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Le triomphe de la vérité

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Edito: Si jeunesse savait


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La célébration, ce samedi de la journée internationale de la jeunesse, a donné lieu à mille messages aussi laudatifs les uns que les autres sur le rôle de la jeunesse dans le monde. L’ONU qui a institué cette journée en 1999, célèbre la contribution des jeunes à la promotion de sociétés inclusives, à la justice sociale et au développement durable. Jeunes, femmes et hommes, sont les principaux vecteurs du changement dans le monde. Dans la plupart des pays, la jeunesse est incontestablement la pierre angulaire du progrès. Qu’en est-il donc du Bénin ?
En dehors d’un parti comme Restaurer l’Espoir où Guy Dossou Mitokpè a joué très tôt et très jeune un rôle de premier plan, les jeunes sont pour la plupart du temps, du bétail électoral dans nos partis politiques. Ils sont utilisés pour les besoins de la mobilisation des foules, pour ventiler les mots d’ordre, applaudir lors des meetings et hurler à tue-tête le nom du leader charismatique. Mais dès que les choses sérieuses commencent, c’est-à-dire dès que la guerre des positionnements sur les listes électorales démarre, on les trouve trop inexpérimentés pour briguer des postes électifs. Bien entendu, l’expérience est un déterminant important dans le combat politique. Mais comment l’acquière-t-on si ce n’est lorsque le parti décide d’accorder une chance à ses jeunes pousses ?
Oui, notre société est plutôt gérontocratique, célébrant avec une certaine révérence le culte des anciens. Nous avons tous tendance à considérer que celui qui est nanti de cheveux blancs est forcément plus vertueux et plus talentueux que le jeunot de 26 ans, même nanti de l’intelligence et de la force de conviction la plus volcanique. Pendant que dans certains pays un jeune fraichement sorti d’université peut mobiliser en banque cinq milliards pour démarrer une entreprise technologique prometteuse, ici au Bénin aucune banque ne vous regardera, si vous n’avez de solides expériences ainsi que des biens familiaux à mettre en gage. Et un pays qui se comporte de cette manière ne peut que subir ce que font les autres. Un exemple : en 2010, le Bénin a commandé deux aéronefs à la société française LH Aviation pour la surveillance de ses côtes, suite à une série d’attaques des pirates provenant du Nigeria. Surprise, LH Aviation est une PME de 30 employés fondée en 2004 par un ingénieur alors âgé de 24 ans, Sébastien Lefebvre. Il a été appuyé par le fonds d’investissement Magellan, qui a pris 70 % du capital en donnant à LH Aviation les moyens de se développer. Au Bénin, personne n’aurait pensé, même en rêve à ce genre de scénario et les banquiers auraient tôt fait de jeter ce dossier à la poubelle.
Essayez aussi de postuler à un emploi dans une institution chez nous. En dehors de quelques rares d’entre elles qui ont une politique de promotion des jeunes, vous verrez que la plupart de nos institutions, nationales ou internationales, font de l’expérience acquise le premier facteur de recrutement. Et si par malchance un sénior en quête de chocolat dans son café déjà très lourd dépose son dossier, il a la priorité face à tous les jeunes même nantis des meilleures formations.
Allez donc dans nos universités, et vous remarquerez que bon nombre d’anciens ont passé leur carrière à obstruer le passage à leurs étudiants pour les empêcher de venir les concurrencer. Conséquence, certaines formations sont privées de précieuses spécialités parce que leurs « dieux » sont allés à la retraite ou sont décédés sans jamais préparer la relève. Beaucoup continuent après leur retraite à trainer sur nos campus où ils ont déployé un génie surhumain à empêcher leurs étudiants d’y enseigner.
En politique, où règnent les gérontocrates, la situation est encore pire. Quand les jeunes ont fini de risquer leur vie et leurs emplois, quand ils ont déployé leur intelligence et leur énergie pour asseoir le parti, quelques nababs repus, qui n’ont mouillé le maillot que depuis leurs salons et leurs bureaux climatisés, viennent dicter leur loi. Ils sont du reste aidés par le comportement de l’électeur béninois qui préfère de loin les billets distribués sur place lors des meetings à tout projet d’avenir portés par des gens déterminés à montrer de quoi ils peuvent être capables. Et les jeunes n’ont pas les arguments financiers qu’il faut dans un tel environnement…
Face à ce sombre tableau, à quoi tient donc demain ? Je continue à croire qu’une jeunesse mieux formée et déterminée est capable d’inverser ces tendances. A condition de croire aux vertus du travail.

Par Olivier ALLOCHEME

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