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Le triomphe de la vérité

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Edito: Métier : ancien président


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Le paradoxe est pour le moins saisissant. Il y a trente ans, le 15 octobre 1987, Thomas Sankara tombait sous les balles de Blaise Compaoré. Pendant que tous les panafricanistes célèbrent leur héros et que des délégations entières ont effectué le pèlerinage de Ouagadougou pour lui dire leurs hommages, son assassin, celui-là même qui l’a tué pour prendre sa place, est aujourd’hui hors du pays. Il a été chassé du pouvoir comme un malpropre en octobre 2014, et ronge son amertume loin du pays qu’il a dirigé pendant 27 ans. Je dis bien 27 ans. Aujourd’hui, cet ancien président qui a connu tous les honneurs, est réduit à n’être plus qu’une ombre qui se cache pour vivre à Abidjan. C’est un sort funeste. Si seulement quelqu’un lui avait dit en octobre 1987 qu’il serait aujourd’hui exilé, haï et honni…
A contrario, on a pu voir un exemple parfait d’ancien président heureux fin septembre 2017. Trois anciens présidents américains, Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton étaient présents à l’occasion d’une compétition de golf biennale dénommée « Presidents Cup ». Le golfeur américain Phil Mickelson a même réussi un petit exploit : prendre un selfie avec les trois hommes réunis. En Afrique, cette image qui a fait le tour du monde, est comme sortie d’un conte de fées. Les dirigeants qui se rêvent en immortels, icônes indétrônables, ont tenté pendant longtemps de se rendre incontournables jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Parlons justement de George W.Bush. Fortement contesté durant son séjour à la Maison Blanche, il est simplement devenu…un peintre. Il suit sa passion qui lui a été révélé après avoir lu l’ouvrage de Winston Churchill intitulé : « La peinture, mon passe-temps ». Et depuis, il n’a plus lâché ses pinceaux. Quant à Oluségun Obasanjo, il est devenu acteur de cinéma. L’ancien président du Nigeria joue dans une web series intitulé « Dele Issues », aux côtés de l’acteur Samuel Ajibola. Son épisode a été posté sur Youtube ce samedi 14 octobre 2017. Mais Obasanjo n’en est pas à un coup d’essai. Avec d’autres anciens présidents nigérians (Gowon, Shonekan, Ekwueme, etc.), il avait déjà chanté un tube souhaitant paix et unité au Nigeria en ce début 2017. Obasanjo est clairement un modèle achevé d’ancien président, passant son temps à sa grosse ferme d’Abéokouta, publiant des ouvrages, donnant des conférences à travers le monde ou participant à des événements panafricains de paix, d’unité et de développement.
Comment ne pas évoquer l’ancien Président Nicéphore Soglo, qui mène en parallèle d’une vie politique intense, malgré son âge, une activité culturelle tout aussi nourrie. Il ne s’est retiré de la présidence en 1996 que pour s’ancrer dans la vie politique mouvementée de notre pays, avec ses joies et ses peines. C’est peut-être le même destin que caresse Boni Yayi. L’activisme des groupes qui lui sont proches laisse entrevoir que le leader des FCBE s’apprête à entrer dans la course aux élections législatives en 2019. Faut-il le regretter ? A mon humble avis, la place d’un ancien Président est celui d’éclaireur ou de guide.
Tout compte fait, s’il entrait au parlement en simple député, il faut se demander s’il pourra supporter d’être dirigé et malmené au besoin par des hommes qu’il ne contrôle pas, lui qui est habitué à rester à la commande. C’est ce leadership qu’exerce le Ghanéen John Jerry Rawlings qui a présidé aux destinées de son pays de 1982 à 2001. Aujourd’hui retiré des affaires publiques, il n’en reste pas moins présent sur la scène, donnant des coups de mains, offrant sa médiation, et apportant son soutien aux plus jeunes. Sa popularité a incité son épouse Nana Konadu Agyeman-Rawlings, à postuler à l’élection présidentielle de l’année dernière, sans succès.
Deux figures particulièrement sombres noircissent ce tableau. Charles Taylor et Laurent Gbagbo. Les deux croupissent dans les prisons de la Cour pénale internationale (CPI), résultats des conditions calamiteuses de leur retrait du pouvoir.
Mais il est clair, malgré cela, que le sort des anciens présidents a varié depuis une trentaine d’années. Il y a trente ans en effet, les anciens Chefs d’Etat africains étaient soit contraints à l’exil (intérieur ou extérieur) soit tués ou encore emprisonnés. Ce sont des exceptions qui confirment que quelque chose a changé dans nos mentalités.

Olivier ALLOCHEME

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1 thoughts on “Edito: Métier : ancien président

  1. Youtube to Mp3

    Mais il est clair, malgré cela, que le sort des anciens présidents a varié depuis une trentaine d’années. Il y a trente ans en effet, les anciens Chefs d’Etat africains étaient soit contraints à l’exil (intérieur ou extérieur) soit tués ou encore emprisonnés. Ce sont des exceptions qui confirment que quelque chose a changé dans nos mentalités.

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