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La gouvernance des sociétés et offices d’Etat commence à livrer des résultats catastrophiques. Elle se conjugue en scandales, en dénonciations et contre-attaques, le tout dans une atmosphère glauque. Alors que dans les pays sérieux, ce sont d’abord les performances et les innovations des entreprises qui font la une de l’actualité, ici ce sont des accusations au bas de la ceinture qui s’enchaînent quant à la gestion de ces offices.
Le ver était dans le fruit. L’histoire de ces entreprises était d’abord celle d’entités n’ayant pas vraiment d’obligations de performances. Contrairement à d’autres offices d’Etat, comme les régies financières qui sont astreintes à des seuils de recouvrement précis avec des échéanciers bien définis, les sociétés d’Etat fonctionnent comme si elles n’avaient rien de tel dans leur mode d’existence.
En prenant le cas de la SBEE, sa seule obligation a toujours semblé n’être que la fourniture de l’énergie électrique, comme elle veut, quand elle veut et même à qui elle veut. Pas de contribution réelle au Trésor public, pas d’obligation formelle de nous fournir le courant, pas de contrat d’efficacité avec l’Etat et encore moins avec les clients… Les délestages intempestifs et leurs ravages sont jusqu’ici restés impunis. Les plates excuses qui en découlent constituent la seule pénitence que la société doit verser sur l’autel de nos sacrifices et de nos souffrances..
Le Chef de l’Etat qui était arrivé avec des idées de bonne gouvernance, n’a pas pu arrêter la saignée. Dans ces unités de production, les prédations se sont comme accentuées. Et les accusations du Conseil d’administration sortant de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) viennent réveiller nos soupçons. Il est temps que les pouvoirs publics prennent de nouvelles dispositions pour empêcher la mainmise du politique.
Non contents de politiser l’administration publique, les politiques ont tout loisir d’agir également au sein de ces unités de production. Du coup, aucun contrat de performance ne peut être adopté entre les directions et leurs clients. La nouvelle dynamique à adopter impérativement est celle d’une obligation de résultat dictée par des textes.
A cet égard, tout en affirmant la vocation sociale d’offices comme la SONEB et la SBEE, de nouveaux textes réglementaires ou légaux devraient pouvoir contraindre les managers à non seulement atteindre des performances obligatoires mais aussi à respecter les normes de gestion.
Il n’est pas compréhensible que dans un pays comme la France, les sociétés publiques, même dotées d’une vocation sociale, alignent de bons résultats, alors qu’ici elles accumulent les contreperformances et les scandales. C’est le cas de la SNCF, équivalent de notre OCBN, qui a triplé ses bénéfices en 2012 avec de bonnes perspectives pour 2013. Idem pour France Télécom qui est un label de qualité. Même si ses bénéfices sont en baisse par rapport à 2011, la société reste largement viable. Elle enregistre une expansion appréciable, au point de chercher à s’emparer ici de notre Bénin Télécom. Là-bas, le régime de travail est lié aux résultats de chacun, ici, il est impacté par les libertés que chacun se donne, du dernier planton jusqu’au manager en chef.
Si le Bénin ne se calque pas sur ces modèles de transparence et de performance, il est à craindre pour l’avenir de ses sociétés publiques. A force de liberté et de libertinage, Bénin Télécom est sur le chemin de la casse. Même sa privatisation est restée problématique du fait d’un endettement exponentiel qui effraye tout repreneur. Les plus sérieux ont même demandé à acheter la société au franc symbolique, obligeant l’Etat à revoir sa copie. Invendable et impotente, Bénin Télécom perd sa clientèle. Elle reste aujourd’hui la lanterne rouge des opérateurs GSM après avoir bénéficié pendant plusieurs années de passe-droits liés à sa position de société étatique.
Il en est de même de l’OCBN, vieillard déglingué, qui peine à se relever de tant d’impérities. La recapitalisation sauvera-t-elle cet office moribond ? La question reste posée au moment où le repreneur connu, après plusieurs années de gestion, peine à trouver la véritable solution qui sauvera le chemin de fer au Bénin.
Transparence et obligation de performances constituent dès lors les deux éléments clés de la gouvernance à mettre en œuvre dans ces offices d’Etat. Ne pas le faire aujourd’hui ouvre la voie à l’incurie que nous avons vue jusqu’ici, à la suspicion et, probablement, à la disparition des sociétés d’Etat.
Par Olivier ALLOCHEME