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Dr. Placide CLEDJO, Spécialiste en Aménagement du territoire : « L’inondation au Bénin va s’aggraver de jour en jour »


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Enseignant à l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), le Docteur Placide CLEDJO explique à  travers cette interview accordée à votre journal, le phénomène d’inondation sur la bande côtière  du Bénin. Spécialiste des questions environnementales, il donne les raisons qui font persister le phénomène sans oublier de faire des propositions.

L’Evénement Précis : Pourquoi cette grande inondation en ces moments ?

Dr. Placide CLEDJO : Le problème d’inondation doit se multiplier parce qu’actuellement c’est un problème très sérieux lié aux changements climatiques. La température augmente et dès qu’il y a augmentation, le phénomène de fabrication de la pluie pour la formation de nuages, il y a plus de pluie. De la même manière, il aura aussi beaucoup de sécheresse. C’est les deux extrêmes que nous avons.

Comment expliquez-vous le cas de Cotonou ?

Nous l’expliquerons en  tenant compte de la progression de la pluie, parce que chez nous en  climatologie, il est démontré qu’il aura beaucoup de pluies par exemple en juillet. Et si Cotonou sent surtout cela, c’est parce qu’il y a plus de pluies dans un temps réduit. En un mois, on a eu près de 800 millimètres de pluies. Or habituellement, on a entre 300 et 400 millimètres. Le sol n’a pas la capacité d’absorber toute cette quantité d’eau. C’est pourquoi, ça s’est étalé et tout le monde s’affole. S’il y a un élément qui s’ajoute à ça en dehors de la température élevée, c’est que  Cotonou s’est imperméabilisé. Avec l’urbanisation, il y a beaucoup de constructions, d’infrastructures, de pavés, et il n’y a plus d’espace pour faire filtrer l’eau,  ce qui fait que l’eau s’est étalée. Alors la situation est la même à Porto-Novo et à Abomey-Calavi.

Pensez-vous que le phénomène va s’aggraver ?

Absolument, ça va s’aggraver de jour en jour parce que si on prend le cas de Porto-Novo par exemple, l’inondation est liée au problème d’urbanisation. Les gens construisent dans des endroits où on ne doit pas rester. Donc dans le schéma d’aménagement de ces villes là, on n’a pas prévu ces cas. A Porto-Novo par exemple, les deux bassins qui devaient recueillir l’eau, ont été construits et automatiquement, l’eau s’est déversée sur la population. L’eau est retournée automatiquement dans les assiettes qui constituent ces bassins. Nous étions allés là-bas pour vérifier. Et il faut préciser que c’est la même situation dans le Mono.

La commune d’Abomey-Calavi vit aussi la situation. Qu’en dites-vous ?

C’est un même scénario parce que là lorsqu’on est sur le plateau, ce qui a fait sentir la chose s’appelle les dépressions fermées.  Et lorsqu’il pleut, l’eau stagne dans les dépressions fermées. Et même dans les projets d’urbanisation, si vous ne  programmez pas d’issu pour l’eau, à la fin, elle s’étale. Donc c’est un problème lié à l’aménagement du territoire. Donc si on doit repenser la façon d’aménager le territoire et spécifiquement la façon de lotir les gens, les géomètres n’en tiennent pas compte. Ce qui fait que quand l’eau arrive tout le monde est inondé. Les dépressions fermées du plateau ne sont pas exploitées rationnellement. C’est ce qui crée encore d’autres problèmes. Il y a le fait que les gens  se sont installés dans les sites, où l’eau devrait rester. Tout va s’aggraver maintenant en septembre, on aura une grande quantité d’eau qui viendra du Nord. Ces eaux vont passer par les fleuves Mono, ensuite Nokoué et venir dans le lac Nokoué et s’étaler sur Cotonou et les autres villes du Littoral. En septembre ce sera pire et nous allons crier davantage.

Que dites-vous alors des cas récents de Comè, Grand-Popo et Athiémé ?

C’est lié à l’urbanisation et ils vont subir le même sort. Partout, où il y a plateau c’est qu’il faut penser à un bon schéma d’aménagement. A l’avance, il faut éviter de construire dans les assiettes des eaux.

Les constructions des bassins XX peuvent-elles permettre de remédier au problème ?

Ces constructions des bassins XX à Cotonou ne sont pas inventées. C’est un logiciel qui a permis de voir là où on peut faire passer l’eau pour que Cotonou puisse avoir plus de répit en matière d’inondation. Et c’est cela qui est en train d’être réalisé sur les bassins mais en réseau. C’est quand ça ne sera pas en réseau que le problème va persister. Dans le même moment,  il y a les bassins AA qu’il faut construire pour pouvoir reprendre ces eaux-là vers le lac Nokoué.

Pour ce qui est des épis qui se construisent pour lutter contre l’érosion côtière, ne pensez-vous pas que cela peut augmenter le fait ?

Non, ces constructions n’ont rien à avoir avec l’inondation. C’est plutôt le phénomène d’érosion côtière. Les épis qui sont en train d’être construits,  sont pour stabiliser la côte. Ce n’est pas pour l’inondation. Ce phénomène est lié à la dérive littorale du golfe de Guinée. Il y a le port de Cotonou qui bloque ce qui est en avant du port  et il y a dépôt et tout ce qu’il y a après le port, il y a départ. C’est ça qui explique le phénomène d’érosion dans le golfe de Guinée en général. Donc ce n’est pas seulement au Bénin. L’inondation est là mais il y a l’érosion côtière qui est un autre problème.

En tant que spécialiste des questions environnementales, quelles solutions préconisez-nous ?

Il faut simplement repenser les schémas d’aménagement du territoire. Tout d’abord c’est bon qu’on ait lancé l’agenda spatial, donc il y a le schéma national d’aménagement du territoire. Toutes les communes peuvent faire le schéma directeur d’aménagement de leur commune qu’on appelle Sdac. A ce niveau, si elles doivent nécessairement tenir compte de ce système, vous verrez que le phénomène va régresser. De tout ceci, ce que nous expliquons de façon locale, il y a le fait que dans les études scientifiques avec l’augmentation de la température, d’ici 2015 ou 2030, de tout ce que nous disons, il y aura de l’eau  qui doit arriver indépendamment de la pluie et sous forme d’inondation. C’est-à-dire que Cotonou n’existera plus. C’est ça qui nous guète actuellement. Et il faut souligner que c’est l’utilisation à outrance du pétrole qui entraîne cela. Nous devons revoir les sources d’énergie que nous utilisons et privilégier l’énergie solaire. Il faut donc revenir sur les sources non renouvelables notamment l’énergie solaire et celle éolienne.  Voilà pour ce qui est de la température jusqu’au relèvement des mers. Mais quant à l’inondation de façon locale, c’est qu’il faut refaire les schémas directeurs d’inondation des communes. Aujourd’hui, il est question d’encourager les gens à faire leur schéma d’aménagement avant les lotissements pour qu’en implantant leur bâtiment que l’inondation ne vienne pas au rendez-vous.

Pourquoi pleut-il sur la bande côtière et pas dans les villages ?

Ce n’est donc pas qu’il pleut plus à Cotonou et à Abomey-Calavi, c’est que plus nous utilisons le pétrole plus la température s’augmente. Et là où on utilise plus de pétrole, il y aura plus de température. C’est pourquoi dans les villes, on voit que la température augmente et survient la pluie.

                                               Propos recueillis par Emmanuel GBETO

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1 thoughts on “Dr. Placide CLEDJO, Spécialiste en Aménagement du territoire : « L’inondation au Bénin va s’aggraver de jour en jour »

  1. MONGADJI M Isaac Obafèmi

    ce phénomène est mondial. Il résulte de la répercution des consequences de l’industralisation des grandes puissances.car la planète terre est notre maison commune;tout ce quise passe à un point donné de la planète à des repercutions ailleurs.
    ce phenomène est aussi dû aux comportements des béninois vis-à-vis de leur milieu de vie.(la déforestation,l’utilisation du charbon dans la cuisine,les engins à 2temps,la mauvaise exploitation des ressouces du pays…. constitues des virus pour notre planète et favorise le rechauffement climatique). Nous jeune, on doit se mobiliser et former des groupes dans les 77 communes du bénin por amorcer un developpement durable sur toute l’etendue de notre territoire.

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