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Le parlement de 2026 sera monocolore. Lisez bien l’article 146 nouveau du code électoral modifié. Cet article dit que pour être éligible au partage des sièges lors des élections législatives, chaque parti doit avoir au moins 20% des voix dans chaque circonscription électorale. Aucun parti n’a pu atteindre ce seuil lors des dernières législatives en janvier 2023. C’est pourquoi, le deuxième alinéa du même article souligne que les partis ayant conclu un accord de coalition parlement avant le scrutin, peuvent être éligibles au partage des sièges, mais à la condition d’avoir eu au moins 10% des voix au plan national. Autrement dit, si l’un des partis signataires de l’accord de coalition parlementaire n’a pas au moins 10% des suffrages au plan national, la coalition tombe à l’eau.
Imaginons que les FCBE et les LD signent un accord du genre. Chacun d’eux doit d’abord avoir 10% des suffrages au plan national avant de pouvoir bénéficier du partage des sièges. C’est mission impossible pour les FCBE qui n’ont fait que 4% lors des dernières législatives. Ainsi, même si les deux formations politiques coalisaient, leur coalition a de fortes chances d’être frappée par le seuil minimal des 10%. Oui, le parti de Yayi pourra s’en sortir, mais il est impossible pour lui d’atteindre 20% dans chaque circonscription électorale. Je vois venir ceux qui chantent déjà : « Allez travailler sur le terrain ». Du bluff ! Ne demandez pas à un parti comme FCBE de plus que doubler ses résultats en trois ans, alors même qu’il n’a pas de leader charismatique en son sein et qu’il a un discours inaudible sur le terrain. Le nouveau code électoral est fait pour créer un effet d’éviction.
Il se passera que l’opposition ne remplira jamais la condition des 10%, encore moins celle des 20% par circonscription électorale. Elle ne sera pas éligible au partage des sièges. Par contre, les partis de la mouvance présidentielle, ont toutes les chances de leurs côtés. Aux législatives de 2023, l’UP-R a totalisé37,56% des suffrages et le BR 29, 17%. Mais ni l’un ni l’autre n’a pu avoir 20% dans chaque circonscription électorale. Par mesure de prudence, les deux formations de la mouvance présidentielle devront conclure un accord de coalition parlementaire. Elles seront donc les seuls partis assurés de remplir les conditions exigées par le code électoral à l’article 146 nouveau. Préparez-vous donc à un parlement sans l’opposition. Préparez-vous aussi à la crise politique qui va en découler. Comme en 2019, le parlement monocolore débouchera sur des violences électorales avec leurs lots de répression.
Dans tous les cas, l’opposition aura son candidat à l’élection présidentielle de 2026. Les candidatures à cette élection devant être déposées depuis fin octobre 2025, l’opposition est assurée d’avoir les coudées franches pour parrainer ses candidats. Alors question : quelle sera la réaction du peuple béninois quand il saura qu’on lui a vendu une assemblée nationale monocolore ?
Il y aura un vote-sanction en 2026. De tout temps, les Béninois n’ont voté à la présidentielle que pour sanctionner le président sortant. Si Boni Yayi a fait le KO de 2011, c’est parce qu’il a réellement fait feu de tout bois face à une opposition divisée. Je le revois encore baignant dans la sueur, épaulé par toute la mouvance, dépensant sans compter partout où il passait. C’était le Papa bonheur tant vanté par certaines voix. L’omniprésence présidentielle dans toutes les localités était de règle. Tout le contraire du style de gouvernance de Patrice Talon qui privilégie la rareté à la présence sur le terrain. Ces dernières années, on a plus vu Patrice Talon dans les rues de Paris qu’à Parakou, Lokossa ou Adjarra. La plupart des localités ne l’ont accueilli que pour les élections de 2021. Et dans un style qui rappelle le style des gouverneurs coloniaux. On lui dresse tapis rouge au milieu de la broussaille, on badigeonne les arbres et les centres de jeunes pour accueillir le gouverneur noir. Non, j’ai la pleine conviction que le Bénin a dépassé depuis longtemps ce style suranné. Et que les gens se sont soumis en attendant de s’exprimer clairement dans les urnes. Et en 2026, l’erreur du code électoral leur en donnera l’opportunité. Enfin !
Olivier ALLOCHEME