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Le triomphe de la vérité

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Me Reine Alapini Gansou, Présidente de la Commission africaine des Droits de l’Homme et des peuples:«Mon élection est une occasion pour prouver ce qui peut être fait en matière d’effectivité des Droits humains»


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Me Reine Alapini Gansou, Présidente de la Commission africaine des Droits de l’Homme et des peuples

A la faveur du 17ème sommet ordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement qui s’est tenu en juin dernier à Malabo en Guinée Equatoriale, l’avocate béninoise Me Reine Alapini Gansou a été réélue pour un nouveau mandat de six (06) ans au sein de la Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP). Dans cet entretien, la Présidente sortante de la CADHP parle de cette réélection, évoque la situation en Côte d’Ivoire et fait part de ses ambitions pour l’institution chargée de promouvoir et de défendre les Droits de la personne humaine sur le continent africain.

L’Evénement Précis : Quels sont vos sentiments après votre réélection au sein de la Commission africaine des Droits de l’Homme et des peuples ?

Me Reine Alapini-Gansou : Je trouve cela bien et beau parce que se faire élire dans un contexte politique qui est celui de l’Afrique, ce n’est pas évident. Et se faire réélire alors que nous sommes en train de parler de la Commission africaine des Droits de l’Homme et des peuples qui s’implique davantage dans les situations de violation grave et massive des Droits de l’Homme, dans les situations de violation des droits des citoyens dans nos pays à différents niveaux, ce n’est pas évident.

Parce que bien d’acteurs politiques n’auraient pas voulu que la CADHP puisse accomplir son mandat tel que cela a été prévu par la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples. Donc, c’est un couteau à double tranchants. Aujourd’hui, les acteurs politiques peuvent être d’accord avec vous mais demain ils peuvent ne pas l’être parce qu’ils ne se reconnaissent pas à travers les allégations de violation des Droits de l’homme qui sont formulées contre eux.

Et souvent, tout cela rejaillit sur la personnalité des membres de la Commission qui sont obligées de rapporter ce qui leur a été produit. Souvent, on ne fait pas la différence entre les qualités professionnelles et intellectuelles de celui qui travaille et ce qui se passe sur le terrain.

Serez-vous candidate à votre succession à la tête de la CADHP ?

J’ai été réélue en tant que membre de la Commission africaine des Droits de l’Homme et des peuples. Et à un moment donné, je me suis dit que six ans dans une institution comme la CADHP dont deux à la tête de cette même institution, c’est largement suffisant et que j’ai donné le meilleur de moi-même et que je pouvais faire d’autres expériences ailleurs. Surtout que je venais de travailler pour les Nations Unies dans le cadre de la Commission internationale sur la situation des Droits de l’Homme en Côte d’Ivoire.

Mais, une fois que j’ai été réélue à la demande du Bénin dont je remercie très sincèrement les autorités politiques à divers niveaux notamment le Président de la République qui a accepté, sans même m’avoir vue, qu’on puisse poser à nouveau ma candidature et vu aussi tout ce qui a été fait sur le terrain par la Représentation permanente du Bénin à Addis-Abeba, le Bureau du Conseiller juridique etc.je me suis dit que quelque part aussi, de façon providentielle, je n’ai pas encore assez fait pour mon pays et pour le continent. Au nombre de mes ambitions, j’avais beaucoup de choses en projet pour la CADHP.

D’abord, une certaine forme de coordination au niveau des mécanismes, des procédures spéciales que la CADHP a mise en place comme le mécanisme sur les défenseurs des Droits de l’Homme, le mécanisme sur les détentions et les prisons, la question de la peine de mort, les droits des femmes, la liberté d’expression et le droit à l’information…il faut voir comment mettre en place un système de coordination des actions de ces différentes procédures.

Et ça, c’était une ambition que je partageais avec mes collègues. Et je pense que je vais mettre le temps à profit pour faire cela. Une autre ambition, c’est l’organisation administrative de la CADHP elle-même. Les membres de la Commission ne sont pas des membres permanents. Ils travaillent depuis leur pays à l’effectivité de la Commission. Et là aussi, je crois qu’il y a des choses à faire. Il y a une situation de non reconnaissance du travail que les membres de la Commission abattent.

Pour évoquer votre rapport sur la situation des Droits de l’Homme en Côte d’Ivoire, que faut-il en retenir ?

Notre rapport qui fait vingt cinq pages est un rapport très consistant. Les mots ont été pesés et on n’a pas besoin de lire entre les lignes pour comprendre que dans ce pays, beaucoup de choses se sont passées. Il y a eu en Côte d’Ivoire des violations graves et massives des Droits de l’Homme.

Il y a eu des faits qui peuvent être interprétés, puisque les acteurs eux-mêmes ont dit qu’ils étaient en situation de guerre et à partir de ce moment fondés sur la discrimination en matière foncière, en matière ethnique et tels que les faits se sont déroulés, on peut dire qu’il y a eu une certaine forme de planification. Au regard de ce qui s’est passé, on ne peut pas nier qu’il y a eu des violations graves et massives des Droits de l’Homme fondées sur la discrimination ethnique et sur la discrimination en matière foncière.

 On ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu crimes contre l’humanité parce que les faits étaient si forts que nous avons dit dans notre rapport que ces faits pouvaient être qualifiés par qui de droit de crimes contre l’humanité. Il y a eu des viols, des enfants incorporés dans l’armée, du mercenariat…tout ce qu’on peut trouver dans une situation de marasme politique, dans une situation de marasme en terme de violation des Droits de

Quelle est votre conclusion à cet entretien ?

Je dirai qu’avec mon élection, c’est le moment pour moi encore de prouver d’abord ce qui peut être fait en matière d’effectivité des Droits humains non seulement dans mon pays mais sur le continent parce que nous avons à présenter des rapports tous les six mois sur la situation des droits de l’Homme. Je sais, parce que j’ai déjà eu l’expérience que, en matière des Droits de l’Homme, quand on dit trop la vérité, on peut en être pénalisé. Mais, je n’ai pas peur.

Entretien réalisé  par Jean-Claude DOSSA

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