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Le triomphe de la vérité

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Edito: Pauvre Zinsou !


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Avant même que la Cour constitutionnelle ne donne les résultats définitifs, le reflux a commencé. C’est le PRD qui a annoncé les couleurs, en disant clairement hier mardi sa volonté de ne pas faire l’opposition, conformément aux décisions prises par son conseil national. Puis on a vu Blaise Ahanhanzo, le maire d’Abomey effectuer le grand saut pour embrasser le nouveau président de la république. On attend ce que fera sa formation politique, la RB qu’il devance comme pour préparer le terrain. On apprend que dans quelques jours, des ténors des FCBE vont aussi opérer le ralliement pour suivre le sens du vent.
A vrai dire, j’aime bien la manœuvre de maitre Houngbédji qui a trouvé une formule d’opportunisme médiocre mais fort bien à propos, pour justifier son geste : « Nous avons compris le message de nos électeurs ». Et pourtant, les mêmes responsables nous avaient confirmé qu’ils avaient bien consulté leur base avant de prendre la décision de soutenir Lionel Zinsou. Quelle base ont-ils consulté cette fois-ci, alors qu’il y a moins d’une semaine, la campagne anti-Talon du PRD faisait encore rage ? On sait ce qui se passe. Laminé dans son fief traditionnel, le PRD a peur. Ce qu’en dix ans le pouvoir Yayi n’a jamais réussi, Sébastien Ajavon et Patrice Talon l’ont réussi en quelques mois seulement. Si le parti s’obstine à évoluer dans l’opposition, il aurait fait l’option de se  décapiter en toute conscience.   Il court le risque de se faire arracher sa base par un parti que l’un des deux hommes d’affaires aurait créé d’ici peu pour capitaliser le succès de ce dimanche.
Le parti de maître Houngbédji a été réellement pitoyable au cours de cette élection. Incapable d’avoir son propre candidat, le plus grand parti du Bénin est aujourd’hui obligé de soutenir précisément le candidat qu’il a rejeté, quelques jours seulement après le vote lui-même.  Si ce n’est pas de la déchéance, cela y ressemble beaucoup.
A la place du parti, toute formation politique digne du nom aurait pris des dispositions pour analyser mûrement le sens du vote et créer un nouveau leadership interne. J’aurais préféré même un changement de nom ainsi qu’une réorientation radicale de son action politique en vue de montrer aux électeurs que l’on a effectivement compris le message qu’ils ont envoyé. Ceci empêcherait l’humiliation du ravalement actuel. Aucune stratégie politique ne consiste à dire que l’on entre dans la mouvance au pouvoir. C’est une forfaiture qui montre que le leadership   au sein du PRD est déconnecté des électeurs, et, plus généralement, du bas peuple. La période choisie, l’absence de maitre Houngbédji qui aurait dû venir parler lui-même à sa base ainsi que l’immoralité des arguments choisis, neutralisent forcément les effets recherchés.
Quant à Patrice Talon, nouveau Président élu, il a tout lieu de se réjouir. C’est lui qui recueille tous les lauriers de ces forfaitures en série, puisqu’il accueille des partis qui lui seront d’une grande utilité dans la modification de la constitution. N’ayant pas pour le moment une majorité réelle au sein du parlement, il aura tout loisir de compter sur ces ouvriers de la 25ème heure. Mais il aurait tout faux, s’il croit qu’il pourra monnayer ces soutiens contre des prébendes ou des avantages en retour. C’est précisément ces retours d’ascenseur qu’attendent les partis et personnalités aujourd’hui prêts à retourner leurs vestes. Et c’est aussi du fait de cette stratégie prébendière que Boni Yayi a travesti sa gouvernance, en oubliant les engagements fondamentaux de son avènement.
Autrement dit, il serait de bonne politique au nouveau Président d’accueillir tout le monde, en montrant des signes clairs qu’il ne se livrerait pas au jeu sordide des marchandages qui a plombé le régime finissant.
Après tout, son régime à lui sera une transition vers un autre système de gouvernance dont il posera les bases. Il reste donc épargné de la fièvre électorale permanente ayant amené Boni Yayi dans les reniements et autres compromissions de ces dernières années.
Finalement, il faut plaindre Zinsou. Il croyait avoir des soutiens sincères. Le spectacle de la campagne ainsi que les revirements spectaculaires que l’on voit indiquent, s’il le fallait encore, qu’il s’est fait avoir. Il a cru bêtement en des soutiens que des politiques plus avisés, auraient pris avec beaucoup de pincettes. Au moment où tout l’abandonne, il découvre progressivement qu’au Bénin, le patriotisme et la vraie politique sont presque contradictoires. Et c’est dommage !

Par Olivier ALLOCHEME

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