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Le triomphe de la vérité

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Construction de l’autoroute Akassato-Bohicon:Usagers et riverains côtoient la mort au quotidien


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Depuis que les travaux de construction ont démarré sur la voie Inter-Etat Akassato- Bohicon, la population est confrontée à d’énormes risques de maladies, d’accidents de circulations et bien d’autres désagréments qui peuvent lui être mortels. Ceci à cause du manque d’entretien des déviations tracées pour faciliter la circulation aux usagers et riverains de la voie.

Bourré de poussière, les yeux tous rouges et clignotant régulièrement, toussant et se tordant de douleur. C’est l’état dans lequel, Alain, un jeune fonctionnaire ayant son service à Cotonou et domicilié à Akassato revient à la maison après une journée pleine de travail. Interrogé par sa mère venue du village lui rendre visite, il invoque l’état dégradant des déviations tracées depuis que les travaux de construction ont commencé sur la voie inter- Etat Akassato-Bohicon.

Selon ses dires, il en est ainsi tous les jours depuis le démarrage des travaux. Comme lui, beaucoup d’autres citoyens subissent le même sort. Parcourir le tronçon Akassato- Misséssinto est devenu un calvaire. En effet, il a été entamé sur cette voie depuis quelques jours, des travaux de construction d’une autoroute afin de faciliter la circulation et de mettre fin aux nombreux cas d’accidents enregistrés sur ce tronçon. Cependant, au lieu d’être une source de bonheur pour population, ces travaux se résument en un calvaire. Il s’agit d’un instrument pourvoyeur de maladies mortelles, d’accidents de circulation et de toutes sortes d’incivisme.

Et c’est bien la faute aux déviations tracées selon les riverains et les usagers de la route. Or, le but est de leur permettre de circuler sans grande difficulté. Cependant, pour pouvoir traverser ces déviations, la population souffre le martyr. « Nous rencontrons beaucoup de difficultés sur cette voie», affirme David ADJE, économiste de formation rencontré sur l’une des déviations tracées. Et pour renchérir il ajoute : « le nuage de poussière qui se soulève sur la voie ne nous permet pas de circuler normalement. Nous tombons souvent malade à cause du nuage de poussière qui se soulève sur la voie. ».

Ainsi déjà à partir du carrefour de l’hôpital de zone, on aperçoit une déviation qui y traverse. Une autre commence à partir du carrefour de l’hôpital de zone et traverse plusieurs grands carrefours tels que le carrefour Arconville. De plus, un grand nombre de la population emprunte ces déviations. Toutes les déviations tracées passent dans des rues déjà habitées où sont logées des maisons. Pourtant, aucune d’entre elles n’est arrosée pour atténuer les ennuis causés par la poussière aux riverains et usagers. Mieux, on y voit rarement les forces de sécurité publique intervenir pour réguler la situation afin d’éviter les cas d’accidents qui se multiplient d’ailleurs. A chaque passage d’un véhicule, un nuage de poussière se soulève.

Tout ceci expose dangereusement les riverains et usagers aux maladies pulmonaires. Et c’est un fait qu’atteste bien le médecin réanimateur Fiacre VIHOUEGNI. « La pollution de l’air occasionnée par la poussière sur les quelques déviations tracées depuis le démarrage des travaux de construction constitue un grand danger de mort pour la population. », affirme-t-il. D’ores et déjà, les victimes des déviations se multiplient dans les hôpitaux. C’est d’ailleurs ce que confirme Fiacre VIHOUEGNI. «Nous avons déjà reçu beaucoup de patients souffrant d’affections pulmonaires telles que les conjonctivites, le rhume, la toux et des cas de traumatismes liés aux collusions observées sur la voie encore appelés AVP » a-t-il déclaré.

L’état dégradant de la voie est également une cause certaine des maladies. De nombreux nids de poules créés par les eaux de ruissellement sont au rendez- vous sur les différents axes tracés servant de déviation. Ce qui crée des désagréments aux usagers de la voie. D’après les explications données par l’agent de santé, les usagers de cette voie sont exposés à des maux de hanches, des courbatures, des douleurs lombaires etc. Les riverains quant à eux, en plus des risques de maladies liées à la poussière auxquelles ils sont exposés se voient confronter à bien d’autres désagréments tels que la pollution sonore engendrée par le bruit des véhicules gros porteurs et des véhicules à alarmes tels que ceux des sapeurs pompiers, les ambulances qui peuvent également avoir des impacts négatifs sur leur santé. De plus, des rasages sont régulièrement effectués sur les déviations.

A en croire les riverains, au cours de ces opérations de rasage de la voie, le bruit assourdissant du tracteur envahit toutes les maisons installées aux abords des déviations. Des vibrations se font sentir dans les maisons. Portes, fenêtres et mûrs sont secoués. Certains riverains affolés courent se cacher pensant qu’il s’agit d’un tremblement de terre. « On ressent brusquement des vibrations monter sous nos pieds et qui remontent jusqu’à la tête.» affirme Affiavi Marie, une riveraine. En effet, les déviations ne sont rien d’autre que de petites voies qui pour être mieux praticables sont de temps en temps rasées par des tracteurs. N’étant pas habitués à de pareils travaux, elles sont forcées, ce qui est à l’origine de ces secousses.

L’arrêt de cette opération loin d’être la fin du calvaire n’est que le début. Le soulèvement de poussière devient plus atroce et cause de nombreux dégâts. La circulation devient plus pénible à cause de la poussière. Cependant la population ne reste pas réticente sur le phénomène. « Nos maisons se remplissent de poussière après l’opération de rasage, dès qu’un véhicule circule, on n’a plu la paix» se désole Bonaventure. Ainsi l’abondance de la poussière a un grand impact sur les riverains. « Draps de lits et linges sont couverts de poussière. Dès qu’on nettoie les meubles, quelques minutes après, tout est recouvert de poussière », poursuit-il.

«L’état des déviations, un facteur d’incivisme notoire »

Face au trafic routier, effectué sur les quelques déviations tracées depuis le démarrage des travaux de construction sur la route inter-Etat Akassato-Bohicon, les usagers se livrent à de nombreuses pratiques inciviques. Ainsi, injuries de toutes natures par ci et par là, dépassement à une vitesse excessive, dédoublement de toute sorte et bien d’autres pratiques inciviques sont observés dans le rang des usagers. Ce comportement n’est pas sans conséquences. Usagers et riverains en sont victimes. Accidents de circulation, encombrement de la voie, retard au service sont entre autres les impacts engendrés par ce phénomène. Pas de présence régulière d’agents de sécurité sur les voies.

 On dirait un véritable « Nos mas land » où chacun fait ce qu’il veut. Certains usagers empruntent le sens interdit. De plus, le caractère étroit de la voie ne facilite pas la circulation. Cependant, tout le monde est pressé de passer et à la fin personne ne part. La voie est coincée. Certains conducteurs s’empressent de conduire et driblent d’autres usagers à vive allure, ce qui occasionne de temps en temps des rencontres désagréables entre conducteurs, et donc il se produit de nombreux accidents. Après ces accidents de circulation, au lieu de vite dégager les victimes de la voie pour permettre aux autres usagers de circuler librement, tout le monde accourt sur les lieux et encombrent la voie.

 La circulation devient de ce fait très difficile. Du coup, nombre de fonctionnaires ne vont plus à l’heure aux services. « Depuis que les travaux ont démarré, je ne me rends plus à l’heure au service à cause de la clandestinité occasionnée sur la voie ». Le phénomène est fortement décrié par les populations qui n’hésitent d’ailleurs pas à exprimer leur désarroi. Une palpable manifestation de ce désarroi s’explique d’ailleurs par la gigantesque marche de protestation organisée par les élèves du CEG Akassato le lundi 28 novembre dernier. Pour Bonaventure par exemple, « la construction de la voie est une bonne chose pour le pays, mais il ne faudrait pas que tout le monde meurt avant la fin des travaux.

Car si tout le monde mourrait, qui pourrait emprunter les voies qui seront construites ? » s’est-il interrogé. Quant à David Adjé, « l’Etat fait un effort certain de l’allongement de l’autoroute entamée il y a quelques mois à Godomey, mais il faudrait une réorganisation des travaux pour que tout le monde se sente à l’aise et qu’aucun préjudice ne soit porté à la population ». Selon lui donc, « parfaire les travaux, surcharger les voies en les remblayant de sable de mer ou encore mieux paver les déviations pour remédier au soulèvement excessif de poussière » serait d’un véritable atout pour les usagers et les riverains de la route qui souffrent aujourd’hui le martyr.

Chimène Ahouandjinou (Coll.)& Teddy GANDIGBE (Stag.)

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