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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Le mensonge économique


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La guerre des chiffres a été au menu des négociations gouvernement-syndicats. Pendant que le premier ministre soutenait que le ratio masse salariale/recettes fiscales est bien de 46%, les centrales et confédérations syndicales soutenaient au contraire que celui-ci se situe en réalité en-dessous de 34%.

 Au demeurant, les syndicalistes indiquent même que malgré les biais que comporteraient les informations gouvernementales, il faut rechercher les raisons de la hausse vertigineuse de la masse salariale dans l’inflation institutionnelle qui a caractérisé le Bénin ces dernières années avec la naissance d’institutions non prévues par la constitution. Cette position leur a permis d’imposer à la partie gouvernementale une augmentation salariale que l’Etat aura du mal à supporter. Mais d’où vient le problème ?

La méfiance congénitale qui a toujours caractérisé ces dernières années les relations gouvernement-syndicats ne peut à elle seule expliquer ces doutes systématiques institutionnalisées. Depuis toujours en effet, les gouvernements ont été accusés de fournir de faux chiffres sur la situation économique réelle. En l’absence de personnalités ou d’institutions réellement neutres et crédibles à même de mettre tout le monde d’accord, les citoyens, bernés par tant de contradictions, se tournent presque systématiquement du côté des syndicats.

 Ce sont eux qui sont proches des travailleurs, proches des peuples. Les statistiques gouvernementales réputées fausses posent le problème de la sincérité de l’information officielle. En observant de près, les chiffres galvaudés et ridiculisés à souhait constituent des entraves importantes à des négociations saines, en même temps qu’ils introduisent un doute profond dans nos esprits. Pourquoi nous ment-t-on ?

Dans tous les pays du monde, l’information économique a toujours été une arme stratégique que les Etats manipulent selon leurs intérêts du moment. Pendant que l’Italie ment sur l’état de ses finances publiques, notamment sur son déficit budgétaire, elle entend faire bonne mine auprès de ses alliés européens et ne pas être perçue comme le mauvais élève de la classe. Idem pour la Grèce qui a passé ces dernières années à mentir sur la solidité de son économie.

En faisant la politique de l’autruche et en oubliant les règles élémentaires de gestion des finances publiques, les autorités d’Athènes n’ont fait qu’aggraver leur situation. En mai dernier, on annonçait une dette de 350 milliards d’Euro, c’est-à-dire un chiffre énorme de 229250 milliards de FCFA. De plan de sauvetage en plan de sauvetage, ces chiffres démentiels sont aujourd’hui encore plus fous. Pourquoi en est-on arrivé jusque-là ? Parce que les politiques, habitués aux hallucinations électorales, oublient vite les normes et introduisent des biais volontaires dans les données réelles.

Le revers de la médaille, c’est la situation catastrophique dans laquelle et l’Italie et la Grèce se retrouvent aujourd’hui. Le cas des Etats-Unis est encore plus préoccupant. Alors que certains Etats de la fédération ont déjà fait faillite, c’est l’Etat central même qui est pris en tenaille. Tout menace de s’écrouler au plus tard mardi prochain. On veut encore croire que Républicains et Démocrates pourront de façon consensuelle choisir le nouveau mensonge qui permettra de cacher aux Américains l’image vraie des dépenses publiques et donc la nécessité de se serrer les ceintures. Une quête désespérée de calmant…

L’information économique ainsi manipulée ne fait que retarder l’échéance d’une catastrophe que l’on aggrave à force de fuites en avant. Dans tous les cas, ces manipulations, quand elles ont lieu, débouchent sur les catastrophes du genre de celles que redoutent pour la Grèce beaucoup de spécialistes et même les citoyens ordinaires. Pour ce qui est du Bénin, entre ceux qui donnent les 46% du ratio masse salariale/recettes fiscales et les autres qui soutiennent les 34%, il y a bien une partie qui se trompe ou qui veut nous tromper. A quelles fins ?

Si le gouvernement pensait pouvoir effrayer le peuple des travailleurs afin de briser leurs élans revendicatifs, il voit maintenant les contrecoups de sa stratégie. Si les syndicalistes pensaient au contraire pouvoir utiliser des chiffres mensongers pour arracher des droits qu’ils ne sauraient avoir sans cette arme, ils se trompent. A l’instar de ces milliers de travailleurs que l’Etat d’Alabama (Etats-Unis) vient d’envoyer en chômage technique parce qu’en faillite, ils subiront un jour les conséquences de leurs propres errements.

Olivier ALLOCHEME

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1 thoughts on “Editorial:Le mensonge économique

  1. Patience

    Pourquoi c’est au temps de la démocratie que les officiels usent plus du mensonge ? Pourtant, la vérité devrait être le socle à la démocratie. Pitié pour le pauvre paysan de Tchoumi-Tchoumi qui ne peut que subir tout ceci sans piper le moindre mot.

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