais, cela ne s’est pas passé comme ça parce que tout le temps, les gens se sont réfugiés derrière le fait qu’on avait un vide juridique et qu’on ne pouvait rien faire.

Pensez-vous alors que l’avènement de la loi contre la corruption permettra d’inverser la tendance actuelle?

Absolument ! la loi contre la corruption qui a été votée le 30 août 2011 est l’outil qui puisse permettre à la juridiction béninoise de se saisir des dossiers pour pouvoir régler correctement le problème des délictueux qui ne font que voler les sous qui doivent servir à développer le pays afin de permettre aux pauvres populations de bénéficier de l’eau, des infrastructures d’assainissement, des écoles, des médicaments essentiels…

La loi fera quelque chose puisque nous sommes là pour rappeler régulièrement aux autorités qui nous gouvernent que nous devons faire en sorte que la loi-là marche. Le Chef de l’Etat a promulgué la loi depuis le 14 octobre 2011 et nous demandons qu’on accélère la prise des décrets qui doivent accompagner la loi pour qu’elle puisse devenir utilisable. Il faudrait aussi que le Chef de l’Etat puisse aussi rapidement regarder dans tout le lot ceux qu’ils peuvent faire désigner en tant que responsables de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption. Et c’est à ceux-là maintenant que nous allons régulièrement demander de faire des points par rapport à ce qui se passe dans le cadre de la lutte contre la corruption. Beaucoup de choses se feront, j’en suis sûr parce que déjà même les reformes en cours participent déjà à la lutte contre la corruption.

Vous avez vu dans le port avec le l’avènement du PVI, avec aujourd’hui la relecture des différentes conventions collectives dans nos différentes sociétés et offices d’Etat ; tout ceci déjà participe à la lutte à la question de lutte contre la corruption. Et maintenant que la loi est venue s’ajouter et que l’Autorité nationale de lutte contre la corruption sera aussi bientôt mise en place, je pense que nous avons toutes les raisons de dire que, avec l’avènement de la loi, il y aura un bon début de lutte contre la corruption dans notre pays. Et il faudrait que toutes les populations participent à cette lutte-là et que des gens n’aient plus peur de dénoncer parce que la loi prévoit la protection du dénonciateur. Donc, je pense que nous n’avons aucune raison d’être pessimiste,nous avons des raisons d’espérer.

En ce qui concerne l’Ong ALCRER, quelles sont vos initiatives pour faire de la lutte contre la corruption un succès au Bénin ?

Au niveau d’ALCRER, nous sommes en train e lutte aussi pour qu’une loi soit prise par l’Assemblée nationale pour que chaque immeuble soit personnalisé et qu’on connaisse désormais les propriétaires de ces immeubles afin que, comme la loi l’autorise, ces gens-là puissent être interpellés pour s’expliquer sur la provenance de leur fortune pour pouvoir investir autant que ça dans les bâtiments dans le pays.

Parce que ce n’est pas normal que nous soyons dans un pays où Transparency International nous classe toujours parmi les mauvais élèves, nous classe toujours comme des champions dans la corruption, où des individus prennent l’argent de l’Etat pour devenir plus riches que l’Etat lui-même, des individus qui ne paient pas les impôts mais qui veulent bénéficier de tout. Je dis qu’il faut faire le dos à l’impunité en dépolitisant notre administration. Parce que c’est la politisation de notre administration qui fait que les gens sont reconnus coupables d’un certain nombre d’actes parce que des preuves existent, mais comme ils sont dans des chapelles politiques, leurs chapelles politiques les protègent.

 Donc, il faudrait finir avec ça. Donc, quand nous avons dénoncé ici l’affaire des détournements au niveau de la Société Béninoise d’Energie Electrique (SBEE), ces gens n’ont trouvé pour refuge que d’aller se caser dans des partis politiques pour devenir député et bénéficier de l’immunité parlementaire. Donc, il faudrait qu’avec la relecture de notre constitution, il faudrait aussi que nous revoyons la saisine de la Haute cour de justice pour que la saisine soit beaucoup plus fluide. Il faudrait aussi que nous puissions aussi avoir les coudées franches pour que rapidement, certaines personnes qui sont des députés et qui se disent et qui ne font que des choses déshonorantes, qu’on puisse leur mettre la main dessus pour qu’ils puissent rendre gorge.

Et ce que nous disons, c’est qu’avec cette loi-là, il n’est seulement question de mettre les gens en prison mais il est question de déterminer le montant de ce qu’ils ont volé afin qu’ils puissent les rembourser. Il faut à cet effet qu’il y ait un compte spécial dans lequel on va retourner les fonds volés par les corrupteurs et corrompus afin que ces fonds-là servent à améliorer les conditions de vie de nos populations.

Entretien réalisé par

Jean-Claude DOSSA

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