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Le triomphe de la vérité

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Idrissou Bio Gounou Sina,Directeur Général de la Société Nationale pour la Promotion Agricole (SONAPRA)


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L’Evénement Précis: Monsieur le Directeur Général,  est-ce-que la qualité du maïs exportée est garantie ?

Idrissou Bio Gounou Sina : Le fait que tout, absolument tout notre stock de maïs a déjà été enlevé par des clients aussi exigeants et expérimentés comme le PAM et l’ONG international BETHEL ou PLAN BENIN témoigne de la qualité de notre maïs. Après avoir livré près de 23.000 tonnes, nous avons encore des commandes à satisfaire. Personne n’achèterait des produits avariés du reste. Nous sommes dans le secteur de l’alimentation et nous raisonnons en termes de sécurité nutritionnelle, il n’y a donc pas de place pour l’improvisation. N’oubliez pas que dans le passé la Société a exporté des produits alimentaires aussi exigeants que le café, le cacao, etc.

Comment la SONAPRA s’est-elle retrouvée dans la commercialisation des produits vivriers ?

 En accomplissant sa mission.  A sa prise de fonction, le Chef de l’Etat a décidé d’accorder une priorité au secteur agricole et des réformes ont été engagées dans le but d’exploiter au mieux les potentialités dont dispose notre pays. Ces réformes ont conduit à l’adoption du Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole qui confirme la SONAPRA une fois désengagée du secteur de l’égrenage du coton, dans son rôle d’appui à la promotion et au développement des filières agricoles. 

Une des attributions qui découle de sa mission est l’appui à la valorisation et à la mise en marché de produits agricoles. Aussi, la SONAPRA s’est-elle engagée pour le placement de l’excédent de production de la campagne 2009-2010 qu’elle a prévu, même après que l’ONASA aurait constitué le stock de sécurité.  Pouvait-il en être autrement ? Le Chef de l’Etat lui-même a donné des instructions dans ce sens lors de ses tournées et une filière ne peut se construire sans un marché garanti, un marché formel. 

Dans cette optique et au regard de l’état d’avancement de la campagne agricole la SONAPRA a pris depuis octobre 2009, des mesures pour garantir la collecte, le stockage et la conservation des produits vivriers (réfection ou construction de magasins de stockage, acquisition de sacs d’emballage, de produits de conservation, d’égreneuses etc.). Elle a également mené des prospections de marchés tant sur le plan national que sous-régional (Niger, Nigéria, Sénégal, Guinée Bissau, Mali et Burkina Faso notamment).

En prélude à ces actions commerciales, la SONAPRA a fait analyser par la DPQC et des laboratoires retenus par la société MAMBO en France, des échantillons de maïs. Les caractéristiques décrites par les résultats de ces analyses ont révélé que le maïs du Bénin est de très bonne qualité et comble entièrement les attentes des clients.

 Qu’est-ce qui explique ce boom céréalier ?

A l’effet de remédier durablement à la crise alimentaire qu’a connue le monde en 2008, le Gouvernement du Dr Boni YAYI a pris des mesures hardies en vue de booster la production agricole en général et celle céréalière en particulier.

Au nombre des mesures prises pour relancer les productions vivrières, plusieurs programmes ont été élaborés et sont en cours d’exécution. Il s’agit entre autres, du Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA), du Programme de Promotion de la Mécanisation Agricole (PPMA) et du Programme Spécial d’Installation des Jeunes dans l’Agriculture (PSIJA). La mise en œuvre de ce dernier a été confiée à la SONAPRA.

Les effets induits de ces mesures sont visibles sur le terrain puisqu’on a assisté à une augmentation substantielle de la production céréalière. L’estimation de la production nationale de la campagne agricole 2009-2010 avoisine pour le maïs 1.200.000 tonnes et pour le riz paddy, 150.000 tonnes. En dégageant les productions utiles et les besoins directs de consommation, l’excédent de maïs dégagé est évalué à 305 000 tonnes.

Logiquement il fallait trouver un marché d’écoulement à cet excédent en plus des circuits traditionnels de commerce de vivriers bien qu’ils drainent des flux importants de produits.

 L’accent est mis sur le maïs jusque-là, qu’en est-il du riz paddy ?

Réponse : Nous sommes en train d’acheter du riz paddy, prioritairement auprès des jeunes que nous avons installés dans le souci de les aider pour l’écoulement de leur production. Ils en ont produit plus de 10.800 tonnes.

Ce riz,  nous le stockons en attendant de le décortiquer dans les rizeries en cours d’installation à Malanville et à Glazoué. Mais contrairement au maïs, il n’est pas destiné à l’exportation. En effet, si la production du riz paddy a également connu une augmentation substantielle pour atteindre 150.000 tonnes, il convient de préciser que pour le moment, la production nationale de riz demeure insuffisante au regard de la consommation domestique mais le déficit est établi à un peu moins de 31 000 tonnes en 2009 contre près de  47. 000 tonnes en 2008.

 Quelles sont les perspectives de cette opération ?

La vision de la SONAPRA est d’asseoir tous les segments des filières riz et maïs pour ensuite passer la main au secteur privé mais à condition que ce dernier s’implique davantage et s’organise pour prendre la relève. Elle ne compte pas s’éterniser dans ce créneau délaissé par les acteurs privés ; elle veut jouer un rôle de pionnier. Cela fait partie de sa mission d’impulsion de nouvelles technologies à caractère démonstratif et de services à rendre aux tiers.

Peut-on avoir une idée de l’impact socio-économique de cette opération ?

Il est indéniable que cette opération a un impact socio-économique positif.  D’abord les producteurs qui ont trouvé un marché d’écoulement décent à travers la SONAPRA travailleront avec beaucoup plus d’ardeur et donc la production va régulièrement croître au vu des potentialités du pays.  L’Etat tirera également des bénéfices de cette opération puisqu’elle limite les sorties non contrôlées et frauduleuses sans oublier au passage le versement des taxes par la SONAPRA.

Enfin, tout le long de l’opération, bien d’acteurs trouvent leur compte ; qu’il s’agisse des manœuvres, des fabricants de sacs d’emballages, des structures de contrôle de qualité, des transitaires, des transporteurs, des vendeurs de produits de traitement des céréales, des collecteurs et même de nombreuses femmes qui viennent faire le vannage des produits ; autant de revenus distribués et qui vont aussi générer au passage des taxes pour l’Etat central et aussi pour les collectivités locales.

 Qu’en est-il du paiement des semences de riz et de maïs achetées auprès des producteurs ?

Dans le souci de lancer durablement la production céréalière en particulier, le Président de la République et son Gouvernement ont décidé de fournir gratuitement des semences aux producteurs ; la SONAPRA agissant en Maître d’Ouvrage Délégué (MOD) pour le compte du Gouvernement a acheté les semences auprès des producteurs semenciers pour les distribuer gratuitement à tous les autres producteurs avec l’appui d’autres structures que sont la DAGRI, la DPQC et les CeRPA.  Mais la quantité finalement livrée par les semenciers a largement dépassé les prévisions de départ. Il y avait donc le choix entre acheter les quantités initialement prévues en laissant une partie de leur production aux semenciers ou leur racheter toutes les quantités produites en revoyant légèrement les prix à la baisse, mais qui sont toujours largement rémunérateurs. De toute évidence, on ne pouvait pas acheter chez certains et laisser d’autres avec leurs semences sous les bras. Il fallait encourager tous ceux qui se sont lancés dans la production des semences. C’est donc pour y parvenir que nous avons dû opérer un rabais de 50 F par kilogramme de semences livré.

Quant au paiement effectif, sur fonds propres,  la SONAPRA a préfinancé le paiement d’une première vague de semenciers avec la certitude que les fonds à mobiliser auprès du Trésor Public seraient prêts à temps pour permettre de boucler l’opération. Cela n’a pas été le cas, mais il convient de souligner que le dossier évolue bien. Nous demandons donc aux multiplicateurs qui ne sont pas encore entrés dans leurs fonds de prendre patience car nous avons l’espoir que ce sera chose faite dans les jours à venir. Le Ministre de l’Economie et des Finances, ses services techniques concernés ainsi que nous même avons pleine conscience que les producteurs attendent cet argent pour conduire la nouvelle campagne qui est déjà très avancée. C’est pourquoi je tiens à les remercier par avance pour l’esprit de bonne compréhension dont ils font montre.

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