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« Délit non constitué ». Voilà la conclusion à laquelle, est parvenu le Tribunal de première instance de Cotonou, qui a tranché une affaire qui fait grand bruit depuis déjà une semaine. Tout est allé très vite vendredi dernier. Débarqués des locaux de la brigade territoriale de Cotonou, où ils sont gardés en- vue- depuis huit jours, le Président Directeur Général de Cajaf Comon, Sébastien Ajavon ses trois collaborateurs, à savoir Nestor Ajavon, Christian Tolodji et Barnabé Yéloassi ), après leur passage devant le procureur de la république, ont été admis d’urgence à un procès qui aura duré toute la journée. A la barre, et appuyés du collège des 26 avocats qui constituaient leur défense, ils ont tous nié les faits qui leur sont reprochés dans cette affaire de découverte de 18 kg de cocaïne dans l’un des conteneurs du Groupe Cajaf Comon. Inculpés dans la matinée sous «Mandat de dépôt avec comparution immédiate en flagrant délit» , les mis en cause ne franchiront pas le seuil de la prison civile de Cotonou. Les Béninois ont retenu leur souffle jusque tard la nuit, où aux environs de 22 heures 30 minutes, Ajavon et ses trois collaborateurs apparaitront devant la foule immense de partisans et autres curieux qui ont passé toute la journée dans les alentours du tribunal de première instance de Cotonou.
Ambiance surchauffée au palais de la justice
Les forces de l’ordre ont dû accroitre leur nombre et se renforcer en moyens spécifiques pour contenir la foule qui a pris d’assaut les lieux. Tout donnait lieu à un grand meeting politique, alors qu’il s’agissait d’une affaire en procès à l’intérieur. Ils étaient des milliers, hommes, femmes, jeunes, groupes folkloriques venus de plusieurs quartiers de Cotonou et environs et des villes distantes comme Porto-Novo, Ouidah, Lokossa pour venir soutenir Sébastien Ajavon dans cette dure épreuve. Ça dansait et chantait dans tous les sens. «Libérer notre messie ! « Libérer notre leader », «Libérer notre président », criaient plusieurs jeunes et femmes, visiblement déterminés à tout braver pour en arriver à cette fin. Si les jours d’avant ont connu des mobilisations non moins importantes, celle de ce vendredi témoigne de l’intérêt que portent beaucoup de béninois dans cette affaire qui a rageusement défrayé la chronique ces derniers jours.
« Je remercie le Seigneur de m’avoir fait voir comment vous êtes aimables ».
A peine relâchés des liens de la justice, Sébastien Ajavon, les trois autres inculpés et la joyeuse foule qui les ont accueillis se sont ébranlés dans cette même nuit du vendredi, vers la paroisse de l’Eglise catholique Saint Michel de Cotonou pour une messe d’action de grâce demandée en express. Au sortir de l’eucharistie qui aura duré une heure environ, le Pdg de Cajaf Comon s’adressera en ces termes à cette foule: « Je remercie le Seigneur de m’avoir fait voir comment vous êtes aimables. Je ne savais pas que vous seriez si aimables. Merci beaucoup ! Merci Seigneur ! » En bon démocrate, il a saisi l’occasion pour appeler les populations au calme et à la paix dans le pays. « Nous n’avons qu’un seul pays et nous n’allons pas l’embraser. Nous n’en avons pas deux. Nous devons tout faire pour que la paix revienne dans le pays », va-t-il lancer à la foule, en cinq langues différentes (Fongbé, Minan, Goungbé, Dendi et Français). Inlassables, ils sont nombreux encore, les conducteurs de moto, «Zémidjan » et autres curieux qui ont continué le chemin avec Sébastien Ajavon jusqu’à son domicile aux environs de 00 heure, avant de rebrousser finalement le chemin.
Christian Tchanou