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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le deuil et la farce


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logo journalC’était en janvier dernier. Boko Haram avait  exécuté  près de 2000 personnes, femmes et hommes, enfants, jeunes et vieux. Amnesty International parla de  « pire massacre  jamais perpétré » par le groupe islamiste. L’organisation non gouvernementale souligne   que des centaines de corps, trop nombreux pour être comptés, demeurent éparpillés dans la brousse au Nigeria. Qu’a fait le gouvernement béninois devant cette  tragédie qui se déroulait pourtant à son nez et à sa barbe ? Rien. Le 02 avril 2015, l’université de Garissa, au Kénya, a été attaquée par les Shebab. 148 personnes, principalement des étudiants, avaient été abattues de sang froid par les terroristes. Y a-t-il eu un seul geste des autorités béninoises pour rendre hommage à ces Africains abattus par les assassins ? Non, rien du tout.
Le 11 janvier 2015, après l’horreur de Charlie Hebdo, le chef de l’Etat avait trouvé les moyens d’aller marcher sur les bords de la Seine, lors de la marche mémorable ayant réuni  des leaders du monde entier. Le Bénin avait décrété, déjà en ce moment, un deuil national accueilli avec des moqueries un peu partout. Cette fois encore, pour les attentats du 13 novembre, le Bénin n’a rien trouvé d’autre à faire que de décréter un deuil national de 24h et de faire son cinéma habituel.
Soyons clair. En observant l’attitude du gouvernement béninois lors du massacre de Charlie Hebdo, on remarquera simplement qu’il a conservé une cohérence dans l’action concrète. Deuil national en janvier, deuil national en novembre, Boni Yayi ne saurait être condamné à ce niveau d’anachronisme. Mais en novembre comme en janvier, il y a comme une émotion sélective qui saute aux yeux. L’incongruité en sus.

Emotion sélective, car lorsque les mêmes assassinats sont perpétrés par les mêmes fous contre des Africains,  il y a un silence assourdissant des autorités béninoises. Les meurtres idiots perpétrés chaque jour au Nigeria par Boko Haram auraient exigé tout au moins des gestes symboliques tout aussi forts de la part des autorités béninoises.  Les dirigeants béninois croient-ils que les Africains sont moins importants que les autres peuples  ? La question reste encore posée.

La tragédie de vendredi n’est nullement à banaliser. Le sang qui a coulé à Paris réclame vengeance. Tant d’innocentes victimes n’ont rien compris à ce qui se passait, avant de tomber sous les balles assassines des faux musulmans du Daesh. La mort violente de ces 129 personnes dont certains sont des Africains, est une preuve suffisante que les terroristes n’ont qu’un objectif : faire peur. Ne nous leurrons d’ailleurs pas. Le prosélytisme religieux a toujours usé de la terreur pour imposer ses dogmes. Aussi loin que me remonte le souvenir de mes cours d’histoire, je puis dire avec certitude que l’œuvre d’un certain Ousmane Dan Fodio dont on vante aujourd’hui les mérites, ne fut bâtie que grâce à la guerre sainte. Les razzias, les meurtres effroyables, les enlèvements et les kidnappings sont les méthodes de ces héros. Il en est de même des chrétiens. En dehors de la Lord Resistance Army (LRA) qui  commet des massacres effroyables au nom du christianisme en Ouganda, l’Eglise catholique a été traversée de fond en comble par des mouvements schismatiques violents et tout aussi destructeurs. De siècle en siècle, on se rend compte que la foi religieuse est le terreau d’un nombre incalculable de crimes aussi odieux les uns que les autres.
La folie des hommes du Daesh n’est donc pas une donnée nouvelle. Elle entre dans l’épiphanie de la peur, méthode séculaire du prosélytisme religieux porteur d’un instinct destructeur qui ne se dément pas, de siècle en siècle, surtout dans les religions monothéistes. Sa déclinaison moderne, qui se traduit par des actions  aveugles et bien mûries, n’est pas moins condamnable que jadis.
En vérité, l’Afrique qui paie un lourd tribut au terrorisme, ne saurait  agir comme si ses propres citoyens étaient des personnes de seconde zone. C’est contre cet affaissement de l’égalité et de la fraternité à travers le monde que des dizaines de jeunes prennent les armes et sont happés par les extrémistes violents. Boni Yayi et ses homologues africains devraient ainsi savoir que les victimes sont les mêmes, qu’elles soient  à Paris ou Garissa, à Maidougouri ou Fotokol.

Par Olivier ALLOCHEME

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