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Le nouvel invité de la rubrique «Sous l’Arbre à Palabre » de l’Evènement Précis est le président du parti de l’opposition Mouvement Populaire de Libération (MPL), Expérience TEBE. Face aux journalistes, l’acteur politique a réagi sur plusieurs sujets d’actualité dont la proposition de loi portant révision de la constitution, récemment introduite au parlement par le l’Honorable Assan SEIBOU, président du groupe parlementaire BR. Selon lui, il faut éviter de réviser la constitution chaque saison au risque de perdre la crédibilité du Bénin. Pour l’opposant Expérience TEBE, il y a plus urgent que la révision de la constitution. « Pour nous au MPL, c’est qu’on a autre chose à faire. Il ne faut pas occuper le peuple avec des histoires qui ne valent pas la peine », dit-il. Chiffres à l’appui, il évoque, entre autres, le système éducatif béninois, qui pour lui, est aujourd’hui dans une « situation catastrophique sur plusieurs plans », depuis le niveau supérieur jusque dans les enseignements à la base. Expérience TEBE a, par ailleurs, dévoilé « plusieurs promesses non encore tenues » par le gouvernement dans son PAG 2 et l’invite à s’y atteler plutôt que de s’acharner sur des questions dont la révision de la constitution.
Vous aviez probablement suivi, il y a peu,la conférence de presse du Chef de l’Etat qui a dit qu’il n’est pas pour la révision de la constitution. Quelle analyse faites-vous de cette intervention ?
A travers cette intervention, nous retenons une seule chose au niveau de l’opposition. Il a fini par rebrousser chemin de cette envie pressante de réviser la constitution. C’est ce que nous au MPL, nous retenons. Et c’est ce que le peuple également nous demande à nous tous, que ce soit de l’opposition ou de la mouvance. Ceci dit, est-ce que, ce n’est que son envie ou son vœu ? Est-ce que c’est le vœu également de ses partisans ? Comme vous l’avez suivi le long de ce feuilleton maintenant, je vais dire. Tantôt c’est une entreprise personnelle d’un député de la mouvance, tantôt c’est des signes qui montrent que le Chef de l’Etat lui-même est informé et accompagne l’initiative. Donc, est-ce que finalement, son envie personnelle de mettre fin à ce feuilleton est celle également de ses partisans. Nous attendons de voir. Comme nous l’avons dit pour attester ce vœu de mettre fin à ce feuilleton, en principe l’initiateur de cette révision, l’honorable AssanSeibou devrait simplement retirer sa proposition de loi les jours à venir. Nous attendons de voir.
Le président a clairement dit qu’il n’est demandeur de rien. Et pourquoi vous dites qu’il renonce ?
Si je devrais revenir sur les propos de l’Honorable AssanSéibou, l’initiateur de cette proposition de loi, il a dit qu’il a pris l’avis du Chef de l’Etat avant de faire sa proposition. Et que le Chef de l’Etat lui aurait également confié ses désirs ou ses amendements. C’est ce que je disais tantôt dans ma réponse. Il est difficile dans ce feuilleton de dire qui a l’initiative de cette proposition pour répondre aux corrections que la Cour constitutionnelle a demandé au niveau du code électoral. C’est pour ça que je dis l’undans l’autre, pour nous, sa position lors de cet entretien qui stipule clairement qu’il n’est demandeur de rien, qu’il ne veut plus qu’on modifie une virgule de la constitution, devrait devenir effective avec ce retrait de la proposition de l’honorable AssanSeibou.
Le président AssanSeiboua clairement réaffirmé que la proposition est son initiative personnelle et que le Chef de l’Etat lui a dit également qu’il n’est demandeur de rien. C’est en s’inspirant de ses prérogatives qu’il fait la proposition pour corriger les erreurs et pour permettre aux députés actuels d’avoir le droit de parrainage. Il dit qu’il ne va pas retirer sa proposition.
C’est un élément nouveau. Le Chef de l’Etat dit qu’il n’est pas demandeur de cette révision. Le peuple entier, les acteurs de l’opposition, la société civile ont également d’une manière oud’une autre, manifesté clairement leurs désaccords à vouloir toucher la loi fondamentale de notre pays après la révision de novembre 2019 avant que nous puissions essayer une fois les éléments contenus dans cette révision. Si aujourd’hui, si une partie de la majorité présidentielle portée par l’honorable AssanSeibou, pense que les corrections demandées par la Cour ou dumoins les dysfonctionnements et les dichotomies au niveau des chevauchements de date par rapport aux parrainages, s’il pense que c’est en allant retoucher la loi fondamentale qu’il faut apporter des corrections, nous au niveau de l’opposition, nous pensons que nous pouvons corriger ces dispositions sans aller toucher à la constitution.
Vous pensez que les raisons évoquées par AssanSéibou ne sont pas pertinentes ?
Le problème ne se situe pas au niveau de la pertinence des raisons. C’est son point de vue, c’est ce qu’il pense et ce que son groupe a apporté comme correction aux problèmes soulevés. Mais, nous compte tenu de plusieurs autres paramètres …
Quels sont ces paramètres-là ?
Les paramètres, c’est les précédents. C’est ne pas ouvrir la boîte à pandore. C’est le risque de ne pas prendre le Bénin au sérieux en allant réviser sa constitution chaque saison.
Mais le Chef de l’Etat a mis que de sa vie, plus personne ne peut faire plus de deux mandats.
En ce qui nous concerne au Mouvement Populaire de Libération, cette question est évacuée. Qu’on touche, qu’on retouche ou qu’on ne touche pas à la constitution, en l’état actuel, il n’est plus possible au Chef de l’Etat de briguer un troisième mandat. Donc, ce n’est pas nous, notre inquiétude majeure. Pas du tout. Ce n’est pas notre crainte. Ce n’est pas la crainte du troisième mandat. Ce n’est pas la première préoccupation. La première préoccupation pour nous au MPL, c’est qu’on a autre chose à faire. Il ne faut pas occuper le peuple avec des histoires qui ne valent pas la peine. Aujourd’hui, le peuple a d’autres préoccupations beaucoup plus importantes et le gouvernement également.
Qu’est-ce que vous proposez ?
Nos propositions ont été synthétisées dans le mémorandum que les députés de l’opposition, en l’occurrence les députés du parti Les Démocrates, présenteront.
En deux mots, c’est quoi votre proposition ?
Ce que nous avions proposé. D’abord, nous avions des griefs contre le code électoral qui était là, où nous avons observé que notre démocratie de plus en plus devient censitaire. C’est-à-dire, c’est le milieu où c’est uniquement ceux qui ont l’argent qui peuvent exister. Nous avons proposé de retoucher au seuil des cautions. Egalement au niveau du seuil de représentativité, la question des 10%. Nous avons estimé que c’est une manière non commode d’éliminer des gens ; surtout conduire au choix des représentants du peuple qui ne sont pas dans certaines localités, ceux voulus par le peuple. Pour être plus concret, c’est à dire pour les élections locales, on a connu la dernière fois à Porto-Novo, les citoyens porter leur vote sur une liste parce qu’ils veulent un citoyen X. Finalement, parce que cette liste n’a pas réuni 10% à l’échelle nationale, l’arsenal juridique leur impose un élu qui n’est pas celui qu’ils ont voulu. Et cela pose des problèmes au niveau de la gestion des collectivités locales. La conséquenceest qu’on retrouve des élus qui ne sont pas le vœu des citoyens de cette localité. D’où la question des 10% et nous avons proposé donc d’abaisser le taux de 10%.
Aussi, sur la question du parrainage, nous avons estimé qu’en jouant sur le délai du dépôt des candidatures pour la présidentielle, on pourrait permettre aux élus actuels comme l’a souhaité la Cour constitutionnelle de parrainer les prochains candidats à la présidentielle. Cette position nous l’avons notée au niveau de certains grands juristes de la majorité présidentielle. Il est possible de nous entendre de faire des réajustements au niveau du code électoral et aller faire les élections en toute quiétude et de façon paisible.
Comment se porte le Mpl?
Le parti MPL se porte bien. J’ai eu l’occasion de répondre à plusieurs reprises à cette préoccupation de vos collègues. Parce qu’après les dernières législatives, il y a eu une crise interne qui a secoué le parti. Mais aujourd’hui cette crise est derrière nous. Pour revenir au niveau même du parti, nous avons, comme toute organisation politique, connu de crise. Lorsque le leader tient à la rigueur, parce que sans rigueur on ne peut pas avancer,il n’est pas compris de tout le monde. Lorsqu’il y a des gens qui ne sont pas pour le respect des textes qu’on s’est librement donné, nous observons cette situation qu’a connue également le MPL comme d’autres partis de l’échiquier politique. Après ces difficultés, les choses sont revenues à la normale. Aujourd’hui le parti s’évertue à renforcer ses bases en tirant leçon de toutes les difficultés que nous avons connues de notre participation aux élections législatives. Nous nous préparons avec abnégation, pour corriger les imperfections que nous avons connues, les zones dans lesquelles nous devronsaméliorer notre assise, les difficultés d’organisation au niveau de nos structures. C’est ce à quoi nous nous attelons en ce moment pour viser 2026 qui est si loin et si proche.
Avec la division constatée au niveau de l’opposition, pensez-vous pouvoir gagner en rangs dispersés contre le régime actuel?
Pourquoi l’absence d’un parti de l’opposition vous fait penser à une division ? Non, l’opposition n’est pas divisée. Dans toutes les organisations et surtout en politique, les choses ne sont pas linéaires.
La rencontre de Golden Tulip s’est tenue dans un contexte où l’opposition est en train de mettre en place un cadre de concertation en vue d’harmoniser et de mieux s’organiser pour donner à chaque fois à l’avenir une réponse unique aux problèmes que connaît notre pays et aux problèmes de nos concitoyens. C’est l’objectif. C’est une première rencontre intervenue alors que ce cadre de concertation n’est pas encore totalement mis en place. Donc c’est ce qui certainement a fait que nous avons observé que tout le monde n’était pas présent. Au demeurant moi je ne suis pas président des Démocrates qui était à l’initiative de la rencontre et qui est aujourd’hui chef de file de l’opposition. Moi je suis le président du MPL.
Nous au MPL, compte tenu de notre relative jeunesse, nous n’avons pas a priori des problèmes de collaboration avec n’importe quel parti évoluant sur l’échiquier politique. Nous pensons que seul, nous ne pouvons pas grand-chose mais c’est ensemble qu’il faut faire le combat. Il est vrai qu’aujourd’hui beaucoup pensent que les politiques publiques doivent tenir compte de l’avis de la jeunesse parce que c’est la plus importante masse dans notre pays et également dans le monde. Donc la voix de la jeunesse est prépondérante dans l’élaboration des politiques publiques qui sont mises en œuvre. Ainsi, si nous nous représentons, d’abord nous sommes des jeunes pour la plupart dans nosinstancesdirigeantes. Si nous souhaitons nous faire entendre et grandir, nous avons le devoir d’entretenir de bonnes relations avec toutes les formations politiques. L’autre chose que vous ne savez peut être pasaussi est qu’aux débuts de l’organisation del’opposition contre le régime de la rupture dans notre pays, il y a eu des acteurs comme moi qui étions à l’initiative des prémices. Donc aujourd’hui, tous les acteurs de l’opposition qui se retrouvent au niveau des Démocrates, sont des camarades avec qui nous avons démarré cette lutte dans un autre cadre. Par la suite, il y a eu des points de vue divergents sur certaines questions. C’est pour cela que le Mpl a vu le jour avant les Démocrates. Dès lors, nous avons toujours eu de bonnes relations et à chaque fois nous avons des concertations continues sur des sujets de préoccupation communes pour notre pays.
Après plus de 8ans de gestion sous la gouvernance du président Talon, qu’avez-vousretenucommepoints positifs?
C’est ce qui nous différencie aussi. Nous nous efforçons de dire les choses telles qu’elles sont, même si cela ne va pas plaire à tout le monde. Parce que ce concept d’opposition radicale ou d’opposition modérée, est vite fait d’être collé à certains points de vue. Une gouvernance ne peut pas avoir que des points noirs. Il y a des choses positives qui sont faites dans le pays. Au nombre de celles-là, je peux dire que la capitale économique a connu un toilettage et un visage nouveau. Nous avons quelques belles routes qui sont faites. C’est le fruit des efforts de tous nos concitoyens qui sont en train d’être pressurés depuis 8 ans pour contribuer à toutes ces réalisations. La dématérialisation des services publics en cours également est à saluer.
Au niveau de la sécurité, il y a beaucoup à dire. Il y a eu un relatif progrès observé dans un sens. Mais dans l’autre, vous avez vu la montée des groupes djihadistes dans la partie septentrionale du pays et qui secoue nos populations. Tout ce que vivent les populations en termes d’insécurité n’est pas relayé. Nous, étant en contact avec les populations, nous entendons beaucoup de choses que nous ne voyons pas relayées dans les médias.
Les choses négatives, il y en a beaucoup. Je peux dire que c’est ce qui fait la balance. Et c’est pour cela qu’au lieu de nous accrocher à des problèmes comme la révision de la constitution, le gouvernement de la Rupture ferait mieux de repartir voir son PAG pour essayer de nous réaliser toutes ses promesses qui ont été faites. Et nous nous situons aujourd’hui à deux ans de la fin du mandat. Visiblement, quand on parcourt on constate qu’ils sont loin du bout du compte. Le PAG 2 qui couvre la période 2021-2026, a été organisé en trois piliers. Si je prends le premier pilier qui est renforcement de la démocratie, état de droit et gouvernance, le premier point cité est le renforcement de l’unité nationale. Pensez-vous qu’à deux ans de la fin du régime de la Rupture, le président Talon a réussi à unifier le pays? Non, nous pensons que ce n’est pas encore ça. Egalement dans ce premier pilier, il y a un certain nombre de réformes et projets qui ont été annoncés. Si je prends sur le plan des réformes, la mise en place d’un mécanisme de protection, de soutien et d’accompagnement moral psychologique et social des agents de sécurité. Alors cette réforme, pensez-vous que s’il y à quelques jours on assiste à la mise à la retraite d’office de plus de mille agents de sécurité, pensez-vous qu’on est en train de penser à l’accompagnement, au soutien moral, psychologique et social des agents de sécurité ? Pensez-vous que la prise d’une telle mesure est de nature à renforcer le moral des troupes et des agents de sécurité encore en exercice, à donner le meilleur d’eux?
C’est une question que nous nous posons aussi
En termes de projets également, ils ont parlé de la construction et équipement des infrastructures de secours. En avez-vous déjà vu, une infrastructure du genre? Nous, non. Également, on a parlé de construction-équipement de douze cités administratives départementales. On n’a pas encore vu la première démarrer. Toujours à deux ans de l’échéance. On a parlé également de la réhabilitation et équipement des préfectures. Nous attendons également le régime de la Rupture sur ces projets.
Au niveau du deuxième pilier, poursuivre la transformation structurelle de l’économie. Et c’est là notre plus grande déception parce qu’au point quatre de ce pilier, on a parlé de la reconstruction de l’école béninoise. Mes chers amis, pour nous, c’est la plus grosse tâche noire du régime de la Rupture parce que le secteur éducation est plongé, je ne dirai pas dans un coma, mais en déliquescence. L’école béninoise se meurt, et à petit feu continue de mourir et nous sommes à deux ans de la fin du mandat. Si vous voulez, je peux aller sur les statistiques.
Allez-y
Savez-vous que le régime précédent, de 2006 à 2016, d’une manière ou d’une autre, a pratiqué une politique nataliste qui a renforcé le taux des naissances ce qui a accéléré la croissance démographique. Je peux vous citer quelques-unes des mesures : la gratuité de la césarienne, la gratuité de l’école pour les enfants,gratuité des soins contre le paludisme pour les enfants etc. Il y a eu beaucoup de mesures sociales qui ont fait que le taux de natalité a grimpé. Les enfants nés courant 2006, 2007, 2008, aujourd’hui ont dix-huit ans. Cela veut dire qu’ils sont attendus au niveau BAC tout au moins. Le nombre d’inscrits au BAC depuis 2006, avant 2006 jusqu’à 2016-2017 a été en accroissement continu chaque année. Nous sommes passés en 2006 par exemple de42.870 inscrits au BAC à 111.616 en 2016. Savez-vous qu’en dépit des promesses de la Rupture à partir de 2017, ce nombre d’inscrits au BAC a commencé par chuter. De 111.000, nous sommes descendus, à 75.949 l’année dernière.
Comment est-ce que vous expliquez cela ?
J’ai envie de vous renvoyer la question. Alors que nous avons plus de jeunes qu’on a mis à l’école et qu’on devrait attendre au niveau BAC ces années-ci, nous observons chaque année depuis 2017, une baisse du nombre d’inscrits au BAC. Cela veut dire que, le taux de décrochage scolaire a commencé par être élevé. Et ce n’est rien d’autre que le signe de la croissance continue de la pauvreté, le fait que beaucoup de familles ne sont plus en mesure de soutenir leurs enfants à l’école. Vous connaissez les charges qui vont avec. D’ailleurs, un enfant qui commence du cours primaire où on a mis au départ, gratuité, gratuité après dès qu’il vient au collège, les charges commencent par s’élever : se déplacer, se nourrir, les manuels, les TD etc. Si au même moment, les familles ont commencé par avoir plus de difficultés, si beaucoup d’entre les parents ont perdu leur job, si le taux de pauvreté s’est accru et est à plus de 40% depuis 2019, vous convenez avec moi les raisons qui justifient le décrochage scolaire. Et tous ces enfants qui ont abandonné les classes, ils se retrouvent où ? Ils sont dans la rue. C’est eux qui s’adonnent à la cybercriminalité. Le régime de la Rupture ne devrait pas s’étonner de voir plus de jeunes s’adonner à ces pratiques. Mais il devrait plutôt prendre le taureau par les cornes et apporter des solutions à ces enfants. C’est là également que j’en viens à l’une des promesses du régime de la Rupture : la transformation structurelle de l’économie, le pilier 2 du PAG2 qui parle de la construction et de l’équipement de nouveaux centres universitaires. Vous savez que lorsque le régime de la Rupture s’est installé en 2016, l’une des premières décisions était de fermer les centres universitaires qui étaient là. Ces centres universitaires, j’ai été un acteur de la mise en œuvre de ce projet par le passé. A l’époque, nous avions trouvé totalement aberrant de fermer ces centres qui comptaient déjà de milliers d’étudiants. Alors si au début du deuxième quinquennat, ils ont trouvé qu’il fallait en construire c’est une bonne chose. Mais jusqu’à ce jour, pas un seul nouveau centre encore.
Vous êtes sûr de ce que vous dites ?
Oui, je voudrais que vous puissiez me démentir. Il n’y a pas de nouveaux centres universitaires. Mais ce n’est pas que ça, ils ont promis également le renforcement des infrastructures sociales. Je suis également l’un des principaux acteurs de la construction des résidences universitaires. Depuis 2016 où le régime de la Rupture s’est installé, il n’y a pas eu un seul nouveau lit en plus de ce qu’il y avait alors que huit ans après, vous convenez avec moi que les infrastructures ont vieilli et le besoin s’est accru. On devrait remarquer que la capacité d’accueil de ces universités au niveau des résidences a diminué.
Le chef de l’Etata estimé qu’il y a de nouvelles bourses qui ont été accordées, les allocations universitaires qui ont augmenté
Non, non, non ! Je veux en venir là également. On nous a promis également la couverture des besoins en infrastructures et équipements des universités nationales du Bénin. Vous avez vu les conditions dans lesquelles nos universités publiques sont en ce moment ? La qualité de l’enseignement, la capacité d’accueil ?Également, dans la principale université, celle d’Abomey-Calavi, il n’est même pas possible d’avoir internet à tous les coins de l’université à la date d’aujourd’hui. Ça, je veux que vous puissiez me démentir, c’est des choses concrètes que je vous apporte. On ne peut pas être à ce niveau et s’autosatisfaire comme le Chef de l’Etat l’a laissé entendre dans son discours sur l’état de la nation en décembre et qu’aujourd’hui, ce soit la question de la révision qui occupe l’actualité. Je voudrais comme un autre acteur, non pas des moindres de la mouvance l’a dit la semaine dernière :« Il y a mieux à faire que de s’occuper à parler de la révision de la constitution. »Le Bénin a besoin d’être remis au travail. On doit réconcilier notre nation avec le travail, l’effort et la récompense.
Visiblement, vous êtes choqué du dédain du Chef de l’Etat pour les universités
C’est plus qu’un choc. Moi je me place simplement au niveau des promesses et au niveau des résultats à deux ans de la fin.
Vous avez probablement étudié dans les années 90-2000. Quand vous regardez un peu le nombre d’enseignants qu’il y a par rapport au nombre d’étudiants aujourd’hui sur le campus, quelle est votre réflexion à ce niveau ?
La catastrophe continue et on ne peut pas espérer aller au développement sans apporter des réponses justes ou concrètes, en adéquation avec les problèmes de l’heure au niveau des universités. Au niveau de la formation, si on n’essaye pas d’apporter une réponse juste au niveau de l’éducation en adéquation avec les besoins de notre pays et on laisse le secteur aller à vau-l’eau… Aujourd’hui, même au niveau du primaire, nous avons encore des écoles où les enfants sont assis à même le sol. A chaque rentrée, c’est des sollicitations que nous recevons de venir à leur faire des dons de tables-bancs, de venir construire des salles de classe. Nous essayons d’en faire, on ne peut pas couvrir les besoins.
Des écoles où des enfants sont encore assis par terre ?
Dans nos universités, des étudiants continuent de s’asseoir sur des briques, de rester aux portes et des fenêtres pour suivre les cours.
De nombreux docteurs demandent à être recrutés
J’essaye de poser ainsi leur problème ici. Vous me donnez l’occasion de poser leur problème. Je dis, je répète :le secteur de l’éducation est une catastrophe à laquelle, il urge d’apporter, aujourd’hui, des réponses urgentes, au lieu de s’occuper à autre chose. C’est ce que les populations nous reprochent. On constate que les acteurs politiques à chaque saison, il est plus facile pour eux de se voir, de commencer par parler des problèmes qui les intéressent c’est-à-dire des problèmes des élections, de code, des lois. Et les préoccupations quotidiennes, la souffrance des populations, les problèmes des enfants à se scolariser, à recevoir l’enseignement sont relégués au second plan. Les problèmes quotidiens, la souffrance quotidienne de nos populations n’ont jamais été une préoccupation majeure qui puisse réunir ces acteurs politiques. Nous au niveau du MPL, ça fait pratiquement un an que nous avons saisi le chef de l’Etat aux fins de le rencontrer pour lui faire des propositions concrètes sur l’ensemble de ces thématiques dont je suis en train de vous parler mais nous n’avons pas encore pu le rencontrer. Nous espérons que d’ici a là cela se fera.C’est ce que nous regrettons. C’est ce que nous voulons qu’il soit revu dans notre pays.
Alors vous évoquiez tantôt la pauvreté, l’appauvrissement des populations comme vous le dénonciez régulièrement. Dans le même temps, on a des informations qui nous laissent croire que notre économie se porte de mieux en mieux avec les succès qui se succèdent. Au niveau des institutions internationales, on estime que tout va bien. Alors, comment expliquer ce contraste selon vous ?
Je veux vous dire d’abord ceci. L’augmentation de la croissance économique peut souvent être le résultat de politiques favorables à l’investissement et à la productivité, ce qui peut créer des emplois et générer des revenus accrus. Cependant si cette croissance n’est pas distribuée de façon équitable, cela n’entrainera pas la réduction de la pauvreté ou du moins, l’amélioration des conditions de vie des concitoyens ; si le résultat de cette croissance est concentré dans les mains d’une élite et les politiques sociales, ne tiennent pas compte d’une meilleure répartition des fruits de cette croissance, le pays va noter un accroissement de la pauvreté. Le pays va noter qu’il y a moins d’emplois qui se créent et que c’est une petite partie qui s’est enrichie.
Et même à ce niveau, je voulais attirer votre attention sur quelque chose. Dans le cadre macroéconomique, suivant les projections qui sont faites dans le PAG 2, nous sommes en 2024 et parlant de ces promesses de croissance, en 2023 nous devrions être à 7,8% et en 2024, 8,5%. A l’arrivée, en 2023, nous avons pu réaliser un taux de 5,5% de croissance. Et en 2024, le Fmi est optimiste et pense que nous devons aller à 6,3%. Ça veut dire qu’il reste beaucoup de travail à faire. Les fruits n’ont pas encore tenu la promesse des fleurs et il reste au régime de la Rupture qui est à 2 ans de la fin de son mandat, alors qu’ils nous ont promis qu’en 2026, on aurait une croissance à deux chiffres (au moins 10%). Il leur reste donc beaucoup à faire pour combler les espoirs de nos populations.
La situation sous régionale, la Guerre entre la Russie et l’Ukraine, les effets du djihadisme qui frappe à la porte. Cela n’est-il pas dû à ces contingences-là ?
Peut-être que oui. Mais est-ce que les contingences ont frappé uniquement le Bénin au point où, ce soient seuls nous qui payions le prix le plus cher de ces aléas ? Selon toujours les données du Fmi, nous ne sommes pas les derniers,certedans la Cedeao au niveau du PIB. On est au 9e rang. Il y a les pays comme le Burkina Faso, le Niger et le Togo qui nous dépassent.C’est pour dire que nous n’avons pas de raison de nous autosatisfaire. Et qu’il reste beaucoup à faire au régime de la Rupture qui en a fait la promesse dans son PAG. Ils doivent mettre les deux ans qui leur restent à profit pour travailler plutôt que de se cramponner à la politique politicienne et de s’accrocher à la question de la révision de la constitution, chose qui occupe tous les espaces en ce moment.
Bientôt la répression pour le port du casque…
Cette décision est ce que nous observons parfois à regret au niveau de l’actuel régime. Cette mesure, le régime précédent a tenté de la mettre en œuvre. Très tôt, il a constaté son inapplicabilité. Regardez le nombre de personnes qui se déplacent avec les taxis moto (les zémidjans). Aujourd’hui, on veut étendre le port du casque à celui qui est remorqué derrière. Pensez-vous qu’avec le nombre de personnes qu’un taxi moto prend, il faut un casque pour chaque client ? ou bien faut-il que chaque personne qui veut prendre le zemidjan sorte de la maison avec un casque ? Je pense que c’est un imbroglio qui est en gestation et que le régime devrait aller chercher à régler son problème ailleurs.
Mais le casque protège tout porteur en cas d’accident…
Savez-vous que le Bénin fait partie despays au monde où le transport en commun est le moins organisé ? Et que lorsque l’Etat qui doit organiser la mobilité urbaine ne fait rien,ni pour encourager,ni pour promouvoir les transports en commun, les citoyens sont obligés de se débrouiller comme ils peuvent. Ce qui fait que tout le monde va acquérir une moto pour pouvoir se déplacer. En plus avec les conditions d’extrême pauvreté pour la majorité de nos populations, pensez-vous que c’est le moment idéal pour édicter et mettre en œuvre ces règles-là ? Nous, nous pensons que non. Si effectivement les accidents de la route créent (ce qui est regrettable) beaucoup de problèmes, pour les régler, il faut aller attaquer le mal à la racine. Combien de tous ces jeunes qui prennent les motos ont reçu une éducation en matière de sécurité routière ? Combien ont un permis de conduire pour moto ? Et que fait le CNSR dans ce sens depuis 8 ans qu’ils sont là ? Moi, à la place du Dg Cnsr, j’aurais milité pour qu’on introduise dans les programmes scolaires des cours d’éducation à la sécurité routière. Parce qu’après le BEPC, beaucoup de parents mettent des motos à la disposition de leurs enfants. Ces jeunes n’ont jamais idée de ce qu’est le règlement en termes de sécurité routière. Ils ne savent même pas qu’il faut avoir un permis pour pouvoir un engin à deux roues.
Tirant leçon du drame survenu à Dassa en janvier 2023, le gouvernement entreprend de faire une lutte féroce contre la limitation des vitesses…
Je pense que pour la sécurité routière, on doit pouvoir respecter les règles et les normes en la matière. Sauf qu’il y a des situations qui nous paraissent extraordinaires dans notre pays. Quand je prends le boulevard de la Marina qui vient d’être ouvert à la circulation, on limite la vitesse à moins de 50, c’est-à-dire au plus 49km/h.Et au lieu d’informer les citoyens, la police républicaine se transforme en djihadiste et préfère aller à la répression en allant dissimuler les radars dans les fleurs pour arrêter les usagers et appliquer des contraventions. Au lieu que le citoyen prenne cela comme une envie de faire respecter les règles, il le prendra comme un moyen d’abus de répression pour pouvoir l’arnaquer. Si la répression de la limitation d’excès de vitesse doit s’opérer dans un tel esprit, vous conviendrez avec moi que ce n’est pas bien.
Que pensez-vous qu’il faut corriger ?
Il faut communiquer. Il faut sensibiliser. Les citoyens ne sont pas des animaux. Ils sont des êtres humains qui sont sensibles lorsqu’on essaie de leur expliquer et lorsqu’ils voient leur intérêt dans l’application d’une règlementation, l’Etat fera moins d’effort pour atteindre le résultat.
Depuis quelques semaines, il y a des fonctionnaires de l’armée, de la police républicaine, des eaux et forêtet de la douane qui ont été mis à la retraite d’office. Que dites-vous de ça ?
Non pas simplement pour critiquerla mesure, mais pour demander des explications au gouvernement. Et ceci, parce que, comme les intéressés, comme nous, le peuple béninois veut savoir de quoi cela retourne. Les premières informations que nous avons reçues, pour avoir écouté certains qui étaient dans le cas, ils nous ont informé que c’est à leur arrivée au bureau un matin, qu’on leur remet une note les mettant à la retraite. A notre question de savoir qu’est ce qui justifie cette mesure, est-ce qu’il y a eu des actes posés par eux ayant conduit à cela, ils ont réponduque rien, qu’il n’y avait aucun préalable. Eux-mêmes ne sont pas informés des mobiles qui ont conduit à cela. Et c’est ce qui nous a motivés à demander des explications au gouvernement. Le Chef de l’Etat, a essayé lors de sa dernière sortie, d’apporter des explications.
Et il vous a convaincu ?
Non. Parce que certaines questions restent posées. Si la pyramide au niveau des agents de force de sécurité et de défense aujourd’hui, telle qu’elle se présente, nécessite des corrections pour améliorer leur efficacité, quelles sont les raisons, du moins, les critères qui ont conduit au choix de ces derniers ? Etaient-ils informés de la démarche ? Comment est-ce qu’on a conduit le processus à désigner ceux-là ? Ce qui parait un peu paradoxal, si le ministre de l’intérieurcontinue de nous préciser que chaque année, on recrute 1000 à 2000 agents de police, comme nous en avons vu ces derniers mois, comment cela s’explique qu’on a beaucoup de jeunes qui viennent et qui ont besoin d’être encadrés et formés par les aînés et au même moment, on trouve qu’il y en a quine sont plus aptes et qui n’ont plus rienà faire et qu’il faut les mettre à la retraite sans préavis ? Notre problème n’est même pas encore de critiquer la loi, mais l’application de cette loi. Les lois sont adoptées pour améliorer les conditions de vie dans un pays.
Le Chef de l’Etat a informé de ce que ceux qui sont mis à la retraite d’office auront deux ans de leur salaire entier ?
Mais écoutez, si l’Etat a les moyens de payer des fonctionnaires qui sont à la maison, c’est-à-dire, en plus de leur pension, de compléter des allocations, je pense qu’on ferait mieux de les laisser aller travailler, parce que surtout au niveau de la sécurité, nous avons besoin de renforcer les ressources humaines, pour qu’ils puissentmieux s’adonner à leur mission pour assurer la sécurité de nos concitoyens. Ce n’est pas en les traitant de la sorte, en les mettant à une retraite d’office et en améliorant leurs primes de retraite sur deux ans que nous allons doper le moral de ceux qui restent pour qu’ils puissent mieux travailler. Je pense qu’à ceniveau, des inquiétudes persistent. Nous sommes encore sceptiques parrapport à l’efficacité de cette mesure que le gouvernement est en train de mettre en place.
En 2026, leBénin connaîtra ses premières élections générales, à savoir, communales, législatives et présidentielles. Comment votre parti s’y prépare-t-il ?
Le parti MPL s’y prépare activement. Une fois encore, nous serons de la partie. Vous savez, notre population aujourd’hui est constituée à plus de 75% de jeunes de moins de 25 ans. Et on ne peut pas mettre en œuvre des politiques publiques pour régler leurs préoccupations sans tenir compte d’eux, sans les écouter, sans qu’ils ne participent à leur élaboration.C’est pour cela que nous avons, depuis que notre parti a été créé, comme objectif premier, non seulement d’animer la vie politique, mais ausside nous efforcer de nous faire représenter. C’est ainsi qu’après les premières heures de notre création, nous avons tenté de participer aux élections communales et municipales de 2020. Et quand j’ai pris la présidence du parti en juillet 2021, la première promesse que j’ai faite et également au regard des recommandations faites par le congrès, c’était de faire tout possible pour acter laparticipation du parti aux élections législativesà venir. Ainsi, avec le soutien des camarades, nous avons réussi le pari des législatives de 2023. Malheureusement, nous n’avons pas pu obtenir des résultats à la hauteur de nos espérances. Nous allons tenir compte de nos faiblesses et de nos échecs et 2026 doit pouvoir être pour nous un rendez-vous de la jeunesse avec les élections générales en vue. C’est pour cela que nous nous y préparons activement.
Aurez-vous un candidat pour l’élection présidentielle en 2026 ?
Nous sommes encore loin de cette échéance, si loin et si près à la fois. Et avant de pouvoir avoir un candidat à la présidentielle, il faut s’assurer d’obtenir les parrainages nécessaires. Et avant d’avoir les parrains, il faut participer avec succès aux élections législatives et communales. Nous sommes donc loin de ça. Toujours est-il que l’ambition d’un parti qui vit et qui se bat sur l’échiquier politique national, c’est de participer à toutes les élections.
Quels sont les acquis réalisés par le MPL depuis qu’il est dirigé par Expérience TEBE ?
Ah Oui. Nous avons eu effectivement beaucoup d’acquis au nombre desquels celui que je viens de vous parler, à savoir notre participationaux dernières législatives. Nous avons pour la première fois pu participer à une élection organisée sous la Rupture. Je peux dire que c’est un grand acquis, car cela nous a permis de mesurer nos forces et nos faiblesses. Ça nous a permis de mieux maîtriser l’appareil électoral. Je dois vous dire que participer aux élections relève de beaucoup de spécificités dans la théorie que nous savons. Avoir des électeurs acquis à sa cause n’est pas synonyme de gagner une élection. Cela veut dire que je peux être en concurrence avec vous, être le plus populaire, le plus soutenu par les citoyens et finalement perdre parce que je n’ai pasréussi à amener mes sympathisants à aller voter pour moi. Alors que vous, le peu que vous avez, vous avez l’expertise et le mécanisme qu’il faut pour les amener à aller voter.
Sous ma présidence nous sommes le premier parti à concevoir un site internet à partir duquel les militants peuvent faire également leur adhésion en ligne. Nous poursuivent dès lors la modernisation du parti dans son fonctionnement.
Votre mot de la fin ?
Je voudrais féliciter la résilience du peuple béninois en face des difficultés quotidiennes qu’il continue de traverser avec foi et espérance. Parce que lorsque je vois la réaction de nos concitoyens en face des débatspolitiques comme la révision de la constitution, je me dis que ce peuple a encore espoir que demain sera meilleur. Il faut que les dirigeants actuels et ceux qui décident à leur place, sachent que le peuple veut qu’on tienne compte de ses aspirations. Le peuple qui a confié un mandat à un pouvoir exécutif depuis 8 ans veut qu’au terme de ce mandat, il y ait alternance et qu’une nouvelle équipe vienne, chargée de plus d’espoir, surtout avec des mesures correctives pour tout ce qui est en train d’être fait pour qu’on puisse assister à un mieux-être. Je vousfélicite également, vous les hommes des médias, qui essayez de survivre au milieu de toutes ces difficultés. Je sais mieux que vous les difficultés que vous vivez. Vraiment je vous félicite et je vous encourage à continuer à garder la flamme allumée. Car, sans vous, nous allons vite sombrer. Mais avec vous, le peuple a espoir que bientôt, il y aura une nouvelle ère qui se lèvera dans notre pays.