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Moukaram Océni, maire de la ville de Porto-Novo, sous sanction au sein du Parti du renouveau démocratique (Prd) depuis le 24 octobre 2013, a annoncé hier sa démission du parti, au cours d’un point de presse tenu à l’hôtel << Les Ambassadeurs >> de la capitale. Au nombre des raisons évoquées pour justifier son acte, il dit avoir constaté le prolongement sans suite de la décision de la Direction exécutive nationale le privant de tous ses droits et devoirs au sein du Parti. « Espérant que la raison prévaudrait finalement pour qu’enfin un débat sincère, sérieux et digne s’installe pour clore définitivement les incompréhensions, j’ai compris plutôt qu’au terme des travaux du conseil national récemment tenu, mon remplaçant au sein de la DEN a été choisi, je me trouve dans l’obligation de prendre mes responsabilités », a signifié Moukaram Océni dans sa déclaration. Il a également annoncé hier qu’il fera savoir sa nouvelle destination politique au public dans une quinzaine de jours. A ce sujet, des langues indiscrètes susurrent déjà qu’à l’instar de l’actuel préfet Moukaram Océni, le maire de la capitale se préparerait, en ce moment, à créer son propre parti politique. Lire ci-après l’intégralité de sa déclaration de démission.
Déclaration de Moukaram Océni à propos de sa démission du Prd
Qu’il vous souvienne le communiqué de la DEN (la Direction Exécutive Nationale) du PRD (Parti du Renouveau Démocratique) en date du 24 octobre 2013 signé du Président Adrien HOUNGBEDJI relative aux décisions prises à mon encontre au sein du Parti. Depuis 1995, je sers mon Parti, le PRD avec fierté et bonheur, et puis depuis 2008 à la tête de la Municipalité de Porto-Novo, position qui m’a été confiée par le truchement de notre majorité au sein du conseil municipal. C’est un honneur, c’est une responsabilité. Et comme toujours, je voudrais encore une fois remercier le Parti de m’avoir permis de jouir de cette expérience qui a raffermi l’amour que j’avais déjà pour notre ville, Porto-Novo, la Capitale du Bénin.
Qu’il vous souvienne aussi la crise née des incompréhensions au sein du conseil municipal sur la vision de développement de la Ville de Porto-Novo qu’il faudrait avoir. Depuis ce temps, je suis la cible d’attaques politiques puis médiatiques véhiculant, pour créer la suspicion, contre-vérités et amalgames. J’y ai répondu point par point afin de rétablir la vérité quand je le pouvais. J’ai trop de considération pour les hommes et les femmes du conseil municipal auquel j’appartiens et qui servent notre Ville avec dévouement et compétence, pour accepter que leur action puisse être affectée par une manipulation. Après avoir constaté le prolongement sans suite de la décision (voir le communiqué de la DEN signé du Président et en date du 24 octobre 2013) me privant de tous mes droits et devoirs au sein du Parti et espérant que la raison prévaudrait finalement pour qu’enfin un débat sincère, sérieux et digne s’installe pour clore définitivement les incompréhensions, et que j’ai compris qu’au termes des travaux du conseil national récemment tenu, mon remplaçant au sein de la DEN a été choisi, je me trouve dans l’obligation de prendre mes responsabilités. Bien qu’ayant le sentiment de n’avoir commis aucun manquement pour subir une telle exaspération, j’ai donc décidé d’arrêter ma collaboration avec le Parti.
Il est certainement de mon devoir de vous donner une explication sur quelques raisons profondes de cette décision. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point il m’était douloureux de prendre une telle décision car j’ai aimé ce parti, je l’ai défendu avec sincérité et enthousiasme, j’y ai cru, cru en son avenir, en sa capacité à apporter LA SOLUTION pour notre pays, à servir de Parti fédérateur de toutes les bonnes volontés et toutes les forces démocratiques qui refusent le clivage idéologique et croient dans les valeurs d’une démocratie apaisée respectueuse des différences. Une démocratie qui rassemble les Béninois pour qu’ils puissent relever ensemble le défi du développement économique et social comme élément essentiel pour l’avenir de la démocratie au Bénin. J’ai cru dans toutes ces valeurs et je voyais le PRD comme porteur de ce projet. “Ce qui vous arrive n’a pas réellement d’effet quant à la tournure que prend votre vie; c’est plutôt ce que vous en faites qui décide du résultat de celle-ci.” Jim Rohn. Je voudrais déclarer à tous les militants du parti qu’après avoir constaté qu’à l’issue de la crise qui s’était installée, l’échec de toutes les tentatives de réformer le parti de l’intérieur et de le recentrer sur ses principes fondateurs, la lecture politique faite n’était pas juste. Personne n’a réellement compris quoi que ce soit dans cette « histoire ». Non, personne n’a essayé d’organiser ce vrai débat nécessaire au sein du Parti. Tout ce qu’ils ont fait, c’est éviter de se poser ces questions fondamentales, et d’éviter ce « Mouka » devenu peut-être gênant. C’est ainsi qu’ont commencé les campagnes de dénigrement, les mensonges à mon encontre, les manipulations les plus ignobles, tous unis pour réduire ma voix au silence et me faire passer pour un monstrueux «ultra-libéral» défenseur du pouvoir en place en jouant ainsi sur l’esprit « révolutionnaire» des uns et l’ignorance des autres. J’ai dû supporter pendant plus d’un an toutes ces ignobles manœuvres et j’ai continué à provoquer le débat mais sans succès. Vous avez constaté que personne n’a proposé une autre ligne au niveau de la DEN et personne n’a voulu comprendre ni écouter ma version.
Alors je me suis posé une série de questions : Avions-nous affronté les problèmes du Parti alors que tout le monde savait qu’il y avait une crise interne et externe ? Avions-nous proposé une stratégie pour assainir la situation et redonner au Parti un nouvel élan ? Avions-nous jamais eu une vision des communes gérées par le PRD ? Avions-nous eu une politique d’accompagnement des Maires du Parti ? RIEN, RIEN, RIEN et tout le monde est resté comme s’il ne s’était rien passé. C’est ça la réalité du Parti. Comme je l’ai à maintes fois repris, la crise dont je parle est née de la question de l’option de développement de notre pays, de la région Ouémé – Plateau, et surtout de Porto-Novo, Ville dont je suis le Maire. J’ai toujours pensé que l’intérêt de notre pays, de la région Ouémé – Plateau, et surtout de cette Ville de Porto-Novo devrait passer avant tout autre intérêt comme le dirait l’autre : « la politique est une question d’intérêt général …. ». Que le Parti n’était rien d’autre qu’un outil au service de cette Ville en particulier et celui du Bénin en général. Que la réussite du Parti était la réussite de la Ville de Porto-Novo et vis-versa. Lisez mes écrits, mes déclarations et vous verrez que j’étais et je le suis toujours quasiment attaché au développement de ma Ville en croyant que mon Parti est animé d’une approche faite de modération et de volonté de vivre ensemble avec nos différences. J’ai fait tout ce que je pouvais pour renforcer le PRD pour qu’il soit porteur de mes projets au sein du conseil municipal. Après près d’une année de tentatives et de patience, après tous les efforts déployés pour défendre l’indéfendable parfois et pour préserver l’image du parti à l’extérieur. Il ne me reste plus qu’à me rendre à l’évidence : Sortir de ce Parti. “Le meilleur vin n’est pas nécessairement le plus cher, mais celui qu’on partage.” Georges Brassens. Avec celles et ceux du PRD et d’autres compatriotes avec qui je partage la même vision du développement et du destin de notre Ville et de notre pays, je poursuivrai le même combat politique sous un autre format surement avec la même détermination, la même foi en l’avenir pour apporter ma modeste contribution à la construction de cette Ville qui a besoin de l’expertise de tous ces filles et fils.
Je suis convaincu que pour avancer, nous devons dire ouvertement ce que nous avons sur le cœur et que, trop souvent, nous ne disons que derrière des portes fermées. Il doit y avoir un effort soutenu pour s’écouter, apprendre l’un de l’autre et chercher des terrains d’entente. « Soyons conscient de Dieu et disons toujours la vérité. » C’est ce que je me propose de faire : dire la vérité du mieux que je peux, humble devant la tâche qui nous attend, et ferme dans ma croyance que les intérêts que nous partageons en tant qu’êtres humains sont beaucoup plus forts que les forces qui nous séparent.