.
.

Le triomphe de la vérité

.

Edito: Le pétrole en baisse de forme


Visits: 1

Souvenez-vous ! En juin 2015, la compagnie pétrolière nigériane SAPETRO a suspendu les explorations qu’elle faisait depuis la signature de son contrat avec le gouvernement en 2008. La raison officielle avancée, c’est que l’exploration du premier site n’a pas pu être achevée à cause de difficultés techniques, celle du second n’a permis de trouver que de l’eau et seule l’exploration du troisième a permis de découvrir un gisement de 1,5 millions de barils. Les responsables de SAPETRO ont ajouté que ce troisième bloc devrait produire en moyenne 1140 barils par jour sauf que la commercialisation du pétrole découvert nécessitera, en amont, un investissement de 67 millions dollars US, pour une rentabilité estimée à 40 millions dollars US, une situation nullement rentable pour la compagnie qui a déjà investi environ 564 millions dollars US, soit environ 282 milliards de FCFA, dans les travaux d’exploration contre une prévision initiale de 280 millions dollars US.
Pour ne pas désespérer de la situation, la vice-présidente de Sapetro, Senator Daisy Danjuma, avait confirmé l’existence du pétrole dans le bassin sédimentaire côtier béninois, indiquant que 87 millions de barils d’or noir sont déjà disponibles sur le bloc 1 et feront l’objet d’une exploitation sur quatorze ans, à raison de 7.500 barils par jour, à compter de la date d’exploitation. Mais le départ de Sapetro ne signifie pas l’abandon des rêves pétroliers du Bénin. D’autres compagnies pétrolières comme la Canadienne NS Oil, l’Américaine, Elephant Oil et la Mauricienne Signet Petroleum, sont toujours présentes au Bénin où elles continuent des recherches sismiques avant d’engager des travaux de forage.
Mais le front pétrolier est des plus obscurs actuellement. Depuis 2014, un mouvement de fonds montre la baisse régulière des prix du brut. Fin août 2015, il se négociait sous la barre historique de 50 dollars US. Porté surtout par le ralentissement de l’économie chinoise, la demande mondiale de brut est en chute libre. La croissance de l’industrie chinoise qui tire celle du reste du monde est en cours de stagnation voire même de recul, ce qui a entrainé la forte crise boursière enregistrée fin août. La déprime chinoise n’est pas du tout une bonne nouvelle pour l’économie mondiale. A elle seule, la Chine est la deuxième importatrice mondiale de pétrole. En clair, la crise va ralentir la demande mondiale de brut de près d’un million de barils par jour.
Pendant ce temps, l’offre mondiale est en forte hausse. Avec les accords signés entre l’Iran et les Etats-Unis ce pays revient sur le marché mondial du brut avec ses millions de barils. Et pendant ce temps aussi, le pétrole et le gaz de schiste font une entrée plus que fracassante sur le marché. Aujourd’hui, le pétrole et le gaz de schiste constituent des sources alternatives d’énergie qui sont désormais massivement produites par des pays comme les Etats-Unis, premier importateur mondial et le Canada, entre autres. Résultat, la chute du pétrole n’est pas qu’une donnée circonstancielle. Elle est faite pour durer. La question, c’est de savoir si les compagnies encore en exploration au Bénin ne vont pas en tirer les conséquences et s’en aller, comme SAPETRO. Ce n’est pas ce qui est à souhaiter, mais c’est presque inévitable.

Quelles pourraient être les conséquences de cette situation sur l’économie béninoise ?
Si nous renonçons, du moins momentanément, aux recettes pétrolières, l’incidence de la situation actuelle sur l’économie béninoise ne sera pas décisive. Le Bénin n’a malheureusement pas un passé pétrolier, et ne base donc pas ses recettes sur le pétrodollar. Contrairement à un pays comme le Nigeria ou l’Angola qui sont actuellement en pleine crise budgétaire du fait de leur forte dépendance aux revenus pétroliers, notre pays pourrait même sourire. La baisse du prix du pétrole pourrait entrainer la baisse de l’inflation et donc induire une plus forte hausse de la croissance économique en fin d’année. Cela se ressent déjà sur le marché noir où les prix ont commencé à descendre à un très bas niveau. L’essence kpayo coûte moins cher que jamais. Du coup, ce sont les prix des denrées de consommation qui vont diminuer ou tout au moins stagner, au grand bonheur des consommateurs. En clair, ce qui se passe actuellement sur le front pétrolier, est plutôt bon pour le consommateur. C’est une embellie qui risque de durer dans le temps, même si pour engranger des revenus pétroliers, le Trésor Public béninois va devoir attendre encore un peu.

Par Olivier ALLOCHEME

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page