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Il ne fait pas bon être opérateur économique au Bénin. Les derniers déboires de Issa Salifou en disent long, lui qui est sur le point d’entamer un feuilleton judiciaire avec l’Etat. Selon toute vraisemblance, le gouvernement voudrait donner une suite judiciaire aux récentes découvertes qui ont coûté son fauteuil à Julien-Pierre Akpaki. Soupçonné d’avoir des liens douteux avec l’homme d’affaires, l’ancien DG/Ortb pourrait bien se retrouver bientôt devant les tribunaux pour s’expliquer sur ce qui a pu permettre à son office d’héberger pendant sept ans les équipements d’une société privée avec laquelle il prétend n’avoir aucun contrat écrit. Et l’honorable Issa Salifou, à son tour, pourrait bien être inquiété pour avoir bénéficié indûment des faveurs de l’office.

Le milliardaire de Malanville est le énième homme d’affaires béninois mis en difficulté par la nouvelle dynamique en vogue au Palais de la République. La seule question que tout le monde se pose, c’est de savoir s’il pourra s’en sortir. D’autant plus que si le gouvernement décide réellement d’aller jusqu’au bout, Issa Saley sera comme Séfou Fagbohoun.

L’étoile de celui-ci s’est assombrie depuis l’avènement du changement. La Sonacop lui a été arrachée comme d’ailleurs une bonne partie de ses biens. Le régime du changement n’a pas hésité à le pousser dans ses derniers retranchements, bien qu’il ait activement contribué à son avènement. Séfou Fagbohoun de 2012 est presque l’ombre de celui que, il y a dix ans encore, les médias ne pouvaient pas évoquer sans mettre le fameux substantif que l’on sait : « le richissime ». Car, aujourd’hui, Fagbohoun n’est plus riche.

Son train de vie autrefois fastueux a été remplacé par une sobriété monacale, même s’il lui arrive encore de faire quelques agapes. Il semble s’être résigné face au régime du changement qui l’a cloué au pilori. Ce fut la première grande victime du changement au sein de la communauté des hommes d’affaires béninois.

Puis vint le tour d’un certain Sébastien Ajavon. Le redressement fiscal auquel il a opposé une résistance farouche est en train de connaître un dénouement consensuel et moins douloureux que ce qu’on entrevoyait. L’administration fiscale mise à ses trousses semble avoir trouvé une solution de compromis pour que le bras de fer n’aboutisse pas à la mort de Cajaf-Comon. Sébastien Ajavon, monté sur ses grands chevaux, a fini par faire profil bas.

Il a répondu favorablement à l’appel du Chef de l’Etat pour une table ronde secteur public-secteur privé. Ficelle de politicien ou véritable bouée de sauvetage, cette énième concertation accouchera peut-être de la nécessaire solution pour l’apaisement.

Apaisement. Voilà bien ce dont Patrice Talon a besoin actuellement dans ses relations avec le Chef de l’Etat. Ayant profité de ces relations au moment où il était encore le bailleur de fonds que l’on sait, il a su s’imposer dans les rouages stratégiques de l’économie nationale. A un moment donné, Talon était à l’entrée et à la sortie du secteur cotonnier.

A l’entrée, il fournissait les intrants, en contrôlant toute la chaine de fourniture du NPK et de l’urée. A la sortie, il pouvait se targuer de maîtriser tout le circuit de l’achat du coton auprès des producteurs. Ajouter à tout ceci le PVI, et l’on aboutit à un véritable empire qui culmine à des dizaines de milliards de FCFA. Mais les temps ont changé. Les relations conflictuelles Yayi-Talon auraient débouché sur la fuite de Talon, selon la revue confidentielle La Lettre du Continent.

Mais rien n’est moins sûr, quand on sait les intérêts colossaux qu’il détient dans son pays. Ce sont des dizaines de milliards de FCFA, de très sérieuses relations d’affaires et des centaines d’employés souvent de haute qualification.

Après ces milliardaires, c’est le tour de Issa Salifou d’être inquiété par le régime Yayi. On peut espérer que le terrain d’entente auquel ils pourraient parvenir, ne fera pas l’impasse sur la nécessaire bonne gouvernance et la sauvegarde des intérêts de ce peuple qui a souvent assisté impuissant à la destruction de ses ressources et aux prévarications en tout genre de la minorité rassasiée.

Olivier ALLOCHEME