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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec Dr Guy Wokou, démissionnaire de l’UDBN: « J’ai quitté le parti parce que je suis déçu »


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Désormais ex premier organisateur général du parti de l’Union Démocratique pour un Bénin Nouveau (Udbn) de l’honorable Claudine Afiavi Prudencio, Dr Guy Wokou est Consultant Senior, Environnementaliste et Enseignant-Chercheur des Universités du Cames. Il confirme à travers cet entretien sa démission de l’Udbn, les raisons de son départ et regrette la polémique née à son sujet. Il entend jeter sa valise bientôt dans l’un des deux blocs de la mouvance présidentielle.

L’Evénement Précis : Votre démission de l’Udbn   bruite sur la toile et dans les médias depuis peu, qu’en est-t-il réellement ?

Dr Guy Wokou : Je suis parti de l’Udbn, c’est vrai. J’ai déposé ma démission pour plusieurs raisons. Je suis enseignant chercheur à l’Université d’Abomey- Calavi et la responsabilité que l’Etat m’a confié, c’est bien l’éducation de nos enfants, de nos jeunes frères et sœurs. A cela, je m’atèle et je le fais avec dévouement. J’ai commencé avec Mme Prudencio depuis les années 2009 2010, pendant que l’actuelle ministre de l’enseignement supérieur Mme Ladékan Yayi était encore sa conseillère juridique. Nous avons travaillé ensemble  en 2011, on a fait la centralisation des résultats et après on s’est perdu de vue avant de se mettre encore ensemble en 2013.  Mais ma démission de l’Udbn est venue un peu tardivement  parce que j’ai pris du temps à réfléchir, à échanger avec la présidente à mainte reprise et j’ai fini par comprendre que ma présence à ses côtés n’était plus importante.

Quelles sont les vraies raisons de votre démission ?

Comme vous le savez, en politique, il faut la patience et la culture du militantisme. Je crois que j’ai fait preuve de ses deux qualités au sein de l’Udbn. Je le dis parce que quand vous prenez Wokou Guy que je suis, depuis mes débuts avec l’honorable Claudine Afiavi Prudencio, tout le monde m’a vu à l’œuvre en tant que bon militant. Je ne demande pas, je ne quémande pas et elle-même  l’a témoigné un peu partout. Je n’ai jamais tendu ma main pour dire, présidente, donnez-moi ci, donner moi ça. Jamais. Je suis de nature dévouée et je n’aime pas qu’on fasse d’amalgame en matière de rôle et de tâche ou de fonction. Ce qu’on me confie, j’aime qu’on me laisse faire et me laisse gérer.

Il s’est avéré que nous avions organisé si non, l’Udbn a organisé trois sorties politiques pour ne pas parler de congrès et pour ces genres d’activité, je suis très actif et je joue mon rôle convenablement. A un moment donné, j’ai constaté que la présidente s’est érigée en super organisatrice générale. C’est même peu dire, elle s’est accaparée les 39 postes qui sont dans le bureau politique. C’est elle qui joue tous les rôles sans prendre la peine d’associer les responsables à chaque niveau. Je vous dis que je suis organisateur général mais j’avoue que je ne sais pas comment on fait pour que les bâches viennent sur les lieux du congrès. Je ne sais pas comment les chaises viennent et pire encore dans mon domaine culturel et artistique que je maitrise bien, elle  déplace des artistes à mon insu, sans me consulter sur une manifestation que je suis censé organiser. Vous imaginez un peu,          c’est aberrant et je ne suis pas resté  silencieux sur le fait. Car, plusieurs fois à des réunions du bureau politique, j’attire son attention pour dire, écoutez Mme la présidente, par rapport à telle ou telle chose, laissez-nous organiser, laissez-nous gérer.

Vous voulez dire que c’est parce que vous vous sentez isolé de la gestion du parti   que vous avez démissionné ?

C’est bien ça. Je ne peux pas être dans un groupe et exister de nom. Beaucoup sont dans la même situation au sein du bureau politique mais qui sont incapables de le dire ou de réclamer. Moi je l’ai dit à plusieurs reprises, j’ai eu l’audace de le dire soit en réunion soit directement avec elle. Je  ne demande rien. Même la dernière fois après que le parti a  reçu son récépissé définitif, je lui ai dit au Chant d’oiseau qu’elle ne laisse pas la main au jeunes que nous sommes autour d’elle pour travailler et que c’est elle-même qui veut tout gérer en même temps.

Au-delà de cet aspect, quoi d’autre reprochez-vous à la présidente  ?

L’autre chose est que l’Udbn n’a pas encore le visage d’un parti national. Il faut l’avouer. C’est un parti familial. Nous étions quelques-uns venus d’autres horizons mais le traitement qui nous est réservé n’est pas l’idéal. J’ai pris mon temps d’observer, d’analyser. Tout le monde m’a vu lors des législatives de 2015, tout le monde m’a vu lors de la présidentielle de 2016 avec le candidat Sébastien Ajavon avant que le parti, ensemble, décidions de suivre le chef de l’Etat, Patrice Talon à cause de son ambitieux programme d’action du gouvernement et des réformes salutaires qu’il a engagées dans le pays. Mais, lorsque ça ne va pas, il faut avoir le courage de le dire et c’est de ça qu’il s’agit.

Votre démission a créé une polémique sur la toile. On vous accuse de demander des postes et que c’est parce que vous n’en n’avez pas été nommé que vous avez démissionné. Qu’en dites-vous ?

Je ris seulement. Je vais vous dire une chose. C’est n’est pas bien pour une personnalité  politique de son rang de se salir  à ce point. Les échanges privés que nous avions eu sur whatsapp, ma présidente, celle à qui j’ai du respect jusqu’à ma démission prend ces discussions qu’elle balance sur les réseaux sociaux.  C’est aberrant et c’est même ridicule.

Vous savez, nous étions nombreux mais tout le monde est parti. Des gens sont venus sous mes yeux et sont repartis sous mes yeux. Le tout dernier départ avant moi, c’est bien sûr celui du secrétaire général Todémasso. Elle a été la première à m’écrire pour me dire que le Chef de l’Etat veut nommer des jeunes et qu’elle  lui aurait laissé un certain  nombre de Curriculum Vitae et que le secrétaire général Todémasso serait nommé le mercredi qui allait suivre sa démission. J’ai répondu Ok, qu’il n’y a pas de souci. Je l’ai félicité pour la démarche, pour sa bravoure puisque jusque-là, je n’avais pas encore écouté la version du secrétaire général démissionnaire.   Elle me demande ensuite, et toi, quel poste veut-tu ? A moi de lui répondre que ma formation correspond bien avec tel ou tel poste. Elle me dit : écris-moi ça. C’est là que j’ai écrit.  Je lui ai écrit que je nourris d’ambition pour l’ Abe ou du Fnec qui cadre bien avec ma profession d’expert senior environnementaliste Banque Mondiale ou de surcroît le poste de DG Fac du fait de ma meilleure connaissance du milieu culturel et artistique en tant Président de l’Association des promoteurs culturels et Artistiques du Bénin (Aprocab).  Donc, j’ai cité les postes qui ont trait à ma formation, ma spécialité ou la culture que j’ai avec le temps adoptée. Mais là où elle s’est fait avoir dans cette polémique, c’est que j’ai bien précisé que je ne veux pas qu’elle propose mon CV. « Madame la présidente, je voudrais attirer votre attention sur le fait qu’au regard des tâches qui me sont actuellement confiées à l’Université d’Abomey-Calavi, je vous demande humblement de ne pas proposer mon CV pour une quelconque promotion actuellement ». J’ai été très clair. Et,  c’est heureux qu’elle n’ait pas torpillé tout ce qu’on s’est écrit même si elle a ajouté ce qu’elle veut. Mais je crois que j’ai refusé, je lui ai demandé de ne pas proposer mon CV, de ne pas faire ma promotion. J’ai bien refusé parce qu’en tant qu’enseignant chercheur à l’Uac, je sais travailler. Je sais me battre pour avoir le peu dont j’ai besoin. Donc, je suis désolé, je ne suis pas parti parce que je veux un poste comme elle se plait à clamer partout. Je lui ai certes parlé de mes ambitions mais j’ai été très claire, Mme la présidente, ne proposez pas mon CV, ne faites pas ma promotion.  

Que dites-vous des cotisations  que vous ne  payez pas ?

Pour ce qui concerne les cotisations, je les ai toujours payées   et quand il y a congrès, il  y a des souscriptions volontaires qu’on fait au sein du bureau et j’ai toujours donné  parfois un montant plus élevé que tout le monde. J’ai encore des reçus de certaines cotisations et des souscriptions volontaires que j’ai payées auprès de la trésorerie. Au-delà des cotisations et des souscriptions, il est arrivé plusieurs fois que je fasse des soutiens en son nom à des étudiants, à des militants qui sont éplorés avec mes propres ressources.  Je soutiens des jeunes qui organisent des  tournois de football au nom du parti et j’organise des rencontres à la base pour parler du parti et faire la promotion de la présidente sans aucun apport du parti. Donc, l’argument qui fait état de ce que je ne paie pas  mes cotisations est un faux problème.  

Après votre départ et bien avant, celui des conseillers communaux, secrétaire  général et autres, quel avenir imaginez-vous pour l’Udbn ?

C’est un réel problème pour le parti. Le malaise est là et au lieu de régler, elle se jette dans de vaines polémiques. Moi j’ai dit depuis le départ des conseillers communaux, dont le tout dernier, Igor Allignon et les élus locaux, que le parti se résume à la présidente à ses sœurs et à collaborateurs. C’est un parti qui n’a plus d’avenir. Imaginez un parti où les élus sont partis. Qui sont ceux qui sont en contact avec la base si ce ne sont pas les élus ? C’est les conseillers  d’abord et nous on est au sommet en tant que cadre ou bureau politique. Je vous le dis et je suis sûr, il n’y a plus rien là. Le départ du secrétaire général doit déjà lui dire beaucoup de choses mais elle n’a pas sus se racheter. Ce dernier doit être déjà dans l’un des blocs.

Et vous, quel est votre point de chute?

Je l’ai dit dans ma lettre de démission que dans les jours à venir, je vais rejoindre l’un des deux blocs, l’Union Progressiste ou le Bloc Républicain comme l’a bien indiqué le chef de l’Etat dans sa réforme politique. C’est d’ici quelques jours, ça ne va pas  tarder. Pour avoir fait une formation en gouvernance politique et démocratie à la Chair Unesco, j’ai eu mon Dess dedans,  je continue de faire mes analyses et également je continue d’échanger avec ma base. Car, une base, nous en avons aussi. Godomey, c’est notre fief. Les 49 quartiers de Godomey, je les connais au bout des doigts pour avoir parcouru ces quartiers  avec l’honorable Afiavi Prudencio. C’est pour dire que d’ici là, nous allons venir sur la scène avec un géant mouvement. Vous aurez le temps de le constater et à l’occasion, nous allons clamer haut et fort notre appartenance à tel ou tel bloc. Cela sera ainsi parce que le chef de l’Etat qui fait bien est venu avec une réforme des partis et il a dit, je ne veux pas trois choses, je veux juste deux. Entendez-vous pour former les deux blocs. Donc, je vais atterrir dans l’un dans l’autre. Ça, c’est clair, soit c’est l’UP soit c’est le BR mais pour l’instant, je garde le suspens.  

Seriez-vous candidat pour les communales ?

Ça, c’est également à la base et au bureau politique du parti qui va m’accueillir d’en décider puisque nous venons de quelque  part et nous avons décrié des comportements. Il ne faudrait pas que nous fassions également les mêmes erreurs.  Il faut que la base décide , que le bureau politique donne son avis aussi et je  lui porterai mon dossier.

Un appel à la base

Je voudrais inviter mes militants et mes sympathisants au calme et à la sérénité. Le combat reste à venir.

Entretien réalisé par Yannick SOMALON

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