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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Au nom de Yayi


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La mouvance présidentielle est maintenant pleine comme un œuf. On avait hurlé de surprise l’année dernière en voyant le retournement de veste de la RB juste aux lendemains des élections. On avait même failli pleurer lorsque les manœuvres du PRD ont abouti la semaine dernière à ce communiqué plus que lucide qui reconnait les contacts du parti de Maitre Houngbédji avec la mouvance, suite à la menace d’éclatement de son groupe parlementaire. Tous nos scrupules, toutes nos illusions se sont envolés, brisés en mille morceaux, partis en fumée lorsque vendredi, l’Honorable Issa Salifou a organisé sa « prière de réconciliation » au profit du président de la république. Il a quitté l’opposition.

« S’il y a une chose dont on peut être certain dans la vie, c’est que rien ne dure », disait l’écrivaine australienne Nikki Gemmell. Et il n’y a rien de pire que ces changements, ces revirements politiques spectaculaires qui vous font douter de tout, même de votre propre chemise. Désormais donc, il faudra se convaincre de l’une des vérités dites ce vendredi par le Président de l’UPR : « La politique est un jeu d’intérêt ».

C’est vulgaire, c’est saugrenu, mais c’est tellement vrai au Bénin que tous ceux qui rêvaient en croyant que la politique servait à construire une cité de paix et de prospérité devraient s’enfuir sur la planète Mars ou même sur une île déserte. Parce que, décidément, la vérité bête de Issa Salé est partout répandue, partout de règle. Seulement, ce qui arrive sous nos cieux a quelque chose de si singulier et si grégaire qu’il est dénué de toute vertu. On y sent la nausée, la boue, la saleté, la pourriture.

J’étais convaincu, moi et quelques autres, que les dettes de Bell Benin faisaient de Issa Salifou son promoteur une proie particulièrement facile pour le Président de la République. Mais « l’affaire » Canal 3 a montré que la chaine n’avait aucune chance de survie. Il suffit, même maintenant, que l’ORTB commette des experts pour évaluer les dommages et les intérêts pour que Canal 3 s’effondre. Quelques dizaines de milliards réclamés, un procès et le tour est joué.

A moins que la chaîne ne soit dupliquée sous une autre forme (numérique pourquoi pas) pour ne pas mourir. Le limogeage du très proche et très serviable Julien-Pierre Akpaki était un signe alarmant. Il indiquait clairement que Boni Yayi était prêt à tout pour tirer cette affaire au clair et prendre les sanctions qui s’imposent. Mais le revirement de Issa Salifou est destiné vraisemblablement à l’émouvoir pour qu’il ne donne pas le coup de grâce. La seule chose qu’on n’a pas entendu, c’est le fameux « pardon ».

Désormais pleine à craquer, la mouvance parlementaire va donc se renforcer et offrir un boulevard au Chef de l’Etat. A la télé, l’on voit déjà les efforts désespérés de nos confrères qui tentent à tout prix d’ennoblir le nouveau Yayi, père de la nation, blanc comme neige, très bon stratège, économiste hors pair, en passe de nous conduire tous à l’émergence. La liberté d’expression à la télévision béninoise est désormais aussi rare que les œufs de mouton. Silence : la politique est un jeu d’intérêt.

Il faut rendre à César ce qui est à César. Après la tension multiforme de la fin de son premier quinquennat, tous ces revirements et ces louvoiements donnent au Chef de l’Etat un incroyable ascendant sur toute la classe politique. De gré ou de force, il est parvenu à se rallier l’essentiel du personnel politique de notre pays. Il n’entendra plus jamais chanter les refrains haineux qui lui ont rendu la vie amère au soir de son premier mandat.

Il roule désormais sur un boulevard apaisé, calme lac tranquille où il peut voguer en silence, sans craindre les turbulences d’une opposition plus que jamais réduite à néant. A elle seule, l’Union fait la nation ne fait plus le poids. Sa voix résonne dans nos têtes comme celle d’hommes et femmes du passé, d’un lointain passé. Ils ne sont pas dans l’air du temps, ils ne sont pas dans la mouvance.

C’est une œuvre d’art griffée Yayi. Et à la vérité, l’on doit reconnaître que le démantèlement méthodique de l’opposition met le Bénin en position de fonder une nouvelle classe politique, plus vertueuse, moins nauséabonde, moins perfide et surtout moins stupide.

Olivier ALLOCHEME

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