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Le triomphe de la vérité

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Coordonnateur régional du Projet ARTECAO, Emmanuel PRAT, au sujet de la Police technique et scientifique: « Dans deux ans, un fichier automatisé des empreintes digitales sera implanté au Bénin »


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Emmanuel PRAT:

Un invité spécial pour la rubrique « INVITE DU LUNDI ». Il s’agit du Coordonnateur régional du Projet d’Appui au renforcement de la police technique et scientifique en Afrique de l’Ouest (ARTECAO), Emmanuel PRAT. Dans une interview réalisée avec lui au terme de la cérémonie de remise de parchemin aux 18 stagiaires de la police et de la gendarmerie en fin de semaine écoulée¸ l’Expert technique international nous parle de la police technique et scientifique.

L’EVENEMPENT PRECIS : Que comprendre quand on parle de formation de niveau 1 ?

Emmanuel PRAT : Le niveau 1 apporte des connaissances et compétences dans le domaine de la gestion de la scène d’infraction délictuelle. Au Bénin comme dans plusieurs autres pays à travers le monde, les infractions commises sont beaucoup plus des délits que des crimes. Donc les délits sont de l’ordre des vols de véhicules à deux ou quatre roues, des cambriolages…. Là, on est dans le domaine du délit. Et cela perturbe la vie d’une société et puis surtout apporte des désagréments à nos concitoyens. Donc systématiser les constatations sur les lieux de scènes d’infraction délictuelle est important et permet de rassurer les populations. Et les forces de sécurité intérieure y travaillent déjà. Le fait d’envoyer sur les lieux d’infractions commises des spécialistes, permet de relever des traces et des indices. Et bien souvent, c’est par le travail des traces et des indices qu’on va pouvoir identifier un ou plusieurs individus, les interpeler et les présenter à la justice. C’est un peu l’intérêt de cette formation de niveau 1, de gérer la scène d’infraction délictuelle. Un autre point important qu’il faut prendre en compte est que dans le coup terme au Bénin, à l’échelle de deux ans, va être implanté un fichier automatisé des empreintes digitales. Ça veut dire que tous les personnels de police et de gendarmerie qui se transportent sur les lieux pour une commission d’infraction vont relever des traces. Donc, une fois que ce fichier informatisé des empreintes digitales est installé au Bénin, il faudra l’alimenter. D’où l’intérêt d’aller systématiquement sur toutes les affaires signaler aux forces de sécurité pour informer qu’on est victime d’une telle infraction. Elles iront aussitôt relever les traces et identifier les auteurs. Cela va faire baisser le sentiment d’impunité. Bien souvent, les délinquants sont contents parce qu’ils sont très rarement interpelés et déférés à la justice. Et si quelqu’un est interpelé sans preuve, c’est difficile de décider de sa condamnation. Cela va aussi rassurer les magistrats quand ils rendront des sentences. Ils vont s’appuyer sur des faits matériels.

Alors, dites-nous le nombre de stagiaires formés pour le compte du Bénin
Il faut différencier les formations. Il y a la formation du niveau 1 qui donne des compétences de spécialistes, et aussi la formation niveau 2, gestion des scènes de crimes. Mais pour le Bénin, on a dépassé plus de mille stagiaires formés en protection des lieux. Qu’est-ce que la protection des lieux ? C’est le gel des lieux. Quand un crime de moins de délit est commis, il faut éviter d’effacer ou d’altérer les traces qui sont sur les lieux. Donc, on a eu entre la police et la gendarmerie en 2016, à peu près 1.400 personnels formés à la protection des lieux et à la préservation des traces et des indices. Ce personnel formé vient s’ajouter à ceux formés au niveau 1 et 2. Et comme je vous le disais, d’ici la fin de 2017, le projet ARTECAO avec la Sous-Direction de la police technique et scientifique, va mettre en place des formations qualifiantes pour des spécialistes sur les écritures manuscrites, les balistiques et autres, à développer avec des spécialistes internationaux pour former nos camarades béninois.

Y a-t-il un plan d’actions prévu pour le développement de la PTS ?
Oui, nous avons un plan d’actions pour développer la police technique scientifique. Il a été déjà remis aux directeurs de la police nationale et de la gendarmerie nationale, par le ministre de l’intérieur et de la sécurité publique béninois. Ce plan d’actions s’appuie sur trois piliers. Le premier piler concerne les structures de Police technique scientifique. Là, on va implanter des services de police technique scientifique avec des personnels formés. Le deuxième point touche le personnel. Donc, on entend doter le pays de spécialistes en nombre suffisant formés. Aussi, on n’essaie de s’attacher à faire en sorte que le personnel formé soit fidélisé au poste et non exposé à des mutations. Vous savez que c’est un investissement de forcer des personnes au haut niveau pour ne plus les avoir à disposition pour exercer les missions pour lesquelles, elles ont été formées. Il faut que cela s’exerce dans la durée. Donc le premier piler a rapport avec les structures, le deuxième, le personnel et le troisième, le projet de développement de la police technique et scientifique qui repose sur les matériels. Là aussi, ARTECAO intervient à travers des plateaux techniques.

Quelle est la composition du plateau technique ?
C’est un ensemble d’équipements, de personnels formés. Par exemple, vous avez assisté à la clôture d’une formation niveau 1 où on va mettre à leur disposition les moyens matériels pour travailler et exercer les missions pour lesquels ils ont été formés. Cela va passer par le matériel spécifiquement police technique et scientifique, par des moyens de transport, par des moyens de communication et autres. Voilà ce qu’on va remettre à travers ce plan d’actions validé par le ministre de l’intérieur et transmis au Directeur général pour action.

Quelle est la prochaine étape de cette formation ?
Pour le compte de la formation, on aura prochainement d’autres formations qualifiantes pour permettre de coordonner les interventions sur le terrain. En police technique et scientifique, on est à la recherche des traces et indices pouvant nous amener à une compréhension de ce qui s’est passé et à l’identification des auteurs. Pour la fin de cette année ou le début de l’année prochaine, les formations envisagées. Ce qui est aussi envisagé pour 2018, ce sont des formations délocalisées. On a tout le temps fait déplacer les stagiaires sur Cotonou pour la formation. L’année prochaine, on va mettre en place trois formations dans les autres départements. Je crois que c’est toujours bien d’aller proche des personnels sur le terrain, aussi vers les élus et les populations, pour leur montrer qu’on peut décentraliser la formation au bénéfice des populations.

Que comprendre du Fonds de solidarité prioritaire (Fsp) ?

Je dois vous dire que mise en place depuis le mois de Décembre 2015, le FSP ARTECAO a pour objectif principal d’inciter à une compréhension régionale et une amélioration du rôle essentiel de la Police Technique et Scientifique (PTS) en Afrique de l’Ouest. Ainsi, ARTECAO est-t-il, un projet financé par la République française et piloté par la Direction de coopération de sécurité et de défense (Dcsd) du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères.

Un certain nombre de composantes rentrent en jeu dans le projet. Quelles sont leurs spécificités ?
La première composante porte sur la modélisation d’une PTS nationale «type». Elle vise à créer un «modèle type» de Police Technique et Scientifique (PTS) à échelle nationale et adaptable à tous les pays de l’Afrique de l’Ouest ayant manifesté leur volonté de remettre la PTS à sa juste place comme le Bénin et la Côte d’Ivoire. Dans sa déclinaison, la modélisation type s’analyse comme: La refonte et l’adoption des textes réglemen¬taires d’organisation et de structuration de la PTS (Exemple du Bénin avec l’adoption définitive et formelle des textes relatifs à l’organisation et au déploiement sur l’ensemble du territoire des an¬tennes et unités de la police et de la gendarmerie dédiés à la PTS). Il s’en suit le renforcement capacitaire qui a rapport à l’amélioration des acquis professionnels des poli¬ciers et gendarmes par la mise en place de forma¬tions adaptées intégrant l’interministérialité et im¬pliquant les Ministères de l’Intérieur, de la Défense et la Justice ainsi que l’adoption de la culture de la preuve au détriment de celle de l’aveu. Il faut également parler de la création d’un Fichier Automatisé des Em¬preintes Digitales (FAED) comme on l’a dit plus haut. Il sera question d’installation des moyens techniques dédiés et l’implication (action) des forces de sécurité et de justice en matière de PTS selon les standards inter¬nationaux. Le projet travaillera au renforcement des capacités d’échanges natio¬naux et internationaux et enfin à la mise en place d’une formation initiale et d’un outil statistique communs et la rédaction de règles et procédures d’échange opérationnel international; l’installation d’une culture de coopération et mu¬tualisation internationales en matière de PTS.

Et la deuxième composante ?
Elle est intitulée « Appui à l’approche régionale de la PTS ». Elle se décline en trois volets d’activités ma¬jeures: il s’agit du soutien au dimensionnement en expertise régionale de la PTS ivoirienne, de l’amélioration de l’équipement de la PTS ivoirienne, l’extension de ses capacités dans les domaines de la balistique et de l’imagerie et le développement de sa capacité relative aux nouvelles technologies de l’information (dite NTECH) constituent les différents chan¬tiers engagés par le FSP ARTECAO. les autres points que nous pouvons relever portent sur le renforcement capacitaire régional concré¬tisé par la diffusion des modèles de forma¬tion élaborés en composante 1 (modélisation d’une PTS type) et la formation de spécia¬listes relais issus de l’ensemble des Etats de la CEDEAO, ensuite de la sensibilisation régionale à l’importance de la PTS et la recherche de partenariats, l’appui politique de la CEDEAO et la sensibili¬sation des décideurs de l’ensemble des Etats de la Communauté à l’importance de la PTS; La constitution d’un fond documentaire de textes réglementaires; la constitution d’une base de données des dispositifs régionaux et enfin de la constitution d’une base de données des formations et le développement de partena¬riats pour le renforcement des PTS sur le res¬sort de la CEDEAO.

Réalisée par Emmanuel GBETO

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One thought on “Coordonnateur régional du Projet ARTECAO, Emmanuel PRAT, au sujet de la Police technique et scientifique: « Dans deux ans, un fichier automatisé des empreintes digitales sera implanté au Bénin »

  1. Jean Sewanou

    Projet Très intéressant et pertinent pour la. Sécurité des populations. Espérant vivement que la Société civile pouvait y jouer un rôle non négligeable parce qu’en contact permanent avec les. Communautés, il serait utile d’explorer la possibilité d’une dimension sensibilisation et participation communautaires afin d pérenniser le projet. En effet, travailler avec les OPJ est normal et juste. Mais tout ce qui est purement innovation et cible les pouvoirs publiques ne dure en Afrique que le temps du financement. Ce que nous ne souhaitons pas à ce projet. Plein succès au projet. vive la sécurité des populations, vive l’Afrique . Merci

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