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Expérience TEBE, nouveau président du parti Mouvement populaire de libération (Mpl) ‘’Sous L’Arbre à Palabre’’: «Le MPL n’a encore rien vu de social sous Talon»

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Le nouveau président du parti Mouvement populaire de libération (Mpl), Expérience TEBE

Le « hautement social », socle de la nouvelle mandature du Chef de l’Etat Patrice Talon, peine à prendre de l’envol. C’est du moins le constat fait par le Président du Mouvement Populaire de Libération (MPL), Expérience Tèbè, malgré les efforts consentis par le Gouvernement et son chef pour alléger la crise qui sévit au Bénin. « Nous aurions voulu voir notre gouvernement réagir plus promptement avec des mesures concrètes face à cette situation. Ce que nous tardons à voir alors que nous attendons du hautement social », déclare-t-il lors de son passage dans la rubrique phare de L’Evénement Précis, Sous L’Arbre à Palabre, le dimanche 11 juillet 2021. Au cours de ces échanges avec les journalistes, l’invité n’a pas manqué de donner des nouvelles sur la santé de son parti, les raisons de son absence à la dernière présidentielle, la désignation de Paul Hounkpè comme chef de file de l’Opposition et bien d’autres sujets qui défraient l’actualité.

Et si on en parlait

Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a eu une vague d’arrestations il y a quelques jours à l’ANaTT. Est-ce que c’est la preuve de la lutte du gouvernement pour la bonne gouvernance selon vous ?
C’est avec un cœur serré que j’aborde en ce moment cette question qui anime l’actualité nationale, où un jeune cadre se voit plongé au milieu d’un scandale qui pousse tout le monde à l’étonnement. Mais de là à demander si c’est une preuve de la lutte pour la bonne gouvernance, je dis que cela ne suffit pas. Parce que sous le régime précédent, on a vu même des ministres, des DG, aller en prison pour des questions de détournement dans le cadre de cette lutte-là. Mais cela n’a pas suffi pour qu’on dise que ce régime a eu la palme d’or de la lutte pour la bonne gouvernance. Je ne vais pas dire que c’est un épiphénomène. Seulement, la situation précise, puisque c’est de l’ANaTT que vous parlez, me dérange un peu parce qu’il s’agit d’un jeune. Vous savez, j’interviens ici en qualité de responsable d’une formation politique qui se réclame de la jeunesse. Et de notre côté, le changement que nous souhaitons au niveau de la gouvernance dans le pays, nous voulons que les jeunes soient plus associés à la gestion de l’Etat. Nous voulons qu’aux postes de responsabilité que ce ne soit plus les mêmes personnes. Mais si l’occasion est donnée à certains jeunes qui, au lieu de montrer le bon exemple, vont s’empêtrer dans des scandales du genre, vous comprenez ma difficulté à parler de cela. Et moi je profite pour inviter tous les jeunes qui ont eu la chance d’être nommés à des postes de responsabilité qu’ils ont l’impérieux devoir de bien se comporter. Qu’ils fassent de sorte à être les meilleurs afin de permettre à d’autres jeunes d’avoir également la possibilité. C’est important pour nous et surtout pour moi personnellement. Parce que jeune, j’avais occupé des postes de responsabilité dans l’administration publique. Si aujourd’hui, je me plais dans ma peau d’opposant au régime, c’est parce que je n’ai pas de casserole. Parce que, ces questions-là, lorsqu’on est jeune, il faut être très prudent quand on vous confie la gestion. Ce qui me dérange dans cette affaire aussi, est que la structure concernée a un conseil d’administration et un ministre de tutelle. Je ne comprends pas comment on a pu laisser faire pour que la situation ait pu durer autant et soit aussi profonde. De toutes les façons, ils sont au niveau de la justice et les responsabilités seront situées. Mais pour ma petite expérience, je pense que si les structures de contrôle faisaient leur travail en amont, il n’y aurait pas autant de gap. Par exemple, ce qui choque les populations, c’est la question des 34millions de boissons. C’est certainement inscrit dans leur budget. Et ils font ça chaque année. Et le conseil d’administration n’a pas vu cette irrégularité, encore moins le ministre de tutelle et cela passait et a pu faire 5ans avant qu’on n’en parle maintenant. C’est cela qui est regrettable pour nous. Il faut qu’à tous les niveaux les structures de contrôle travaillent en temps réel pour que les situations du genre ne perdurent. Ce n’est qu’à ce prix qu’on pourra parler de bonne gouvernance.

Pourquoi le MPL a disparu juste avant les élections présidentielles ?
On n’a pas disparu. C’est que l’opinion était habituée à la fougue des jeunes du MPL, aux déclarations. Vous savez, dans la vie, il faut évaluer ce que vous faites et réajuster à temps. Sinon vous irez dans le décor. Tirant donc leçon des législatives de 2019, après les communales de 2020, pour aborder le virage de 2021, la direction du parti a défini un certain nombre de stratégies. Parce qu’on s’est retrouvé sans élu pour avoir de parrain. Donc pour pouvoir régler cette question, parmi les stratégies qui avaient été retenues, c’était d’éviter les déclarations à l’emporte-pièce et de travailler en sourdine pour aller toucher la situation de parrainage. Donc, la priorité était de travailler pour obtenir ces parrains-là. Alors, après les communales, nous avons saisi les deux partis qui détenaient les parrainages pour pouvoir entrer en discussion avec eux. Malheureusement, ils sont rentrés dans le dilatoire pour ne pas créer le cadre de discussion qu’il faut pour obtenir cela.

Cela vous a empêché d’aller aux présidentielles….
C’est ce qui s’est malheureusement passé. C’est la seule chose qui nous a bloqués. Et nous avons évité d’étaler à la place publique tout ce que nous avons fait dans ce sens. Parce que nous avons eu à discuter avec les élus individuellement. Nous avons entendu des choses.

Et qu’est-ce que ces élus-là ont dit ?
Nous avons eu des promesses de certains élus qui à la dernière minute ont tous désisté.

Par peur ?
Je ne sais pas. Vous leur poserez la question après.

Votre parti a suivi les secousses de la présidentielle du 11 avril 2021. Selon vous, y avait-il eu exclusion de certaines candidatures ?
Tout le peuple béninois dans son entièreté a vu qu’il y a eu exclusion programmée de certaines candidatures. Et ça, il faut avoir le courage et l’honnêteté de le dire. Nous avons perçu ça dès lors qu’au niveau de l’Assemblée nationale, l’opposition n’a pu participer aux élections législatives en 2019. En 2020, après cette situation de 2019, il y a eu un dialogue qui a accouché d’une révision du code électoral, de la constitution, instituant désormais le parrainage qui est une pièce maitresse pour aller à la présidentielle. C’est alors que pour anticiper sur cette situation que nous avons vécue, nous nous sommes battus des pieds et des mains pour pouvoir participer aux communales. C’est justement à ce niveau que nous n’avons pas été compris par beaucoup. Notre position à l’époque était simple. Nous avons estimé qu’on nous a déjà imposé le code électoral. La constitution l’a déjà rendu obligatoire. On n’avait plus de marge de manœuvre. La seule marge de manœuvre qui nous restait, c’était de répondre présent aux communales, avoir des maires pour pouvoir participer en toute tranquillité aux présidentielles. C’était notre position. Parce que nous avons déjà vu le mal venir. Si nous-mêmes, on ne détient pas des maires, tout peut arriver. Finalement vous avez vu tout ce qui s’est passé.

Pendant que le MPL n’a pas déposé sa candidature sans le parrainage, d’autres l’ont fait et ont été recalés après. Vous auriez pu poser l’acte et on saura que vous êtes contre les dispositions du code électoral….
Qu’il vous souvienne qu’après le dépôt des candidatures, nous avions tenu une conférence de presse au Chant d’Oiseau pour fustiger les collègues de l’opposition qui sont allés déposer les dossiers. En ce moment encore, nous n’avons pas été compris. Nous savons les dispositions qui régissent les élections à la magistrature suprême dans notre pays. Ces dispositions du code électoral précisent qu’il faut avoir des parrains. Nous (l’opposition) n’avons pas pu avoir ces parrainages. Les autres candidats ont eu le même problème que nous. Ils ont eu des promesses fermes, mais à la dernière minute les gens se sont rétractés. Maintenant que vous n’avez pas eu le parrainage, vous allez déposer un dossier incomplet. Vous rendez la tâche facile à la CENA qui a rejeté le dossier comme étant incomplet. Conséquence, vous avez validé le processus auquel vous n’avez pas réellement pris part. C’est pour cela qu’au MPL, nous avons décidé de ne rien déposer. C’est vrai que les militants tout comme d’autres nous ont mis la pression en pensant qu’en allant déposer, il pourrait y avoir un miracle après ou qu’on s’assèye et dire qu’on va enlever ces dispositions. C’était leur point de vue. Mais c’est faux. Il ne faut pas être dupe. C’est pour ça que nous avions condamné ceux qui ont fait ainsi. Si vous déposez un dossier incomplet, vous avez validé le processus. Nous avions pensé qu’il aurait été plus opportun pour l’ensemble de l’opposition de ne pas mettre pied là-bas, de laisser simplement les candidats de la mouvance y aller et à nous de nous réunir une énième fois pour dénoncer le processus, pour dire : « Voilà, nous sommes exclus, on a institué une disposition de parrainage sachant bien que l’opposition n’a aucun parrain. On nous a dit que les élus de la mouvance peuvent nous parrainer. Ils ont tous refusé, et voilà. C’est ce qui s’est passé. » Nous, nous n’avions pas déposé et nous avons dénoncé ceux qui l’ont fait.

Mais les partis d’opposition tels que FCBE et la dynamique RLC ont eu le parrainage …
C’est des questions douloureuses pour nous. Tout ça relève d’un passé que nous essayons de conjuguer et de prendre toutes nos dispositions pour l’avenir, parce que ne nous voilons pas la face. Le peuple souffre, et je sais que vous le savez autant que nous, que la situation n’est pas du tout reluisante dans notre pays, et il faudrait que nous acteurs politiques qui nous réclamons de l’opposition, qu’on se prenne un peu plus au sérieux. Il est nécessaire qu’on se prenne plus au sérieux afin de corriger le tir.

Voulez-vous dire que les candidats de la FCBE et de RLC n’ont pas été sérieux ?
Non, ça c’est vous qui le dites. Ce que je dis plutôt, je parle de l’opposition en général, sans nommer, pour dire qu’il est important qu’on se prenne plus au sérieux. Il est important que nous puissions regarder de plus près la misère du peuple que nous défendons, que nous puissions nous départir de nos intérêts personnels, de nos égos pour répondre réellement au sacerdoce de défendre les plus démunis, défendre la misère que nous observons, que de faire des jeux de mots. C’est important pour nous au MPL. Et c’est pour ça que nous sommes mal compris de nos aînés et même d’une partie de la population, parce que pour nous ce qui importe, nous croyons en notre capacité à nous organiser et à changer le cours des choses. Pour nous, contrairement à ce qui est véhiculé, la peur, tout le monde est tétanisé, la peur a réussi à gagner tout le monde, et aujourd’hui, on pense qu’il s’agit d’un régime invincible. On ne peut rien faire, il vaut mieux croiser les bras, il faut regarder, non. Nous, nous pensons que si l’opposition se prend plus au sérieux et offre un spectacle plus digne des oppositions qu’on connait ailleurs, on arriverait à changer le cours des choses. Et c’est ce que nous nous préparons à faire les semaines, les mois à venir.

Est-ce que selon vous, c’est les exclusions qui sont à la base des violences électorales ?
Lorsqu’une bonne partie de la classe politique est exclue des compétitions électorales en 2019, en 2021 couronné par ce que l’on sait, comprenez que la somme des frustrations combinée aux émotions de certains peut facilement amener des situations de violences. C’est pour ça que même à la veille des présidentielles, nous avons appelé nos militants à beaucoup de circonspections, parce qu’il ne faut pas qu’on se laisse aller aux émotions. On savait que l’opposition avait perdu d’avance, et qu’en face de la machine qu’on nous imposait, les rapports de force n’étaient pas à notre faveur. Donc, il ne fallait pas aller l’affrontement inutile.

Qui a organisé les violences selon vous ?
Dans cette situation, il est difficile d’indexer X ou Y comme étant auteur de violences. Ce que je disais tantôt, ce sont les frustrations de ceux qui se voient faibles, ceux qui se voient opprimés combinées à une mauvaise lecture de la situation qui ont provoqué ça.

Quelle est votre appréciation par rapport à la tenue de ce scrutin, trois mois après ?
Ce qu’on peut dire, c’est que nous avons perdu une bataille, et pour nous au MPL, nous n’avons pas perdu la guerre. La guerre va continuer en peaufinant nos stratégies. L’Opposition a perdu une bataille. Nous l’avons souvent dit. Ça fait mal parfois, mais c’est la vérité. Nous étant jeunes, on n’est pas dérangé de dire ce que nous croyons être vrai. Si un certain Talon était de l’opposition, et qu’on imposait cette disposition qui exclut là, pensez-vous qu’il n’aurait pas pu obtenir ces parrainages-là ? Honnêtement, nous tous, nous connaissons la vérité. Alors, si nous opposants d’aujourd’hui, on n’a pas pu infiltrer ce dispositif, on n’a pas pu faire exploser ce dispositif comme nous l’avons promis, c’est parce que quelque part, nous n’avons pas été à la hauteur de la ruse qu’on nous a opposée. Pour nous, il faut être honnête et reconnaître ça. On nous a opposé une ruse et tout, on nous a brimés, mais nous n’avons pas été à la hauteur de l’affaire. Pour nous, c’est ça et il faut qu’on tire toutes les leçons et nous organiser pour que ça ne nous arrive plus.

Qu’est–ce que le MPL pense des arrestations de Madougou, Aïvo et autres qui sont des acteurs de l’opposition ?
D’abord, dame Réckya Madougou a été arrêtée le 3 mars 2021, et déjà le 4 mars, nous sommes la première formation politique à réagir par un communiqué, fustigeant cette arrestation. Nous avons trouvé que quel que soit ce qu’on lui reprochait, dans les circonstances où ça se produisait, cela n’était pas de nature à favoriser la paix, et que ça pouvait créer des situations conflictuelles. Nous avions publié ce communiqué avant même que le parti qui voulait la présenter ne réagisse bien plus tard. Nous avions demandé que diligence soit faite au niveau de la justice pour qu’on expose les faits de façon claire, et que très vite elle recouvre sa liberté et sa famille, parce que nous on a pensé qu’on a besoin de tous les enfants du pays pour apporter leurs petites touches à la construction de la Nation. Aujourd’hui, les choses sont lancées, ça traine. Il y a eu d’autres arrestations. On évoque des faits suffisamment graves dont on n’a pas connaissance, même les avocats des intéressés n’ont pas accès au dossier. Vous convenez avec moi que nous devons prendre un peu de retenue pour aborder cette question.

C’est-à-dire que des militants MPL n’ont pas été arrêtés ?
Nous avons quelques-uns.

Que leur reproche-t-on ?
Je suis peiné de l’avouer, mais nous avons été les pionniers surtout en 2019 dans la contestation violente qu’il y a eue. La main-d’œuvre, les stratégies, tout ce qui s’est passé, c’est nous. Mais après cela, on a fait le point. Nous avons trouvé que ça a été contre-productif. Nous avons perdu en face de la machine qu’on nous a opposée. Et c’est depuis lors que nous avons pris un peu de recul par rapport aux revendications violentes. Certains parmi nous continuent de croire que c’est la voie à suivre. C’est ainsi que de façon isolée certains parmi nous ont posé des actes qui, malheureusement ont fait que aujourd’hui, nous avons des gens en détention et d’autres en exil.

Donc vous ne répondez pas de ces actes ?
Non. On ne peut pas répondre de ces actes puisqu’il s’agit d’initiatives personnelles. Parce que nous, responsables du parti avons appelé nos compatriotes à s’abstenir de poser certains actes. Lorsque nous sommes venus aux encablures de la présidentielle, nous avons saisi les autres formations politiques de l’opposition. Il y avait le Front pour la restauration de la démocratie, Les Démocrates et toutes les entités de l’opposition. On les a contactés aux fins d’échanger pour adopter une conduite commune en face de ce qui voulait se passer. A cette rencontre, le président Houdé a répondu dans les 24h. Il y avait tous les responsables des organisations. Nous leur avons dit ceci: « Nous, nous avons épuisé nos cartouches. Nous savons aussi que la solution ne peut être que dans la concertation et dans l’ensemble. Nous sommes relativement les plus jeunes. Ce que nous voulons, sans rentrer dans la stratégie de ce qui veut se passer, nous nous mettons à la disposition de l’ensemble de l’opposition pour être solidaire de tout ce qui va se passer. Donc en prenant la décision de faire quoi que ce soit, informez-nous quelques heures à l’avance. Dîtes-nous le rôle que vous souhaitez que les jeunes jouent et nous, on se met en ordre. Nous sommes prêts à tout. Mais malheureusement, on n’a pas eu de retour de ce qui est à faire. Donc la veille des élections, on a demandé à nos militants de rester chez eux. Parce que nous avons encore en notre sein, les vestiges de 2019.

Juste après les arrestations de Réckya Madougou et autres, il y a eu un calme plat dans le pays. Est-ce que ça n’explique pas que quelque chose s’est passé ?
Nous, nous ne sommes pas surpris par cette situation. Nous l’avons dit, en politique comme partout ailleurs, lorsque les rapports de forces ne sont pas en votre faveur, vous faites attention aux actes que vous posez. Si on engageait une contestation violente, est-ce que ce serait en notre avantage ? En réalité, ces arrestations ont davantage instauré la peur au sein des populations. Ce qui a amené les gens à se rétracter dans leur coin. Déjà les gens ne trouvent pas le minimum qu’il faut pour survivre. Et maintenant vous leur demandez d’aller se retrouver dans les liens de la détention ? Non. C’est ce qui explique le calme plat dont vous parlez.

Selon vous, quel a été le rôle de l’ancien président Boni Yayi dans cette affaire ?
Je ne suis pas son porte-parole. Je ne suis pas de son parti et je ne sais le rôle qu’il a joué.

Vous aviez été empêché entre temps de faire le congrès de votre parti à Tchaourou
Ce sont des questions que nous ne souhaitons plus aborder parce que l’ensemble de toutes ces choses nous a conduit à la situation que nous vivons aujourd’hui. Ce qui nous intéresse aujourd’hui au sein du parti MPL, c’est comment nous en sortir. Si nous ne trouvons pas des solutions à la situation que nous vivons aujourd’hui, d’ici à là, ce serait compliqué. Ce sera un échec pour la jeunesse parce que quand ça devient dur, c’est les plus jeunes qui doivent prendre le devant et dire non. Les ainés ont essayé de faire de leur mieux. Nous ne pouvons pas leur jeter la pierre. Maintenant, si nous ne pouvons pas être capables de nous organiser pour trouver des solutions aux maux qui nous minent, ce serait un échec. C’est ce que nous refusons de permettre et c’est pour cela que nous commençons par nous organiser.
En suivant votre développement, on a comme l’impression que le pays est en crise
Les gens vivent dans des situations de résignation où ils ne peuvent plus dire ce qu’ils veulent exprimer. Pour nous, il y a bien une crise. Il revient à l’exécutif de trouver les voies et moyens de dégel et de ramener au sein du peuple une cohésion, une harmonie et toute chose nécessaire au développement que nous souhaitons.

Que pensez-vous de la désignation de Paul Hounkpè comme chef de file de l’opposition ?
Nous avons été surpris par cette désignation, au même titre que le peuple béninois, de voir un décret pris par le conseil des ministres pour nommer Paul Hounkpè comme chef de file de l’opposition. Un chef de file de l’opposition doit se faire reconnaitre dans un travail de discussion avec les partis de l’opposition. S’il est vraiment chef de file, il doit pouvoir réunir toute l’opposition, échanger avec elle, définir les stratégies idoines pour sortir de la crise dans laquelle nous sommes.

Vous voulez dire qu’à aucun moment Paul Hounkpè n’a pris contact avec vous ?
A aucun moment mais je le dédouane d’une chose. Quand nous tenions notre conseil national il y a quelques semaines, nous avions invité tous les partis politiques de l’opposition et il s’est fait représenter.

Vous attestez qu’à la dater d’aujourd’hui, il n’y a eu aucune relation entre le chef de file de l’opposition et le MPL ?
Aucune relation.

Vous pensez qu’il n’a pas la caution de ce qu’il fait ?
C’est ce que vous comprenez. Même si Paul Hounkpè bénéficie d’une certaine légalité, nous savons tous que la légitimité n’y est pas. Qu’est ce qui lui a permis d’être nommé chef de file de l’opposition ? Est-ce que l’opposition a réellement été aux dernières élections ? C’est des réponses que nous connaissons mais pour nous, il est inutile de nous attarder sur ces questions parce qu’elles ne nous apporteront rien. Ce qui nous importe aujourd’hui, c’est les échéances de 2023. Nous sommes souvent à l’avant-garde des situations. La clé de la situation dans laquelle tout le peuple s’est empêtrée est les législatives de 2023. Et pour ça, l’opposition doit se préparer dès à présent, se donner les moyens de ne plus être brimée de quelque manière que ce soit sinon, la situation va perdurer.

Lors de son investiture, le chef de l’Etat a appelé à faire taire toutes les querelles et à faire face à l’ennemi commun qu’est la pauvreté. Qu’en dites-vous ?
Il est dans son rôle. Il lui revient de trouver solution aux problèmes que nous rencontrons. Mais, il a beaucoup à faire pour pacifier le pays, à réunir le peuple béninois toutes tendances confondues pour qu’on puisse se refaire confiance, espérer se mettre sur les rails du développement que nous souhaitons.

Le président Talon a également promis faire du hautement social
Nous attendons toujours.

Donc il n’a pas encore commencé ?
Nous n’avons encore rien vu de social. Plus encore ces jours qui passent où il y a une inflation des prix de produits de première nécessité et une cherté sans précèdent du cout de la vie. Et il n’y a encore eu aucune réaction conséquente de la part du gouvernement. Même si c’est une situation qui dépasse les frontières, nous avons vu ailleurs des actions qui tendent vers le social. Nous aurions voulu voir notre gouvernement réagir plus promptement avec des mesures concrètes face à cette situation. Ce que nous tardons à voir alors que nous attendons du hautement social.

Qu’attendez-vous à voir comme mesure ?
Il y a une panoplie de mesures

Mais il y a l’interdiction de l’exportation des produits vivriers…
C’est une mesure basique et c’est ce qui est fait à chaque situation. Nous sommes tout le temps sur le terrain. J’ai vu au niveau de certaines zones frontalières, les dispositions qui ont été prises pour éviter que les produits vivriers aillent vers l’extérieur. Mais, ce n’est pas encore ce qu’on veut. Cette mesure à elle seule ne suffit pas pour endiguer la situation que nous vivons. Nous avons quelques contributions à faire par rapport à cette situation et un comité est mis en place pour réfléchir sur cette contribution. La situation est grave, le peuple souffre réellement et il faut agir. Nous ne sommes pas au pouvoir. Il y a une équipe qui est là et qui prend les décisions. C’est sur les questions politiques qu’ils sont imperméables et il ne faut pas que nous, partis politiques de l’opposition, chantions tous les jours pour dénoncer les problèmes du code électoral, de la charte des partis. Il faut penser au quotidien des Béninois, quitte à eux d’aviser ou non. Nous avons constaté que la classe politique de l’opposition ne critique que sur les aspects liés à la politique.

On dirait que quelque chose a changé dans votre vision d’opposant ?
Cela m’amène à vous rappeler la première recommandation issue de notre conseil national : le parti reste profondément ancré dans l’opposition dans laquelle elle est née, suivant les orientations du congrès de Savè, le parti reste dans l’opposition. S’agissant des changements auxquels vous faites allusion, quand on fait quelque chose, il faut faire le point en avançant. Nous avons expérimenté des méthodes qui n’ont pas connu des résultats. Aujourd’hui, nous avons décidé d’aller plus en profondeur des situations. Ce n’est pas par la violence que nous pourrons obtenir des résultats. Une chose est sûre : nous ne pouvons rien obtenir sans dialoguer. En premier, nous avons souhaité que le chef de l’Etat discute avec toute la classe politique. Nous l’avions dit à l’époque mais il y a des chefs de partis d’opposition qui ne voulaient pas l’entendre de cette oreille parce que selon eux, on ne discute pas avec un dictateur et on ne peut aller aux élections avec lui. Maintenant que tout a pourri, il faut qu’on s’asseye pour parler. Ce que nous pensons, c’est de peaufiner des stratégies qui peuvent nous apporter des résultats.

Une fois réélu, le président a reconduit la totalité de son équipe pour aller plus loin dans les réformes. Qu’en dites-vous ?
Le Chef de l’Etat est dans son rôle. Il est dans son rôle sauf que pour nous, nous avons trouvé ça bien curieux, parce que presque partout dans le monde entier, nous sommes habitués après les élections à ce que les présidents élus recomposent leurs équipes. Parce qu’il y a des gens qui, certainement, n’ont pas donné satisfaction. Ça, c’est à son bon vouloir. Peut-être qu’ils estiment que tous ont donné de résultats, c’est pour ça qu’il les a reconduits. Pour nous, cela importe très peu. La question qui nous préoccupe, c’est le quotidien des Béninois, c’est le chômage des jeunes, c’est la misère, la précarité dans laquelle vivent les Béninois. C’est ça qui nous importe. Qu’il nous règle ces problèmes-là le plus rapidement possible, et qu’on cesse de rester dans les annonces.

A part vos quelques points critiques, est-ce que Talon a fait quelque chose de bien depuis 5 ans ?
Il n’est pas de mon rôle de venir relever ce qu’il a fait de bien. Il y a des gens dans la République qui sont payés pour ça. Et je crois qu’ils le font si bien. Moi, ma préoccupation, c’est les problèmes que je pose et qui n’ont pas encore trouvé de solution. C’est sur ça que je m’appesantis.

Donc la dématérialisation des services administratifs, l’asphaltage et tout ça vous laissent indifférent ?
Non, je ne peux pas dire que ça me laisse indifférent. Nous voulons le meilleur. Par exemple, par rapport à la dématérialisation. C’est une bonne chose. Les gouvernements précédents ont scandé ça. Mais qu’on passe des slogans aux faits, aux réalités et que tout le peuple béninois puisse vivre ces faits qu’on évoque. Par exemple, au niveau de l’ANIP, moi-même j’ai fait l’expérience. On a dit qu’on est dans la dématérialisation, on est dans la célérité, mais les cartes biométriques qu’on demande, j’ai demandé ça depuis des mois, je ne l’ai pas encore obtenue ; d’autres sont dans des rangs interminables tous les jours devant l’agence sans même avoir la chance d’être reçu. C’est de ça qu’il s’agit. C’est-à-dire qu’on laisse les slogans et qu’on passe aux actes concrets. « On a pensé ça, on a voulu ceci, on a voulu ça ». C’est bien beau. Ou « le développement, ça y est. On est en train ». Tout ça c’est beau, mais que les béninois vivent dans leur quotidien les retombées de ces slogans. S’il y a développement, il faut que tout le monde soit heureux, soit content, qu’on rencontre tous les béninois heureux dans la rue. C’est le développement. Si la résilience que le Bénin a pu obtenir en face des effets Covid-19 est effective, que cela se ressente au niveau des béninois. C’est ce que nous voulons, c’est ce que nous demandons. C’est tout.

Quelles sont les grandes recommandations issues du conseil national de votre parti ?
Au premier plan des recommandations, c’est que le parti reste profondément ancré dans l’opposition. Entre autres encore, il a été recommandé de prendre langue avec les autres formations politiques pour amener tout le monde à s’asseoir pour discuter. Il a été aussi recommandé au directoire de prendre toutes les mesures idoines pour la participation effective du parti aux législatives de 2023. Il nous a été également recommandé de demander aux institutions de la République de jouer effectivement leurs rôles. On a vu ces derniers jours le Médiateur de la République qui a commencé quelque chose. Ça fait partie de nos souhaits pour que réellement le dégel de la crise latente que nous vivons soit effectif. Que les rancœurs qui animent les uns et les autres puissent cesser, et qu’on puisse s’asseoir et discuter.

Qu’est-ce qui explique ce changement rapide à la tête du parti?
Pourquoi vous trouvez ça rapide ?

C’est le parti qui a changé le plus rapidement de tête depuis 1990 …
Peut-être oui, parce que c’est aussi le parti qui apportera beaucoup de choses à notre pays. D’abord, c’est le parti sur qui peuple compte beaucoup. Les attentes sont énormes. Et deux, nous sommes convaincus que c’est nous qui allons également apporter des solutions concrètes aux problèmes que nous vivons aujourd’hui. Retenez ceci en résumé : nous, on n’attend pas. Nous avons pris des engagements …

Monsieur Tèbè, j’ai l’impression que Monsieur Korogoné a tué le parti et vous a filé la patate chaude …
Non, pas du tout. Le MPL est plus que vivant. Nous allons continuer par vous surprendre. Tout ce que vous avez observé comme changement au niveau du parti participe d’une stratégie bien mûrie que nous mettons en œuvre. Et aujourd’hui, de façon globale sans même aller dans les détails, ce que je peux vous dire, tout ce que nous avons à faire, c’est faire en sorte qu’en 2023, vous voyez le MPL sur la ligne de départ.

Quel est le statut de Korogoné aujourd’hui au sein du parti ?
Il n’est pas sorti du parti.

Quel est son statut ?
Nous avons le même statut. Nous sommes tous des militants.

Simplement ? Quitter le poste de président pour devenir un simple militant …
Ce n’est pas exactement cela.

Quelles sont les malversations qu’il a commises ?
Non. Il n’a pas commis de malversations.

Etes-vous sûr que demain on ne va pas entendre cela ?
J’en suis sûr. Ça je peux vous rassurer. Il n’y a pas eu de malversations.

Ou il y a eu une crise à l’interne ?
Aucune crise à l’interne.

Mais vous n’avez pas attendu un congrès avant de procéder à ce changement ?
Nous avons suivi exactement les règles de notre parti. Tout ce que nous faisons, nous suivons les textes de notre parti. Nous avons fait ce changement par rapport aux possibilités que nous offrent les textes du parti.

Vous semblez miser sur les législatives de 2023. Or vous êtes un parti qui n’a aucun élu, on ne vous a jamais vu à une élection. Qu’est-ce qui vous donne autant d’assurance ?
Ce que nous regrettons le plus au MPL, c’est notre non-participation aux communales de 2020. Sinon, aujourd’hui, il y a certaines questions qu’on ne poserait plus. Quand on parle de notre participation aux législatives de 2023, c’est beaucoup plus sérieux pour nous que ce que les gens voient. C’est ce qui explique les stratégies qui sont en train d’être mises en œuvre.

C’est pour ne pas disparaître de la carte politique ?
Tout à fait. Ce que vous dites compte beaucoup. Si nous ne participons pas aux législatives de 2023, c’est que nous sommes morts. Alors, si le challenge est à ce niveau, comprenez qu’aucun sacrifice n’est de trop pour qu’on y arrive. C’est vrai, c’est pour 2023, mais ça se prépare maintenant. Vous verrez les jours à venir, nous allons dévoiler la feuille de route du directoire par rapport à tout cela.

Vous allez faire de nouveaux recrutements ?
Des recrutements massifs sont déjà en cours, et il y a de profondes mutations qui vont s’opérer au niveau du parti. Tout ça pour pouvoir simplement tenir les engagements pris depuis le congrès de Savè. Nous ne voulons pas que d’ici à là, on retrouve également ces jeunes qui ont promis faire des miracles, qu’on n’ait pas pu finalement relever le défi. C’est des questions qui fouettent aussi l’égo de certains parmi nous. Il faut qu’on réussisse.

Et s’il vous était donné de conclure cet entretien, que diriez-vous ?
Ce que je dirai surtout, c’est une adresse à l’endroit de la jeunesse de mon pays. Je leur demanderai de ne pas désespérer, de garder espoir surtout de savoir que c’est notre travail quotidien qui va nous libérer. Et qu’il n’y a aucune possibilité de laisser place à la paresse et d’espérer s’en sortir. J’ai constaté que de nos jours, nos jeunes frères s’adonnent beaucoup plus à la facilité. Moi ça me dérange et je veux que la jeunesse de mon pays prenne conscience que nous devons redoubler d’ardeur au travail et que le travail nous aide à relever les défis de notre pays. En tant que responsable d’un mouvement politique, je demande à tous mes compatriotes de s’apprêter pour qu’on se donne la main et relever notre plus grand défi. Je souhaite que la jeunesse de mon pays mette son ingéniosité en œuvre pour pouvoir faire une révolution pacifique qui va amener les jeunes valeureux qui ont des compétences à prendre les devants de la scène et montrer qu’on peut faire mieux autrement.

Carte d’identité: Un ingénieur en politique

Expérience Tèbè est né à Savalou plus précisément à Tchètti, le 12 janvier 1977. Ingénier civil de formation, il est cadre au ministère de l’enseignement supérieur depuis 2002. Tout ce parcours, il l’a fait à Cotonou. Parti de l’Ecole Primaire Nouveau Pont où il fait le CEP, pour le Ceg Godomey où il a eu le Bepc en 1994, il décroche le BAC série D au Lycée Descartes en 1997. A l’université, il fait le génie civil au Collège Polytechnique Universitaire (devenu EPAC), sous l’impulsion de son père. Cadre de l’administration béninoise, celui-ci lui a imprimé des valeurs de rigueur, d’efficacité dans le travail et de loyauté. C’est en 2003 qu’il devient ingénieur en génie civil, Plus tard, il obtient un master en économie des transports et un autre en gestion de projets. Mais il l’avoue lui-même, Expérience TEBE détestait vraiment la politique jusqu’à ce qu’il commence sa vie professionnelle. En tant que cadre au ministère de l’enseignement supérieur, il a surtout supervisé les projets financés par la BID et la BADEA ainsi que d’autres financements arabes pendant un long moment. En 2013, il devient directeur des infrastructures de l’équipement et de la maintenance au niveau de son ministère. En 2014, il entre à l’Agence béninoise des grands travaux comme conseiller technique du Président de la République. L’agence est dissolue en 2016. Secrétaire général du Mouvement Populaire de Libération à la création du parti en 2019, il en devient président en juillet 2021. Quand on lui demande quels conseils il peut donner aux jeunes qui veulent s’engager en politique, il n’hésite pas : « Moi je ne souhaite pas que quelqu’un qui n’a pas l’ambition d’aider les gens et qui n’a pas les reins solides s’aventure à dire qu’il veut prendre position dans la politique. »

Intimité: Une vie d’ascète

Marié et père de trois enfants dont l’aîné est déjà à l’ENAM, Expérience TEBE mène une vie d’ascète. Il dort très peu et mange une fois par jour. Une conséquence de ses années d’élève et d’étudiant assidu et studieux. Son plat préféré ? La pâte et la sauce.

La Rédaction

Le Professeur Paulin Hounsounon-Tolin, spécialiste des questions éducatives ‘’Sous L’Arbre à Palabre’’: « Talon n’est pas la cause des problèmes de nos universités, mais…»

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Professeur titulaire de Philosophie à l’Université d’Abomey-Calavi, et dans l’espace CAMES, le Professeur Paulin Hounsounon-Tolin est spécialiste d’analyse des questions éducatives et des missions d’une université. Invité du journal L’Evénement Précis’ il jette un regard profond sur l’état de l’enseignement supérieur au Bénin. ‘’Sous L’Arbre à Palabre de L’Evénement Précis’’, l’enseignant du supérieur fait un diagnostic approfondi des maux qui plongent depuis quelques années, l’enseignement supérieur dans une léthargie et qui n’est pas imputable, selon le Professeur Paulin Hounsounon-Tolin au Chef de l’Etat, Patrice Talon : « Talon n’est pas la cause de nos problèmes, il est venu les trouver. Les problèmes énormes que rencontre le système éducatif béninois, il est venu les trouver. La question est de savoir est-ce que lui le premier citoyen dans ce pays souhaite vraiment mener les réformes qu’il faut. Ou bien lui aussi, veuille-t-il se moquer de notre système éducatif ? », s’est-il interrogé au cours de cet échange à bâtons-rompu avec les journalistes. Les réformes menées dans le secteur éducatif ont également été au menu des échanges avec le spécialiste d’analyse des questions éducatives et des missions d’une université. Sans langue de bois, le Professeur Paulin Hounsounon-Tolin s’est également prononcé sur la suspension de l’élection des recteurs des universités du Bénin, la qualité de l’enseignement, le mode de recrutement des enseignants dans les universités ainsi que les missions des universités nationales. Pour l’invité du journal, « Le doctorat est un diplôme de recherche et non un diplôme pour travailler ».

Et si on en parlait

Est-ce que vous êtes d’accord que l’enseignement supérieur est en crise ?
Tout à fait ! Il est non seulement en crise, mais en plus c’est extrêmement grave. Si rien n’est fait, on court le risque de la fermeture.

Vous êtes l’un des acteurs du système LMD. A l’évaluation, est-ce que vous êtes satisfait de sa mise en œuvre ?
Vous me traitez de l’un des acteurs du système LMD. Cela en étonnerait beaucoup parce qu’on a sur le marché des gens qui se disent spécialistes, mais en réalité vous avez parfaitement raison de me traiter de l’un des acteurs du système LMD. En effet, j’ai été envoyé en mission de formation au système LMD au service des relations internationales de l’université de Limoges en 2004 et au Ministère de l’Education Nationale de Paris en 2004 aussi au mois de février. J’ai été Chef service des Relations Internationales et de la Coopération Universitaire à Parakou. Ensuite, j’ai été ramené de Parakou à l’Université d’Abomey-Calavi où j’ai occupé les mêmes fonctions avec cette différence qu’il y a ce qu’on appelle le groupe de pilotage de la Communauté interuniversitaire francophone de Belgique où j’ai eu à piloter ce groupe. C’est à ce titre que j’avais été envoyé en mission à l’université de Limoges et au Ministère de l’Education Nationale de France et c’était du 9 au 20 février 2004. En ce moment, le Bénin avait l’opportunité de démarrer le système LMD en même temps que la France et les autres États Européens. L’Université de Limoges avait signé un accord en janvier 2003 avec l’Université de Parakou et l’Université d’Abomey-Calavi qui étaient les deux universités nationales au Bénin. En 2004 également, le Président de l’Université de Perpignan Monsieur François FERAL avait effectué une mission au Bénin à l’université d’Abomey-Calavi et il était à la tête d’un réseau de plus d’une trentaine d’universités européennes. Et il s’était engagé à aider le Bénin à entrer dans le système LMD en même temps que les États Européens. L’accueil que le Ministère de l’Education Nationale à Paris, surtout le service des relations internationales m’avait réservé, c’était formidable. Le Bénin étant ce qu’il est, en ce moment, le Vice-président des Relations Internationales de l’Université de Limoges était arrivé en mission au Bénin en 2004. Je me rappelle encore, en ce moment le Bénin avait joué un match contre le Cameroun, et le Cameroun s’était déplacé vers ici et le Bénin a été battu 2-1. Mais un but marqué là, c’était la victoire. On a transformé ça en victoire avec émotion. Le Vice-président disait : « C’est bizarre hein, vous, vous êtes engagés dans une coupe que vous pouvez remporter, c’est ce qu’on peut supposer. L’une des équipes adverses se déplace vers vous, il vous bat et vous transformez ça en victoire. Notre coopération-là, est-ce que vous allez vraiment pouvoir en profiter ? » Quelle est la logique dans tout ça ? Bref, en 2004 au mois de juin à Ouagadougou, avait eu lieu un colloque international organisé par la Francophonie sur le développement durable. Jean-Paul Lecertua et Hélène Dejoux m’avaient demandé de préparer un projet appelé « Mutualisation des moyens au niveau des universités dans la sous-région ». En marge de ce colloque, il y a eu une rencontre de tous les vice-recteurs chargés de la coopération universitaire pour nous aider à entrer ensemble dans le système LMD en même temps que les États Européens. On a tout fait, les rapports sont là. C’est de là, que par la suite ils ont commencé par parler de REESAO (Réseau pour l’Excellence de l’Enseignement Supérieur en Afrique de l’Ouest). Bref par la suite, ce sont les amis, on pense aux primes… J’ai des documents ici. On avait commencé à parler de basculement total dans le système LMD dans deux ans, dans trois ans, etc. C’était également au moment où j’étais Chef de Département, – avant d’être Chef de Filière à l’Ecole Doctorale -, que le processus du basculement dans le système LMD avait démarré et en même temps avec les débuts d’informatisation des résultats des étudiants. Aujourd’hui, des gens qui ne connaissent rien dans rien se déclarent spécialistes du système LMD. Je ne vais pas aller dans les détails parce que si je me suis intéressé au système LMD, c’est grâce à mon directeur de thèse en Sciences de l’éducation, initiateur en France des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM). Bref, notre mentalité de ne pas vouloir programmer et respecter les emplois du temps ne permet même pas le bon fonctionnement du LMD. Si on me programme, parce que je suis occupé (occupé à un autre poste) et que je dois négocier pour qu’on revoie l’emploi du temps, vous voyez que la semestrialisation des cours ne peut pas vraiment marcher.

Donc en bref, le bilan est négatif?
Vous pouvez tirer cette conclusion de ce que je viens de dire parce que d’autres diront que cela a marché, surtout ceux qui mangent dedans correctement. Je peux vous dire que c’est des réunions sur réunions, des commissions sur commissions et il y a toujours des jetons de présence.

Le chef de l’État a récemment évoqué le fait que certains enseignants de l’université sont mal formés. Est-ce que c’est votre avis?
Je sais que vous avez fait l’université et vous êtes Docteur en Sociologie. Comment forme-t-on les enseignants du Supérieur en France ? Est-ce différent de ce qu’on voit ici ? C’est la question. Moi, mon directeur de thèse en Philosophie à Paris I, quand il vient, qu’est-ce qu’il fait ? Ce sont ses manuscrits qu’on lit. Il lit ses cours, les livres qu’il veut publier et on pose des questions. Le problème est que le doctorat est un diplôme de recherche et non un diplôme pour travailler. Je crois qu’on va revenir là-dessus. J’ai fait une thèse sur Sénèque, philosophe de l’Antiquité tardive. Ça ne suffit pas du tout pour être spécialiste de Sénèque. Je dois continuer mes lectures et mes recherches au point de me remettre même en cause. Cette remise en cause c’est avec les étudiants. Je prépare un cours, je viens et à partir d’une question d’un étudiant, je peux remettre en cause le cours que j’ai bien préparé. Donc dans mon entendement c’est ce que je sais, c’est ce que j’ai vu dans plusieurs universités françaises, européennes. C’est après le doctorat, quand on est recruté, que l’enseignant se forme lui-même. Il s’agit de la recherche.

Qu’est-ce que c’est que la recherche à l’Université ?
Ce n’est pas le moment de cette question, mais si on oublie ça, on va dire que les enseignants sont mal formés. Quand moi j’ai été recruté en 2000, l’Etat donnait chaque année un quota pour les contractuels et c’est deux ans. La même année l’Etat donne un nombre pour les professeurs permanents. Pour être recruté permanent, il fallait avoir fait deux ans en tant que contractuel. Pendant ce temps, les professeurs nous « surveillaient ». Les aînés, les enseignants qui sont déjà plus gradés que vous, les Maîtres-Assistants, les Maitres de Conférences, les Titulaires vous notent et vous apprécient. Cela vous donne un peu de la peur au moins et si vous êtes mal noté, vous ne serez pas recruté agent permanent de l’État. Au mieux, on va vous envoyer au CBRST. Mais vous n’allez pas continuer à l’université. Qu’est-ce qui s’est passé et entre temps on a laissé ça et on recrute directement APE. Les enseignants qu’on recrute, les jeunes docteurs qu’on recrute, ils sont directement chargés de cours. Ils font des cours magistraux. Ils se comportent comme des professeurs titulaires. La faute est à qui? Aussi bien à l’État qu’à nous-mêmes acteurs. Celui qui a le doctorat, il a été formé non pas pour enseigner d’abord mais pour la recherche et c’est en partageant sa recherche avec ses étudiants qu’il pourra s’améliorer et être utile à sa nation.

Les enseignants en sciences humaines, quelle est leur utilité pour la nation ?
Il ne faut pas confondre une grande école de formation professionnelle et une université. Et monsieur Pierre G. Mètinhoué avait réalisé un document formidable qui l’expliquait bien : Guide ou Manuel de l’étudiant en Histoire et Archéologie en 1985-1986. Ceux qui sont à Porto-Novo, à l’Ecole Normale Supérieure (ENS), ont des matières que ceux qui sont à la faculté n’en ont pas. Ce qui se passe maintenant où chaque département définit les critères de passage, même dans le système LMD avec mot d’ordre « Le Jury est souverain », c’est inadmissible. C’était très clair, même les professeurs venaient s’asseoir à la délibération pour constater les résultats. Les règles étaient définies pour le passage. Allez à la FLASH, chaque département ne fait-il pas comme bon lui semble ? Pour les délibérations, on s’entend en fonction des cas de chaque enseignant, pour définir les critères de délibération en vue des rachats. Je reviendrai plus loin sur l’utilité des enseignants en Sciences Humaines et Sociales.

Le Chef de l’État pendant sa campagne électorale pour sa réélection disait que son gouvernement mettra en place une stratégie pour évaluer à l’interne les enseignants du supérieur, en dehors de ce que fait le CAMES. Pensez-vous que ce mécanisme est possible aujourd’hui ?
Bon, il est le premier citoyen de la nation. Il a bien réfléchi, je ne sais pas comment il veut procéder. Donc je ne peux pas me prononcer à priori et dire que c’est bon ou que c’est mauvais. Par contre, ce que je peux dire, c’est que s’il va le confier toujours aux mêmes acteurs, ne soyez pas étonnés demain que des maîtres assistants, des assistants parce qu’étant nommés à tel poste, évaluent des professeurs titulaires. Ça c’est possible parce qu’on pense aux rémunérations et aux perdiems. C’est ça le problème qui nous tue. Si c’est bien organisé, je ferai ça avec plaisir. Mais si on le fait à contre cœur et parce que si je ne le faisais pas on va me renvoyer et mes enfants ne vont plus trouver de quoi manger, je vais le faire à contre cœur et cela ne va pas me profiter. Je peux vous donner un exemple. Pour renforcer mes capacités un peu managériales en ce qui concerne la gestion des universités et en management, j’ai sorti de ma poche cinq cents mille francs et j’étais allé voir un cabinet à Cotonou. Il y a une dame et un monsieur. Le monsieur est docteur, mais pas enseignant (du Supérieur), la dame n’a que le DESS. Mais ce qu’ils m’ont appris c’est incroyable. J’en ai tellement appris que je suis devenu ami du cabinet et de la dame. Quel est le problème ? Quand ils vont instaurer ça, ils vont confier ça à leurs amis et qu’est-ce qu’on va faire ? On va montrer à l’autre qu’on connait. Et c’est ce qui nous tue.

Le ministre de l’enseignement supérieur que nous avons reçu ici sur la question s’est plaint de savoir que parmi ses collègues professeurs, il y a des gens qui continuent de trainer des fiches qu’ils n’ont jamais actualisées. On ne se demande jamais si on est performant face aux nouvelles réalités.
Si l’évaluation était bien organisée et qu’on confiait à des gens qui ne vont pas se prendre pour des sages et savants alors qu’ils ne connaissent pas, cela passerait. Avez-vous connu ce qu’on appelle tronc commun ? Avec le tronc commun à l’école doctorale, les gens ne traînaient que le même thème. Nous n’avons pas une mentalité de chercheur et notre mentalité ne s’y prête pas. Si je dirige une étudiante que j’ai envie de la draguer, – ou que j’exige de copeck à un thésard -, et que j’en arrive à bloquer effectivement l’une ou l’autre, comment voulez-vous que cela aille ? Or, certains ont fait l’Europe et savent qu’on ne peut pas transiger avec la vérité scientifique. C’est impossible, et pourtant ! Il faut aussi dire que notre contexte ne se prête pas convenablement à la recherche. La Ministre a donc raison de déplorer cela.

Vous finirez aussi par être évalué par vos étudiants
Il y a un doyen, dont je tais le nom, qui déplorait que des professeurs soient des démarcheurs d’étudiants. Des étudiants qui sont en connivence avec ces professeurs. Si on leur demande de noter les professeurs, n’y a-t-il pas de risque qu’ils notent mieux les professeurs avec qui ils font affaire et mal les professeurs qui sont contre cette pratique ? On doit faire beaucoup attention à ce qu’on veut faire dans le monde universitaire comme au Secondaire sinon, on aura le résultat inverse. C’est mon point de vue. Mais en réalité, toutes les propositions sont bonnes. Il n’y a pas de mauvaises propositions. Savez-vous que le Dahomey était beaucoup plus riche que la Côte d’Ivoire au moment de la création de l’Afrique Occidentale Française ? C’était grâce aux rois d’Abomey qui n’avaient pourtant pas eu à faire des réformes. Il faut de la bonne foi et de la bonne volonté. Comme l’a dit Pirithoüs, un citoyen de bon caractère vaut mille fois mieux que la meilleure constitution du monde. Les gens interprètent la meilleure constitution du monde selon leur intérêt du moment. Le président de la République peut ne même pas demander l’évaluation des enseignants par les étudiants. Si ces étudiants, les professeurs et le gouvernement veulent vraiment changer les choses, ils le feront sans tapage et sans les grands mots qu’on entend.

Dans les actes du colloque en hommage au Professeur Gabriel Boko, vous avez publié un texte sur la nécessité de clarification conceptuelle des aires, objectifs et missions d’une université. Vous pensez qu’il y a une confusion sur ces termes ?
Je pense qu’il y a une confusion à tous les niveaux. Ceux qui sont d’un certain âge savent ce que c’est que le moderne court et le moderne long. Le moderne court concernait ceux qui voulaient aller travailler. Et à ce niveau, il y avait un établissement situé à Sikècodji appelé CADMES qui s’occupait de la formation en dactylographie et autres. Mais, que se passe-t-il aujourd’hui ? La FASHS a-t-elle la même mission que l’ENS ? Une grande école de formation professionnelle est autre chose qu’une université. Je vous donne un exemple. Une université, c’est la recherche fondamentale et pour financer cette recherche, on ne peut pas demander de développer d’abord à quoi servira la recherche et le résultat auquel on doit s’attendre. Je vous donne un autre exemple. Dans les grands magasins, il existe des boites de conserve sur lesquelles il est mis : Champignons de Paris. Si un ingénieur agronome ou géographe développeur veut maintenant savoir le type de champignon qu’on peut cultiver dans le sol de Cotonou, on va lui dire de développer le résultat auquel il doit aboutir. Là, il ne s’agit plus d’une recherche fondamentale. La recherche universitaire fondamentale doit prendre le risque de l’échec et c’est l’échec épistémologique qui fait avancer la recherche. Il creuse, fouille et il constate qu’on ne peut pas cultiver tel champignon mais qu’on peut cultiver telle ou telle autre chose. N’est-ce pas déjà un résultat ? J’ai appris que ce qu’on fait à l’université en termes de notion conceptuelle, c’est pour récompenser les amis. Il y a un monsieur qui vous dira qu’on sera toujours confronté à ces genres de problèmes, si on continue avec le remplissage de l’université. Les gens doivent avoir la liberté de la recherche. Quand je vous donne des textes, vous les publiez et c’est très bien apprécié. Mais, savez-vous combien de textes que j’ai jetés ? C’est comme ce que la dame a préparé. C’est ce qui est prêt qui est servi mais vous n’avez pas idée de ce qui a été jeté. Pour écrire un article, je peux passer tout un mois à chercher les références d’une pensée. Et après publication, un étudiant peut me démontrer que je suis dans le faux. Ceci n’est pas du temps perdu. En 2010, Brice Sinsin à l’époque vice-recteur, à l’occasion d’un colloque, a fait venir un compatriote de Dassa vivant aux Etats-Unis qui est venu expliquer comment les laboratoires américains financent les professeurs d’université. Si je prends l’exemple du champignon, les chercheurs font leurs recherches dans les laboratoires, aboutissent à des résultats et vendent cela aux industriels. Et c’est comme ça qu’ils trouvent de l’argent. Il parait même qu’en France, ce sont les universités qui paient le salaire des chercheurs. Si je prends le cas des Sciences sociales, quelle contribution pouvons-nous apporter au développement du Bénin ? Commençons d’abord par savoir ceux qui sont les intellectuels des Sciences Sociales et des Lettres Modernes du Bénin qui ont apporté leur contribution au développement du Bénin. Il y a Jean Pliya qui, malheureusement, n’a été que Maître-Assistant. Mais, je crois que beaucoup d’intellectuels ne le dépassent pas. Il y a Olympe Bhêly-Quenum qui n’a que la Licence, Paul Hazoumè est un instituteur et n’aurait pas eu le BEPC. Néanmoins, pour être à la hauteur de Kant et des Jean Pliya, il faut au moins aller à l’université. Mais, allons-nous avoir des Kant avec nos doctorats ? Si tant est que le rapport entre formation et employabilité préoccupe tant le gouvernement, pourquoi ont-ils supprimé le DESS et les ingénieurs des ponts et chaussées, etc., ne sont plus considérés comme les plus hauts diplômés de notre fonction publique et on entend souvent parler maintenant de Docteur ? Dans la fonction publique et jusqu’aux années 2000, les diplômes les plus élevés étaient les DESS et diplômes des ingénieurs agronomes, ceux des ponts et chaussées. Aujourd’hui, ces derniers ne sont plus considérés. Aujourd’hui, tout le monde est docteur alors qu’il n’y a rien derrière. Au début des années 2000, on criait BTS qui était vu comme le prototype de la formation qui permet l’installation à son propre compte. Mais, combien de gens formés ont-ils pu être installés à leur propre compte ? Combien de ceux qui ont été formés à Porto-Novo ont été installés à leur propre compte alors qu’on encourage la création des écoles privées de formation des maîtres ?

Donc les universités ne forment pas pour l’employabilité immédiate ?
Mon rôle en tant que spécialiste en Sciences de l’éducation et en Philosophie n’est pas de former les gens pour un métier. Je n’interviens pas à l’ENS. Je leur apprends à réfléchir et même dans le chômage, ils pourront le faire. Je leur apprends ce que les Mathématiciens appellent une solution élégante. Et une solution élégante, c’est la solution la plus simple possible et la plus efficace en même temps. C’est la solution que les chirurgiens appliquent sur les tables des opérations chirurgicales. C’est la seule possible et capable de sauver un patient en danger de mort. Sa simplicité et son efficacité évidente ne laissent aucune place à des discussions. Une solution élégante, c’est la solution la plus simple et la plus efficace, mais il fallait être Jules César pour trouver cette solution sur un champ de bataille, – au milieu même de la mêlée et quand Rome est en danger -, pour sauver Rome. Le plus grand poète que le monde ait jamais connu s’appelle Virgil et c’est un Romain. Et c’est lui qui a redonné naissance à Rome, seulement par ses écrits. Dans le document de l’étudiant d’histoire et d’archéologie de Pierre Mintinhoué, le nombre de matières à étudier est bien indiqué. Ceux qui sont inscrits en histoire doivent suivre un certain nombre de matières. Mais ceux qui sont inscrits à l’ENS ont un bus à leur disposition, viennent suivre toutes ces matières et en plus de cela, quatre autres matières ainsi que des sorties pédagogiques. Ce qui les prépare au métier d’enseignant. Est-ce que moi je suis à l’ENS ? Je n’ai pas pour mission de former au métier de l’enseignement. J’ai pour mission de former à la réflexion et j’ai aussi pour mission de prouver à mes concitoyens que ce que je fais est utile. Pour commencer par écrire dans votre quotidien, j’ai dû l’apprendre parce que le style journalistique et le style d’un essai ne sont pas pareils. Les grands physiciens d’aujourd’hui publient des revues et des essais de vulgarisation : « Qu’est-ce que c’est que la théorie du chaos ? » N’importe quel intellectuel pourrait comprendre cela. Donc, il faut que les autorités rectorales, décanales, ministérielles et même au niveau de la présidence fassent la part des choses. C’est normal de mettre l’accent sur la formation professionnelle tout en sachant que tous ceux qui seront formés ne puissent pas se prendre en charge. J’ai un ouvrage qui prouve que la plupart de ceux qui dirigent les banques allemandes n’ont même pas le Baccalauréat. S’il y a du travail dans le pays, on va se moquer des diplômes. Vous savez combien gagne un balayeur de rue en France ?

A propos des recrutements, que pensez-vous de la note de service portant suspension de sélection des agents de l’Etat par les Conseils scientifiques des UNB, la note du MESRS pour les sélectionnés de 2017 qu’on ne voit qu’en novembre 2020 et l’arrêté rectoral reclassant des fonctionnaires pour l’UAC et qui n’ont jamais pris service ?
Je crois que vous m’avez posé la question en disant qu’une autorité du pays aurait dit que les enseignants sont mal recrutés. Comment comprendre ça là maintenant ? C’est la ministre de l’enseignement supérieur qui avait pris cette note de service suspendant le reclassement, c’est-à-dire que ceux qui sont dans les ministères, ceux qui sont au secondaire, dès qu’ils ont leur doctorat, en principe, s’ils ont eu l’autorisation d’aller préparer le doctorat, pourraient être détachés à l’université. On a mis fin à cela. Ils savent que la note serait toujours en vigueur. Mais en 2017, des gens auraient été détachés parce qu’ayant eu le doctorat pour prendre service à l’université. Mais on ne les a pas vus jusqu’en novembre 2020. Et il y a l’arrêté ministériel de 2020 qui leur demande de fournir les pièces nécessaires. Entre temps aussi, en 2019, il y a un arrêté rectoral signé par le recteur et le vice-recteur, chargé de la recherche académique, qui détache des fonctionnaires soit en service au secondaire, soit dans d’autres ministères, à l’université. A la date d’aujourd’hui, ils n’ont jamais pris service. Dans ces conditions, nous sommes tous coupables et fautifs ou pas ? Et feu Félix Iroko avait bien raison de dire ça. Nous sommes tous coupables dans cette affaire des problèmes de notre système éducatif. Ça ne va pas. Il y a l’un de mes assistants, son dossier n’a jamais été clarifié, et il gagne toujours un salaire d’instituteur, alors qu’il est à l’université depuis des années. Ça fait pleurer ou pas ? Cela n’est pas possible sans notre participation, nous-mêmes enseignants, nous-mêmes étudiants, nous-mêmes jeunes docteurs.

Peut-on alors dire que le recrutement est politisé ?
Qu’est-ce qui n’est pas politisé au Bénin ? Pour être recruté à l’université, pour soutenir sa thèse de doctorat, les conditions de direction et de soutenance restent vraiment à désirer.

Certaines rumeurs circulent sur la suspension des soutenances de thèse à l’Ecole doctorale de la Flash, parce qu’un nombre important de docteurs qu’elle forme sont au chômage. Ces rumeurs sont-elles fondées ?
D’abord, je ne traite pas des rumeurs tout en sachant que les opinions sont porteuses de significations méritant d’être psychanalysées. Je sais qu’elles cachent des vérités. Maintenant, de mon point de vue, votre question comporte deux volets. Un, les docteurs ne sont pas formés pour trouver du travail. Un docteur est formé pour réfléchir. S’il est incapable de réfléchir, ça fait son problème. Il a été mal formé, donc il ne mérite pas le doctorat et les gens se sont entendus pour lui donner le doctorat. Le gouvernement recrute pour la recherche à l’université, le gouvernement ne peut pas recruter tout le monde. Ce qu’il fallait déplorer, est-ce qu’on accorde les mêmes chances à tout le monde dans le processus de recrutement ? Si on pose le problème dans ce sens, je serai d’accord. Mais si c’est sur la base de « qui tu connais ? » et non « qu’est-ce que tu connais ? », ce n’est pas bon. Maintenant, vous parlez de rumeurs, pour fermer. S’il y a rumeurs, c’est que ceux qui devraient fermer ne veulent pas fermer. En lançant des rumeurs, c’est qu’ils demandent à la mafia de tout faire pour qu’on ne ferme pas. C’est simple ! Ceux qui ont leurs intérêts vont se mobiliser pour qu’on ne ferme pas, parce qu’il y a des intérêts en jeu. On parle de rumeurs, c’est parce qu’on ne veut pas fermer. Sinon, l’autorité réfléchit, choisit les gens qu’il faut et mûrit la question et prend une décision. Mais quand des rumeurs circulent, ceux qui ont leurs intérêts en jeu, et qui sont toujours les mêmes, ils vont tout faire pour qu’on ne ferme pas. Il faut qu’on se dise la vérité, et étudiants et enseignants, autorités décanales, autorités rectorales, autorités politiques à divers niveaux. Si le clientélisme ne cesse pas à l’université, on va tout faire, mais on ne va pas avancer. On n’aura pas des universités dignes de ce nom. Il y a un jeune professeur, il y a deux ans comme ça, qui a dit sur la Télévision nationale que le Bénin forme plus de docteurs en géographie que le Canada et la France réunis. On a entendu au niveau ministériel, au niveau rectoral, au niveau décanal, au niveau des professeurs, au niveau des journalistes, au niveau des acteurs sociaux, etc., mais ça a fait quoi à qui ? Est-ce que c’est possible ? Quelqu’un qui a plus de 15 thèses qu’il dirige en même temps, c’est sérieux ça ? Les formations doctorales coûtent 2 à 3 fois plus cher au Bénin que dans la sous-région. Curieusement, le Bénin fabrique plus de docteurs que tous les pays de la sous-région. La norme universelle ne se situe-t-elle pas autour de 5 thèses ? Un collègue vient d’évoquer le cas des études germaniques dont on refuse l’ouverture d’autorisation. On a quand même besoin de quelques docteurs ou non ? Il faut trouver un mécanisme pour former. Comment les gens arrivent à produire tant de docteurs et personne ne cherche à savoir ce qui se passe réellement ?

Visiblement, vous soupçonnez quelque chose …
Je soupçonne ou c’est compte tenu de ce qu’on dit ? Je ne soupçonne rien.

Vous êtes un acteur du système, ce n’est pas le gouvernement qui produit les docteurs …
Je vous ai toujours dit que c’est nous. Reconnaissez quand même que j’ai été honnête en disant que nous sommes tous coupables aux niveaux gouvernemental, rectoral, décanal, enseignant, etc.

Qu’est-ce qu’on doit faire pour arrêter la saignée ?
Je donne un exemple concernant le CAMES. Je crois que c’est avec la promotion de l’année 2019. C’est en février qu’on envoie les dossiers et tout le monde sait que c’est l’Etat qui prend les frais en charge. Et on sait que quand on est admis au CAMES, on connait de reclassement. On a laissé envoyer les dossiers, et après on déclare que les intéressés vont payer eux-mêmes les frais. C’était de l’injustice, mais certains ont payé eux-mêmes. Le même rectorat, l’année suivante, avait envoyé au CAMES aussi bien les dossiers de ceux qui avaient payé lesdits frais que ceux de ceux qui n’en avaient pas payé. Après, on a dit aussi qu’ils ne seront plus reclassés automatiquement. Nous sommes des universitaires. Si nous-mêmes nous nous respectons, est-ce qu’on peut nous imposer une telle décision comme ça ? Il y a des départements où il y a plus de 8 titulaires, il y a d’autres départements où il n’y en a pas du tout. Pourquoi ne pas commencer par accorder la priorité aux départements qui n’en ont pas ? C’est ce que je voudrais dire. On mûrit la décision, on la prend et on la respecte. En France, mon amie Edwige CHIROUTER, de l’Université de Nantes, qui a monté un projet maintenant pour l’Union Européenne auquel j’ai participé, elle a eu l’habilitation depuis 2 ans, mais elle n’est pas titulaire. Quel est le problème ? C’est quand un poste se libère qu’on fait appel aux candidats. Et celui qui gagne prend le poste. Mais ici on en crée en désordre. Pourquoi ne pas commencer par mettre fin à ça d’abord ? Tout se passe comme si on fait tout pour ne pas fournir les efforts qu’il faut. Si dans tel domaine, ils sont déjà 10 titulaires, il ne faut même pas chercher à savoir ceci ou cela.

N’est-ce pas ce qui a amené le chef de l’Etat à dire que le processus de recrutement des assistants à l’université n’est pas du tout concurrentiel ?
Le problème est qu’au moment où j’ai été recruté, je pense que c’était plus simple et clair que ce qui se passe maintenant …

Vous avez été recruté par cooptation ?
Non. Tout d’abord, au moment où j’ai été recruté j’avais un cousin qui est au rectorat, et qui m’avait dit que je serai directement agent permanent de l’Etat. Après il m’a envoyé vers Soumanou Toléba qui était chef personnel de l’université et président de l’« Association des jeunes docteurs ». On militait ensemble. C’était bien quand même. Madame Ladékan aussi faisait partie de l’association. C’est de là que quand j’ai été voir le Doyen Bognianho, il me disait qu’il a vu mon dossier, que c’est un excellent dossier, mais qu’il ne peut pas me promettre de me recruter, que je ne pourrais être recruté si on lui donne quatre postes, parce qu’il y a un département qui avait de problèmes. Heureusement qu’on lui a donné quatre. Et, on m’avait promis que je serai permanent en même temps. Après M. Toléba m’a expliqué que non, il fallait faire deux ans de contractuel et se faire examiner et évaluer d’abord. Et si on pense que vous pouvez vraiment, c’est de là que vous pourrez devenir permanent. Mais je dis pourquoi ils ne procèdent plus comme ça maintenant ? Est-ce que vous savez qu’actuellement il y a des assistants qui ont des assistants ? Des gens recrutés depuis 2007 sont toujours assistants ayant d’assistants officiellement ou non.

Le chef de l’Etat constate que le processus n’est plus concurrentiel. Etes-vous d’accord avec lui ?
Oui. Je sais qu’il y a de jeunes docteurs qui viennent discuter avec moi. Ils veulent qu’on les fasse composer, qu’on les interroge. Mais qui va les interroger ? C’est toujours les mêmes. Mais si on veut rendre le processus concurrentiel, ils vont faire recours à qui ? C’est les mêmes personnes ? Des gens qui ne sont pas fatigués d’occuper des postes depuis plus de 8 ans, 10 ans, 15 ans, 20 ans et qui sont dans tous les réseaux ?

Mais c’est toujours vous, les professeurs titulaires …Vous êtes sûr qu’on ne vous associe pas ?

Il y a ceux qu’on associe et il y a ceux qu’on n’associe pas. C’est un réseau et de la mafia. Tout est devenu affaire de réseau, de mafia et de clientélisme.

Pourquoi on ne vous associerait-on pas ?
Je voudrais répondre d’abord ceci. Rendre le système concurrentiel, c’est très beau, mais si on rendait le système concurrentiel et qu’on recrute les gens, s’ils viennent dans le système et se comportent comme nous qui sommes dedans, est-ce qu’on aura le résultat escompté ? Je crois que le Professeur feu Félix Iroko a raison. Le problème devrait être d’abord, comment rendre performants ceux qui sont dedans ? Si on ne les rend pas performants, et qu’on en amène d’autres, ils vont se comporter comme eux ou pas ? Quelqu’un a dit tout à l’heure que la ministre a dit qu’il y a des enseignants qui ne modifient jamais leurs fiches. S’ils veulent corriger notre système là, pourquoi ne pas commencer par exiger l’assistanat réel. Celui qui vient d’être recruté ne peut pas être autonome sur les enseignements. Pourquoi ne pas faire en sorte que ceux qui se contentent des articles d’autrui pour se faire passer au CAMES, ceux qui sont plusieurs sur le même article, pourquoi ne pas commencer par corriger par là. Si on rend concurrentiel, c’est beau. Mais ceux qui seront recrutés par un concours concurrentiel, ne se comporteraient-ils pas comme les autres qui sont déjà dans ce système ? L’aspiranat ne peut pas être la solution de mon point de vue. La solution est de commencer par ce qui est plus facile. Il y a récemment un rappel du Recteur d’Abomey-Calavi à propos de la fusion des laboratoires. Les recrues ne sont pas sous l’autorité pédagogique d’un MA, d’un MC ou d’un PT. Ils sont autonomes et dispensent leurs enseignements en se comportant comme des Profs de Rang A. On ne pense nullement régler ce problème, mais ce qui préoccupe, hic et nunc, c’est le regroupement des laboratoires. Des laboratoires sont installés en ville et dans des domiciles personnels.

Faisant déjà ses preuves dans l’enseignement primaire et dans l’enseignement secondaire, l’aspiranat dans le supérieur pourrait combler le vide du personnel enseignant. En tant qu’acteur du milieu universitaire, cette proposition du Chef de l’Etat est-elle idoine ?
Si vous dîtes que cela fait ses preuves, alors tout va parfaitement bien. Est-ce qu’on est vraiment sûr que ça a déjà fait ses preuves ? Au secondaire, il y a eu les contractuels locaux et les permanents, les vacataires… Et on ajoute encore l’aspiranat. Qu’est-ce qui prouve qu’un autre gouvernement ne va pas amener une autre réforme ? On s’amuse avec notre système éducatif. Ils ont amené dans ce pays la Lepi pour nous dire que c’est un outil de développement. Après, un autre nous ramène le Ravip pour nous dire que c’est un outil de développement. Qu’est-ce qu’ils veulent faire de notre pays ?

De plus en plus, il est évoqué le problème d’employabilité des étudiants à l’issue de leur formation universitaire. Qu’est-ce qui empêche l’adaptation des offres de formation de Licence Master et Doctorat aux exigences du marché ?
L’objectif du système LMD est de permettre que la mobilité des étudiants ne pose pas de problème dans les autres universités. Si vous étiez inscrit à l’ENS, allez-vous recevoir la même formation que celui qui est inscrit dans une faculté ? Non. Celui qui est inscrit à l’ENS se prépare pour le métier d’enseignant. Et par ailleurs, on peut être formé dans une école professionnelle, avoir un diplôme professionnel et se retrouver en chômage.

Monsieur le Professeur, est-ce qu’il est aisé de produire et de publier des travaux de recherche scientifique au Bénin ?
Pas du tout. Parce que dans notre système éducatif, nous ne collaborons pas entre nous pour pouvoir nous entraider. Quand les gens corrigent votre texte ici, ils vous embrouillent et cela ne nous favorise pas. Au Bénin ici, notre niveau de culture générale est trop faible. Il faut aussi qu’on ait des éditeurs dignes de ce nom et non préoccupés seulement par le gain facile.

Une fois ses travaux publiés, qu’est-ce qu’ils apportent réellement, en termes de plus-value, au développement du pays ?
En ce qui nous concerne, en Sciences Sociales et Humaines, c’est d’avoir des Jean Pliya, Olympe Bhêly-Quenum. Mais ceux-là ne sont pas des Maîtres de conférences, mais c’est plutôt une question de vocation dans notre domaine. On peut ne pas être diplômé et être un grand romancier. Il faut nous remercier d’abord, c’est notre contribution de publier. Ensuite, les gens vont lire. Vous ne pouvez pas dire que ce que nous écrivons ne sert à rien.

Professeur, quel regard portez-vous sur le Conseil National de l’Education ?
Si tout était bien fait, le CNE devrait être l’académie du Bénin en matière de recherche scientifique et d’éducation. En principe, un académicien devrait être quelqu’un au sommet de son domaine d’investigation. La lettre que le Président du CNE avait envoyée aux deux universités nationales du Bénin, au moment il n’était pas encore membre de cette institution, s’il pouvait mettre son contenu en pratique, il aurait réglé le problème majeur des universités. La lettre disait que durant le cursus universitaire de tous les étudiants de licence en Droit, il doit y avoir les mêmes matières. Il est question du même parcours pour tous les étudiants. Si nous mettons cela en pratique, ce serait largement suffisant. Si on fait ça au niveau de la Philosophie, des Lettres modernes, du Droit, à tous les niveaux, le CNE ne serait-il pas l’académie du Bénin en matière de recherche scientifique et d’éducation ? Cela va constituer le noyau dur de la formation.

Vous voulez dire que l’existence du CNE est vraiment indispensable ?
Je vous ai dit que rien n’est indispensable. Pourvu que les citoyens soient conscients de leur devoir civique. Il y a quelques années, Monsieur Gbaguidi Noël, le Président du CNE, a été invité en Côte d’Ivoire et il a constaté que ce qui a été proposé là pourrait servir à son pays. Il a pris sa plume, il a écrit aux deux recteurs. Ça prouve que s’il peut déjà commencer par-là, il aurait rendu d’énormes services à cette nation.

Quelle appréciation faites-vous alors des réformes universitaires que le chef de l’État a proposées depuis qu’il est arrivé ?
Je serai sincère avec vous et je dirai ce que j’ai dans mon cœur. Monsieur Talon n’est pas la cause de nos problèmes, il est venu les trouver. Les problèmes énormes que rencontre le système éducatif béninois, il est venu les trouver. La question est de savoir est-ce que lui le premier citoyen dans ce pays souhaite vraiment mener les réformes qu’il faut. Ou bien lui aussi, veuille-t-il se moquer de notre système éducatif ? Je dis se moquer parce que, avec le Ministre Bagnan, les frais d’écolage universitaires étaient à 6200F CFA. Il avait dit que c’est l’UEMOA qui exige l’harmonisation de ces frais au niveau des Etats membres et qu’il fallait porter ça à 25.000F CFA. On les avait portés à 15.000F CFA. Avec Yayi Boni, c’est la gratuité. Qu’est-ce qu’il veut faire concrètement ? Vous voyez, M. Talon a déjà fait 05 ans. Je fais partie de ceux qui ont milité pour lui. Le 20 janvier 2016, je n’ai pas mangé jusqu’à 23 h parce que je battais déjà campagne pour lui à Bohicon avec son ami personnel et particulier d’Azali d’Abomey. Je souhaite qu’il nous aide. Ce n’est pas lui le responsable ni le coupable de notre système éducatif. Avant lui, Djemba avec Yayi avaient dit que personne ne doit plus redoubler. L’arrêté existe. Il est venu, il a dit que pour passer de la 3ème en 2nde, il faut avoir le BEPC et la moyenne. Un an après, on revient sur ça.

Vous oubliez que c’est lui qui a supprimé l’élection des recteurs ?
Vous savez aussi que quand j’ai été envoyé en mission dans le cadre des LMD, c’était pour permettre à ce que le Bénin commence en même temps le LMD que l’ère de la décentralisation de l’Université (élection). J’ai suivi ça de près. J’ai préparé la mission des recteurs, comment organiser les élections. Bref, ça veut dire que j’en sais quelque chose. Le processus de l’élection des recteurs avait été engagé. Et on exhibe une note de service pour dire qu’il faut nommer. On en était là, la fin du mandat des recteurs élus est arrivée, on les a laissés. Et après on prend une décision en conseil des ministres pour dire qu’on les maintient en activité. Est-ce qu’on veut vraiment réformer ? Parmi les Doyens, Directeurs, Vice-doyens et Directeurs adjoints, il y en a qui étaient à quelques mois de la fin de leur mandat. Mais, on a laissé les uns et on a écarté le mandat des autres. Les réformes sont comme des révolutions. Un pas en avant, un pas en arrière, on ne peut plus vous croire. Le plus important, il a déjà fait 05 ans et il a entamé 05 ans, est-ce que de sérieuses réformes ont été menées et portent leurs fruits ? Ou bien, c’est pendant les 05 ans à venir là qu’il va engager les réformes et les mener à terme comme il faut ?

Vous ne savez pas clairement, ce que Talon veut faire du système universitaire ?
J’aimerais savoir davantage le fondement, vraiment la philosophie de ses réformes.

Il dit qu’il y a du bavardage à l’Université…
Moi, j’ai été formé pour faire quoi ? Pour bavarder. Et vous-mêmes les journalistes, vous faites quoi ? La parole est sacrée. Pourquoi les gens n’ont pas pu construire la tour de Babel ? C’est parce qu’ils ne peuvent plus bavarder. S’il n’y a pas théorie, si vous ne bavardez pas, la construction de la tour va s’arrêter. C’est vrai ou c’est faux ? On a dit que les Israéliens ne doivent pas manger la viande du porc. Mais voici que les mêmes Israéliens, à partir des gènes du porc, font cultiver une espèce de carotte bien succulente. Est-ce que les Israéliens ont le droit de manger la carotte développée avec les gènes du porc ? C’est la question de l’Ethique, de la Philosophie Morale. C’est notre domaine. L’homme est fait pour bavarder. Pourquoi le président au cours de sa campagne ne s’est pas contenté de ses réalisations ? Tout ce que la Rome antique, le gigantesque Empire des Césars, la Rome d’aujourd’hui, l’Occident même et le monde entier, doit à la puissance des cordons vocaux de Marcus Tullius Cicero (Cicéron), les historiens et les hommes politiques avertis le savent bien.

L’Université forme pour le bavardage, vous confirmez cela ?
Non. Quand j’ai entendu le premier citoyen prononcer la phrase du bavardage, j’ai discuté avec l’un de ses proches. Il m’a dit exactement ceci : « Il faut comprendre qu’il répond à quelqu’un. » Et il m’a donné le nom d’un acteur politique. Et il a ajouté ceci : « Toi, Paulin Hounsounon-Tolin tu bavardes ? » Ce que tu publies avec L’Evénement Précis, ce n’est pas utile ? Si ce n’est pas utile, ne perdez plus votre temps à publier des textes.

Pouvez-vous nous expliquer alors la spécificité du bavardage à l’université ?
Monsieur Docteur Gérard AGOGNON, merci de cette question. A l’université, nos différents points de vue sont des thèses que chacun défend selon son domaine de spécificité, son niveau de culture générale et ses sensibilités. De différents points de vue, jaillit la vérité. Et c’était ainsi qu’est née la Science avec les différentes réponses divergentes des Présocratiques à propos de la fameuse question « De quoi se compose l’univers ? ». C’est-à-dire quel est l’élément premier du monde, de l’univers ? Par exemple, la Science d’aujourd’hui discrédite celle d’hier, mais cela ne signifie nullement qu’elle ne lui doit rien. Evidemment, cela pourrait paraître comme du bavardage aux yeux des non-initiés. Mais, au niveau même de la cohésion d’une nation, c’est ce qui convient : le bavardage en vue d’un dialogue inclusif constructif. Car, le caractère d’« animal politique de l’homme », c’est à l’image d’autres animaux à caractère politique comme les fourmis, les termites, les abeilles, etc. C’est la capacité de se mettre ensemble avec ses congénères en vue d’un objectif commun. Et cela est possible justement grâce au fait que l’homme soit doué de la capacité de produire du son, de la parole, pour exprimer ce qui est juste et ce qui est injuste. Le langage distingue l’homme de l’animal. Et c’est pourquoi, l’absence de bavardage en vue d’un dialogue consensuel, à un moment donné de l’histoire d’une nation, entraîne toujours de sérieuses crises mettant à mal la cohésion sociale, nationale, voire l’esprit patriotique.

Vous avez dit tout à l’heure que l’Université ne forme pas pour l’employabilité. Enfin de compte, l’Université forme en quoi ?
J’ai bien répondu à la question en me référant au manuel de l’étudiant du professeur Pierre Goudjinou Mètinhoué. Comment se fait-il que les gens s’entassent à la Flash ? Pourquoi l’État ne cherche pas à comprendre les conditions de passage ? Les professeurs ne peuvent pas dire que le jury est autonome et faire racheter comme bon leur semble. Les conditions et les critères de passage devraient être, a priori, les mêmes au niveau des départements en régime d’LMD. Mais les problèmes de notre pays sur les questions de la faiblesse du niveau de culture générale, ne vous intéresse pas ? J’ai entendu une phrase des amis qui sont chargés d’étudier les dossiers du CAMES cette année. Ils ont dit qu’on a fait la promotion des médiocres qui nous dirigent aujourd’hui. C’est à propos d’un collègue. Il n’y avait rien dans son dossier et un autre collègue disait quoi ? Quand les résultats vont sortir, il sera le premier à être reçu. Vous connaissez le système. Vous savez, j’ai ici des références que je voudrais vous donner. C’est Vitruve, architecte romain qui conseille à ses collègues de faire un peu de philosophie pour ne pas exiger de gros honoraires de la part de ceux à qui ils rendent service. En France, si un ouvrage de vulgarisation sort sur les questions de développement, tous les intellectuels l’achètent pour le lire. Vous savez qu’ici les gens peuvent faire leur thèse en histoire sans jamais lire Hérodote. En philosophie, les gens peuvent ne pas avoir lu Aristote et passer leur thèse.

Vous validez ces thèses ?
Ce n’est pas ce qui me préoccupe. Et ce sont ceux-là qui sont mal formés et qui nous dirigent aujourd’hui. S’il y a élection, ils sont dans les réseaux. S’il y a nomination, ils sont là. Parce que si vous rendez service, on va vous rendre service après. C’est le grand sociologue Francis Akindès de l’Université de Bouaké qui nous disait, lors d’une rentrée académique, que si vous avez volé 100 millions, vous n’irez jamais en prison. Mais si vous avez volé 5 millions, vous irez pourrir en prison. Avec 100 millions, vous aurez le temps de bien huiler la machine et la machine ne se bloquera jamais sur vous. Et c’est ce qu’ils font. On ne peut pas tout dire. Mon ouvrage sur la question des droits de l’homme, quand j’ai présenté ça, le vice-recteur, d’alors, qui était là a trouvé que c’est très mauvais. Allez sur Google, c’est mon ouvrage le plus coté pour le moment. Le problème, c’est ceci : il (un Prof étant intervenu) et a parlé de sa demande d’ouverture de la filière à l’école doctorale en études germaniques. Je suis informé. Moi aussi j’ai un dossier de ce genre. On prend les amis qu’on met à la tête de ces institutions. Ils n’ont même pas le niveau. Voilà ce qui se passe. Si vous avez été Contrôleur une fois au Bac, vous allez comprendre. Certains correcteurs qui n’ont pas le niveau des enfants dont ils corrigent les copies. Et c’est trop délicat pour en parler, non ?

Ça veut dire que vous dites qu’il faut améliorer le niveau de culture générale à toutes les couches ?
Nous n’avons pas le choix. Monsieur Awanou Norbert, j’ai oui dire qu’il lui arrive d’écrire à des pré-rapporteurs : « Avec ce que toi-même tu as mis dans le pré rapport (de thèse Ndlr), tu ne peux pas autoriser la soutenance. » Pourquoi j’ai donné cet exemple ? On n’a pas besoin d’être agrégé en philosophie avant de savoir quand même quelques bribes de la philosophie. Mais ceux qui nous dirigent à divers niveaux n’ont pas souvent le niveau de culture générale convenable. Pour Platon, il y a nécessité de passer d’abord par une propédeutique pour tout disciple. Et la pédagogie d’Aristote exige des préalables avant l’étude de l’Analytique. C’est une question de nécessité de culture générale. Evidemment, quand un aveugle conduit un bien voyant, ils tombent tous deux dans un gouffre avec tout leur entourage. Et c’est bien ce qui nous arrive maintenant !

S’il vous était donné de conclure ?

Je vais me répéter en disant que ce n’est pas Monsieur Talon qui est la cause des problèmes de notre système éducatif. Mais la question est de savoir s’il veut vraiment réformer notre système éducatif. Quelle réforme veut-il partager avec nous ? Ou bien veut-il nous imposer des réformes ? Est-ce que lui aussi ne veut pas s’amuser avec notre système éducatif ? Si non, comment comprendre que sous Kérékou, on a parlé d’harmonisation avec l’Uemoa et de 6 200 F on est passé à 15000f pour les frais de scolarité à l’université et que sous Boni Yayi, on est passé sous la gratuité et puis à c’est à combien aujourd’hui ? Notre système éducatif, si Talon veut vraiment le réformer, il va le faire. Je crois que tout le monde le reconnait comme un grand travailleur. Au Bénin, on le reconnaît d’être le premier privé ayant le mieux réussi dans les affaires. Donc, c’est un grand travailleur. Pour dire qu’en bon travailleur, il sait que le travail appelle le repos et le repos appelle le travail. Depuis 2005-2006, savez-vous qu’on n’a plus de vacances à l’université ? Avant 2006, on a deux mois et demi de vacances. Depuis 2006, on n’a plus les congés. Qu’est-ce qui fait qu’on n’a plus de congés ? Un enseignant qui n’a pas de congé, comment voulez-vous qu’il donne le meilleur de lui-même ? En août, on nous donne un mois, mais c’est le moment pour le département de nous convoquer pour des réunions. Si ce n’est pas le rectorat qui invite, pour telles ou telles pièces, c’est la faculté qui trouve des choses à nous demander… Si Talon le veut, il peut changer les choses. Il exige que la rentrée commence en septembre. Mais, les Primaires et les Secondaires n’ont pas eu deux semaines pour les congés de Noël, de Pâques et une semaine pour les congés de détente, cette année par exemple. Certains établissements privés et Séminaires ne respectent pas les calendriers des congés et des vacances proposés par l’Etat. On doit nous serrer pour que nous puissions respecter nos emplois du temps. Mais il y a des gens qui sont à des postes juteux qui veulent qu’on revoie tels curricula, tel emploi du temps de sorte qu’on ne prenne jamais au sérieux la semestrialisation. Il y a des gens qui prennent les enseignements mais ne les assument pas et c’est des assistants par-ci, par-là, et qui devraient voir faire, qui deviennent des remplaçants permanents. Ce n’est pas bien. Je ne suis pas acteur politique mais théoricien de la politique car, quand on m’invite dans les fora, les grandes réunions pour parler ou pour présider des jurys de thèse de doctorat, c’est surtout par rapport à la Philosophie la morale et politique, – Philosophie du langage et Sciences de l’éducation -, parce que ça fait partie de ma formation. Il faut reconnaitre que chacun doit assumer ses enseignements comme il faut. Quand on parle de solidarité gouvernementale, cela ne veut pas non plus dire que chaque ministre est tenu d’approuver les erreurs de l’autre ministre. Mais ça signifie plutôt que si ça marchait au niveau d’un ministère et que ça ne marchait pas au niveau de l’autre, ça ne marcherait pas pour l’ensemble du gouvernement.

Carte d’identité: Philosophe avant tout

Le Professeur Paulin Hounsounon-Tolin est né à Bohicon le 17 novembre 1963. Issu d’une famille extrêmement modeste dans un hameau du village Hlanhonou très pauvre, il prend pourtant l’école très au sérieux. Mais il n’a dû son salut qu’au refus de sa mère qui ne voulut pas le laisser faire la menuiserie, compte tenu de son alimentation très délicate. Il obtient le CEP en 1977 à l’Ecole Publique Mixte de Zogbodomey. BEPC en 1981 et BAC Série A1 en 1985, à Bohicon, il s’inscrit en Histoire à l’université. « Quand j’étais venu à l’université, j’étais pratiquement le seul étudiant de Zogbodomey. Aujourd’hui, ils sont plus de 500 », se rappelle-t-il encore ! Après les deux premières années d’Histoire, Paulin Hounsounon-Tolin fait une double inscription en Philosophie et en Histoire. Il soutient sa maîtrise en Philosophie le 15 mai 1992. Inscrit à l’université Paris 1, Panthéon-la-Sorbonne, à l’Institut Catholique de Paris, à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, à Paris 8, Seine-Saint-Denis, au Centre Sèvres, etc., il approfondit ses recherches en Philosophie (Antiquité tardive, Stoïcisme, Sciences de l’éducation, Psychanalyse, etc.), En fait, il se découvre une soif dévorante pour les études. « J’ai préparé en 6 mois, 3 DEA (en Philosophie, en Sciences de l’éducation, etc.) et j’ai préparé aussi les certificats de latin académique (Prononciation restituée) et de grec ancien. J’ai préparé aussi le DARE (Diplôme d’Aptitude et de Recherche en Sciences de l’Education), préparé et rédigé un Doctorat en Histoire de la Médecine et Anthropologie de la Maladie, parce que je sentais mon niveau de culture générale très faible », se souvient-il. Il soutient sa thèse de doctorat en Philosophie le 21 février 2000, à Paris 1, Panthéon-la-Sorbonne. Mais il soutient une autre thèse de doctorat en 2009 en Sciences de l’éducation à Montpellier 3, Paul Valéry. Dès la soutenance de la première thèse, il rentre au pays en avril 2000. Il a la chance d’être recruté assistant. Il monte rapidement les échelons. Maitre-assistant en 2005, Maître de conférences en 2010, il est Professeur Titulaire en Philosophie depuis 2015. Ses contributions les plus significatives sont publiées dans des ouvrages comme Devoir de vérité de l’intellectuel universitaire, Droits de l’Homme et Droits de la Femme, Education et décolonisation culturelle de l’Afrique, Grammaire du Civisme et de la Politesse, Tournant utilitariste de l’Enseignement Supérieur en Afrique au sud du Sahara, Babélisme d’hier à aujourd’hui (Malédiction des langues), etc. Mais le Professeur Paulin Hounsounon-Tolin est surtout connu pour ses travaux sur l’éducation à la citoyenneté.

Intimité: Fan d’Alèkpéhanhou

Marié et père de cinq enfants dont des jumelles, le Professeur est féru de la musique traditionnelle. Il avoue son penchant pour le roi du zinli rénové Alèkpéhanhou. A table, il aime bien la pâte à la sauce gombo. En termes de boisson, il préfère de l’eau mais pour être resté au milieu des prêtres, il déguste du bon vin de temps en temps. Pour garder la ligne, il fait beaucoup de marche depuis quelques années.

La Rédaction

PROFESSEUR VICTOR TOPANOU RAPPORTEUR GÉNÉRAL DU DIALOGUE POLITIQUE SOUS L’ARBRE À PALABRE: «Je dis aux opposants de rentrer dans la dynamique»

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Le bon déroulement de l’élection présidentielle du 11 avril 2021 consacre selon le professeur Victor Topanou, le rapporteur général du dialogue politique de 2019, le couronnement des réformes politiques. Invité du quotidien L’Evénement Précis, le professeur Victor Topanou a, dans la Rubrique « Sous l’arbre à palabre » du journal, exprimé sa satisfaction du bon aboutissement du processus électoral: « cette élection a été une réussite puisque les objectifs de la réforme du système partisan ont été atteints », soutient-il avec enthousiasme. Saisissant l’occasion du décryptage de l’actualité politique nationale, il a, au cours de cette entrevue avec les journalistes, noté en dépit des violences qui ont émaillé le processus électoral par endroits, que « l’accouchement a été très difficile, mais le bébé est né vivant ». L’ancien ministre a abordé plusieurs sujets parmi lesquels la réforme du système partisan, l’arrestation de certains acteurs politiques et a d’ailleurs condamné les appels aux marches lancés par certains leaders de l’Opposition, et qui se sont transformés en des manifestations violentes à la veille de la présidentielle du 11 avril 2021. L’invité au cours des échanges à bâtons rompus sous «Sous l’arbre à palabres» a par ailleurs présenté les mérites des réformes opérées de même que les leçons à tirer pour corriger les dérives de la conférence nationale et pérenniser les acquis démocratiques.

Et si on en parlait

Vous voici à nouveau sous l’arbre à Palabre, au lendemain de la présidentielle du 11 avril 2021. Quelles sont vos premières impressions au vu des résultats issus des urnes après cette élection ?

Je pense que l’accouchement a été difficile, très difficile. Mais le bébé est né et il est né vivant. C’est l’essentiel, c’est le plus important. Donc, il faut juste continuer à l’entretenir, afin qu’il ne meure pas d’une mort prématurée.

C’est un KO. On n’est pas allé au second tour. Qu’est-ce que cela vous dit ?

Depuis qu’on a commencé notre jeune démocratie en 1991, on a eu quatre (4) Présidents de la République. Et parmi les 4, il y a un seul qui n’a pas pu renouveler son mandat : c’est le Président Nicéphore Dieudonné Soglo. Et sur les 3 qui ont réussi à renouveler leur mandat, deux l’ont renouvelé dès le premier tour, c’est-à-dire par KO, puisque c’est la formule retenue. Un seul l’a fait au deuxième tour, il s’agit du Président Mathieu Kérékou (paix à son âme). Si sur trois, il y a deux qui l’ont fait au premier tour, cela peut laisser subodorer qu’au Bénin, il est plus difficile d’obtenir un premier mandat que de le renouveler. Après, que le KO se fasse à 55% ou à 80%, peu importe : le principe, c’est le renouvellement du mandat.

Ce scrutin qui s’est déroulé le 11 avril dernier a la particularité d’avoir expérimenté pour la première fois les nouvelles lois électorales auxquelles vous avez beaucoup contribué. Quelles appréciations vous en faites et quels sont les grands enseignements que vous en tirez ?

Je pense que les objectifs fixés à ces lois ont été globalement atteints. Pour la première fois, on n’a pas eu une pléthore de candidatures. Avec les réformes, il n’y a de place que pour dix candidatures au maximum. C’est-à-dire que dès l’instant où nous avons dit que « pour être candidat, il faut avoir 10% du collège des parrains constitué des Maires et des Députés », il ne peut plus arriver qu’on ait 33 candidats. On aura au maximum 10 candidats. Pour cette première application, au lieu de 10, on en a eu 3. Peut-être à la prochaine présidentielle, on aura 4, 5, voire 6 ou les 10. En tout état de cause, on ne dépassera plus 10 candidats. Et parce qu’il y a une limitation des candidatures, les discours des candidats sont plus audibles. En effet, quand vous n’avez que 3 candidats sur 10 possibles, leurs discours, leurs programmes s’entendent : on les entend. A 33, on ne peut pas entendre les discours et c’est l’une des raisons pour lesquelles les présidentielles depuis 1991, ne s’organisaient pas autour de programmes. Ensuite, pour la première fois, on a fait une élection sans la fameuse opération porte-à-porte dont beaucoup disaient qu’elle était déterminante dans la victoire électorale. Or, ce qu’on ne dit pas, c’est le montant approximatif qu’il fallait investir dans cette opération. Si vous devez faire le porte-à-porte sur toute l’étendue du territoire, distribuer de l’argent à tous les citoyens, même si ce n’est que 500 francs CFA, cela fait tout de même beaucoup d’argent qui aurait pu, s’il avait été judicieusement utilisé, apporter beaucoup plus de bonheur à beaucoup plus de gens.

Aujourd’hui, il est tout à fait possible que si vous êtes un opérateur économique et que vous allez vers un candidat pour lui proposer de mettre 500 millions à sa disposition pour sa campagne, il puisse vous répondre : « gardez les 500 millions, à la fin des élections, on réalisera des œuvres sociales (centres de santé, marchés, centres de loisirs, etc…) sur lesquelles on marquera en lettres d’or, DON DE …ET DE ». Cette approche représentera une nouvelle façon de voir les choses ; elle incarnera une campagne enrichissante plutôt que la campagne appauvrissante qu’on a connue jusqu’ici. Je pense que ces objectifs-là ont été globalement atteints ; il faut le reconnaitre et s’en féliciter.

Mais le taux de participation en a pris un coup….

En effet, c’est le risque qu’il fallait prendre et il en valait la peine. Maintenant, le problème, c’est de savoir si cette abstention deviendra structurelle ou si elle restera conjoncturelle ? Mais pour qu’elle ne soit que conjoncturelle, il faut absolument l’adhésion de tous les acteurs politiques à ces réformes et qu’ils éduquent leurs militants et les électeurs dans ce sens. Car s’ils ne le font pas, évidemment, on risque d’aller vers une abstention structurelle, ce qui serait préjudiciable à notre démocratie participative. On va donc croiser les doigts pour qu’on n’arrive pas là.

Au dépôt des candidatures, vous n’avez pas senti qu’il y a déjà des couacs dans les réformes ?

Des couacs ? Non. Vous savez, on ne peut pas tout interdire. Si non, on va immédiatement vous taxer de dictateur. Comme vous le savez, l’un des objectifs des réformes était le renforcement du système partisan car aussi paradoxal que cela puisse paraître, aucun parti politique n’avait jamais gagné une élection présidentielle au Bénin depuis 1991.

Tous ceux qui avaient été présentés par un parti ont toujours échoué. Je pense au Président Amoussou. Je pense aussi au Président Houngbédji et même au Président Soglo qui, comme par hasard, quand il a été élu en 1991, n’avait pas de parti. Mais il a suffi qu’il crée un parti en 1993 pour perdre aussi bien l’élection de 1996 que celle de 2001. Bref, c’était une de nos « anomalies démocratiques ». C’est comme si vous allez aux Etats-Unis et vous remportez les élections en étant un candidat indépendant.

J’attire votre attention sur le fait que les candidatures indépendantes n’ont pas été interdites, mais qu’elles ont juste été rendues difficiles et que c’est pour cela que nous avons encore eu une vingtaine de dépôts de dossiers de candidature même si au finish, seuls trois ont été retenus.

Avez-vous le sentiment que la réforme du système partisan a permis d’élire un président issu des entrailles des partis ?

C’est la première élection présidentielle et elle peut avoir donné l’impression d’une insatisfaction. Mais je pense, qu’on le veuille ou non, qu’elle est en marche. Pour cette fois-ci, cinq partis se sont mis ensemble pour soutenir un candidat. Il est à souhaiter qu’à l’avenir ces cinq partis fusionnent pour donner un parti unique. J’ai vu d’ailleurs pendant la campagne les activités d’un mouvement dénommé « Dynamique Unitaire ». On va juste espérer qu’il soit prémonitoire et que sa finalité soit la fusion.

Dans une récente interview à une radio étrangère, l’ancien Président de la cour constitutionnelle, Robert Dossou a comparé la présidentielle de 2021 à une pièce de théâtre où chaque acteur avait été préparé à un rôle précis. Avez-vous eu la même impression ?

Non. J’ai écouté cette interview-là. J’ai également écouté l’interview-réponse du directeur de la communication de la présidence. Je n’irai donc pas vraiment sur ce terrain. Mais ce que je voudrais dire, c’est que le Président Robert Dossou a trois casquettes.

Lesquelles ?

Il est Avocat, homme politique et universitaire. Donc, selon qu’il parle avec la casquette d’Avocat, d’homme politique ou d’universitaire, le discours est différent. Car comme vous le savez, l’Avocat défend, , l’homme politique justifie et l’universitaire explique. Et je crois que dans l’interview à laquelle vous faites référence, il a été présenté comme Avocat de deux candidats recalés. Il est donc dans son rôle de dire ce qu’il a dit car un avocat a toujours raison même lorsque son raisonnement est faux car il doit pouvoir défendre y compris un criminel pris en flagrant délit de meurtre. Ma conviction est que s’il devait prendre la parole dans ce dossier en tant qu’homme politique, il tiendrait un discours totalement différent.

Par contre, il y a une autre partie de l’interview qui m’a un peu amusé ; c’est quand il parlait de la fraude par la loi. Cette déclaration vient jeter un regard nouveau sur le KO de 2011 qu’il avait proclamé en 2011 au profit du Président Boni Yayi. La réélection de Boni Yayi fut donc une « pièce de théâtre » puisque la fraude par la loi avait été préparée bien en amont par la loi sur la LEPI. Si vous vous souvenez, lorsque la LEPI avait été adoptée par les députés, une partie de la classe politique s’est remobilisée dans la mouvance de l’Union fait la Nation (UN) pour adopter une loi abrogative que la Cour avait cassée prétextant que même si le vote de la Loi était une prérogative exclusive des Députés, ils n’avaient pas le droit de voter une loi qui constitue un recul. Il estimait alors que la LEPI qui n’était même pas encore appliquée serait nécessairement meilleure à la liste manuelle utilisée jusque-là dans les élections en République du Bénin. Mais en réalité, c’était le K.O de 2011 qu’il préparait.

Ce que je pourrai dire pour finir avec cette question, c’est qu’il ne faut pas être naïf non plus. Lorsqu’un gouvernement en place opère des réformes ce n’est pas pour avantager son opposition. C’est pour en tirer au moins un léger bénéfice. Regarder ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis avec les deux réformes politiques que veut engager Joe Biden, celle de la Cour Suprême et celle de Washington DC. Dans le premier cas, il souhaite augmenter le nombre de Juges afin de pouvoir en nommer quelques-uns pour rééquilibrer à son avantage les rapports de force au sein de cette vénérable Institution. De même, en transformant Washington DC en Etat, il s’assure un avantage au Congrès puisque les populations de Washington ont toujours été majoritairement des démocrates. Au total, il y a toujours des intentions politiques derrière une réforme politique ; ce n’est pas nouveau et ce ne sera pas la dernière fois : l’essentiel c’est que cela se fasse dans les règles de l’art.

Que pensez-vous du recul de la démocratie?

Je n’ai jamais compris pourquoi on parle de recul démocratique au Bénin . Est-ce parce qu’un régime élu démocratiquement utilise les ressources que la Constitution et le jeu démocratique lui confèrent pour faire des réformes ? Ou bien c’est parce que le droit s’applique désormais aux acteurs de la classe politique sonnant ainsi le glas de l’irresponsabilité pénale des acteurs politiques ? Ou enfin parce qu’il y aurait un standard unique de modèle démocratique que le Bénin appliquait si bien et qui contre toute attente subit des modifications injustifiées et inacceptables ?

À mon avis, il n’y a pas au Bénin de suppression des libertés, mais une réorganisation des conditions de jouissance de celles-ci. C’est le cas par exemple du droit de grève. Il n’a pas été supprimé, la Cour constitutionnelle s’y était opposé. Mais il a été réduit à sa plus simple expression, deux jours par mois, lui enlevant ainsi toute capacité de nuisance. En soi, ce n’est donc pas un problème démocratique ; le vrai problème démocratique, c’est de voir des acteurs politiques contester, au point d’en arriver à la violence, des réformes engagées légalement par un pouvoir démocratiquement élu sur la base d’un programme.

Joël Aïvo, votre collègue a fait l’option de respecter une partie de la loi en constituant un duo et en refusant de souscrire au parrainage, Réckya Madougou l’a fait également comme d’autres candidats. Comment appréciez-vous ces attitudes ?

Joël Aivo est plus qu’un Collègue ; c’est un ami et un frère. Je regrette cette attitude que lui et Madougou ont eue, mais ce fut une option politique que je n’ai pas d’autre choix que de respecter. Je regrette encore plus ce qui leur arrive actuellement.

Les cas de violences enregistrés lors du scrutin ne sont-ils pas la conséquence des nouvelles lois électorales qualifiées de facteurs d’exclusion pour les opposants ?

Pour moi, c’est une question de principe. Rien, absolument rien ne justifie la violence surtout quand on se dit en démocratie. Ni même la modification d’une loi électorale. Toutes les fois que quelqu’un fait appel à la violence, c’est qu’il n’est pas démocrate ou qu’à tout le moins sa culture démocratique doit être questionnée.

Mais ils se sont sentis exclus …

Ce n’est pas parce que vous vous sentez exclus que vous faites recours à la violence. Nous n’en sommes pas au premier cas de sentiment d’exclusion dans notre vie politique. J’en vois au moins deux, une plus ancienne et une plus récente. La plus ancienne, c’est en 1990 lorsque le projet de constitution avait limité à 70 ans l’âge plafond pour être candidat aux fonctions de Président de la République. Les anciens Présidents Ahomadégbé, Maga et Zinsou ont vite fait de dénoncer une disposition exclusive, mais pour autant, ils n’ont pas fait recours à la violence ; ils ont appelé à voter « oui, mais ». Ils ont perdu et ils se sont alignés. Plus récemment et près de trente ans après le premier cas, c’est le Ministre d’Etat Komi Koutché qui a été victime de l’âge plancher fixé à 40 ans pour être candidat aux fonctions de Président de la République. Il a eu le sentiment d’être exclu, mais pour autant il n’a pas fait usage de la violence ; au contraire il a fait saisir la Cour constitutionnelle aux fins d’obtenir une interprétation de cette disposition constitutionnelle. La décision de la Cour quoique scandaleuse ne lui a pas permis d’être candidat ; sinon, peut-être serait-il le Président de la République actuel. Lui non plus n’a pas fait recours à la violence ; au contraire, il s’est aligné. 

Au total, il n’y a aucune raison de faire recours à la violence dans un régime démocratique. La démocratie nous enseigne le respect du temps long. Laurent Gbagbo, Alpha Condé et Abdoulaye Wade nous ont montré qu’on pouvait faire l’opposition trente ans avant d’accéder au pouvoir ; ils l’ont fait sans jamais user de la violence. Mais, organiser, ainsi que cela a été fait, le boycott systématique des élections dans trois communes, Tchaourou, Bantè et Savè n’était encore jamais arrivé au Bénin.

Visiblement, votre doigt accuse quelqu’un ?

Non, pas du tout. Je n’accuse personne. La Justice fera son travail et mon souhait est qu’elle innocente certains qui croupissent aujourd’hui préventivement en prison.

Mais, le chef de l’Etat avait rassuré qu’il maitrisait la situation.

Il a pu le dire, mais quand la violence est réduite à son plus petit dénominateur, c’est-à-dire le niveau individuel, il est très difficile à n’importe quel Etat de la combattre. Par contre, l’Etat a l’obligation a posteriori de chercher à situer les responsabilités et c’est bien cela que l’Etat fait en ce moment. C’est ne pas le faire qui serait irresponsable, voire coupable de la part de l’Etat. Vous avez vu les gilets jaunes en France et l’invasion du capitole aux Etats-Unis ? dans les deux cas, l’Etat Français et l’Etat américain ont situé les responsabilités en procédant à des arrestations et en condamnant au besoin. C’est donc tout simplement normal qu’après ces événements-là, l’Etat cherche à savoir. Quand l’Etat aura fini de savoir et aura fini de situer les responsabilités, s’il plait à cet Etat-là, d’effacer l’ardoise, le cadre juridique actuel lui permet de le faire. Mais, vous ne pouvez pas dire d’un Etat qui cherche à savoir les origines, les causes, les acteurs, les commanditaires de violences aussi systématiques qui empêche depuis 1991, trois communes du pays, de voter qu’il est dictatorial.

Vous étiez membre du présidium lors du dialogue politique de 2019 après les violences des législatives et les lois issues de ce dialogue ont permis l’organisation de cette présidentielle qui a connu également des violences. Avez-vous le sentiment comme beaucoup que le dialogue politique n’a servi à rien ?

Vous me donnez l’occasion de répondre à un collègue et ami, le Professeur Amoussou Yéyé qui a écrit sur sa page Facebook : « Est-ce que les professeurs Sossa et Topanou sont fiers d’eux » ? Ma conviction, c’est que ce n’est pas le dialogue qui est en cause. Nous avons eu dans notre pays une conférence nationale, mais toutes les dérives de ces trente dernières années ne peuvent être imputables à cette conférence nationale-là. De la même manière, la situation actuelle ne peut être imputable au dialogue politique. Il faut distinguer entre l’esprit et la pratique que font les hommes des lois et institutions qu’ils se donnent. C’est pourquoi, quand je vois certaines personnes prendre la conférence nationale comme le levier de notre démocratie, je me dis qu’ils se trompent d’analyse.

Les réformes n’ont pas été faites pour susciter la violence, ni pour exclure d’ailleurs. Elles ont été faites pour tenter de corriger les dérives constatées ces 30 dernières années et notamment replacer les partis politiques au cœur de la vie démocratique. Pour y arriver, on a corrigé les conditions de création des partis, on a revu le statut de l’opposition, on a décidé du financement public, on a décidé que les partis doivent avoir une dimension nationale et pour cela, pour les communales tout parti doit avoir au moins 10% des suffrages exprimés sur le plan national pour être éligible au partage des sièges. Il en est de même pour les législatives. Et pour la présidentielle, il faut réunir au moins 10% du collège des parrains constitués des Maires et des Députés. C’est vrai que cette fois-ci, ce système a profité au Président en exercice, mais il profitera bien à quelqu’un d’autre en 2026.

Vous en êtes sûr ?

J’en suis certain. Le Président Talon n’a pas l’intention de faire plus de deux mandats. Et la Constitution ne l’y autorise même pas. Et si le Président voulait faire plus de deux mandats, il aurait pu faire sauter le verrou de la limitation des mandats à l’occasion de cette révision ; il en avait les moyens. Au lieu de cela, il a plutôt corsé cette limitation. Il faut que nous sortions de cet état de suspicion permanente qui caractérise notre société.

Puisqu’il a une majorité écrasante à l’Assemblée !

Il aurait pu faire ce qu’il veut, changer les textes comme bon lui semble, mais tel n’a pas été le cas. Pourquoi voulez-vous qu’il fasse en plusieurs fois ce qu’il peut faire en une fois ? Je fais donc bien le pari qu’à partir de 2026, ces dispositions profiteront bel et bien à d’autres acteurs un peu comme la Lépi de Yayi a profité à d’autres acteurs jusqu’en 2021.

Avec les violences, les arrestations et tout ce qui a entouré cette élection, n’avez-vous pas l’impression qu’il faut une assise nationale afin de véritablement réconcilier tout le peuple ?

J’ai déjà entendu ça plusieurs fois, mais je ne vois toujours pas ce que l’on met dans les assises nationales. Si c’est pour remettre en cause les réformes, je pense que ce serait un énorme gâchis. Si c’est pour faire un remake de la conférence nationale, je n’y suis pas favorable ; nous ne sommes pas dans la situation de 1989. Si c’est pour amnistier ceux qui ont maille à partir avec la justice alors salut les dégâts : ce serait l’instauration du règne de l’impunité pour les acteurs politiques car la liberté va de paire avec la responsabilité. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec la Conférence nationale. Et si enfin, c’est pour conférer une nouvelle légitimité aux acteurs politiques en mal de légitimité démocratique comme ce fut le cas avec la conférence nationale, alors ce serait à désespérer de notre capacité collective. A ce propos, j’ai entendu le professeur Holo dans une interview sur la Deutch Welle qui disait que les problèmes de la composition actuelle de la cour constitutionnelle, c’était, d’une part, qu’il n’y a pas de constitutionnaliste et, d’autre part, qu’il n’y a plus personne qui ait participé à la conférence nationale comme si nul ne peut parler de la seconde guerre mondiale s’il n’y a pris part.

Le système partisan est-il protégé ?

Comme je le disais tantôt, il y a la réforme et il y a la pratique. Je pense que pour l’instant, on a essayé de protéger au mieux le système partisan. Il n’y a pas de démocratie sans un système partisan fort. Chez nous, on n’avait pas de système partisan. Un système partisan, c’est à la fois le financement public, le statut de l’opposition, c’est le cadre partisan comme cadre unique du choix des responsables du mandat électif. C’est un ensemble de jeux qu’on n’avait jamais véritablement construit, mais qu’on a essayé de construire à la faveur de cette réforme. Malheureusement, certains acteurs continuent de développer des résistances à son égard. Et c’est pourquoi pour moi, le principal effort à faire, c’est de continuer d’expliquer l’esprit des réformes afin que les réticents d’aujourd’hui finissent par y adhérer. Je reconnais qu’il n’y a pas eu assez de pédagogie, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.

ll faut avoir tous les partis derrière un candidat… ?

Je crois que j’en ai parlé plus haut. C’est probablement la phase transitoire qui nous a permis d’assister à ce phénomène. Car vous ne pouvez pas continuer de dire que vous supportez la même personne et en même temps soutenir que vous ne pouvez pas travailler ensemble. Imaginez qu’après cette présidentielle, ils se déchirent à nouveau pour les prochaines législatives de 2023. Ils vont encore se retrouver avec des partis qui n’auront pas les 10% sur le plan national et qui n’auront pas de députés. Par souci de cohérence, ils sont obligés de rester ensemble.

Pour rendre acceptables les dispositions acceptées…?

Ma conviction, c’est qu’il faut continuer d’expliquer, aux acteurs, aux populations et aux partenaires. Il faut expliquer que les réformes ne sont pas faites pour exclure et qu’au contraire, elles sont faites pour renforcer le système partisan et qu’en conséquence elles profiteront aussi à leurs partis politiques.

Le Bénin était quasiment le seul pays où l’on peut gagner une élection présidentielle sans être un acteur politique connu, sans avoir été militant ou adhérent d’un parti. Ce n’est possible dans aucun des pays qui nous entourent et a fortiori dans les pays de vieille démocratie. Les conséquences sur la gouvernance politique et économique sont suffisamment bien connues pour souhaiter l’inversion d’une telle situation. 

Écoutez, moi j’ai travaillé avec le Président Boni Yayi. En 2007, il y a eu les premières législatives du premier mandat de Boni Yayi. Il a eu une majorité relative et il a dû trouver des alliés pour construire une majorité absolue. Mais un an plus tard, en 2008, il a encore perdu cette majorité. Pour tenter de reconstruire une nouvelle majorité, il a fallu donner des gages de mauvaise gouvernance aux Députés qui acceptaient de le soutenir. Ainsi par exemple, pour obtenir le soutien du Député Justin Agbodjèté, il a fallu consentir à son parti, l’UTD de Barnabé Dassigli le poste de Ministre de la Jeunesse et des sports, un poste de chargé de mission et un poste de Chef d’arrondissement à Calavi. Il en est de même du Député Kindjanhoundé qui n’a accepté de soutenir le gouvernement qu’à condition d’obtenir un poste de Ministre, un poste de Préfet et des marchés publics. Pour bénéficier du soutien d’un député à l’Assemblée nationale, un Président de la République était obligé de faire tout ça. Sans compter que plus de 80% des Députés sont des opérateurs économiques et que la seule chose qui les préoccupe, ce sont les marchés publics. L’exemple le plus illustratif en même temps qu’il est symbolique, c’est la construction inachevée depuis quelques années du siège de l’Assemblée nationale, le lieu où bat le cœur de notre démocratie à Porto-Novo.

Et pourtant, tout le monde a conscience que cette situation ne pouvait durer plus longtemps. Kérékou dénonçait déjà les intellectuels qu’il qualifiait de « tarés » et en appelait à la construction du Bénin du futur. Yayi Boni quant à lui, a parlé du « changement » au cours de son premier mandat avant de parler de « refondation » au cours de sen second mandat pendant que le Président Adrien Houngbédji parlait de « rectification ». En 2016, on s’est retrouvé avec deux grosses tendances, le « nouveau départ » et la « rupture ». Au total, le besoin existe, il est réel. Le seul reproche que l’on peut faire au Président Talon, c’est de n’avoir pas accompagné ces réformes d’une bonne pédagogie. Mais il n’est pas trop tard pour rectifier et mieux faire.

Il a perdu sa légitimité

Non, pas du tout. La légitimité n’est pas donnée par le taux d’abstention ou le taux de participation à une élection. Au Bénin, la loi a prévu que le vote soit un droit et non un devoir. Si vous décidez le jour du vote de ne pas aller voter, c’est votre droit. On ne peut pas dire qu’un taux de participation faible fait perdre à un élu sa légitimité ; ce n’est qu’une vue de l’esprit.

 Le Bénin sera désormais dirigé par un duo présidentiel, même si les pouvoirs de la vice-présidente élue sont très limités. Comment entrevoyez-vous cette nouvelle ère de gouvernance qui s’ouvre dans la vie démocratique de ce pays ?

Il faut retourner à l’esprit de cette réforme. On a prévu un poste de vice-Président parce qu’il a été décidé d’organiser les élections générales afin de mettre un terme au cycle perpétuel des élections au Bénin ? Désormais, en six mois, de janvier à, Mais de l’année électorale, toutes les élections (présidentielle, législatives et communales seront organisées). Mais pour y arriver, il y avait deux questions techniques et préalables à régler, la première c’est l’harmonisation des mandats et la seconde la vacance des pouvoirs. Pour la première, il a fallu faire passer le mandat des députés à cinq ans. Pour la seconde, pour éviter de reprendre les élections en dehors de la période des élections générales, il a fallu créer un poste de Vice-Président pour faire comme aux Etats-Unis, au Ghana et au Nigéria entre autres. Au Bénin, le Vice-Président devient d’office le Grand Chancelier de l’Ordre. 

Lorsque le Président de la République décède, et que la vice-présidente élue, prend le pouvoir et devient présidente de la République, que devient le poste de la chancellerie ?

En fait le poste de la chancellerie est directement lié à la vice-présidente donc lorsque le vice-président devient président, il y a un mécanisme pour désigner le nouveau vice-président. Le nouveau président propose un vice-président qu’il soumet pour approbation à l’Assemblée nationale.

On a également appris que le Président de la République peut démettre la Vice-Présidente

Oui, en effet.

Des opposants soupçonnés d’être instigateurs des récentes violences électorales sont interpellés et mis sous mandat de dépôt par vague depuis peu par la justice. La stabilité nationale tant souhaitée n’est-elle pas davantage éprouvée ?

Non. S’ils ne sont pas coupables ils vont être libérés. Vous imaginez si l’Etat ne faisait rien à la suite de toutes ces violences pré-électorales ? Vous imaginez que l’État soit là les bras croisés ? Pour la première fois on a organisé le boycott systématique des élections dans trois communes. Ce n’est même pas que certains ont voté et que d’autres n’ont pas voté. C’est que personne n’a voté. C’est quand même un acte suffisamment grave. Donc un État sérieux a l’obligation de chercher à comprendre, à situer les responsabilités et après une fois les responsabilités situées, s’il faut aller vers l’effacement, il le fera. Mais ne rien faire du tout serait est un mauvais signal.

Pour un second mandat, si on demandait à Victor Tokpanou de donner des conseils au Président Talon, que lui diriez-vous ?

Je lui dirai de poursuivre les réformes pour lesquelles le Peuple béninois l’a élu, mais de les accompagner d’une bonne pédagogie ; il sera applaudi à la fin de son mandat.

Aux opposants, je leur dirai simplement de rentrer dans la dynamique et d’arrêter de penser que le Président ne pourra pas faire deux mandats, que s’il venait au second tour en 2021 ce serait la fin du monde. Que personne n’oublie qu’une élection est aléatoire et qu’on peut la gagner ou la perdre.

Et au Président Talon qui a serré la ceinture au premier quinquennat, quel conseil avez-vous à lui donner ?

Moi je suis fonctionnaire et mon salaire a toujours été payé. C’est vrai que l’histoire de ceintures serrées est une image politique. Ce sont des réformes qui ont été faites et si ces réformes sont légitimes et pertinentes il faut faire avec. Le problème est au niveau des primes des fonctionnaires qui ont été supprimées. Certains avaient même fait des crédits à la banque et quand la décision de suppression des primes a été prise, ils se sont retrouvés dans une situation délicate. Déjà du temps de Boni Yayi, une commission avait été mise en place pour étudier la question des primes, mais elle n’avait jamais déposé son rapport.

Puisque nous parlons de votre ancien patron, pensez-vous qu’il a fait du pire pour les résultats en 2016?

Ce n’est pas les mêmes cas de figure. En 2016, l’étranger était vraiment étranger. En 2021, l’étrangère n’était pas si étrangère que ça.

Elle est étrangère au parti Les Démocrates…

Oui, peut-être au parti, mais en 2016, ce n’était pas au parti. Il était quasiment étranger à la classe politique. Je ne suis pas capable de vous expliquer les tractations internes du parti Les Démocrates qui ont abouti à la désignation de Réckya Madougou. Mais j’ai pu entendre dans certains éléments audios sur WhatsApp que les critères de désignation de leur candidat étaient essentiellement financiers. Il fallait avoir la capacité de payer la caution, la campagne et la tournée d’information et d’explication.

C’était la même chose en 2016 …

C’est possible puisque sous réserve de vérification, l’affaire des 15 milliards entre Ebomaf et le candidat de 2016 montre très bien que le candidat lui-même n’avait pas d’argent. Sinon, il n’allait pas faire ça. J’aurais dû même lever les réserves puisque pour ces motifs, il a été condamné par un tribunal. Ça veut dire qu’il n’avait pas les 15 milliards avec toute la réputation qu’il avait sur le plan international, en France etc. Et pourtant, la loi avait prévu deux milliards de dépenses électorales. Donc pour moi, ce n’est pas les mêmes dynamiques en 2016 et 2021.

On a vu votre ancien patron présent à la 6ème investiture du président congolais, alors qu’il s’est battu pour que celui qui est là ne fasse pas deux mandats. Quelle est votre appréciation ?

Il n’y a aucun problème. Il n’est pas allé imposer au Congo les règles du Bénin. Au Bénin, nous sommes dans un jeu démocratique. Il y a un candidat qui rempile. Comme en 2011, l’Union fait la Nation était contre le renouvèlement de son mandat. Mais si les Congolais décident de désigner quelqu’un 6 fois, il ne revient pas à un Béninois d’être contre ça. S’ils sont des amis et qu’il l’invite à son investiture, sincèrement moi je ne trouve pas ce qu’il y a de gênant à cela. L’essentiel, c’est qu’il ne vienne pas nous dire au Bénin de faire comme au Congo.

Le Président Talon a dit qu’à l’université, il y a beaucoup de bavardage…

Il n’a pas dit que ça. Il a aussi dit que beaucoup de professeurs d’université ne sont pas bien formés.

Vous vous êtes senti blessé ?

Non, puisqu’il a pris la peine de faire la nuance en disant « beaucoup ». Il n’avait pas dit tout le monde. S’il avait dit tous les enseignants à l’université sont mal formés, là tout le monde se serait mis vent debout. Donc je pense que la nuance valait la peine. Moi je ne me sens pas mal formé. Donc je ne me sens pas concerné par cette stigmatisation. Maintenant, s’il y en a qui sont mal formés, qu’ils réagissent. Je pense d’ailleurs que notre Intersyndicale a déjà réagi, parce qu’au moins l’Intersyndicale est là pour défendre tout le monde.

Comment avez-vous vécu la suspension des élections rectorales et la désignation des responsables universitaires ?

Je pense que c’était une erreur qui mérite d’être corrigée rapidement.

Quel est selon vous le mode de recrutement et d’avancement des enseignants approprié ?

Le Président a promis recevoir les enseignants pour leur expliquer son plan. Quand nous prenons le mécanisme mis en place par le CAMES, il y a trois programmes : la maîtrise d’assistanat, la maîtrise de conférences, et la titularisation. Est-ce qu’il faut instaurer un mécanisme domestique complémentaire ? Dans beaucoup de pays, le double système existe. Au Cameroun par exemple, n’a adhéré qu’à un seul programme, celui de la maîtrise de conférence. Les Camerounais ne passent pas par la maîtrise d’assistanat et la titularisation du Cames. C’est quand ils vont au concours d’agrégation et échouent à la 3ème épreuve que le CAMES fait d’eux automatiquement des maîtres assistants.

Le même système mixte existe au Niger. Donc si le Président dit qu’il veut faire comme les autres pays, moi j’attends de voir puisqu’il a promis qu’il invitera les enseignants. J’imagine que ce sera les représentants syndicaux. Mais l’idée en elle-même n’est pas révolutionnaire, puisqu’elle existe ailleurs.

Madame la ministre de tutelle nous a informés qu’il y a un processus en cours qui consiste à opter au niveau de l’enseignement supérieur pour un système de contrôle ?

Moi je veux bien le voir. Je n’ai jamais été hostile aux idées nouvelles. L’essentiel est que le porteur des idées nouvelles soit lui-même disposé à l’évaluation, parce que le tout ne suffit pas de dire qu’on a des idées nouvelles. Je ne pense pas qu’il soit juste et opportun de comparer le système d’enseignement des trois ordres. Au niveau universitaire, ce n’est pas du tout la même chose qu’au niveau secondaire. Est-ce que le ministre sera en capacité de nous proposer comme au primaire ou au secondaire des salles de 50 étudiants maximum ? Parce que quand on est dans la pédagogie, il faut des groupes restreints. Or à l’université, en première année, nous avons au moins 1000 étudiants devant nous. Si on veut faire la comparaison, il faut aller jusqu’au bout et transformer de façon systématique les classes de cours en des groupes de 50 personnes. Les problèmes ne sont pas les mêmes. Il faudra faire très attention. C’est pourquoi je dis que sur le principe, moi je n’ai rien contre les idées nouvelles, mais à condition que le porteur lui-même soit disposé à faire sa propre évaluation. J’ai enseigné dans le système canadien pendant une dizaine d’années. Je connais le système d’évaluation qui est là-bas aussi. Je ne sais pas si c’est ça qu’on veut importer ici. Si c’est ça, il faudrait qu’on s’asseye pour discuter des avantages et des inconvénients. Parce que dans le système canadien, vous faites évaluer les enseignants par les étudiants et on se rend compte que les enseignants pour éviter de se faire mal juger, donnent systématiquement 18 à tous les étudiants, peu importe leur niveau. Et quand vous donnez 18 à un étudiant, vous lui demandez de vous évaluer, il ne dira que vous êtes le bon professeur. J’intervenais dans un programme à Sherbrooke, qui a fermé parce que les enseignants évaluaient les étudiants à leur juste niveau, et quand on leur a demandé de les évaluer, ils ont donné de mauvaises notes. Et le programme a fermé, parce que là-bas, quand les étudiants vous évaluent mal, on ferme votre programme. Donc c’est un problème que les Canadiens essaient de régler parce qu’ils sont allés très loin dans la libéralisation de l’enseignement supérieur. En fait, c’est pour ça qu’ils ont privatisé l’enseignement supérieur. Et donc toutes les formations sont devenues coûteuses. que 10 étudiants, ça veut dire que chaque étudiant paye 5 millions de dollars. Si c’est vers ça qu’on va, qu’on nous le dise. On va y aller. Si au bout de quelques années, on se rend compte qu’on est allé droit dans le mur, on va rebrousser chemin. Ce n’est pas compliqué du tout !

Carte d’identité : Maître de Conférences de sciences politiques, pas politique

De la classe de 5ème jusqu’à l’université, Victor Topanou vit au Togo où il a décroché son Brevet d’études du premier cycle (Bepc) en 1981, le Probatoire en 1983, le Bac en 1985 puis en 1989, il obtient à l’Université de Lomé, une Maîtrise en Histoire, option  Relations internationales. Il part ensuite à Paris pour des études de stratégie et de défense à l’Ecole des Hautes Etudes Internationales qui abrite le Centre d’Etude et de Défense Stratégique (Ceds). C’est ainsi qu’il rencontre le Général Charles de Lambi, qui l’encourage à faire un doctorat à la Sorbonne. Après quelques années, Victor Topanou obtient son doctorat avant de revenir à l’Université nationale du Bénin en 1998 où le Professeur Nouréini Tidjani-Serpos s’est battu pour le faire recruter. Lors de la campagne pour la présidentielle de 2006, il est nommé Directeur de Campagne de Célestine Zanou qu’il a connue le 27 décembre 2005. Proposé avec d’autres, sur demande de l’ancien président Boni Yayi pour travailler avec le nouveau Chef de l’Etat, il a été nommé Conseiller technique juridique du Chef de l’Etat le 26 mai 2006. En 2008, il devient Secrétaire général du Gouvernement puis Garde des Sceaux, Ministre de la justice, de la Législation et des Droits de l’Homme, porte-parole du Gouvernement d’alors. Sorti en Juin 2010 du Gouvernement, il se présente aussitôt à la présidentielle de 2011, sans succès. Annoncé pour être candidat à la présidentielle de 2016, l’homme s’est finalement désisté. Avant de jeter son dévolu sur Sébastien Ajavon, il avait prévenu qu’un homme d’affaires ne ferait jamais un bon président pour le Bénin. Et quand on lui dit qu’il est inconstant, il précise : « J’ai écrit un long papier, de près de douze pages de journal, relayé dans près de 21 journaux, à la suite de la position du clergé. J’ai attiré l’attention sur les dangers qu’il y a à élire un opérateur économique. Je l’ai fait, je l’assume. Je continue de penser que j’avais raison. Quand j’ai dit ça au peuple, et que le peuple ne m’écoute pas, décide, malgré mes avertissements relayés dans autant de supports, de porter près de 50% de ses suffrages sur les deux opérateurs économiques, qui suis-je à ce moment-là pour m’y opposer ? Au contraire, j’accompagne ! » Mais est-il toujours de l’opposition ? Il nous repose la question : « Est-ce que je l’avais été ? Quand je me battais pour des élections législatives non exclusives, cela profitait à l’opposition sans que je ne demande aucun poste dans leurs organes et même sans que je ne marchande aucun positionnement pour les législatives si elles avaient été inclusive. Mieux j’ai prêté ma plume, mon temps et mon énergie dans la perspective, bien vite abandonnée, de la création d’un grand parti unifié de l’opposition ». Et d’ajouter : « J’avais choisi de ne plus faire la vie politique. Je l’avais même annoncé sur certains médias. C’est l’une des raisons pour lesquelles, j’ai retiré ma candidature de l’élection de 2016 et que plus tard, nous n’avons pas fait de congrès de mise en conformité du parti Fur qu’avec d’autres nous avions créé ».  L’homme qui se dit prêt à aider le Chef de l’État à sortir le pays de la morosité ambiante indique se positionner désormais en enseignant plutôt qu’en acteur politique. Maître de Conférences de sciences politiques depuis 2012, Victor Topanou a récemment croisé le fer avec certains de ses collègues qui ont fini par être sanctionnés par le Cames. « S’ils ont été sanctionnés à trois niveaux, à savoir la commission d’éthique et de déontologie, le comité des experts et le Conseil des ministres, c’est que leur dossier n’était pas si vide que ça », affirme-t-il.

Intimité : Amateur de gombo

Père d’une fille, Victor Topanou a connu l’expérience du divorce. Il a retrouvé l’amour depuis quelques années et avoue être heureux avec « une très belle femme de cœur », dit-il. Grand amateur de football, il rate rarement l’entrainement avec ses amis de quartier avec qui il joue tous les samedis et jours fériés. Au vrai, c’est un homme qui aime la simplicité. A table, il mange du Gombo aussi bien avec de la pâte blanche qu’avec du riz. « Je connais pratiquement tous les bons coins où l’on sert  du bon gombo à Cotonou », avoue le gourmet.

Rédaction

Dr Eric ADJA, Président de l’Agence Francophone de l’Intelligence Artificielle (AFRIA), SOUS L’ARBRE A PALABRE: «Le Bénin a les atouts pour devenir leader de l’intelligence artificielle en Afrique»

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Directeur de l’Agence francophone de l’intelligence artificielle (Afria) depuis 2019, Dr. Eric Adja est l’invité de la rubrique Sous l’arbre à palabre du quotidien L’Evénement Précis. A cette tribune très prisée, le Directeur de l’Afria a exposé aux journalistes les grands enjeux de l’intelligence artificielle, fait le point des actions menées par l’Afria pour accompagner les jeunes dans la recherche de solutions. Dr. Eric Adja a par ailleurs dévoilé ses propositions pour maintenir la dynamique engagée depuis 2016 pour le développement du numérique au Bénin, les défis à relever pour une meilleure politique du numérique au Bénin et les perspectives de l’Afria.

Et si on en parlait

En 2019, vous avez été nommé à la tête de l’Agence francophone de l’intelligence artificielle. Qu’est-ce que l’Afria ?
L’Agence francophone de l’intelligence artificielle est une Fondation internationale basée à Genève, en Suisse, avec des bureaux en France, au Bénin et prochainement à Montréal (Québec), Libreville (Gabon), Abidjan (Côte d’Ivoire) et Hanoi (Vietnam). Le but de l’Afria est de promouvoir l’Intelligence artificielle au service du développement durable. L’Intelligence artificielle c’est de l’informatique avancée. On pense souvent aux robots qui prennent la place des humains et qui deviennent menaçants, comme on le voit dans certains films. En réalité, quand on parle d’intelligence artificielle, on parle du traitement des données grâce à des algorithmes ; il s’agit tout simplement de programmes informatiques avancés, permettant aux ordinateurs d’aider les humaines à traiter de grandes masses de données et à prendre des décisions sur cette base. C’est un type d’informatique poussée à un niveau tel, que les ordinateurs sont considérés comme « intelligents ». Ils arrivent donc à décoder un certain nombre de réalités avec un minimum d’intervention de l’humain. C’est de l’informatique avancée pour le traitement de grandes données pour faciliter un certain nombre d’interventions dans tous les domaines. Vous pouvez, grâce à l’intelligence artificielle, programmer l’arrosage de votre jardin ou de votre ferme. Ainsi, les programmes sont conçus pour que la machine puisse vous remplacer pour accomplir des tâches que vous n’avez pas le temps de faire. L’Afria a pour mission de voir ce qui se passe dans le monde avec l’intelligence artificielle et d’essayer de le proposer aux pays francophones, notamment africains. L’Afria s’informe de ce qui se passe dans le domaine, forme les jeunes et informe les pouvoirs publics afin d’adopter une politique de l’intelligence artificielle, au service du développement économique et social des populations locales.

Quels sont aujourd’hui les grands enjeux liés à l’Intelligence artificielle ?
Il y a trois enjeux : la sécurité, la vie privée et le développement durable. Au niveau de la sécurité, nous remarquons qu’aujourd’hui, il y a déficit de sécurité en ligne. Nous observons de nombreux cas de fraudes au niveau des banques surtout dans les transactions en ligne. L’intelligence artificielle peut aider les pays à sécuriser les banques pour compliquer la tâche aux cyber-délinquants. Mais, cet enjeu entraine celui de la confidentialité. L’intelligence artificielle fonctionne avec de grosses masses de données qui détiennent des informations sur chaque individu. Dans ce cas, on se demande comment protéger la vie privée des personnes. Pour exemple, la Chine a développé un système où, avant de rentrer dans certains établissements publics ou privés, c’est l’ordinateur qui capte votre image et fait une reconnaissance faciale. Ce qui fait que l’accès à cet établissement peut vous être interdit, si nécessaire, notamment pour des raisons de sécurité. Ce qui est grave est que ces données peuvent être utilisées pour contrôler vos déplacements. On a déjà votre visage dans le répertoire et on peut suivre vos déplacements dans des pays comme la Chine où le respect de la vie privée est considéré avec d’autres systèmes de valeurs.
Le respect de la vie privée et de la confidentialité est l’un des enjeux de l’Afria. Il y a principalement trois modèles de pensée autour de l’IA. Les modèles chinois et américains d’une part et le modèle européen de l’autre. Pour les Américains et les Chinois, il n’y a pas de frontière étanche entre la vie privée et les enjeux de sécurité nationale ; nous l’avons remarqué au cours de cette période de la Covid. Les données des malades du Covid sont enregistrées, ce qui fait que dans un quartier, on sait si tel ou tel est atteint du Covid. Comme inconvénient, on peut rapidement vous cibler et vous exclure de la société. L’école américaine essaie de respecter la confidentialité ; la voie européenne, plutôt humaniste dit qu’il est important de respecter la vie privée des citoyens. Ce que défend aussi l’Afria. Le troisième enjeu concerne le développement durable. C’est de faire en sorte qu’il ne s’agisse pas que de technologie, mais comment mettre l’IA au profit de la population et c’est tout le rôle de l’IA. C’est de voir ce qui se fait et ce qui peut être utilisé pour les populations. C’est-à-dire, par exemple, comment rendre plus fertiles nos sols, assurer la bonne gestion des déchets, la reconnaissance vocale ou aussi la création d’applications utiles à l’agriculture. Dans le domaine de la santé par exemple, on peut utiliser l’IA pour la distribution des vaccins et pour beaucoup de choses encore. Le rôle de l’Afria, c’est de travailler sur les enjeux et de pouvoir les mettre au profit du développement des peuples.

Parlez-nous un peu des actions menées par l’Afria pour accompagner les jeunes dans la recherche de solutions
Depuis 2019, nous avons organisé trois types d’activités. Le premier type d’activité qui concerne notre axe prioritaire, c’est la formation. Le deuxième type d’activité, c’est l’accompagnement, nous allons en parler et le troisième type, c’est la communication et la diffusion d’activités que nous menons ici. En termes de formation, nous avons organisé une série de webinaires et de séminaires pour former les personnes, surtout les jeunes. C’était le cas par exemple en septembre 2020 avec la Fondation Adrien Houngbédji pour le numérique, avec laquelle nous avons formé plus de 500 jeunes dans cinq villes du Bénin (Abomey-Calavi, Porto-Novo, Abomey, Lokossa, Parakou) sur ce que c’est que l’IA et sur le principal langage de programmation (appelé Python). Il s’agissait d’une tournée de sensibilisation et de formation, pour pouvoir former les jeunes dans le domaine. En termes de renforcement des capacités, le Bénin a été choisi comme pays pilote et c’est pourquoi en lien avec GSMA (association internationale des opérateurs de télécoms), nous avons accompagnons le ministère de la santé sur les données mobiles massives (mobile big data), pour aider à l’établissement de tableaux de bord pour la lutte contre le Covid 19. C’est une action pratique qui en fait est classée dans l’accompagnement des gouvernants et nous avons commencé avec le gouvernement du Bénin, notamment en partenariat avec les ministères de la santé, de la communication et du numérique. L’enjeu est de conseiller efficacement les pouvoirs publics.
Le troisième aspect, c’est la sensibilisation. Beaucoup ne savent pas ce que c’est que l’intelligence artificielle, ses enjeux. Donc, nous organisons des webinaires, justement pour leur apprendre les notions de base. Le dernier en date a été consacré à comment promouvoir l’emploi dans les secteurs du numérique, notamment le lancement d’une plateforme de recrutement (afria.incognitorh.com), en partenariat avec une entreprise polonaise dénommée Incognito HR.

Au regard de ces activités, dites-nous si votre rôle consiste uniquement à faire la promotion de l’Intelligence Artificielle ?
Notre rôle est de faire la promotion de l’IA comme outil de développement. Comme je l’ai expliqué, nous essayons de voir comment l’IA peut être un facteur de développement, en mettant en valeur les potentialités de l’IA et les mesures pour en réduire les risques. Parce qu’il y a des risques, il faut être objectif ; mais on ne peut pas considérer uniquement les risques et laisser de côté les avantages pour nos pays. Donc il est question de sensibiliser, de former et d’accompagner les gouvernements à se doter de politiques nationales en matière d’IA. Donc, nous pensons que le Bénin peut beaucoup gagner en étant l’un des premiers pays de la sous-région et en Afrique à se doter d’une politique nationale en matière d’intelligence artificielle pour accompagner les efforts qui se font actuellement dans le domaine du numérique. Le Bénin dispose des atouts pour être un leader dans ce domaine, ainsi qu’en matière de cybersécurité, d’internet des objets, etc. Ces atouts peuvent permettre au Bénin d’aller plus loin et pourquoi pas se lancer dans la conquête de l’espace, à l’image d’autres pays comme le Ghana, l’Algérie ou récemment la Tunisie ?

Quelles sont selon vous, les perspectives de l’Afria ?
Trois perspectives principales. La première, est de renforcer ce qui a déjà commencé, c’est-à-dire le renforcement des capacités, la formation, la sensibilisation, la mobilisation des décideurs. Deuxième perspective, nous l’avons déjà commencée, c’est d’accompagner les gouvernements africains en particulier et francophones en général à se doter de politiques nationales en matière d’intelligence artificielle. Notre troisième perspective est de penser à comment l’IA peut participer à la création d’entreprises et d’emplois.
Ainsi, nous envisageons d’installer prochainement au Bénin un incubateur d’entreprises dans le domaine de l’IA en particulier et dans le domaine du numérique en général. Comment accompagner les jeunes qui créent les entreprises ? Dans ce domaine comment trouver des prestataires au niveau international parce que vous pouvez rester au Bénin et avec votre intelligence, et vos capacités, rendre service à des entreprises américaines, françaises, canadiennes et créer de la richesse depuis votre pays sans forcément émigrer. Notre philosophie, c’est d’équiper les jeunes dans ce domaine, qui créent des services et qui deviendront des prestataires à des entreprises à l’international. Voilà en fait quelque chose qui va aider à créer de l’emploi, des entreprises pour des jeunes béninois. Il faut cependant reconnaitre que les jeunes béninois ont d’excellentes capacités en informatique, pour capter rapidement les opportunités et se développer. On doit donc exploiter cette matière grise propice à l’informatique pour que le Bénin ait davantage d’ingénieurs. C’est un peu ce que l’Inde a fait.
Voyez un pays comme l’Inde; ils se sont donné une période de 5 à 10 ans pour former beaucoup de jeunes ingénieurs, afin de les envoyer dans le monde. Ils ont lancé le pari et ils ont formé beaucoup de jeunes Indiens dans tous les domaines de l’informatique. Pendant que la jeunesse africaine essaie de trouver des solutions pour émigrer vaille que vaille, au prix parfois de leur vie, certaines entreprises des pays développés négocient avec le gouvernement indien pour que chaque année, il y ait un contingent de jeunes qui puissent venir dans leur pays. C’est dire que là, ils sont demandeurs. C’est une politique d’immigration intéressante où ce n’est pas l’Inde qui expose ses jeunes aux aléas d’une immigration irrégulière et dangereuse ; mais au contraire, ce sont les acteurs économiques des pays occidentaux qui demandent à recevoir les jeunes dans tel ou tel domaine ; il ne s’agit pas ici de fuite de cerveaux, mais d’une politique d’immigration concertée et innovante, qui consisterait à former les jeunes dans les domaines où les autres sont demandeurs. Ainsi, les pays d’accueil feraient ce qu’il faut pour mettre nos jeunes dans de meilleures conditions et ces jeunes pourraient aller et revenir comme ils le souhaitent, selon une formule de migration dite circulaire.

Quelle appréciation faites-vous de tout ce qui se met en place pour le développement du numérique au Bénin et quelles sont les actions que vous pouvez apporter pour maintenir la dynamique ?
Depuis 2016, effectivement, nous constatons que le gouvernement fait beaucoup d’efforts dans le domaine du numérique. Des efforts innovants dans un contexte de réformes mises en place. Je voudrais rappeler qu’il y a déjà quelques années que nous accompagnons les efforts du Bénin dans sa transformation numérique. Ainsi, j’étais Directeur du numérique au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), lorsqu’en 2016, nous avons accompagné l’Assemblée nationale du Bénin dans la rédaction et le vote du code du numérique, notamment à travers un séminaire que nous avions organisé pour sensibiliser et informer les députés sur les enjeux juridiques et législatifs de l’économie numérique. C’est ainsi une fierté que le Bénin soit devenu ainsi l’un des premiers pays au niveau de la sous-région à se doter d’un code du numérique. Il faut le souligner, c’est le résultat des réformes.
Par ailleurs, beaucoup d’efforts ont été faits en matière d’infrastructure haut débit, de fibre optique, d’administration électronique, de numérisation de l’administration. La délivrance d’actes en ligne et autres sont autant de réussites. Mais comme on le dit, tant qu’il y a à faire, c’est que rien n’est fait et il y aura toujours à faire. L’un des domaines où nous souhaitons encourager le gouvernement c’est de faire en sorte que le numérique soit créateur d’emplois, parce qu’une chose est de mettre en place les réformes pour faciliter l’émission d’actes d’Etat civil et d’éléments électroniques, mais il faut faire en sorte que le numérique favorise l’égalité des chances d’emploi et de réussite au sein de la population. Nous plaidons donc pour le volet social, pour que les jeunes et les étudiants aient un peu plus d’opportunités à travers le numérique. Et l’AFRIA, à travers nos discussions avec le gouvernement, contribuera à ce volet de transformation numérique, mais aussi de transformation. Par ailleurs, le volet social concerne la transformation numérique, mais aussi la plupart des secteurs qui doivent être pris en compte dans la gouvernance actuelle du Bénin.

Est-ce qu’on peut ainsi dire que notre pays dispose de moyens nécessaires pour une démocratisation de l’Intelligence artificielle ?
Sur la base des fondements que nous venons d’évoquer précédemment, nous pensons que le Bénin peut construire le numérique comme une maison et en élever progressivement les murs. Le Bénin dispose des atouts nécessaires pour développer une stratégie efficace d’intelligence artificielle. La preuve, nous avons appris que le ministère du numérique est en train de s’organiser pour commencer les études en vue de l’adoption d’une politique nationale en la matière. L’AFRIA est disposée à accompagner le ministère et le gouvernement béninois dans l’adoption de cette politique nationale de l’Intelligence Artificielle.

Le Bénin envisage de créer une école numérique et même de la fibre optique. Vous pensez que l’AFRIA peut fortement aider le gouvernement dans ce cadre?
Nous félicitons d’abord le gouvernement pour cette initiative parce que la formation demeure la base. Et l’AFRIA a effectivement travaillé avec des partenaires qui ont des projets dans ce domaine. Nous avons actuellement un projet dans ce domaine dont nous avons discuté avec l’Agence de Développement du Numérique (ADN). C’est un projet de formation en entrepreneuriat numérique pour créer une école afin de former 300 jeunes par an. Surtout une école qui ne demande pas grand-chose à ses apprenants et qui vous permet d’être formé à partir du niveau où vous êtes. Nous vous mettons à niveau pour que vous puissiez effectivement rejoindre cette école de l’entrepreneuriat numérique, qui pourrait être un excellent complément de ce que fait le gouvernement dans ses projets afin que le Benin soit un pays pilote de l’AFRIA. Nous travaillons avec le ministère, nous travaillons également avec la Fondation Adrien Houngbédji pour le numérique et ce qui reste à faire c’est de signer des conventions de partenariat, pour que cette collaboration dynamique se matérialise de façon substantielle et juridique.

Et selon vous, quels sont les défis à relever pour une meilleure politique du numérique au Bénin?
Nous avons trois défis. Le premier défi est de faire en sorte que la politique numérique du Bénin ait comme base la jeunesse pour qu’il y ait de l’emploi et des opportunités, quelque chose auquel tous ont accès, sans distinction d’origines sociales et de genre. Il faut que le numérique contribue à l’égalité des chances pour que l’enfant dont les parents n’ont pas assez de ressources puisse accéder au numérique, aux opportunités et créer ses propres emplois et s’enrichir. Cela permet l’ascenseur social. Il faut que le Bénin gravisse les échelons économiques, technologiques et sociaux grâce au numérique et c’est ce que nous voulons contribuer à faire du Bénin.
Donc l’un des défis est de démocratiser le numérique en le rendant accessible aux personnes qui n’ont pas assez de ressources. Le deuxième défi est juridique. Dans ce sens, nous souhaitons que le numérique puisse permettre aux populations d’accéder à leurs droits. C’est-à-dire que le numérique permet aux femmes de se révéler et aux jeunes réussir. Grâce au numérique, il faut que chaque Béninois connaisse les lois de son pays, notamment à travers le code du numérique parce que beaucoup n’ont pas accès aux lois (droits et devoirs). Le troisième défi est celui de l’alphabétisation. Dans les villages, des femmes et des hommes sont encore analphabètes. Nous souhaitons que le numérique règle complètement ce problème d’alphabétisation. Nous pouvons utiliser le numérique pour éradiquer l’analphabétisme en moins de 5 ans dans ce pays, car cela se fait ailleurs et c’est cela la puissance du numérique. On ne peut pas être au XXIème siècle et parler d’Intelligence Artificielle alors que nous avons encore des villageois analphabètes, et que le numérique peut aider à résoudre ce problème.
Est-ce que l’Intelligence Artificielle peut se mettre au service de nos institutions chargées d’organiser l’élection au Bénin?
Il y a des exemples aux États-Unis où l’Intelligence Artificielle permet de faciliter certaines situations comme celui du vote à distance ou à domicile. Avec des logiciels, vous pouvez rester chez vous et exprimer votre suffrage de façon sécurisée sans forcément vous déplacer sur le lieu du vote. Ce sont des programmes en expérimentation, mais en le faisant il faut en même temps avoir les lois qui l’accompagnent pour que cela soit validé. Vous pouvez voter chez vous avec une application. Donc avec l’Intelligence Artificielle, les potentiels sont infinis.

A l’occasion des dernières élections professionnelles au niveau des syndicats, comme les élections consulaires, les élus consulaires ont fait un vote électronique où même les syndicats ont mené une forte résistance, mais finalement ce sont ceux qui s’opposaient à ce vote qui sont sortis vainqueurs. Pensez-vous que cette expérimentation peut être implémentée dans le domaine politique avec les élections communales ou présidentielles au Bénin ?
C’est possible. Nous devons d’abord féliciter la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCIB) qui a testé avec succès cette expérience de la digitalisation. C’est une étape vers la numérisation des élections au Bénin. Donc l’élection par les voies électroniques paraît inévitable et se généralisera progressivement dans le monde politique. Il suffit d’adapter la loi pour dire que le citoyen depuis chez lui avec son smartphone peut exprimer son suffrage et cela arrive dans les serveurs pour être comptabilisé comme un vote normal. Cela doit réduire les déplacements des populations surtout en période de crise sanitaire, la célérité dans le traitement des résultats et même la fraude.

Est-ce qu’un politicien au lieu d’être sur le terrain, peut, à travers les réseaux sociaux accroitre sa popularité en période électorale ?
En fait, il ne faut pas confondre le virtuel et le réel. Comme l’a dit l’autre, «la politique ne se fait pas en haut ». De la même façon, le développement, ne se fait pas uniquement sur WhatsApp. Le politicien doit être sur le terrain, poser des actes, impacter sa base ou ses populations pour plus de visibilité. Il y a le fait qu’on puisse exprimer ses opinions sur les réseaux sociaux, passer des informations, mais le vrai travail se fait sur le terrain avec l’électorat. A travers les groupes WhatsApp, certains se montrent très actifs ; mais il faut également convaincre le citoyen avec un projet de société. Il faut travailler sur le terrain pour que les populations soient convaincues. Il faut aussi remarquer que sur les réseaux sociaux, il y a des incitations à la violence. Le code du numérique est clair là-dessus et il faut éviter les propos injurieux, invitant à la violence, les propos racistes, le régionalisme, les propos séditieux etc. Juste pour dire que le numérique est un support, mais l’humain reste humain. Maintenant, il faut que l’humain utilise le support à bon escient pour que l’outil qu’est le numérique contribue au bien public plutôt qu’à la destruction.

Le Bénin investit dans le numérique et souhaite que cet outil accompagne son développement à une période où son économie est essentiellement basée sur l’agriculture encore à l’étape traditionnelle. Comment opérer ce changement ?
C’est une excellente question et pour vous répondre, je vous dirai que le Bénin n’a pas le choix. Avec le numérique, le monde est devenu un village planétaire. Le numérique intervient dans tous les domaines aujourd’hui même dans l’agriculture. Donc nous ne pouvons pas rester indéfiniment dans l’agriculture traditionnelle et ignorer ce qui se fait au niveau du monde, au risque de laisser nos enfants et petits-enfants démunis. C’est comme le développement industriel. Nous avons raté la révolution industrielle et aujourd’hui, nos populations sont considérées comme sous-développées parce qu’on n’a pas su créer la richesse au moment de la révolution industrielle. L’électricité est un fruit de la révolution industrielle, ainsi que l’eau potable, les appareils électroménagers, les voitures, etc. Donc, nous sommes des consommateurs parce qu’au XIXème siècle, nous n’avions pas pu prendre le pas. Ce sera pareil si nous ne prenons pas le pas maintenant avec la révolution numérique du XXIème siècle. Nous courrons le risque de rester d’éternels consommateurs, alors que nous ne sommes pas moins intelligents, mais moins bien organisés, moins entreprenants, moins méthodiques, etc.
Donc, c’est maintenant que nous devons prendre le pas et ce qui est intéressant, c’est qu’avec le numérique, pas beaucoup d’investissements nécessaires. Vous pouvez en ligne, suivre la même formation dans une université qu’une autre personne en France, aux Etats-Unis, au Canada, etc. Par exemple, il suffit d’aller sur internet, de cliquer sur Google et beaucoup d’informations et de formations apparaissent, en fonction de votre recherche et de vos centres d’intérêt. On peut avoir aujourd’hui des méthodes de formation pour lesquelles avant, il faudrait d’abord prendre un avion, aller s’inscrire dans une université à Harvard, faire neuf mois, un an, plusieurs années, alors que maintenant, depuis chez vous, avec une bonne connexion internet, vous pouvez sur internet chercher et trouver ce que vous voulez. Donc, nous n’avons pas le choix si nous voulons évoluer avec le monde.

Quels sont les moyens de l’AFRIA pour accompagner les jeunes aujourd’hui dans la formation sur le numérique ?
Les moyens existent. C’est d’informer, de sensibiliser les élèves et les étudiants de ce que l’information est à leur portée. Que tout est en ligne et que l’intelligence artificielle n’est plus un secret. Comme je le disais tantôt, la formation n’est plus seulement dans les quatre murs d’une salle ou d’un amphithéâtre. Aujourd’hui, c’est ce qu’on appelle la formation tout au long de la vie. En Anglais, on parle de « long life learning ». Vous pouvez être à Agbangnizoun, à Savè, Parakou etc., une fois que vous avez une connexion internet, vous pouvez vous former au même niveau que l’étudiant de l’université de Harvard parce que les universités maintenant mettent leurs cours en ligne et c’est à la portée de tous. On doit alors s’estimer heureux de vivre pendant cette période alors qu’avant, il fallait beaucoup de formalités, beaucoup d’argent alors qu’actuellement, pour la même formation, on peut l’avoir gratuitement. Vous allez constater que beaucoup de jeunes sont devenus des spécialistes dans certains domaines sans suivre une longue scolarité. Ils ont appris des choses complexes par internet.

Faut-il faire les mathématiques pour être intelligent en intelligence artificielle ?
C’est une excellente question. On n’a pas besoin de faire les mathématiques. C’est vrai qu’aujourd’hui il y a de moins en moins d’étudiants en mathématique. Mais, il y a un langage de programmation qu’on appelle Python. Ce langage n’a pas besoin d’un grand niveau en mathématique. Par contre, celui qui veut enseigner la programmation doit bien entendu avoir de bonnes notions en mathématiques. Celui qui veut juste utiliser n’a pas besoin de toutes ces formations parce que ça a été déjà préprogrammé. C’est comme la création de sites internet, qui demandait autrefois la maîtrise des langages et du codage HTML. Aujourd’hui, vous n’avez pas besoin d’être spécialiste avant de créer une page ou un site web. On parle de la société de l’information et de la connaissance. La connaissance n’est plus un problème de nos jours. Mais, nous devons nous organiser pour puiser ces connaissances. Grâce à internet, on peut mettre en place des centres technologiques pour créer des applications, des jeux… Même pour créer des usines, il y a des plans et stratégies en ligne. Il suffit d’avoir la volonté et un peu de ressource. Un étudiant en fin de formation en agronomie peut créer sa propre usine de transformation de tomate ou de noix de cajou tout en ayant les informations et plans sur internet. C’est comme ça que certains pays qui ont vite compris sont devenus meilleurs en technologie. Il faut avoir de la vision.

Vous êtes rentré au pays tout récemment. Qu’avez-vous remarqué à votre descente à l’aéroport et dans le pays ?
Le pays se développe. J’ai remarqué qu’il y a un vrai changement en matière d’infrastructure. Il serait honnête et équitable de féliciter le gouvernement pour l’effort qui est fait. Surtout dans les rues secondaires des quartiers réputés pour être des lieux d’inondation. Je veux citer par exemple, Agla, Akogbato etc. Il faut être objectif, il y a de façon visible du progrès, des résultats et aussi des défis à relever.

Vous êtes un Béninois de la diaspora. Mais ce n’est pas ce qu’on entend dire à Paris….
Nous les invitons à prendre l’avion pour venir constater et se faire leur propre opinion.

C’est de la politique que vous faites ou bien c’est la réalité ?
Le changement est visible. C’est vrai que, de mauvaise foi, certains vous diront que les routes et les pavés ne se mangent pas, mais il ne faut pas oublier qu’on a besoin de routes et de pavés pour rentrer chez soi en sécurité et en bonne santé.

Vous avez suivi de loin la gouvernance du Président Talon. Quelle appréciation faites-vous de ce quinquennat qui s’achève ?
Dans l’ensemble, comme je viens de le dire, les progrès sont appréciables. Il y a des réformes qui portent leurs fruits et d’autres pas encore. De façon objective, nous pouvons suggérer que ces réformes puissent contribuer à davantage de création de richesses et de répartition en faveur du panier de la ménagère. Je sais que c’est aussi une préoccupation du Président de la République et de son gouvernement. En effet, ce dernier a voulu d’abord assainir les recettes publiques et instaurer une gestion plus rigoureuse des finances publiques. Maintenant, le souhait des populations est que le résultat de ces réformes puisse être de plus en plus largement partagé par les Béninois, notamment les plus pauvres. Nous souhaitons que les prochains mois puissent donner l’occasion de la mise en œuvre d’une politique économique plus généreuse, pour que les Béninois sentent que les sacrifices consentis commencent à porter des fruits dans leur vécu quotidien et dans la satisfaction des besoins fondamentaux des familles.

Ça vibre fortement dans les réseaux que nous sommes dans un pays de dictature. Vous êtes venus faire le constat ?

Nous sommes en démocratie et c’est normal que les gens expriment leur point de vue. Ils expriment leur état d’âme. Aujourd’hui, il est clair qu’il y a une nouvelle façon de gouverner le pays, plus rigoureuse et plus cartésienne. Il y a une nouvelle façon de conduire les affaires de l’Etat à laquelle les gens n’étaient pas habitués. Et cette nouvelle gouvernance peut être diversement appréciée. Nous pensons que pour qu’un pays se développe, des réformes, des sacrifices et des efforts sont nécessaires, de la part des populations et des dirigeants. Les pays développés ont dû faire ces efforts pour se retrouver là où ils sont. Cependant, une fois que ces efforts ont été consentis, il serait juste et équitable qu’ils bénéficient au plus grand nombre.

Carte d’identité: Un militant et un professionnel

Décembre 1973. Eric Adja naît dans une petite localité de l’ouest de la Côte-d’Ivoire, de parents béninois émigrés là-bas. Il passe ainsi l’essentiel de son cursus scolaire en terre ivoirienne. CEP en 1985, BEPC en 1989, Bac C en 1992. De 1992 à 1996, il poursuit ses études au Département des sciences du langage et de la communication (DSLC) de l’Université d’Abomey-Calavi et soutient en 1997 son mémoire de maîtrise à cheval entre la Belgique et le Bénin, grâce à une bourse de l’Agence universitaire de la Francophonie. Mais avant, en avril 1996, pendant son année de licence, il est élu président de la Fédération nationale des étudiants du Bénin (Fneb), le principal syndicat universitaire d’alors. Après la maîtrise, et toujours grâce à la Francophonie, il est retenu en 1998 pour un Diplôme d’études approfondies (DEA) en Information scientifique et technique (IST) en co-diplomation entre Genève en Suisse et à Marne-la-Vallée en France. Recruté en 2001 comme directeur d’une Organisation internationale non gouvernementale dénommée Innovations et Réseaux pour le Développement à Genève, il y travaille tout en préparant sa thèse de Doctorat décrochée en novembre 2005 à l’université de Paris 7 Denis-Diderot en France. Elle portait sur une étude ethnolinguistique de la transmission des savoirs par la médiation des proverbes chez les Fon du Bénin. L’année suivante, en 2006, Docteur Eric Adja est appelé à travailler à la Fédération internationale de la Croix rouge à Genève et au Bureau de Cotonou. Quelques mois plus tard, en juillet 2007, l’ancien Chef de l’Etat lui fait appel au Palais de la Marina comme Assistant du Président de la République avec rang de Conseiller technique, président du Comité de suivi des recommandations du Forum national sur l’emploi des jeunes et point focal Diaspora à la Présidence de la République. Ces responsabilités l’ont amené à préparer à distance un Master en Gouvernance et développement international (GODI) obtenu en 2010 à l’Université Pierre Mendès-France de Grenoble. C’est en décembre 2011 qu’il a été nommé Directeur général par intérim de l’Observatoire international des transferts de fonds des migrants (OITFM), un organisme rattaché au Bureau mondial de coordination des pays les moins avancés (PMA) auprès des Nations unies à New-York. A partir de 2007, il donne des cours en tant qu’enseignant-chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi et intervient également au CNRS (Paris). Nommé au poste de Directeur de la Francophonie numérique en novembre 2014 par Abdou DIOUF, il a travaillé pendant plusieurs années à mettre en œuvre la stratégie de la francophonie numérique adoptée par les Chefs d’Etat au sommet de Kinshasa, en 2012. Intitulée « Horizon 2020 : Agir pour la diversité dans la société de l’information », cette stratégie visait à rénover la vision francophone dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, notamment à travers l’innovation de l’économie numérique, de la jeunesse et de l’entrepreneuriat. En mars 2017, il est nommé par l’ex-Secrétaire Générale de l’OIF, Michaëlle Jean, Directeur du Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest à Lomé (BRAO). Le BRAO couvre 12 pays (Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo.). En 2019, il prend la tête de l’Agence Francophone de l’Intelligence Artificielle (AFRIA). Mais ce riche parcours professionnel a été entrecoupé d’un engagement politique. Elu Conseiller communal de Toffo et Chef de l’Arrondissement de Sèhouè en 2008 sous la bannière des FCBE, il conserve un ancrage dans sa commune, malgré ses responsabilités internationales. « J’ai eu la grâce de rencontrer sur mon chemin des hommes et des femmes qui ont eu confiance en moi et qui m’ont aidé », déclare Eric Adja, reconnaissant, avant d’ajouter : « J’ai connu également de grandes difficultés et des échecs. Mais par la foi, la prière et le travail, je les ai surmontées. » Quand on lui demande les raisons de son engagement politique, il rappelle ses longues années de militantisme au sein d’associations de jeunes, dans le scoutisme, à la Croix Rouge et au sein de la FNEB. Et d’avancer : «Pour moi, s’engager en politique, c’est apprendre à aider davantage son prochain, parce que j’aime servir les autres.»

Intimité: Père attentionné au goût culinaire sobre

Marié et père de trois enfants, Docteur Eric Adja apprécie surtout chez son épouse sa forte conviction. « C‛est vrai qu‛il n’y a pas que cet aspect qui m‛a séduit, mais cela a compté pour moi », affirme-t-il tout sourire. Athlétique, il dit tenir sa forme de feu son père qui fut chef d’une exploitation forestière en Côte-d‛Ivoire. Ses goûts de table sont simples : igname pilée avec sauce d’arachide, accompagnée d’un bon jus d‛ananas frais et d’eau gazeuse. « Pour ce qui est de la bière, du vin ou du champagne, je me contente du service minimum », dit-il.

LA REDACTION

La Ministre de L’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Eléonore Yayi Chikani Ladékan « Sous L’Arbre à Palabre » à L’Evénement Précis : « Beaucoup de réformes courageuses et indispensables ont été faites »

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Eléonore Yayi Ladékan, Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique

La Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Eléonore Chikani Yayi Ladékan était Sous l’Arbre à Palabre ce 03 avril 2021. Les échanges ont permis de faire le bilan des avancées enregistrées dans ce sous-secteur au cours du quinquennat de Patrice Talon. Les questions liées aux conditions de vie des étudiants, aux élections rectorales et à l’adéquation de la formation avec les demandes des entreprises n’ont pas été occultées.

Et si on en parlait

Madame la Ministre, qu’est-ce qui peut nous permettre aujourd’hui de dire que l’enseignement supérieur et la recherche scientifique se portent mieux qu’il y a cinq ans ?
Nous sommes dans un secteur stratégique pour le chef de l’État, le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. C’est un secteur qui forme les cadres de l’administration. Il occupe le pilier 2 et l’axe 5, le pilier 2 qui est la restructuration de l’économie à travers la formation des ressources humaines de qualité. Il faut aller méthodiquement pour voir ce qu’on a fait. Nous avons deux domaines : le domaine de l’enseignement, l’autre la recherche scientifique et les innovations. Dans l’enseignement, nous avons quatre programmes. Le premier est celui qui s’occupe du pilotage du secteur, le deuxième de l’enseignement, le troisième de la recherche et le quatrième le social (la vie de l’étudiant).
Beaucoup de choses ont été faites. C’est un secteur vaste au point où tout n’est pas visible.
La première réforme est celle de la restructuration de la carte universitaire publique faisant ainsi passer le nombre d’universités publiques de sept (7) à quatre (4). C’est la première réforme qui n’a pas du tout été facile. Chacun selon ses intérêts, selon sa région veut quand même une université dans sa région. Parce qu’effectivement, il faut le reconnaître, l’université est un pôle de développement. Lorsqu’une région reçoit une université, la région là peut se développer très rapidement. C’est normal qu’il y ait des réticences au niveau des régions dans lesquelles on devrait fermer ces universités. Ça n’a pas été facile avec les élus, les députés, les parents, les apprenants et même les enseignants. Nous avons désormais quatre universités : Deux universités pluridisciplinaires (Abomey-calavi au Sud et l’Université de Parakou au Nord) et deux universités thématiques (l’Université nationale des sciences et technologies industrielles et de mathématique à Abomey et l’Université nationale d’agriculture). Ainsi les recrutements sont faits au profit des universités pour mieux stabiliser le mouvement un peu coordonné des enseignants d’une université à une autre sans nécessairement épuiser les quotas horaires. Cela générait également des frais de missions assez colossales sur les ressources limitées des universités.
En dehors de ça, nous avons des produits qui sortent du système et qui aujourd’hui sont de plus en plus critiqués par les entreprises. Elles estiment que ces produits ne sont pas suffisamment qualifiés pour leurs besoins. Cela nous amène à faire des réformes pour arrimer le type de formation aux besoins des utilisateurs de nos apprenants.
Nous avons aujourd’hui et grâce à la vision éclairée du chef de l’Etat, un Conseil National de l’Education rénové, une structure transversale aux ministères en charge de l’éducation ; une instance qui a des missions d’orientation, d’organisation, de suivi évaluation et de décision. Ça également, a été une grande bataille. Nous sommes partis du constat qu’à chaque ordre d’enseignement, ses pratiques et en même temps ses conséquences qui ne restent pas nécessairement au niveau de cet ordre d’enseignement mais qui se répercutent sur d’autres. Il y avait un conseil de l’éducation bien avant. Ce conseil a fait ce qu’il pouvait dans le temps, mais était confronté à des difficultés de taille. Avec l’avènement de la Rupture, il y a eu une restructuration afin que ce conseil ait des missions précises et les moyens de pouvoir assurer correctement ses missions. Le CNE est installé et travaille correctement. À partir de ce moment-là, il n’est plus question de prendre des textes isolés. Aucun texte ne sera pris dans un ordre d’enseignement sans que cela ne reçoive la validation du CNE. Pareil pour le mouvement des personnes, c’est-à-dire les nominations de cadres. On peut aussi ajouter qu’au niveau de la gouvernance, le CNE aura un œil sur les responsabilités au niveau des entités, l’application des textes. Il y a tellement de réformes que je peux continuer à en citer.
L’autre réforme importante, c’est le mode de recrutement. En effet le mode de recrutement a connu une modification et s’est ouvert à tous les Béninois où qu’ils se trouvent. Une phase de présélection suivie d’un entretien devant un jury. Ainsi, 279 assistants recrutés dont 95 en 2016 et 184 pour le compte des années 2017 et 2018. Le processus enclenché en 2018 pour le compte de 2019 a été rattrapé par un certain nombre d’irrégularités qui expliquent la revisitation de tout le processus pour le débarrasser de toute subjectivité et opacité. Dès lors que le processus est transparent, les ressources seront aisément mobilisées avec un impact plus important.

Chaque année il y a des départs massifs à la retraite dans les universités publiques mais les recrutements d’enseignants se font rares depuis 2018. Ne craignez-vous pas une asphyxie de nos universités avec des formations bâclées ?
C’est vrai que les départs massifs à la retraite créent un problème de formation de relève de qualité et en même temps de projections mal faites en vue d’une bonne anticipation. Cependant les diligences ont été faites avec la décision de reclassement des enseignants promus au CAMES en 2019 et en 2020 afin de les maintenir un peu plus au poste en attendant la mise en place très prochainement de dispositifs structurant pour le recrutement d’assistants et la constitution d’une base de ressources humaines à consulter en cas de besoin pour éviter de telles déconvenues à l’avenir.

Et c’est ça qui amène à l’aspiranat?
L’aspiranat est destiné à identifier ceux qui aspirent réellement à cette fonction d’enseignant. C’est pour dire qu’il adresse ceux qui aiment réellement l’enseignement et qui ne veulent pas l’exercer de façon accidentelle. On ne devient pas enseignant du supérieur parce qu’on a son doctorat mais plutôt parce qu’on aime enseigner car c’est un sacerdoce et une grande responsabilité de former quelqu’un ! Préparer son cours, l’actualiser régulièrement en se documentant n’est pas chose facile surtout avec le développement des TIC et le faire pour le rendre intéressant pour les apprenants est une chose extraordinaire qui n’a pas de prix. On le fait parce qu’on aime la chose.

Quelles sont les autres réformes que vous avez menées ?

Aujourd’hui, grâce à une bonne gestion des perturbations créées par le COVID19 dans le déroulement du calendrier académique, nous avons mis en place la plateforme e-learning qui a été d’un grand recours durant la période critique. Inutile de vous rappeler que le Bénin est l’un des rares pays africains à avoir pu organiser les examens et finir l’année universitaire en beauté.
Je pourrai aussi vous ajouter que depuis que nous sommes là nous avons procédé:
au renforcement du dialogue social entre les différents acteurs et à la définition d’un cadre cohérent et équitable pour la gestion des affaires disciplinaires ;
à la mise en place des organes de contrôles et d’orientation tels que des conseils d’administrations (UNSTIM, UNA,) ; comité interministériel d’audits et des gestions des risques ;
à la revue du processus de recrutement des assistants et de promotion des enseignants admis au CAMES ;
à la construction et à l’équipement d’importantes infrastructures administratives et pédagogiques et laboratoires au profit des quatre universités publiques (8 amphis, 8 laboratoires, 7 blocs administratifs, et 03 écoles types) . Au total plus de 7 110 places assises déjà mises à dispositions dont 1650 à l’UAC, 1160 à l’UP, 3300 à l’UNA et 1000 à l’UNSTIM.
la connexion de 10 centres universitaires grâce au Réseau Béninois d’Enseignement et de Recherche RBER, avec l’appui du Ministère du numérique et de la digitalisation, et l’adhésion du Bénin au réseau WACREN qui permet d’être en liaison avec les grandes universités au plan mondial en rendant facile la consultation des bases de données, les bibliothèques numériques, etc.
la mise en route de trois centres d’excellence sur financement du Bénin et de la Banque Mondiale après une compétition internationale ;
la transformation digitale (dématérialisation et numérisation) de plusieurs services et procédures pour l’office du BAC, les examens et concours au niveau de la DEC , etc.
C’est dire que beaucoup de choses prouvent à suffisance que l’enseignement supérieur se porte mieux qu’en 2016.

Vous avez institué les examens nationaux de Licence et de Master pour les établissements privés d’enseignement supérieur. Pourquoi une telle option ?
Nous avons fait cette option parce qu’avant c’était la co-signature, et à un moment donné on a estimé qu’on prenait trop de risques. On ne peut pas continuer à cosigner ce qu’on ne maitrise pas. D’où l’idée d’organiser les examens nationaux pour pouvoir contrôler désormais la qualité des apprenants formés par les EPES. Et aujourd’hui ça marche. Après trois ans de mise en œuvre desdits examens, nous sommes passés à leur pérennisation, tout en continuant d’accompagner les établissements privés performants à aller à l’homologation de leurs diplômes.
Il faut aussi préciser que nous avons procédé à :
la prise des mesures institutionnelles pour la pérennisation desdits examens
l’actualisation de l’architecture des «Diplômes Nationaux» en conformité avec le LMD et pour la sécurisation ;
la poursuite du processus d’assainissement des établissements privés de l’enseignement supérieur (EPES) notamment
Signature de 19 agréments aux EPES ;
Signature de 9 502 attestations dont 8 635 pour la Licence et 867 pour le Master pour les années académiques 2016-2017 ; 2017-2018 ; 2018-2019 au profit des candidats admis pour les examens nationaux ;
15 EPES ont reçu un avis favorable pour l’agrément et pour lesquels l’enquête de moralité est en cours.

Le privé intervenait également pour accompagner le public. Depuis longtemps ces universités privées travaillent de façon isolée. C’est-à-dire que le ministère central n’a pas un œil assez critique dans ce qui se fait dans les privés. Mais il faut reconnaitre que certains établissements privés disposent de matériels et équipements plus importants que ceux des établissements publics, et par contre les enseignants proviennent en général des universités publiques : d’où la complémentarité de qualité qu’il faut rechercher entre le privé et le public. La recherche de qualité qui motive l’organisation de ces examens sera étendue aussi aux établissements publics.

Quelles sont aujourd’hui les grandes conclusions qu’on peut tirer de ces examens ?
Les examens ont été un succès parce qu’ils ont permis à beaucoup de Béninois d’avoir un diplôme reconnu. Avec ce diplôme, ils ont pu passer des tests et concours sans que rien ne leur soit reproché. Avant, les diplômes des EPES sont soumis à l’équivalence de diplômes, ce qui créait beaucoup de désagréments. Maintenant une fois que c’est un examen national reconnu par l’Etat central, vous n’avez plus besoin de recourir à une équivalence. Cette réforme a permis de déceler des établissements clandestins ou irréguliers qui délivrent des attestations qui ne seront jamais reconnues par l’Etat, alors que les parents n’en savent rien. Maintenant la publication des établissements agréés est faite pour éclairer les parents dans les choix des établissements à leurs enfants. Il faut reconnaitre le travail important et complémentaire que font ces privés aux côtés des établissements publics qui ont une capacité d’accueil assez limitée.
En termes de grandes conclusions, nous pouvons dire que les EPES ont compris l’enjeu de ces examens et accompagnent très bien le processus.

Avec la pandémie du Coronavirus, le E-Learning s’est accéléré. Comment a été conçu le projet ?
La pandémie n’a pas pu écarter le secteur de l’éducation. Le gouvernement a permis aux étudiants de terminer l’année et ceux qui ont fini très vite ont pu bénéficier des opportunités de bourses. Nous avons pu mettre en place ce dispositif grâce au leadership et à l’appui du chef de l’Etat son excellence le président Patrice TALON qui a instruit le Ministre du Numérique et de la digitalisation et moi aux fins de procéder dans un bref délai à la mise en place de cette plateforme pour permettre la poursuite des cours à distance pour les entités à gros effectifs afin d’éviter la propagation du virus. Nous avons réussi à installer ce dispositif qui nous a beaucoup aidé. Cependant les gouvernement grâce à l’appui de l’AUF se penche déjà sur la recherche des poches d’exclusion que cet outil pourrait induire dans sa mise en œuvre. Cela nous permettra de trouver des solutions durables aux difficultés d’accès des bénéficiaires.

Mais les étudiants ont organisé des grèves !
Ils ont effectivement fait des grèves sur un mois. La communication et le dialogue n’étaient pas difficiles à établir. Nous avons donné des instructions aux autorités universitaires et aux enseignants pour s’asseoir pour se comprendre. Ce n’était pas uniquement le E-learning qui était le problème. C’était un ensemble de malaises. Il s’agit également du retard dans la délivrance des actes administratifs, les frais de sorties pédagogiques…Ils n’étaient pas informés eux-mêmes. Avant, on n’avait pas autant d’étudiants. A l’UAC, on avoisine 80000. Quand on prend toutes les universités, c’est autour de 100.000. C’est normal que les grilles des tarifs pratiqués connaissent de modification mais cela ne devrait pas se faire à l’insu des bénéficiaires que sont les étudiants.

Néanmoins, sa mise en œuvre a été confrontée à beaucoup de difficultés, notamment l’indisponibilité de la connexion internet à haut débit. Comment y avez-vous remédié et quels sont les défis liés à ce service ?
Oui vous savez le début de toute chose est difficile. Il fallait tenir compte de ce que tous les apprenants ne disposent pas de moyens pour se connecter tout le temps. Tous n’ont pas d’ordinateurs ou de smartphone pour pouvoir suivre ses cours à distance. Bref ils n’étaient pas tous habitués à suivre les cours par visioconférence. Les enseignants non plus n’étaient pas tous suffisamment outillés pour faire les cours à distance. Nous avons compris très vite cela, et avec la collaboration des réseaux GMS, nous avons mis en place le zéro rating pour les apprenants pour leur permettre de se connecter à zéro franc. Le Ministère du Numérique et de la digitalisation à ouvert ses points numériques communautaires aux étudiants de certaines localités pour leur de se déplacer pour suivre les cours dans ces centres. Toujours pour faciliter les échanges, nous avons initié plusieurs formations à l’endroit des enseignants et des points focaux ceci pour leur permettre de mieux exploiter la plateforme.
Mais nous sommes conscients des difficultés actuelles des étudiants et des enseignants et c’est pourquoi la décision de revenir au cours en présentiel dans le respect des mesures barrières est prise par le gouvernement afin de s’assurer que les étudiants reçoivent la formation équitable. Cette mesure a été suivie d’un accompagnement du gouvernement à travers la décision du gouvernement de payer les heures supplémentaires dûment générées par la constitution de plusieurs groupes pédagogiques du fait du respect des mesures de distanciation dans les amphi.

Votre département a organisé récemment une réflexion sur le problème de l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Quelles sont les pistes d’actions qui en sont issues ? Le système LMD qui professionnalise la formation impose que des professionnels eux-mêmes viennent animer ces formations. On les implique dans les curricula de formation.

Effectivement les 25 et 26 février 2021, nous avons organisé au Novotel Orisha de Cotonou, la table ronde de réflexion entre universités, entreprises et décideurs sur le thème : « Formation et employabilité au Bénin et dans la sous-région ». Le principal objectif de cette grande rencontre est d’évaluer l’efficacité externe des offres de formations universitaires béninoises et de la sous-région. Plus spécifiquement, il s’est agi de :
identifier les causes liées à l’inadéquation formation-emploi au Bénin et dans la sous-région ;
sensibiliser les acteurs des Universités sur les besoins et les priorités du secteur privé et des décideurs ;
inventorier les nouveaux métiers à l’ère du numérique et des grands projets prioritaires du gouvernement.
Pendant les deux jours, il a été clair pour tous les participants, qu’apporter des réponses aux questions de formation et d’employabilité serait une construction d’ensemble et qu’il est primordial et urgent que les trois catégories d’acteurs travaillent en synergie face aux nouveaux défis de développement. Pour cela, il va falloir définir des passerelles de collaboration très précises. Ainsi des séries de recommandations ont été adressées aux universités, aux acteurs du secteur privé et enfin aux décideurs.
Pour que les universités béninoises jouent pleinement leur rôle dans le nouveau paradigme et face aux nouveaux enjeux de développement, elles ont fortement besoin d’être accompagnées par les décideurs et les acteurs du secteur privé. Ces universités doivent, entre autres :
oser remettre en cause la mise en œuvre de certaines filières (faire une pause ou les améliorer) ;
donner la priorité aux formations techniques et professionnelles en qualité et en quantité ;
concevoir les curricula de formation en tenant compte des besoins de main d’œuvre de notre économie ;
être impliquées dans le système d’orientation des élèves au niveau du secondaire, tout au moins ;
promouvoir des formations à la carte et des formations en alternance ;
intégrer des valeurs dans le système éducatif pour la transformation de l’être en s’inspirant du modèle « Déprogrammation-Reprogrammation et connexion à l’intelligence et à l’innovation entrepreneuriale de l’UAC ;
mettre en place des offres qualifiantes de court terme sous forme de certificat ;
développer des incubateurs pour former les jeunes à l’auto-emploi ;
renforcer toutes les stratégies et dispositifs d’accompagnement des apprenants pour leur insertion professionnelle et en rechercher d’autres plus innovants ;
promouvoir des offres de formation pour les métiers du digital ;
promouvoir l’intelligence artificielle, big Data, E-Learning, etc. dans le monde qui utilisent des profils tels que les littéraires, les mathématiciens, juristes, sociologues, responsable du système d’information etc. ;
opérer un choix de financement innovant (les entreprises ont un grand rôle à jouer) ;
organiser une table ronde ou un séminaire entre universitaires et les autres acteurs pour le partage d’expériences afin de construire un modèle de formation plus performant, plus dynamique et surtout en phase avec les exigences des entreprises et les orientations de l’économie nationale ;
faire un plaidoyer auprès du gouvernement pour accompagner les universités à faire face à ce changement de paradigme (financement des laboratoires, du plateau technique, des infrastructures, etc.) ;
renforcer l’intégration des universités aux réseaux internationaux de la qualité ;
ouvrir les formations universitaires aux structures nationales et internationales qui œuvrent dans le domaine du développement technologique.

En ce qui concerne les acteurs du secteur privé, nous avons noté que la création d’emploi leur incombe beaucoup plus. Pour qu’une main d’œuvre qualifiée soit disponible pour une économie de création de richesse, les acteurs du secteur privé doivent :
mettre en place des dispositifs permettant de compléter la formation initiale des diplômés issus des universités (les entreprises sont tenues de faire cette formation complémentaire, afin que cette main d’œuvre soit adaptée à leur appareil productif) ;
promouvoir la formation continue pour les employés ;
créer et développer des emplois dans les domaines prioritaires;
promouvoir les métiers du digital ;
procéder à la restructuration du secteur privé pour répondre favorablement au changement de paradigme (numérique, digital, tourisme, BTP, Energie, agriculture, etc.) ;
développer les métiers de proximité pour les jeunes (utiliser par exemple les TIC pour promouvoir le tourisme et en faire un métier, etc.) ;
œuvrer pour la formation des employeurs afin de les doter des capacités de négociations avec les partenaires internationaux ;
développer le marché des industries culturelles et créatives qui utilisent également une diversité de compétences (psychologie, informatique, etc).

Les décideurs (Etats, structures publiques parapubliques, les collectivités locales, les partenaires techniques et financiers, etc.) ont un rôle privilégié à jouer aux côtés des universités et du secteur privé dans la lutte contre le chômage et le sous-emploi. En effet, pour un système adéquat de formation et d’employabilité, il faudrait transformer l’économie de redistribution en une économie de création de richesse.

Pour y arriver, les décideurs doivent :
créer un cadre de concertation regroupant tous les acteurs chaque année, par exemple avant la fête du 1er mai (A l’ occasion de ces rencontres, il sera question d’identifier des besoins des universités et des entreprises compte tenu du dynamisme de l’économie) ;
capitaliser toutes les stratégies de réussite au Bénin et dans la sous-région en termes d’employabilité des diplômés d’enseignement supérieur (approches par le développement local, centre d’affaire des jeunes, les chaines de valeur, les incubateurs, Leadership Talk Séries, etc.) ;
promouvoir l’investissement dans l’enseignement supérieur et spécifiquement dans la recherche & développement et les formations professionnelles et techniques ;
repenser le système d’orientation des élèves depuis le secondaire
capitaliser l’existant en termes de formations professionnelles et techniques dans les universités (SEME-CITY, Universités thématiques, les écoles, etc.) ;
créer un cadre institutionnel (Conseil d’Administration, observatoire National de l’emploi et de la formation, plateforme, etc.) de collaboration dont les modalités de création et de fonctionnement seront définies ;
promouvoir la transformation digitale ;
renforcer et améliorer (capitaliser) tous les dispositifs existants dans les universités;
mettre en œuvre un système d’information sur le marché du travail ;
mettre en place un plan Marshall pour l’enseignement supérieur ;
poursuivre et renforcer la mise en œuvre des politiques et programmes de développement du gouvernement pour régler les problèmes de main-d’œuvre qualifiée (financement des infrastructures de formation, de la formation des formateurs, etc.) face au changement de paradigme ;
mettre en place des stratégies ou des dispositifs pour la reconversion des stocks de diplômés, non encore utilisés par l’appareil productif de notre économie.

Les participants ont souhaité que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), en collaboration avec les autres acteurs, élabore un plan d’actions et de suivi des recommandations de la table ronde.

Depuis votre nomination en septembre 2019, vous avez mis un accent particulier sur la valorisation des résultats de recherches. Quels sont donc les résultats et les perspectives de votre action à ce niveau ?
Effectivement nous avons dans le domaine de la recherche entrepris de nombreuses actions telles que :
l’élaboration des textes statutaires de création de l’Agence Béninoise pour la Recherche et l’Innovation ;
la finalisation du processus d’élaboration de la politique nationale de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (en instance d’adoption en Conseil des Ministres) ;
la mise en place d’un comité d’experts dans le cadre de la gestion de la lutte contre la COVID -19 ;
la construction et l’équipement des laboratoires à l’UP et à l’UAC ;
la mise à disposition d’un centre de calcul de haute capacité à l’IMSP de Dangbo pour l’exécution rapide des opérations scientifiques complexes (avec l’appui de la Banque Mondiale) ;
l’installation d’une bibliothèque de référence en sciences mathématiques et Informatiques à l’IMSP de Dangbo pour combler le déficit lié à l’accès aux ouvrages modernes scientifiques (plus de 1000 livres et des abonnements en ligne de plus de 70.000 ouvrages) ;
l’amélioration de la capacité d’innovation des inventeurs par l’Agence béninoise de valorisation des recherches et de l’innovation.
le financement par le Fonds national pour la recherche scientifique et l’innovation des projets au profit des laboratoires de recherches pour un montant d’environ huit cent millions de francs CFA.

En 2020, certains enseignants béninois ont été privés de leurs diplômes à cause du non-paiement des frais d’inscription au CAMES qui s’élevaient à 1.400.000FCFA. Pourquoi le Bénin contrairement aux autres pays veut-il faire payer aux enseignants chercheurs les frais de leurs évaluations ?

Vous savez chaque Etat membre du CAMES paye les frais de solidarité en fonction des effectifs. Le Benin en le faisant affiche son soutien de taille à la promotion de ses cadres au CAMES. Pour le concours d’agrégation, depuis l’année 2019, les frais de séjour et de voyage sont également payés. Il ne reste que les frais d’inscription qui soient imputés au candidat individuellement depuis deux ans. Mais après échanges, on s’est rendu compte de quelques incompréhensions qui ont tendance à démotiver les enseignants. C’est pourquoi il a été pris une décision pour clarifier la position du gouvernement, à savoir que l’état prend en charge une fois le candidat pour chaque grade, en espérant qu’il réussira. Aucun gouvernement dans le souci de l’évolution de ces cadres, ne va jamais bloquer la promotion aux grades de ses cadres.

A quand le retour des élections rectorales dans les universités ?
Très prochainement, on aura une bonne connaissance des modalités d’organisation ou d’encadrement de ces évènements dans les universités. Les statuts des universités le préciseront.
Les activités académiques ayant été lancées vaillamment par les équipes rectorales actuelles dans le contexte assez contraignant de la COVID-19, la décision de leur maintien au poste pour cette l’année en cours s’en est suivie.

Quelles sont les actions sociales faites en faveur des étudiants ?
Toutes les réformes précitées, ont pour finalité de favoriser les conditions de travail des étudiants. Le transport pourrait connaitre un décollage avec le secteur privé que le gouvernement a voulu impliquer dans ce domaine. Il faut confier certaines prestations aux spécialistes pour avoir une meilleure efficacité en temps et en impact. Quant aux allocations, elles ont connu un succès puisque qu’elles sont payées par le Trésor public au même titre que les salaires. Cela prépare mieux les étudiants à l’auto-entreprenariat puisqu’ils disposent leurs comptes pour d’autres opérations bancaires. Dans le domaine de la santé, avec l’appui des partenaires : UNFPA, Croix rouge, etc, les étudiants sont mieux pris en charge. Parlant des résidences universitaires, il faut mettre les étudiants dans de bonnes conditions. Les échanges sont assez poussés avec les partenaires chinois, turques et arabes pour la constructions des nouvelles résidences universitaires respectueuses de normes telles que cela s’observe dans les pays anglophones.

Qu’en est-il des organisations estudiantines ? Elles sont dissoutes ou suspendues ?

Là également, ça n’a pas du tout été facile de choisir l’organisation qui est à même de parler au nom des étudiants. Nous avons deux organisations les plus représentatives, l’UNSEB et la FNEB. Et la troisième qui n’a pas pu réunir le taux, c’est l’UNEB. C’est une façon de renvoyer les organisations estudiantines à leurs responsabilités. Et là il y a quelques jours que nous leur avons remis des matériels sportifs et culturels pour le bon fonctionnement de leurs activités. C’est dire que lorsque le jeu est transparent et responsable on est tous gagnant. Chacun joue sa partion.

Madame le ministre, le président talon est-il populaire dans le monde universitaire ?
Il est inévitable que c’est l’un des Président qui aura marqué toute la communauté universitaire car incompris au départ, il devient résolument l’homme de toutes les attentions ; C’est un homme d’engagement, un réformateur. Il est adulé par les jeunes qui épousent son ambition pour eux à travers la qualité de la formation à leur donner pour une insertion de qualité. Puisqu’ils ont compris qu’il n’y a plus d’autres alternatives de développement que ce que nous avons. Il est ouvert à tout le monde. Personnellement, je n’ai pas eu de difficultés en milieu universitaire compte tenu de l’écoute que je leur fais et de ma détermination à rechercher les solutions aux problèmes. Et quand les acteurs voient que la ministre est accessible, ils font un peu plus confiance à tout le gouvernement, notamment à son Chef.

A quel chantier le prochain Chef d’Etat doit-il s’attaquer pour relever les défis du secteur ?

Les chantiers sont nombreux tout en reconnaissant que la plupart ont été déjà visités et lancés par le Gouvernent sous le leadership du Président de la République. Toutefois, nous pensons qu’il faudra :

La mise en place et la fonctionnalité des organes de gouvernance administrative, académique et financière ;
La poursuite de la mise en place des infrastructures administratives et pédagogiques et de recherche au profit des universités ;
L’achèvement des négociations pour la mobilisation des ressources nécessaires à la construction des résidences universitaires au profit des étudiants, et l’implication du privé dans les œuvres universitaires et sociales pour un impact plus grand.
Le repositionnement de la recherche scientifique et de l’innovation technologique à travers l’Agence béninoise pour la recherche et l’innovation ; et la validation de la politique nationale de la recherche scientifique et de l’innovation ; 
la mise en route des Instituts universitaires d’enseignements professionnels ( IUEP) dans le cadre du développement des filières de formations professionnelles de courte durée 
la poursuite de l’accompagnement des EPES pour un partenariat performant et durable ;
La poursuite de la digitalisation des opérations de service à la communauté et l’interconnexion des universités du Bénin ;

Que diriez-vous pour conclure cet entretien ?

Je ne peux que vous remercier parce que vous m’avez permis de passer un merveilleux moment. Ça fait longtemps que je n’ai eu le temps d’être écoutée comme ça, de répondre à toutes les questions qui viennent de partout. J’ai passé de bons moments et je dois dire que notre pays le Bénin est un merveilleux pays. Nous sommes très riches en matière de culture et de réflexions. Ce qu’il nous faut, c’est un peu plus d’acceptation des uns et des autres, que nous puissions nous faire un peu plus confiance. Faisons-nous confiance, pour renforcer le patrimoine commun, et en faire vraiment un pôle de développement. Au niveau du ministère de l’enseignement supérieur, je peux dire que c’est un très bon ministère qui mérite d’être bien accompagné. Je ne dis pas que les autres ministères sont moins bons, au point de susciter d’autres débats mais je veux simplement relever son caractère stratégique résidant dans sa mission de former des ressources humaines de qualité qui seront capables de trouver des solutions durables aux problèmes des populations. C’est ce que le Président Patrice Talon a bien compris en le positionnant à une place de choix dans son gouvernement et en nous appelant à de profondes réflexions pour nous sortir de nos pauvretés. Sa rigueur et sa fermeté face à la résolution d’un grand problème font de lui un grand homme. C’est un homme d’engagement, de défis et d’ouverture. C’est pour cela que j’appelle les uns et les autres à lui faire confiance.

Dr Marie AKPOTROSSOU, Déléguée nationale chargée des Structures Décentralisées de l’UDBN, SOUS L’ARBRE A PALABRE: «A l’UDBN, on a de bonnes raisons de renouveler notre confiance à Patrice TALON»

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La Déléguée nationale chargée des structures décentralisées du parti UDBN, Dr. Marie Akpotrossou

Mois de mars abondant pour les femmes Sous l’arbre à palabre à l’événement précis. A la suite de l’Honorable Chantal Ahyi, première femme politique invitée au titre de l’année 2021 dans la rubrique Sous l’arbre à palabre, une autre femme, représentante personnelle de la présidente du parti UDBN prend place le jeudi 11 mars 2021 au siège du journal dans la rubrique très prisée sous l’arbre à palabre.. Il s’agit de la Déléguée nationale chargée des structures décentralisées du parti UDBN, Dr. Marie Akpotrossou, Enseignante à l’Université de Parakou. A bâtons rompus, Dr. Marie Akpotrossou, représentante de la présidente Claudine Afiavi Prudencio a abordé avec les journalistes de la rédaction plusieurs sujets d’intérêt dont notamment les idéaux du parti, la gouvernance du Président Patrice Talon et la présidentielle d’avril 2021. Dr. Marie Akpotrossou, qui a saisi l’occasion pour faire des aveux à l’événement précis sur son engagement politique : « Grâce aux bonnes capacités managériales de Mme Claudine Afiavi PRUDENCIO, je suis à l’UDBN ». Satisfaite du bilan du président Patrice Tolon, l’invité de l’événement précis est convaincue que le prochain président du Bénin au soir du 11 avril, sera sans aucun doute le candidat du parti UDBN, Patrice Talon.

Et si on en parlait

L’Evénement Précis : Nous sommes dans le mois de mars. Le 08 mars est passé il y a quelques jours et nous continuons de vivre la ferveur de la Journée Internationale de la Femme. Selon vous, quel est le symbole de cette célébration?

Je pense qu’il est avant tout utile de situer la Journée Internationale de la Femme du 08 mars dans son contexte. Parce que la JIF est une journée de diagnostic, de l’évolution de la situation de la femme. Comment est-ce que les textes et les conventions sont appliqués ? Est-ce qu’il y a eu un ascendant par rapport à la situation de la femme ? Je pense que l’essentiel est que la journée du 08 mars n’est pas une journée de folklore pour se retrouver et manger, mais c’est une journée de réflexion. Et c’est cette compréhension que l’UDBN avait depuis toujours. C’est cela qui nous a amenés à faire un atelier de réflexion au cours duquel nous avons essayé de répartir les femmes en sous-groupes et par corporation où nous avons demandé aux femmes d’exprimer librement leurs besoins et de dire les maux qui entravent leur épanouissement. Les femmes se sont exprimées et nous avons ensemble identifié les stratégies et les moyens que nous devons adopter pour sortir la femme de l’ornière, de la conception et des préjugés qu’on fait de la femme et qui maintiennent toujours la femme dans l’asujétion totale.

Vous avez organisé un atelier au cours duquel il y a eu des réflexions sur la condition de la femme. Est-ce que de façon particulière vous avez un message à l’endroit des femmes béninoises ?
Je dirai aux femmes de cesser de passer pour des passagers clandestins. Les femmes ont de belles idées au fond d’elles, mais compte tenu des pesanteurs sociologiques selon lesquelles on dit que la femme doit être soumise et qu’elle n’a pas droit à la parole, cela fait que quand bien même elles ont de belles initiatives elles n’osent pas s’extérioriser. Donc je voudrais dire aux femmes d’avoir confiance en elles, d’être fières de leur situation de femmes, de continuer par se battre pour se hisser au plus haut tel que le fait notre Présidente Madame Claudine Afiavi PRUDENCIO que je tiens à remercier très sincèrement pour son dévouement et son endurance.

Pourquoi Madame Claudine Afiavi PRUDENCIO est la seule femme, Chef de parti politique au Bénin ?
Une femme-chef de parti politique est un cas d’école. Aujourd’hui à travers le monde, nous avons une dizaine de Chefs d’État qui sont des femmes. Même si au Bénin, nous n’avons pas encore atteint ce stade, je me rends compte que de grands pas sont en train d’être franchis. Une femme Présidente de parti ne peut donc être qu’une source de fierté, de confiance en la lutte pour l’égalité et l’équité menée par des femmes depuis les temps immémoriaux. Contrairement à ce que pense le commun des mortels, l’UDBN n’est pas un parti des femmes, mais un parti de la jeunesse, des hommes et des femmes dirigé par une femme. Le choix de Madame Claudine Afiavi PRUDENCIO comme Chef de parti politique, n’est pas anodin. Ce choix n’est pas dû au hasard ou à sa condition féminine. Madame Claudine Afiavi PRUDENCIO cumule en elle, les qualités de leadership, de management. Ayant développé sa capacité d’écoute qui fait d’elle la femme la plus proche des aspirations du peuple, des militants quelle que soit leur catégorie, elle cumule donc les qualités intrinsèques et extrinsèques qui ne sont plus à démontrer. Je ne peux qu’être fière d’appartenir à l’UDBN et d’avoir une Responsable de cette envergure. Elle a su s’imposer par sa bravoure et son endurance dans un monde fait de femmes et d’hommes.

Quel est l’idéal politique de l’UDBN ?
L’idéal politique de l’UDBN est de promouvoir le bien-être commun, le respect des droits de l’Homme, l’égalité des chances pour un développement équilibré du territoire. L’UDBN part des besoins et aspirations du peuple pour mettre en œuvre des stratégies appropriées qui permettront une croissance économique soutenue dans un environnement socio-économique et politique de paix, de justice pour un avenir meilleur.

Vous étiez dans l’arène politique depuis des années. Comment avez-vous vécu la réforme du système partisan ?
Il n’est de secret pour personne que le système politique, avant l’avènement du régime de la Rupture présentait de nombreux maux dont le plus dangereux était la création tous azimuts des clubs électoraux basés sur le sectarisme, le régionalisme et des intérêts égoïstes de quelques-uns. La réforme du système partisan s’impose alors comme une solution d’assainissement de l’espace politique. Une telle initiative ne peut que recevoir l’onction, l’accompagnement et la bénédiction de tout acteur politique épris de justice et d’unité nationale. L’objectif poursuivi n’est pas la « disparition des partis politiques », mais une mutualisation des forces sous la bannière de grands regroupements d’envergure nationale. Ce sont ces nouvelles entités organisées qui peuvent s’arroger le titre et la qualité de parti politique. Le parti UDBN a bien accueilli et d’ailleurs approuvé ces réformes. A titre illustratif, c’est l’un des premiers partis à s’y conformer.

Pourquoi avez-vous refusé en 2018-2019 de vous fondre dans l’un des blocs de la mouvance présidentielle ?
L’UDBN est un parti de la mouvance présidentielle. C’est l’un des grands partis de cette mouvance au sens de la nouvelle Charte des partis politiques. Donc avec une envergure nationale reconnue comme telle par les structures compétentes. L’UDBN au plan technique n’a donc plus besoin de se fondre dans les autres blocs dont vous parlez. Ce n’est donc pas le sens de la réforme du système partisan.

Avez-vous le sentiment aujourd’hui d’avoir eu raison ?
Nous avions la conviction que nous sommes dans le champ d’application de l’esprit et de la lettre de la réforme du système partisan. L’évolution de la situation politique actuelle vient nous conforter dans cette conviction. Vous n’êtes pas sans savoir que l’un des participants surprise au troisième congrès ordinaire de l’UDBN, son Excellence le Président Patrice TALON, leader charismatique de la mouvance présidentielle a affirmé, je cite : « j’ai [dans ce rôle] œuvré au changement de l’arène politique. Et j’ai fait avec beaucoup de détermination ce qu’en mon âme et conscience j’ai jugé bon pour réformer le pays en vue de son développement réel. J’y ai cru, en toute sincérité, j’y ai cru avec foi […]. Mais Amazones que vous êtes, soldats que vous êtes d’une cause, celle du Bénin nouveau, vous avez pensé que dans votre singularité vous pouvez contribuer à l’émergence d’un Bénin nouveau. C’est tout à votre honneur. Je n’ai pas abandonné mon idée, je n’ai pas abandonné la cause, je n’ai pas abandonné l’objectif de la réforme. Mais je sais que l’objectif peut être atteint différemment. Je sais que reconstruire la classe politique béninoise, œuvrer à son regroupement d’un autre genre peut s’opérer sans que tout le monde soit forcément dans la même maison. Je sais prendre acte de ce qui s’impose à moi. Et comme je sais aussi que je ne peux avoir la vérité absolue en toute occasion et en toute chose, et que je ne peux pas prétendre avoir tout le temps raison […] je n’ai pas seulement pris acte, j’ai fini par adhérer ». Cette affirmation du Chef de l’État en dit long.

Vous avez réussi à participer aux élections communales de 2020, mais vous n’avez pas pu avoir de conseiller, et ceci, du fait des 10% exigés par le code électoral, comment le parti a-t-il vécu cet échec ?
Le défaut des 10% aux élections communales en ce qui concerne l’UDBN n’est pas un échec, mais un point d’encrage pour des victoires retentissantes. Nous sommes sur le terrain politique et rien n’est définitivement acquis ou perdu. J’ai espoir que le meilleur reste à venir.

Aujourd’hui, vous êtes en campagne pour TALON alors que l’UDBN a des leaders qui ont la carrure de candidater. N’avez-vous pas le sentiment que la réforme du système partisan devrait permettre à tout le monde de se porter candidat ?
À la date d’aujourd’hui la campagne n’est pas officiellement lancée. Ce que vous assimilez à la campagne électorale n’est rien d’autre que l’animation de la vie politique. La réforme du système partisan est un ensemble de règles, d’obligations à respecter. L’UDBN étant un parti de développement qui poursuit la satisfaction de l’intérêt général, a porté librement son choix sur la personne de Patrice TALON. Ce choix est le résultat d’un processus. Dans une approche participative, les délégués et cadres de l’UDBN ont fait le bilan de la gouvernance actuelle, c’est-à-dire celle du régime de la Rupture au cours de l’Université d’été du 21 août 2020. Il ressort de ce bilan, que la quasi- totalité des actions prévues dans le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) ont connu une exécution très satisfaisante. Eu égard à ce bilan, l’UDBN a opté pour la continuité en portant son choix sur le candidat du développement conformément aux idéaux et aux textes du parti. Ce choix a été entériné par le 3ème Congrès ordinaire de l’UDBN. La réforme du système partisan n’empêche personne d’être candidat. Il suffit de remplir les conditions au regard des textes en la matière.

Parlons de la gouvernance du Président Patrice TALON, cinq ans après son accession au pouvoir. Quel bilan faites-vous ?
Le document phare qui gouverne les interventions du régime de la Rupture est le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG). Faire le bilan du quinquennat en cours revient à mesurer les résultats obtenus par rapport à ce qui est prévu, de dégager l’écart et pondérer la performance au regard des indicateurs pilier par pilier, domaine par domaine. Il convient alors de se demander :
Qu’est-ce qui est prévu ? Qu’est-ce qui est fait ? Qu’est-ce qui est en train d’être fait ? Et qu’est-ce qui reste à faire ? Lorsqu’on répond à toutes ces questions, on constate qu’on a de bonnes raisons de renouveler sa confiance au Chef de l’État. Ainsi, au niveau du Pilier 1 : Consolider la démocratie, l’État de droit et la bonne gouvernance, en matière de bonne gouvernance, la lutte contre la corruption est aujourd’hui une réalité. Au plan politique, des réformes certes difficiles, mais salutaires sont opérées : le découpage territorial, les préfets sont désignés, etc. Il existe aujourd’hui beaucoup d’effectivité et des actes de courages sont posés. Au niveau du Pilier 2 : Engager la transformation structurelle de l’économie. Les différentes performances réalisées au plan économique, reconnues par des institutions sous régionales, régionales et internationales en disent long. Malgré la crise sanitaire, la longue durée de la fermeture des frontières du Nigéria, le contexte économique peu favorable, le Bénin réalise des performances. En ce qui concerne le Pilier 3 : Améliorer les conditions de vie des populations. La réalisation de la carte biométrique avec ses avantages, le soutien financier fait aux entreprises dans le cadre de l’atténuation des effets de la Covid-19, les microcrédits accordés aux femmes, les performances au plan sportif (la qualification des Ecureuils en quart de finale de la dernière CAN), la construction des infrastructures routières, des stades, des marchés, des écoles, des hôpitaux, des ponts, l’aménagement des berges lagunaires, les réformes du secteur de la santé, le vote des lois de protection de l’environnement, etc., font partie des nombreuses réalisations du régime de la rupture.

Qu’est-ce qui au contraire n’a pas bien marché durant ce premier quinquennat ?
C’est essentiellement le déficit d’information. Et ça, c’était au début du quinquennat. Le fait, pour le Chef de l’Etat, de ne pas vouloir beaucoup communiquer autour de ses réalisations, avait fait croire à une certaine opinion que rien ne se faisait. Cela a été corrigé. Ce déficit n’a pas permis de faire comprendre tôt le sens des réformes au plus grand nombre. Aujourd’hui, avec les nombreuses réalisations dans tous les domaines, le peuple est convaincu que le régime de la rupture est sur le bon chemin.

Certaines candidatures ont été recalées. Ne pensez-vous pas que la démocratie béninoise est menacée par la question du parrainage ?
La question du parrainage découle de la volonté du peuple à travers le vote de la loi électorale par la représentation nationale.
Même s’il est vrai que certains citoyens ont la perception que le parrainage vient déranger les habitudes, il n’en demeure pas moins vrai que l’instauration du parrainage est la suite logique du vote de la Charte des partis politiques. Il témoigne de la dynamique politique et de la vivacité.

Ne pensez-vous pas que les candidatures féminines comme celle de Réckya MADOUGOU devraient être soutenues au-delà de toute appartenance politique ?
Je ne veux pas personnellement me prononcer sur la candidature de Réckya MADOUGOU et les événements subséquents. Cependant, j’aimerais rappeler que cette candidature n’est pas validée par les structures compétentes pour défaut de parrainage comme la candidature de beaucoup d’autres citoyens et citoyennes. Aussi, la condition féminine ou le genre n’est pas le critère retenu par le législateur pour être candidat.

Comment l’UDBN compte-t-elle faire campagne, seule ou en coordination avec les autres forces de la mouvance présidentielle?
L’UDBN est un parti de la mouvance. Son candidat, c’est le Président Patrice TALON. Il se fait que le même candidat est soutenu par d’autres partis politiques. En tant que parti politique, l’UDBN a ses stratégies propres à elle pour convaincre l’électorat et susciter l’adhésion du peuple. Mais je peux vous assurer que l’équipe de campagne du duo Talon-Talata est très bien structurée. Les partis soutenant le Président Talon y sont représentés. Vous verrez qu’il y aura une belle synergie d’action sur les aspects qui relèvent d’actions transversales. Mais l’UDBN a son équipe de campagne du niveau national jusqu’aux structures décentralisées. Les Amazones et Soldats UDBN sont prêts pour assurer la victoire dès le premier tour à notre duo Talon-Talata. L’UDBN est prête à mettre ses compétences, toutes ses structures, toute son énergie et son expérience au service de la réélection du Président Patrice TALON au premier tour, avec un taux de participation élevé le 11 avril 2021, sous la direction de l’équipe de campagne mise en place par le Chef de l’État avec la présence remarquable de deux cadres de l’UDBN, sans oublier les équipes nationales, départementales, communales que nous avons mises en place.

L’He Seibou Assan dans « Sous L’Arbre à Palabre » à L’Evénement Précis: « Talon sera plébiscité au 1er tour»

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L’He Assan Seibou, est membre du Bureau Exécutif du part Bloc Républicain. Invité de la rubrique socio-politique « Sous L’Arbre à Palabre » de L’Evénement Précis, l’ancien Directeur du Centre de partenariat et d’expertise pour le développement durable (Ceped), s’est prononcé sur l’actualité politique marquée par la présidentielle d’avril prochain. L’absence du président Abdoulaye Bio Tchané de la liste des candidats à la présidentielle d’avril prochain, les réactions de l’opposition au pouvoir Talon sur le parrainage notamment sa suppression, les chances du candidat Patrice Talon pour la présidentielle d’avril prochain, des dispositions prises par le parti BR pour faire gagner le candidat Talon au soir du 11 avril, sont entre autres les grands axes du débat à bâtons rompus qu’il a animé avec les journalistes du quotidien. Occasion pour le député de la mouvance de révéler que son candidat sera plébiscité au premier tout de la présidentielle parce qu’il a un bilan séduisant et il n’y a personne en dehors de lui qui puisse conduire la nation à un meilleur dévernir.

Et si on en parlait

Est-ce une tentative d’assassinat ou un simple braquage ?
C’est regrettable si cela s’est produit comme il l’a décrit. Pour l’instant, nous avons les versions venant de l’intéressé et de visiteurs parfois politiquement intéressés. Il serait bien d’avoir les résultats des investigations officielles et contradictoires pour se faire une idée précise de ce qui s’est passé.
Il faut dire que le fait que Galiou Soglo ait été braqué à ce moment précis, l’événement devient particulier, parce qu’il venait de déposer un dossier de candidature pour les élections présidentielles. Bien qu’il ne soit même pas encore retenu candidat, nous avons tous vu une certaine communication tendancieuse au tour de ce regrettable événement. Je l’ai retourné dans tous les sens sans pouvoir trouver celui qui aurait intérêt politique à le faire, car Galiou lui-même avait indiqué qu’il a déposé son dossier conformément à l’ancienne constitution, et donc, il savait qu’il n’était pas allé à la CENA pour compétir à la fin. C’est dire que c’était un non-partant annoncé. C’est pour cette raison que je pense qu’il faut garder son sang-froid pour qu’à l’issue de l’enquête en cours la vérité puisse triompher.
Toujours est-il que monsieur Galiou Soglo, un ami très sympathique, a reçu des balles. On ne peut qu’être solidaire avec quelqu’un qui traverse une épreuve pareille. On ne se réjouit pas d’un incident de ce genre ; il faut remercier Dieu qu’il en soit sorti vivant. Que Dieu le protège.

La CENA a clôturé la liste des candidatures et sur cette liste ne figure pas le nom du président Abdoulaye Bio Tchané. Qu’est-ce qui justifie cette absence ?
Moi je ne suis pas surpris de ce choix de BIO TCHANE Abdoulaye dans lequel il a fait preuve d’une admirable raison digne de grands hommes.
Sa décision de ne même pas postuler respecte sans doute les clauses des discussions avec le Président TALON, discussions qu’ils se sont promises depuis toujours avant de prendre une décision concernant 2021.
Vous savez, depuis plus d’une quinzaine d’années, je me suis engagé aux côtés de Abdoulaye Bio Tchané, avec pour objectif principal qu’il soit Président de la République. C’est avec honneur que j’ai toujours été à ses côtés. J’avais examiné attentivement les motivations de BIO TCHANE quand il rentrait au pays. Il avait renoncé à des avantages colossaux. Ses sacrifices consentis m’ont permis de voir quel était le sérieux qu’il mettait dans sa démarche. Et ses objectifs étaient clairs. Il avait un programme, une idée et il savait ce qu’il venait faire. Il savait aussi ce qu’il voulait combattre. Et ses combats, ses objectifs m’ont convaincu de ce que je voulais comme Président de la République. C’est donc vrai que mon rêve a été de voir Abdoulaye Bio Tchané, Président de la République. Je reste à ce jour, convaincu qu’il aurait fait un très très bon Président de la République. C’est un rêve que j’ai nourri jusqu’à la dernière minute.
Cependant, vous vous souvenez qu’ici même, au moment où je faisais le bilan des 4 ans du Président Talon, je disais qu’il a fait un parcours admirable, du point de vue de ses réalisations, des réformes et de la gestion, et que s’il demandait un second mandat, nous allions le lui donner, et s’il ne le faisait pas, nous allions le lui proposer.
En vérité, nous avions combattu aux côtés d’ABT, le Président Boni yayi, qui n’avait aucun programme et sautait sur toutes les occasions qui se présentaient pour en faire un point de son action, dans une totale navigation à vue. Même ceux qui soutenaient YAYI savaient qu’il manquait de courage et savoir-faire pour initier et conduire les réformes nécessaires. C’était pour cela que l’échec du Changement au début, et de Refondation par la suite, a été retentissant ; la cigale a passé toutes ces années à chanter et danser. Il fallait une fourmi pour ce que nous voulions faire. YAYI Boni s’est révélé être une erreur politique que nous assumerons d’ailleurs, longtemps.
Bio Tchané avait une vision claire et c’est ce qui m’a fait adhérer à ses objectifs. En 2016, nous avons accepté d’aller dans un front commun de la Rupture d’avec le système du président Yayi Boni pour faire des réformes ardues et gérer le pays autrement. A l’occasion des élections de 2016 de candidats courageux et déterminés sont restés ensembles et c’est le président Talon qui a gagné ces élections. J’étais désespéré devant l’échec d’ABT, car comme beaucoup, je doutais de la capacité du Président TALON de pouvoir changer les choses et conduire des réformes qui s’imposaient. J’ai été très tôt, agréablement surpris. Il a initié et conduit les réformes. Il n’avait pas peur d’être impopulaire devant l’intérêt de tous. Après quelques temps seulement, BIO TCHANE confiait à nous ses proches, que si le pays était aussi bien gouverné, il ne serait pas rentré pour s’engager à vouloir être Président de la République. La suite nous confortera dans cette conviction.
J’étais donc, convaincu que le président Bio Tchané trouvait satisfaction dans ce qui se faisait. De plus, il était le numéro 2 du gouvernement Talon pendant tous les cinq ans. Ce qui veut dire que tout ce qui a été fait est fait avec son onction, sa participation et son initiative. Les idées phares qu’il avait font partie du programme d’action du président Talon. Qu’est-ce qu’il voulait faire et qui n’était pas en train d’être fait ? Par exemple, la première priorité de Bio Tchané était l’eau, et celle de Talon est également l’eau et l’électricité. Est-ce que ce qui est en train d’être fait avec sa vision et sa participation n’est pas suffisant pour qu’il se demande pourquoi combattre quelqu’un avec qui il est complice et qui réalise à merveille, ce qu’il rêvait de donner à ce peuple ?

Aujourd’hui, le président Talon fait ce qu’il faut faire ensemble avec Abdoulaye Bio Tchané. Ce dernier ne peut avoir une raison de se mettre en campagne contre Talon. Que dirait-il une fois candidat ? Qu’il veut faire autrement que ce qui se fait ?
Je peux vous dire que Abdoulaye Bio Tchané n’était pas un homme obsédé par le pouvoir. Il avait été candidat deux fois uniquement pour voir ce pays progresser dans l’intérêt des populations. Il est là pour servir le pays et il veut le démontrer à travers son attitude vis-à-vis du président Talon.
Oui, le Président Talon avait dit qu’il ferait un mandat à la tête du pays. Ce n’était pas un contrat signé. C’était un engagement officiel pas avec Bio Tchané, mais devant le peuple lors de son investiture. Mais parce que tout engagement ne saurait passer les limites de la responsabilité et du péril, je peux vous dire que Bio Tchané n’accordait de crédit à cela. Et je vous ai dit tantôt que tous les deux avaient prévu une évaluation à la fin du mandat ; l’attitude de chacun d’eux, notamment en ce qui concerne la candidature, devait en découler. Mais Je peux vous dire, parole d’un proche d’ABT, que pour ABT il était strictement écarté depuis le début, l’hypothèse d’être candidats tous les deux ; et il a respecté cela jusqu’au bout. J’ai toujours compris parfaitement cette position qui relève d’une simple raison de calcul politique : s’affronter, diviserait notre base construite ensemble autour de la Rupture, et réduirait leurs chances aux élections tous les deux face à des adversaires qui ont qui digèrent encore mal un échec retentissant. Nous augmenterions la chance aux autres de nous prendre la place. Ce serait bête. Et cette attitude de Bio Tchané nous élève. Les gens peuvent ne pas le comprendre aujourd’hui, mais je crois que l’histoire lui donnera raison. Je pense que tout se passe bien entre les deux que quand le Président Talon a dit qu’il veut être Président de la République, si Bio Tchané voulait être vice-Président on n’allait même pas consulter quelqu’un. Nous le savions tous. Mais en vérité, Bio Tchané n’est pas venu dans le pays pour des titres ronflants ou des salaires. Il est venu pour servir le pays. Et ensemble, nous choisissons les meilleures formules de servir le pays. La décision de ne pas être candidat à l’élection présidentielle dans ces circonstances, en est une illustration.

Voulez-vous insinuer qu’il a boudé le poste de vice-Président ?
Le mot bouder n’est pas approprié dans ce cas, car il recouvre un état d’âme malsain. Le Président Talon l’a consulté. S’il avait dit qu’il le voulait, vous auriez entendu son nom parmi ceux qui étaient dans les tamis des Partis consultés. En tout cas, il aurait fait l’unanimité.

Il se sent donc lié par la gouvernance Talon ?
Si le Président échoue dans ce qu’il fait, ce sera l’échec de Bio Tchané de façon incontestable. Et personne au plan national ou même mondial ne peut comprendre qu’il ait été là et qu’il ait laissé faire. Il est rentré pour se sacrifier. Donc être aux côtés du Président Talon pour l’aider toujours à réussir, a été son option, notre option. Sauf si le Président Talon lui-même dit : « Je n’en veux plus. » La vice-présidence n’est pas la seule fonction du pays. Le choix du vice-président est un choix personnel du Chef de l’Etat. Il aurait pu choisir de façon personnelle Bio Tchané, mais il n’a pas procédé comme ça.

Quelle appréciation faites-vous du choix de l’He. Talata comme vice-Présidente de Talon ?
Je crois que c’est un choix de la raison et un choix indiqué pour tenir compte des circonstances dans lesquelles le poste de vice-Président a été institué. Nous sommes dans un pays qui a canonisé définitivement les clivages de région. Depuis les Collines jusqu’à Malanville, on dit le Nord et l’autre partie, le sud. Ne pas voir la vérité, c’est être hypocrite. Nous avons décidé au niveau de l’Assemblée nationale d’instituer ce poste, pour réduire le sentiment de rattachement territorial et d’exigence de liens régionaux très marqués dans l’attitude des électeurs. Consulté sur la question, le Président TALON avait dit : « Pourquoi nous n’allons pas mettre un poste de vice-Président pour éviter certains clichés qui font que notre pouvoir devient de plus en plus régional ? » Par ailleurs on a vu le Président Yayi qui n’avait pas hésité, avant de dire qu’il fera descendre les siens, parce qu’il estime que c’est eux ses votants, et les autres viennent en surplus. C’est pour toutes ces raisons que l’institutionnalisation du poste de vice-Président est une bonne chose. Il n’est pas dit que le vice-Président et le Président ne peuvent pas être de la même commune. Mais c’est une stratégie de victoire électorale et de pacification du pays que de mettre le Président Talon qui est du sud et Talata originaire du nord. Personne parmi nous n’a choisi ses origines. On naît et on nous dit qu’on est de Adjohoun, de Copargo et autres. Mais quand viennent les périodes électorales, les gens ont besoin de savoir que quelqu’un de chez eux ou de leur zone est au moins proche visible du Chef de l’Etat pour s’engager.
Concernant la qualité de la personne, Mariam est d’abord une femme exemplaire. Et dans ce pays, c’est la première fois que nous allons à l’élection avec un vice-Président. Et c’est une femme qui a été choisie. Ça prouve que nous ne voulons plus rien faire en ignorant les femmes. CHABI Talata Mariam n’a jamais conduit un parti politique. Elle n’était pas trop connue dans le milieu politique, mais c’est une militante battante de l’UDS depuis longtemps. Ce critère n’a pas fonctionné ici sinon, il y a eu des consultations au sein des partis qui avaient misé sur des gens qui ont une expérience politique large, et un parcours qui devrait leur permettre d’être désigné vice-Président. Même Talata avait compéti et a été éliminée dans l’Union Progressiste. Si elle a été éliminée au cours de la compétition, on ne peut plus dire qu’elle est la candidate de l’UP. Elle devient un outsider qui peut et doit rapprocher les deux blocs qui se consultaient. Si on n’a pas pu s’entendre à sa demande, il était normal que le Chef de l’Etat prenne quelqu’un qui est hors compétition. C’est encore là, un choix de raison.

L’Opposition a finalement déposé ses dossiers. Ne pensez-vous pas que c’est une victoire pour vous qui aviez vite soutenu les réformes constitutionnelles ? »
Ce n’est pas parce que Talon était beau que nous l’avons soutenu. Il fallait changer les choses et en finir avec les plus de 200 partis politiques. Il fallait finir avec nos travers stigmatisés par exemple, par des grèves perlées, des agents médicaux se mettaient en grève en laissant des gens mourir, et des menaces permanentes d’année blanche à chaque fois.. Vous avez bien que qui dit réforme, dit les textes de fondement juridique. Vous modifiez d’abord des lois qui doivent porter les réformes. Les lois réformatrices dans le domaine politique, ont été votées avec les Députés de l’opposition actuelle.
C’est au moment de les appliquer que l’opposition a reculé. Elle semblait ne plus être sûre de tirer de profits stratégiques, de l’application de ces lois qu’elle a cautionnées. En politique, les élections sont très stratégiques. Et vous savez en matière électorale en Afrique, quand quelqu’un sent qu’à une élection il ne va pas gagner, il commence par bouder les textes. C’est ainsi qu’il faut comprendre ce qui s’est passé au cours des législatives de 2019, l’opposition a opté pour le boycott ; et ça, c’est aberrant.
Il est réjouissant de voir qu’après une longue tergiversation, chacun de ces partis s’est conformé à la charte des partis politiques en essayant d’avoir son récépissé, ce qu’ils ont refusé de faire avant les législatives. Ils ont boycotté les législatives, mais après ils se sont rendu compte que les réformes sont fondées. Nous avons été plus réjouis encore quand Les Démocrates qui se considéraient comme l’aile dure de l’opposition se sont conformés aux mêmes textes. C’est une chose intéressante que cela se passe comme cela.
Par ailleurs, à l’occasion de dépôt de candidature aux présidentielles, ils ont essayé de se conformer à la loi et sont allés déposer, nombreux. Ce n’est pas une victoire de quelqu’un ; c’est la victoire de tout le peuple béninois.

Est-ce que selon vous, l’opposition s’en sort fragilisée?
J’ai été opposant du Président Yayi pendant près de 10 ans. Donc ce que les opposants sont en train de faire, je le comprends. Voyez-vous, il y en a qui se refusent d’être des militants, ils sont tout le temps à la recherche de privilèges, ou se positionner devant tout le monde. Un front a été formé par une partie de l’opposition (Démocrates, DUD et autres), mais il semble qu’ils étaient venus ensemble et certains avaient pour slogan : « Si ce n’est pas moi, alors je vais me retirer ». Le problème c’est qu’il y avait des gens qui n’étaient dans aucune formation politique alors que d’autres qui se battaient à l’intérieur voulaient être aussi quelque chose. Souvenez-vous de la présidentielle de 2016 avec les FCBE où Yayi avait débarqué Lionnel Zinsou qui n’était dans aucune formation politique.
Ici également les plus en vue aujourd’hui c’est Rékya Madougou, Joël Aïvo. Tous ceux-là sont allés pour chercher de place auprès des gens avec qui ils ne militaient pas au quotidien ? Ils ne sont pas membres des partis sollicités. Donc les autres aussi se disent qu’ils ne peuvent pas souffrir seuls et quelqu’un d’autre viendra leur chiper leur place. Alors c’est normal qu’on s’attende à un éclatement. Si en 2016 il n’a pas pu y avoir des candidats à l’intérieur des FCBE on a quand même vu un désintéressement, et c’est ici presque la même chose. Donc les FCBE s’en sont bien sortis avec un candidat qui sûrement va faire un bon score, mais à côté des Démocrates et du reste, ils sont sortis fragilisés. L’opposition du Bénin en face de la mouvance a plusieurs candidats, donc elle sort fragilisée.

A qui avez-vous remis votre parrainage ?
Le parrainage est une question très confidentielle et je ne peux pas divulguer à qui je l’ai donné. Parce que vous pouvez créer à l’intérieur de vos relations politiques des dédains et les gens vont se dire : « Pourquoi il donne son parrainage à telle personne et pourquoi pas à moi ? » Il y a trop de questions à ce sujet. Raison pour laquelle après le vote du code électoral, il y a eu plusieurs débats. Des gens ont même demandé que le parrainage soit anonyme et électronique et nous avons estimé que ce n’est pas bon. Mais sachez que je n’ai pas parrainé le Chef de l’Etat. Le parrainage ne veut pas dire que vous avez fait l’option d’un candidat, mais il faut qu’il y ait compétition, c’est la raison d’être du parrainage. C’est comme s’il y a. On n’a pas enfermé les parrainages.

Vous voulez dire que le Bloc Républicain (BR) n’avait pas pris votre parrainage ?
Non pourquoi il va prendre mon parrainage ? Si non je vais le lui donner comment ?

Mais Rékya Madougou a déclaré que les parrainages sont bloqués ? L’Honorable Affo Obo aussi a déclaré que son parrainage a été remis aux mains des responsables de son parti
Pour comprendre cette histoire de gestion de parrainage, il faut avant tout, accorder de l’importance à la dimension des organisations humaines et politiques. Rékya Madougou et Souwi évoquent cette question comme si les membres d’une organisation politique n’ont aucun droit de se concerter pour harmoniser leurs réactions face à une situation.
En adhérent à un Parti politique, vous avez décidé de gérer ensemble avec tous les autres membres, tous les compartiments de votre vie politique. Chaque question politique que vous abordez se déroule et se gère selon une discipline et un ordre défini de commun accord et consigné clairement ou sous-entendus dans ses des textes fondamentaux. C’est dire que même vos droits, libertés, responsabilités publiques, avantages sociaux etc, doivent s’harmoniser désormais, au sein du Parti, avec ceux des autres.
L’attitude du Député SOUWI n’est sensationnelle que parce qu’elle méconnait ces considérations militantes et trahit son Parti. Surtout, elle cache mal une action préméditée et ingénieusement bien orchestrée par certains milieux et certaines personnalités. Il est un fusil qui ne doit pas réfléchir on l’actionne méthodiquement.

Pourquoi attend-il que les dépôts de candidature soient terminés avant de commencer des déballages contre son Parti ?
Sinon, quel est ce sens de responsabilité qui consiste lui-même à dire qu’il a retiré lui-même son titre de parrainage et rouler dans sa voiture pour déposer au siège du Parti après l’avoir signé ? Il ne peut pas ignorer que son chèque signé à blanc et remis à autrui, le fonde à faire tirer les sous par celui qui parvient à inscrire son nom comme bénéficiaire !!! Il n’a pas refusé de remettre, et personne ne l’a menacé de le faire, mais il l’a amené au nom de sa liberté. Cette démarche est sans aucun doute quelque chose convenu au sein du Parti pour que les actions se mènent de façon concertée. Si cela ne devait pas être ainsi, alors un Parti n’a aucune raison d’être. La politique pour certains est un marché qui s’ouvre à chaque occasion, à chaque événement. Le problème est qu’ici, le système a changé et pour ce type de politicien, il faut nécessairement contourner ces malades qui veulent être Présidents sans leur donner de l’argent. Leur titre politique est à vendre.
Mais à qui voulez-vous expliquer tout cela ; il n’a pas de parcours intellectuel et peut même s’excuser demain de ne rien comprendre. La politique et le militantisme pour lui se résument à des meetings où on partage de l’argent. J’ai toujours eu à faire à l’Honorable SOUWI depuis l’Alliance ABT. Son l’instabilité politique est déconcertante. Il vient d’en donner la preuve. Pour ce seul type d’homme politique, on devait introduire des réformes visant à limiter pour l’Assemblée Nationale aussi, certaines catégories de citoyens.
Concernant Rékya MADOUGOU, les faits me donnent raison d’avoir dit à des amis, qu’elle venait pour ne pas aller aux élections, mais qu’elle a un schéma tactique inquiétant. La bande se déroule et il faut attendre encore pour qu’elle vide complètement son sac. Il est évident que SOUWI fait partie de sa troupe sur le volet parrainage.
Je vous l’avais dit. En Afrique quand certains ont des problèmes à pour gagner une élection, ils envisagent les schémas de remise en cause des fondements de l’Etat, et n’hésitent pas à faire recours à des voies de violence (mercenaires, subversions etc.). Nous sommes prêts à y faire face ; ils devraient déjà s’en rendre compte.
Je n’ai pas de scrupule pour avoir participé aux concertations sur le parrainage au sein de mon Parti. Pour ce genre de débat, il y a des instances indiquées pour l’organiser.

Et celui à qui vous avez remis votre parrainage, cela signifie que vous n’allez pas en campagne avec lui ?
Je peux parrainer quelqu’un qui n’est pas mon candidat, tout juste parce que je veux favoriser la compétition. Même le Président de la CENA était monté au créneau pour le dire. Parrainage ne veut pas dire soutien. Dans d’autres pays, ils disent simplement réunissez tel nombre de signatures pour que vous puissiez aller aux élections. Donc cela ne veut pas dire que celui qui a signé pour que vous alliez aux élections a signé son soutien. Le soutien c’est autre chose, le vote c’est autre chose.

Il y a un an vous avez appelé Patrice Talon à se représenter et effectivement il est candidat. Etes-vous soulagé ?
Oui je suis soulagé parce que j’avais souhaité cela dans les colonnes de votre journal. Je l’avais souhaité au regard de la proximité qu’il a avec le Président Bio Tchané et ils étaient tous les deux satisfaits de ce que le Président Talon faisait. Je priais déjà par ailleurs, pour que l’éventualité de la candidature de Bio Tchané puisse être réelle si le Président Talon ne se présentait pas. Mais je le trouvais tout à fait méritant et s’il est candidat aujourd’hui, c’est une bonne chose que j’ai prévue.

A l’époque, certains vous ont accusé d’être allé trop vite en besogne par rapport à votre leader. Et aujourd’hui, est-ce que ce que vous avez appelé s’est réalisé ?
Je pense que ce que j’ai appelé s’est réalisé. J’étais un peu objectif dans ce que je disais parce que je ne suis pas loin de ce couple et je voyais comment le travail se faisait. Je n’évoquais pas sa candidature contre Bio Tchané à l’époque. Mais j’évoquais la confiance que je voyais dans leur relation. Donc si l’un d’entre eux doit être candidat, l’autre ne le sera pas parce qu’ils ne vont pas s’affronter pour donner la chance à quelqu’un d’autre. J’ai vu ça dans leur attitude à tous les deux. Le Président Talon n’était lui-même pas sûr d’être là, mais nous disons qu’il a fait tellement de bon travail qu’il lui faut un second mandat. Nos réformes en ont besoin.
Pour moi, Bio Tchané est le candidat le plus sûr après lui, parce que ce serait la continuité de ce qu’il est en train de faire. Et ce serait l’homme le plus conséquent dans les réformes que nous avons engagées. Il allait les continuer sans les saccager. Imaginez-vous aujourd’hui qu’une Rékya Madougou gagne les élections. Les réformes que nous avons engagées seraient remises en cause parce qu’ils sont contre. Je crois que quelque part, j’ai eu raison de l’avoir prédit, de l’avoir lu très tôt, pas que j’étais sûr que Talon allait être candidat, mais parce que je croyais, j’invoquais une logique des choses que je voyais venir.

Quelles sont les chances selon vous pour que le président Patrice Talon remporte les élections présidentielles dans votre circonscription ?
Je crois que ce ne serait pas seulement dans ma circonscription, mais dans tout le pays. Cette élection sera un plébiscite.

Parce qu’il aurait fait un KO ?
A mon avis, le KO est sûr. Le KO n’est pas discutable dans la mesure où de tous ceux que j’ai vus déposer leur dossier à la CENA, je ne vois pas un candidat de taille, quelqu’un qui a la trempe de jouer le jeu face à Talon.

Même celui à qui vous avez remis votre parrainage ?
Je vous ai dit que j’ai donné le parrainage pour qu’il puisse compétir. Ce n’est pas autre chose. Donc, je ne vois pas quelqu’un qui peut tenir devant lui. Vous savez, même parmi les candidatures, je veux que vous reteniez qu’il y a trois catégories : Première catégorie, c’est ceux qui vont à cette élection pour vraiment y aller. Leur dossier est complet.
Deuxième catégorie, c’est ceux qui sont allés déposer leur candidature pour ne pas aller à la fin. je place ceux qui ont fait un travail préparatoire, et vont déposer leur dossier sans une pièce fondamentale qu’ils se refusent à produire. Par exemple il va déposer son dossier et laisse de côté le parrainage. C’est qu’en allant, il s’élimine déjà simplement avec sa déclaration d’entrée,
Troisième catégorie, c’est ceux que j’appelle les candidats farfelus. Des gens qui ont juste choisi de venir à la CENA déposer quelque chose et sait lui-même que c’est pour amuser la galerie (il n’a même pas de colistier, n’a que son acte de naissance etc). C’est pour que vos caméras le montrent afin qu’on se souvienne de lui. C’est des gens qui veulent toujours faire du sensationnel. Ça ne manque jamais. Ce n’est pas mauvais en soi parce que je pense que ça fait partie de ce que le Président de la République a appelé une élection festive. C’est la fête qui a déjà commencé comme ça avec les comédiens qui sortent pour amuser la galerie. Nous en rions et c’est déjà quelque chose.

Honorable, un KO à 70% des suffrages ?
Ce n’est pas impossible, mais je crois qu’il va dépasser largement les 50%. C’est mon candidat et je crois en lui.
Le chef de l’Etat est candidat, il n’est membre d’aucun parti, mais il est porté par cinq ou six partis et tout comme lui, bien d’autres candidats sérieux sans parti ont aussi déposé leur dossier. N’est-ce pas un échec de la réforme du système partisan ?
D’abord, je vais vous dire : il faut relire les lois. Quand on va à une élection, ces les lois qu’on applique. C’est le code électoral, et la constitution. Nulle part il n’est écrit que si vous devez être candidat, vous devez être nécessairement membre d’un parti politique. La charte des partis vise à amener le jeu politique entre les partis politiques. Elle encourage à faire de grands regroupements pour que nous puissions avoir le contrôle du pouvoir. C’est souhaitable donc que des partis politiques se réunissent pour choisir un candidat. A l’étape où nous sommes, c’est ce que nous encourageons. Mais la candidature n’est soumise qu’à des parrainages. C’est le seul soutien politique qui est exigé dans le dossier de candidature. C’est la seule chose qu’on vous oblige à avoir. Si on disait qu’il faut militer dans le parti et qu’à l’arrivée, le parti décide d’adouber quelqu’un d’autre que ses militants, c’est sa responsabilité. Mais, nous voulons savoir que les partis politiques se sont réunis pour investir quelqu’un. Ça, c’est important. Vous savez, il y a ce qu’on appelle les membres actifs, les membres d’honneur etc. dans un parti. Par exemple, est-ce que le président Yayi Boni est un militant actif du parti Les Démocrates ? Non, il est membre d’honneur. On peut l’investir demain comme on peut investir Réckya Madougou comme elle est venue. Si on doit dire qu’il faut nécessairement être membre d’un parti politique, c’est sûr qu’on va vous demander de fournir votre carte de membre et un certain nombre de choses. A l’étape où nous sommes dans la démocratie béninoise, si on exige les histoires de carte de membre du parti, je crois que tout le monde peut l’avoir. L’adhésion est libre et une fois qu’on adhère, on peut avoir sa carte. Donc, il n’y a aucune contradiction dans ce qui s’est passé. Vous êtes tous au courant que le chef de l’Etat était venu nous voir au BR lors d’une réunion du bureau politique élargie. Il disait le jour-là : « Je suis membre de ce parti. » Que ce soit de bonne ou de mauvaise foi, nous, nous le considérons comme un membre d’honneur du parti. Donc qu’on dise que nous avons investi un membre d’honneur du parti parce qu’au BR, on l’a investi et qu’un autre parti l’a choisi ou a soutenu sa candidature, le problème ne se pose pas. L’essentiel est qu’il est le candidat principal du BR et qu’on a été le premier à l’investir. Si vous avez bien suivi les déclarations lors de la rencontre de notre bureau politique, vous le saurez.

Oui, mais l’UP aussi l’a choisi, Moele Bénin avant vous…
Vous voyez à quel moment le président Talon est allé à Moele Bénin. Ça, c’est des soutiens. Moele Bénin a bien dit qu’il soutient la candidature du chef de l’Etat mais nous, on l’a investi.

Comment le BR entend-t-il occuper le terrain pour une campagne électorale digne du nom pour son candidat ?
Je crois que c’est une question qui est un peu précoce. Le président Talon est le candidat. C’est lui qui va aux élections, ce n’est pas le BR qui va aux élections. Donc, il lui revient de déterminer comment ceux qui le soutiennent travailleront. Puisque même l’investiture est un soutien.

Vous avez déjà vos arguments pour convaincre le peuple. Comment ça va se passer ?
Tout ce que vous dites là revient au candidat. C’est à lui de lever l’ancre et nous, nous allons le suivre. Ce serait hypocrite de dire que le candidat Talon ne connait pas le milieu politique et faire certaines choses à sa place. Ce ne serait même pas responsable de notre part. Donc, nous allons à cette élection, mais c’est lui qui doit définir le plan de bataille. C’est le plan de bataille qui va définir comment chacun va se comporter. Au niveau du BR, nous avons déjà dit que nous allons le soutenir en tant que BR. Nous serons organisés dans nos structures pour porter sa candidature. Vous devez savoir que le BR est en train d’installer ses structures de base dans tout le pays pour faire face à cette élection. Les arguments seront élaborés de commun accord avec le candidat. Mais chacun de nous dans son Parti et son milieu élaborera son argumentaire en tenant compte de ce qui valorise notre candidat.

De manière spécifique, quels sont les critères qui ont milité en faveur du président Talon ?
Je crois que le critère le plus objectif, c’est le bilan. S’il n’avait pas un bon bilan, on n’en serait pas là.

Mais il n’a pratiquement rien fait à Copargo chez vous!
Je vous ai déjà dit il y a un an environ que le bilan était satisfaisant. Ce n’est pas à Copargo qu’il faut faire la comparaison, mais plutôt dans tout le Bénin. Mais à Copargo, chacun de nous a des dividendes qu’il peut comparer à d’autres. Comme vous insistez, je vous informe que nous avons bénéficié à Copargo d’un programme d’électrification rurale. Le projet ARCH a démarré par Copargo. C’est une commune qui fait partie des zones d’expérimentation du projet ARCH. Mais, on ne soutient pas quelqu’un pour ce qu’il a fait et a fini. C’est l’espoir, qu’on a dans la suite, qui est fondamental. Ce n’est pas une amitié avec le président Talon, ce n’est pas une camaraderie. On ne va pas en boite danser. On veut que nos populations bénéficient de ses actions et parmi les candidats qui se pointent, c’est le seul sur qui nous pouvons fonder notre espoir parce que je l’ai vu faire à côté de moi à Djougou, un peu partout. C’est un projet dénommé la route du coton. Aujourd’hui, tout le monde voit de très beaux stades de football même dans les villages. Que de voir cela fonde notre espoir qu’il pourra le faire chez nous demain.
Notre espoir est grand dans le domaine de l’eau car c’est sa priorité et nous l’avons vu faire ailleurs comme dans les collines. Vous savez, à Copargo, nous sommes dans une zone difficile, avec des montagnes. Nous sommes la source de l’Ouémé, mais nous n’avons pas assez d’eau. Quand on nous donne un forage, c’est qu’on a beaucoup fait. Quand ça arrive, nous ne le mettons pas au hasard, mais nous l’installons là où les populations en ont vraiment besoin. Donc nous espérons que s’il gagne, dans les cinq prochaines années et au vu de ce qu’il a fait ailleurs, notre tour viendra. Nous sommes absolument sûrs que notre tour viendra.

C’est à cause de ça que vous lui avez réservé un accueil triomphal lors de sa tournée dans la Donga ?
Vous savez, l’accueil du président Talon dans la Donga a deux faces. Nous n’avons pas eu beaucoup de réalisations et le président Talon peut témoigner que nous en avons eu moins que d’autres. Tout à l’heure quelqu’un m’a demandé ce qu’il a fait à Copargo. Mais c’est parce que nous voyons qu’il le fait ailleurs et que progressivement, ça va venir à nous. Prenez les villes comme Ouidah, Lokossa, Bohicon par exemple, ils ont eu beaucoup de réalisations. Moi je me suis dit que le premier mandat est pour les grandes villes. Notre tour, dans les communes, c’est pour bientôt. Mais l’accueil du Président Talon avait deux faces dans la Donga. N’oubliez pas que Bio Tchané lui-même qui le suit derrière est une attraction qui draine les foules. Donc déjà même de voir notre fils derrière lui, c’est l’assurance que cet homme ne peut être que pour nous. Et il est allé pour faire un bilan. Donc nous étions enthousiastes pour lui dire nous en voulons plus. « Ce que vous nous avez fait n’est pas insignifiant, mais il faut nous donner plus » et nous avons pris notre fils qui nous a amenés à lui comme témoin et chacun de nous voulait lui prouver cela. Je crois qu’à Bassila, à Ouaké, à Copargo, et à Djougou, il y a eu des mobilisations exceptionnelles pour lui dire : « Nous sommes d’accord avec ce qu’il fait, mais voici nos espoirs » et dire à Bio Tchané que nous le prenons comme témoin derrière lui. « Nous avons fait tout ça parce que tu nous as rassurés. » Vous allez voir que pendant le mandat des cinq ans, là où on a fait le moins de bruits pour revendiquer, c’est dans la Donga, dans tout le Bénin, moins de bruits, moins de protestations, moins de démarches même en direction du pouvoir, en direction du Président Talon c’est dans la Donga, parce que nous faisions confiance à ces deux-là et j’espère que dans le mandat prochain cette alliance-là va nous servir. Ce n’est pas parce que nous soutenons de façon inconditionnelle et dure que nous n’allons rien avoir.

On dit quand on a quelqu’un sur le pommier, on mange des pommes mûres.
C’est un adage qui est exact et même il faut élever le singe pour qu’il grimpe. Nous pensons que la présence de Bio Tchané est rassurante.

L’exécutif fonce dans l’organisation des élections présidentielles sans satisfaire les exigences de certains partis politiques et des recommandations de la société civile. Ne craignez-vous pas des échauffourées pendant les élections comme il y en a eu pendant les législatives ?
D’abord je vais dire qu’on ne peut jamais satisfaire tout le monde. Jamais ça ne peut arriver. Même quand tout le monde a déposé son dossier au complet, il y en a toujours qui vont sortir pour rechigner. Si on passe l’étape de la CENA, après ils peuvent dire que la CENA n’est pas équitable. Depuis toujours, ces contestations ne disent rien. Quels sont les critères qui n’ont pas été remplis ? Je crois qu’il faut le dire.

L’opposition demande par exemple la suppression du parrainage
Vous voyez, cela s’appelle des revendications qu’eux-mêmes ne croient pas qu’on peut satisfaire. Quelqu’un qui est exilé parce qu’on a exhibé un dossier financier fondé et qui prend la clé des champs parce qu’il ne veut pas aller devant la justice n’est pas un réfugié politique. Il faut faire une distinction. Est-ce qu’il y en a eu qui devrait être inquiété pour leurs déclarations politiques ? Moi j’estime qu’ils se sont exilés pour avoir une tactique de combat. C’est-à-dire se mettre à l’étranger pour titiller le gouvernement et tout, pour titiller le Président Talon, c’est tout. C’est leur stratégie. Mais il y en a qui sont restés et qui ont répondu de leurs actes. Antoine Dayori est de la mouvance. Il a fait beaucoup de mois de prison. Il y en a qui ne voudront pas répondre, mais pour moi, c’est une stratégie de combat politique. Exiger qu’ils reviennent, ils n’ont qu’à revenir. Les autres conditions à part le parrainage, ils ont demandé de retourner à l’ancienne constitution. C’est ça qui cache l’affaire des parrainages. Si quelqu’un dit d’enlever le parrainage, et retourner à l’ancienne constitution, c’est qu’il a la tête dans le Néolithique. Est-ce que c’est librement qu’ils ont choisi leur vice-président pour aller à la CENA ? C’est libre non ? Est-ce qu’il y a quelqu’un à qui on a passé la corde au cou pour faire ça ? Qui dans l’opposition n’a pas adhéré à cela ?

Honorable, la Cour Africaine des droits de l’Homme et des Peuples demande au gouvernement de surseoir à la constitution de 2019 et cela fait partie des revendications du parti Les Démocrates
Je suis un peu dubitatif sur ce que fait cette Cour. Elle semble dire : « il faut surseoir à l’application de votre constitution au Bénin. » Elle semble avoir donné délibérément aux opposants du Bénin, un instrument de déstabilisation de leur pays. Elle initie une aire nouvelle qui méprise la dimension souveraine des Etats, principe cher à l’Union Africaine dont elle relève. Les membres de la Cour savent bien qu’ils n’ont aucun moyen de coercition face aux Etats et que l’UA à travers sa commission a des meilleures voies. On nous dira qu’ils ont dit le droit, alors qu’on sait réellement comment ces choses se passent. La Cour qui relève de l’UA, se décrédibilise. Il y a ingérence, c’est une ingérence grave qui peut appeler à sa réforme dans la mesure où elle met à mal les fondements de l’Association dont elle dépend. C’est une inconséquence, pour moi. C’est un des jugements de cours qui peuvent amener demain tout le monde à se désolidariser des Cours. Vous avez vu l’affaire de Cour pénale internationale, vous avez vu combien de pays veulent quitter ? Nous cherchons la justice, mais nous ne cherchons pas l’acharnement. Si c’est ainsi alors, tous les opposants de tous les pays vont aller à cette Cour-là pour demander de faire de même. Nous allons finir les élections demain cette Cour va dire que les élections ne sont pas valables. Quid du Président élu ? Elle crée une tension. Et aujourd’hui, sa décision a donné droit à des opposants de dire que c’est sur cette ancienne constitution qu’on doit aller aux élections. Où est-ce que cela se passe ? Et elle prend une décision là-bas à Arusha et puis bon, elle n’a pas d’organe d’exécution de sa décision. Qui va venir opposer ça au Bénin ici ? On va parler, mais on ne peut pas être sanctionné si on ne le fait pas. On va dire de ne pas aller à l’Union Africaine ? Vous avez vu l’Union Africaine elle-même refuser une seule réunion au Bénin ? Non, il y a des décisions inconséquentes.

Honorable, le Président sortant a prêté serment le 6 avril 2016, son mandat finit quand ?
Quel président sortant ? En principe son mandat finit à la date du serment.

C’est quoi en principe ?
Oui, mais, notre pays décide à l’issue des réformes de regrouper les élections. Ce sur quoi nous sommes tous unanimes y compris l’opposition. Nous ne pouvons pas faire des élections chaque année. Si vous prenez le calendrier de nos élections dans vingt ans, nous serons en train de faire trois élections sous un mandat de cinq ans. Nous perdons notre argent, nous perdons notre temps. Mais autant nous voulons réduire nos formations politiques, autant nous voulons regrouper les élections. Si vous regroupez les élections, vous devez calculer les délais de telle manière qu’ils puissent se conformer à la fin des mandats. Mais nous ne pouvons jamais l’avoir si nous ne réajustons pas les dates des élections. On a réduit la durée de la mandature des députés qui vont être élus en 2023 à trois ans.

Là-dessus vous avez légiféré pour l’avenir
A partir du moment où on a fixé la date d’élection des députés pour coïncider avec la fin des mandats aussi des communales, il faut réaligner donc l’autre élection. De façon à avoir ces trois élections le même jour, on ne peut le réussir que si celui du Président de la République finit dans les mêmes conditions. C’est ce qui a fait que les élections présidentielles ont été décalées de 45 jours. Je pense que pour 45 jours, on ne peut pas faire la guerre dans ce pays. Cela fait partie des choses que nous devons admettre quand nous avons décidé de faire la réforme. C’est une contrainte technique qu’imposent les lois du pays. Et si nous devons aligner, nous sommes obligés de faire comme ça.

Théodore Holo dit qu’on peut revenir sur ça…
Vous savez, il y a des techniciens du droit qui regardent les choses du point de vue du droit. Et ils ne veulent rien entendre. On ne va pas tout le temps rester statiques. On n’aurait jamais révisé la constitution si on écoutait les constitutionnalistes. Vous le savez bien. Chacun va sortir une partie du préambule pour vous dire qu’à cause de cela, vous ne pouvez pas réviser. Non. Nous sommes un peuple. Nous ne sommes pas des agents de droit. En droit, quand on prend une décision, même quand elle est préjudiciable pour tout le monde, le constitutionnaliste dit c’est ce que dit la loi. Quel est le fondement de la loi? Nous sommes tous d’accord que c’est pour assurer le bonheur des populations. C’est pour régler des problèmes sociaux. Mais si on en vient à être confronté à des problèmes insolubles, difficiles, c’est la politique qui intervient. Il y a là, une décision politique. Et cette décision n’est pas constitutionnalisée.

Mais, il n’y a pas eu l’unanimité….
La politique ne se fait pas à l’unanimité. La preuve, un président élu à 51% est le Président de tout le monde, non ? Nous sommes tous élus de façon partielle par rapport à l’électorat.

Une certaine frange de l’opinion supporte mal que le mandat dépasse le 6 avril… Vous ne craignez rien ?
Non je ne crains rien. On peut dénoncer. Mais on ne peut pas contester le bien-fondé. Si Holo dit qu’on peut écrire ça dans le cadre d’une loi, si c’est nécessaire, il reviendra à l’Assemblée nationale de s’y pencher. Mais, il n’est pas le seul juriste. D’autres sont là et nous disent qui soutiennent autre chose. Si le relais fait qu’on doit prendre la loi pour changer, on va la prendre.

Seriez-vous prêts ?
Moi je veux qu’on regroupe les élections. Donc je dois être prêt. Si demain on nous dit de revenir corriger, on y sera. Nous voulons que notre réforme réussisse. Il ne faut pas mettre de tabou sur les textes. Sinon, nous n’allons pas évoluer. Nous devons mettre nos textes au pas par rapport à nos aspirations. On a dit ici qu’on a annulé le droit de grève. Vous savez qu’il y en a qui ne sont pas contents. Mais en réalité, on n’a pas enlevé le droit de grève, mais on l’a contingenté. On doit contingenter. Car si nous laissons la liberté sans la contenir, elle va nous amener à un désordre pur. On a fait le multipartisme intégral sans contenir et contrôler les conditions pour être parti politique. On a fait une première charte qu’on a vue incapable de régler le problème. On a dû corser. Aujourd’hui, le nombre de partis politiques est réduit à 9. Peut-être qu’on sera à 10. Mais on ne sera plus à 200. La réforme ne veut pas dire qu’on ferme à un citoyen qui n’a pas de parti politique la possibilité d’être Président. C’est une réforme intelligente. Elle dit que ce citoyen doit rechercher le parrainage de 16 élus (député comme maire). C’est un premier test. S’il y a des problèmes, nous y reviendrons. Parce que si nous voulons un résultat, nous devons l’améliorer. Moi je ne dis pas que les lois qui sont là actuellement sont intangibles. Des imperfections, il y en aura et il faut les corriger. Par exemple, j’ai vu des candidatures qui, franchement, ne devraient pas venir. Ce sont ces genres de choses que nous voulons éviter. Mais nous n’avons pas réussi à les endiguer dans cette loi. J’ai appris qu’un de ceux qui ont déposé leur dossier n’a déposé que son acte de naissance. C’est de la fantaisie qu’on n’a pas pu être arrêtée à la porte avec cette loi. Il faut corriger alors.

Quel sera selon vous le chantier prioritaire du prochain président de la République ?
Si mon candidat est élu, c’est qu’il sera dans la continuité. Il est clair qu’il a des priorités aujourd’hui qui ne vont pas changer. Par exemple, la question de l’électricité est une priorité pour nous tous. Dans ce domaine aujourd’hui, on nous dit qu’on a des capacités élevées. Mais nos installations sont vétustes. Il faut donc achever la modernisation du réseau de distribution d’électricité. Sinon, nous allons fournir de l’énergie que nous n’allons pas utiliser à bon escient. Mais il y a celui de la vie, de l’eau. On est à près à 70% de la couverture en besoin d’eau potable dans le pays. Je pense qu’il ne faut pas changer les priorités : les 30% qui restent. Moi dans ma commune on n’a pas l’eau dans le centre urbain. On doit conduire l’eau depuis une autre commune et l’amener là-bas et distribuer dans les villages. Nous avons des forages et vous le savez, on ne sait pas quand ça va sécher. Parce que personne ne connait le volume d’eau que vous avez en bas. Même l’eau courante qui existe dans ma commune vient d’un forage qui est séché. Donc il faut que le problème d’eau demeure le problème fondamental à résoudre.

Certains pensent qu’au retour de Patrice Talon, la lutte contre la corruption va prendre un taux d’accélérateur surtout qu’il a eu à faire des grandes dénonciations sur la centrale de Maria-Gléta qui n’a pas donné de courant, et des dénonciations sur la mauvaise gouvernance du chantier de l’Assemblée Nationale, etc.
Oui. Vous savez, ce que j’ai observé pendant les cinq ans, c’est que le Président ne s’est pas trop intéressé aux malversations qu’il y avait eu sous le régime passé, il ne s’est pas appesanti là-dessus. Mais il y a des cas qu’il a pris pour illustrer et montrer la différence dans la gestion. « Maria-Gléta a coûté plus de 40 milliards sans avoir allumé une ampoule ». Aujourd’hui il a fait une autre centrale à côté qui nous a permis d’approcher plus de la moitié de notre besoin. Ce sont des exemples de mauvaise gestion, mais il a illustré des exemples pour montrer comment nous investissions de l’argent pour rien, parce que nous ne gérons pas ça en toute responsabilité. Il ne peut pas avoir dit ça et revenir lui-même faire une gestion qui ressemble à ça. C’est une manière de dire : « Avec moi ça n’arrivera pas. ». Et gérer de façon plus responsable dans nos Etats, c’est lutter contre la corruption et aujourd’hui il y a une chose qu’il faut reconnaitre dans ce gouvernement, je ne suis pas en train de faire le bilan, mais tout le monde a peur de toucher l’argent de l’Etat dans ce pays maintenant. Moi j’étais membre d’un conseil d’administration, j’avais des droits. Quand je suis arrivé, on m’a dit : « Tu as droit à ça ». Et j’ai dit : « Le droit ne m’en parlez pas. Je veux travailler sans rien avoir, parce que pour avoir pris trois cent mille pour fêter Tabaski, j’ai eu des amis qui ont été incarcérés ». Au moins, la peur m’a envahi le jour-là, et m’a fait comprendre qu’il y a quelque chose qui est différent d’avant. Et le fait que certains criaient et dénonçaient, je pense que c’était d’avoir une Cour pour prendre des cas en charge. L’intention était bonne de dire qu’il faut créer une Cour spéciale pour connaitre un certain nombre de dossiers qui ont besoin parfois d’être accélérés. Aujourd’hui, nous tous on crie CRIET.

Merci Honorable, quel est votre mot de fin?
Mon mot de fin c’est d’abord de dire ma satisfaction de venir ici témoigner de ce que je vois dans ce pays comme un progrès décisif et une adhésion à des reformes qui visent le progrès pour le pays. C’est également un appel que je vais lancer à tous, d’abord à mes collègues de la classe politique, pour que nous prenions conscience que les réformes sont des choses qui marchent si vous marchez. Chaque fois que vous posez un pas, c’est un défi pour le second pas. Nous devons nous mettre cela en tête pour au moins faire aboutir les réformes. Si le président Talon doit rester, c’est parce que nous avons tous reconnu que ces réformes ne sont pas arrivées à leur terme.. Donc nous devons nous y mettre pour pouvoir parachever ces réformes et comprendre que le Président Talon n’est qu’un passant au-dessus de nos institutions. D’autres Présidents viendront et c’est ce qui va rester qui serait important. Ce sont les bases solides de démocratie telles que c’est posé dans les pays de grande démocratie.
Mais je vais dire à l’opinion publique que la démocratie ne veut pas dire la non-contingence. Vous avez vu, les Etats-Unis ont fait un vote populaire et après on compte le vote des grands électeurs, ainsi de suite. Chacun définit ses normes acceptables. Nous ne devons pas tout importer, nous devons tout bâtir de chez nous ici pour que notre pays se développe.
A la population je vais dire que dans quelques jours nous irons choisir encore le Président de la République. Moi je souhaite que le mien gagne au premier tour, mais c’est d’abord la participation massive, festive que je souhaite. Et je lance un appel parce que c’est notre pays. Il ne faut pas regarder ce qui se passe ailleurs pour gâter ce qui y a chez nous et il ne faut pas qu’on importe des choses qui vont gâter ce que nous avons chez nous. Nous devons défendre notre patrie et c’est le devoir de chacun de nous de défendre la patrie, de faire l’effort pour que notre pays ne rentre pas dans des conflits, que nous ne voyions plus jamais ce qui s’est passé en 2019 dans le pays. Et que les élections se déroulent dans la paix et la concorde. Voilà ce que j’ai à dire.

Carte d’identité: Le militantisme chevillé au corps

Assan Séibou, est né vers 1967 à Copargo dans l’actuel département de la Donga. Très tôt orphelin, le jeune Assan effectue à Copargo ses études primaires et secondaires sanctionnées par le CEPE, le BEPC respectivement en 1977 et 1981. A l’Université nationale du Bénin (UNB), qu’il rejoint après l’obtention de son baccalauréat en 1984, il se dirige vers les sciences économiques, option gestion des entreprises et en obtient une maitrise en 1991. Son parcours scolaire et universitaire est aussi un parcours militant qui s’exprime dans les nombreux mouvements associatifs dont il fait souvent partie des géniteurs. Membre fondateur de l’Association des élèves de Copargo devenue après Association des élèves et étudiants de Copargo alors qu’il est au cycle primaire, Assan Séibou est, en 1991, le père fondateur du Front des élèves et diplômés sans emplois pour le développement du nord (FREDEN) à la tête duquel il fait deux mandats. Ce creuset continue d’exister d’ailleurs, à la grande satisfaction de son géniteur qui en parle avec une fierté à peine voilée. Jamais las lorsqu’il s’agit de donner un peu de soi, d’investir de sa personne, Assan Séibou dont on peut dire qu’il a le militantisme chevillé au corps, est aussi actif dans plusieurs autres associations et groupes durant son parcours à l’UNB. Il finit même par être, trois ans durant, président de l‘Organe consultatif de la jeunesse du Bénin. Ce poste lui ouvrira les portes de la Conférence économique nationale. Au début des années « 90 », sa maîtrise en poche, Assan Séibou qui a une vision très claire de son avenir choisit de se lancer dans les affaires. Bien décidé à ne donner du « patron » à personne, il se lance dans le monde des affaires. « Je suis rentré dans la vie des affaires. Je n’ai pas voulu être un fonctionnaire, ni un salarié. Je voulais être mon propre employeur», se rappelle-t-il, martelant à l’envi son aversion à être employé par un tiers. Ses premières pérégrinations dans le monde du business le conduisent dans le secteur portuaire, précisément dans la gestion de certains espaces portuaires. Dans ce monde, le natif de Copargo, dont les traits fins trahissent les origines sahéliennes, jouit de la confiance de grands groupes. Il a été pendant treize ans, conseiller assistant d’un groupe d’hommes d’affaires. A l’aise dans ce milieu, il développe ses propres affaires, tout en poursuivant plusieurs formations qui rallongent et enrichissent son curriculum vitae. En plus de sa maîtrise en sciences économiques, option gestion des entreprises, il devient titulaire d’un Master II en Droit pénal de l’université de Parakou. La spécialisation est quelque chose qui lui tient à cœur et Assan Séibou ne rate pas les occasions qui s’offrent à lui de se spécialiser. C’est ainsi qu’il suit en 1993 une formation des experts en entreprenariat avec la CONFEJES, devenant ainsi le « premier expert du Projet entreprenariat des jeunes (PEJ) du Ministère de la jeunesse. En 1999, la politique lui ouvre les bras par la grande porte : la députation. Elu député à seulement trente-deux ans sous la bannière du Mouvement africain pour le développement et le progrès (MADEP), dont il était le vice-président, Assan Séibou est réélu en 2003. Au cours de ses deux mandats, celui qui se définit comme un homme politique plutôt qu’un politicien s’enrichit d’une expérience sous régionale à partir de l’année 2000. L’expérience l’a marqué et il en parle avec délectation. « J’ai été élu par le parlement béninois au parlement de la CEDEAO en 2000. J’ai occupé plusieurs postes au parlement de la CEDEAO. J’ai été Secrétaire parlementaire, rapporteur de commission et j’ai fini vice-président jusqu’en 2010 ». Responsabilisé « pour beaucoup de choses », Assan Séibou se découvre une véritable passion pour la relecture des textes de la CEDEAO. Pour cette même institution, il n’a eu de cesse d’observer les élections. Militant actif et poids lourd de l’alliance ABT qui a œuvré pour la victoire du président Patrice Talon, Assan Séibou a été nommé dès mais 2017 Directeur Général du Centre de Partenariat et d’expertise pour le développement (CePED), une structure du Ministère du plan et du développement. Membre fondateur et membre du Bureau Exécutif National du Bloc Républicain, il est élu député depuis 2019, suppléant du Ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané.

Intimité: Amoureux de la simplicité

L’Honorable Assan Séibou est marié et père de quatre enfants. Musulman pratiquant, l’homme qui a été polygame par le passé, vit avec une seule femme aujourd’hui. Attiré chez la femme par la simplicité, l’attention qu’elle peut lui porter et surtout son sourire, Assan Séibou a su trouver en celle qui partage sa vie, la somme de toutes ces qualités. Originaire du sud Bénin, cette dernière est celle qui sait lui concocter les plats qu’il aime : la pâte de riz qu’il adore, l’igname pilée qu’il aime déguster quand elle est servie avec une sauce crincrin ou gombo, garnie de viande de poulet. L’alcool n’a pas de droit de cité chez le député. Il lui préfère l’eau minérale. Grand amateur de cinéma et de lecture, celui qui jadis pratiquait le football ne se consacre plus qu’au sport d’entretien, histoire de se maintenir en forme.

LA REDACTION

Fadel KABASSI, Président de l’ONG Cap Equi Libre dans «Sous L’Arbre à Palabre»: «La Rupture a changé l’état d’esprit des populations»

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Fadel KABASSI

Maintenir le cap en se mettant pleinement au service de la communauté. Telle est l’idéologie de l’Ong Cap Equi Libre ancrée dans le dynamisme, l’équité et la liberté. Son président Fadel Kabassi, a choisi le canal de la rubrique « Sous l’Arbre à Palabre » de L’Evénement Précis pour revenir sur les objectifs de cette organisation non gouvernementale, ses domaines d’intervention ainsi que ses activités dont la plus célèbre est « La Dictée du Président ». Le jeune acteur politique s’est également prononcé sur la gouvernance du Président Patrice Talon. Lisez plutôt…

Et si on en parlait

Que signifie Cap Equi libre ?
Comme vous pouvez le constater, il y a Cap, Equi et libre. Cap pour faire allusion à l’orientation, la direction ou la dynamique que nous prônons, Equi pour faire appel au principe d’équité ou d’équilibre et libre pour faire référence à la liberté. Il y a un attelage de l’esprit saint dans un corps sain qui permet aux uns et aux autres d’être en équilibre et de se sentir en pleine capacité d’aller de l’avant dans tous les domaines de leur vie. Comme on le dit souvent, la santé avant toute chose ; et c’est à la fois la santé physique et mentale. C’est dans ce sens que nous avons pensé dénommer notre Ong Cap Equi Libre qui, jusqu’ici, essaie de maintenir le cap en se mettant pleinement au service de la communauté.

Quels sont vos domaines d’intervention ?
Nous avons quatre (4) domaines d’intervention : la solidarité sociale, la formation et l’emploi, l’éducation et les loisirs, puis enfin, les arts et la culture. Nous avons pour slogan : « Au service de la communauté ».

L’une des activités phares de l’Ong c’est le concours « La Dictée du Président ». Parlez-nous un peu de ce concours.
Face à ce que nous savons de la qualité de plus en plus inquiétante de la langue française au niveau primaire, on s’est alors demandé ce qu’il faut faire pour aider le gouvernement et l’Etat à corriger cela. Pour que nos jeunes enfants et écoliers puissent donner le meilleur d’eux-mêmes, il faut les mettre en compétition. Les enfants d’aujourd’hui sont les dirigeants de demain.
La Dictée du Président est donc un concours national de dictées destiné aux écoliers du primaire. Il est séquencé en trois (3) étapes : communale, départementale et nationale pour la phase finale. L’originalité de notre concours réside dans le fait que les textes de dictées sont lus aux enfants par les autorités elles-mêmes.

Aurions-nous une autre phase finale après le départ du Président actuel ?
Oui. Nous avons créé cet événement pas seulement pour le Président qui est actuellement là, mais pour tous les Présidents qui vont diriger ce pays. Il est vrai que l’événement porte le nom du Président, mais, avoir eu le Ministre d’Etat Abdoulaye Bio-Tchané à nos côtés à la dernière phase finale était un très grand honneur pour nous. Nous en sommes très heureux et fiers. Nous espérons que pour la phase finale de la deuxième édition, le prochain Président fera la lecture.

Quel bilan peut-on faire des actions de l’Ong Cap Equi Libre ?
Nous avons quatre (4) domaines d’intervention et des activités pour chaque domaine. Mise à part notre activité phare, nous avons aussi les jeux Téracom. C’est à la fois une coupe du monde, des olympiades et des Jeux olympiques. Olympiades parce que nous avons des jeux intellectuels tels que : la dictée, le scrabble, le sudoku, awalé, des chiffres et des lettres, les mots dits et autres. Olympiques parce que nous avons plusieurs disciplines sportives telles que : l’athlétisme, la lutte traditionnelle, le saut en hauteur, le football, le basketball et le handball. Coupe du monde parce qu’en matière de football, nous avons trente-deux (32) équipes. La phase finale de notre coupe du monde à nous se tient au stade municipal de Parakou pour une durée de six semaines. La phase éliminatoire part du mois de janvier à juin. Des matchs se jouent dans chaque arrondissement et à la fin, nous sélectionnons les vingt (20) meilleurs de Parakou. Les arrondissements sont pris comme des continents. En plus des vingt (20), nous avons les deux (2) finalistes de l’édition précédente et les dix (10) autres équipes viennent des différentes communes. L’équipe vainqueure de la dernière édition (avant COVID) en 2019 était venue de Kandi. Cette coupe du monde a déjà un impact puisque trois équipes de Parakou sont aujourd’hui en première division du championnat national de football. Ce n’est pas le fruit d’un hasard puisque nous faisions nos tournois même lorsqu’il n’y avait pas de championnat. Ce qui mettait non seulement les joueurs en jambes, mais aussi les arbitres. En matière de sport, notamment, le secret pour la réussite, c’est la pratique. Dans le championnat, nous avons les Buffles du Borgou, Dynamo Fc et Real sport de Parakou. Et pour la petite histoire, Real Sport a été créé en 2011 pour pouvoir participer aux jeux Téracom. C’est après deux éditions qu’ils se sont sentis capables d’aller en championnat. Aujourd’hui, ils sont en première division. C’est ainsi parce qu’on a toujours privilégié les équipes de quartier au cours des jeux Teracom, et on n’autorisait qu’un maximum de deux (2) joueurs du championnat par équipe. Ce qui fait que toutes les grandes équipes se servaient de la phase finale pour détecter les talents. Ce n’est qu’après les jeux Teracom que les équipes faisaient des tests de sélection des joueurs. Et c’est ce qui justifie la pleine forme de Parakou d’avoir trois (3) équipes en première division du championnat national de football.
Dans le domaine de la « Solidarité sociale », nous accompagnons de manière marginale des hommes et femmes qui ont des activités génératrices de revenus. Nous leur accordons des crédits à taux zéro. Les montants dépassent rarement cinquante mille (50.000) Francs CFA. Nous nous entendons avec l’intéressé sur la durée du remboursement, et ce dernier sait que ce n’est qu’après son remboursement que quelqu’un d’autre peut bénéficier du crédit. La durée du remboursement dépend du bénéficiaire, et peut payer entre trois (3) mois et un (01) an. Ainsi, au fur et à mesure qu’elle rembourse leur dette, elle permet à une autre personne de bénéficier de cette aide-là. Il y a également certaines familles qui n’ont pas les moyens pour payer la scolarité de leurs enfants au niveau primaire. Nous prenons en charge la scolarité de ces enfants, en partie ou en totalité, notamment celle les jeunes filles.
Sur le plan de la « Formation et Emploi », nous faisons deux choses majeures : la première est relative aux ateliers et conférences-débats sur les questions du savoir-faire en entreprise, savoir-être en entreprise, l’élaboration de CV, de lettre de motivation. La deuxième chose majeure à ce niveau-là, c’est que nous avons développé un programme qui s’appelle « Capital Humain ». C’est un programme d’insertion en stage. En réalité, tel que c’est fait, la personne qui veut un stage nous saisit, paie l’ONG pour qu’on lui trouve un stage. Mais l’ONG dispose d’un délai de six (6) mois pour lui faire une proposition concrète. Au bout des six (6) mois, si nous ne lui faisons pas une proposition, on lui restitue l’intégralité de ce qu’il a payé. C’est un contrat que nous signons, et lorsque la personne est en stage, elle est suivie. Il y a des fiches qu’elle remplit de manière hebdomadaire et à la fin, elle a son rapport qu’elle doit nous présenter avant que la structure d’accueil ne lui donne son attestation de stage. Donc, nous avons vraiment privilégié la rigueur à toute autre chose. C’est pour cela que nous avons rendu cela payant afin que celui qui paye ne banalise pas la chose. Sur l’aspect « Education et Loisirs », c’est là qu’interviennent les jeux Téracom et le concours de dictées. Ce sont là nos activités phares. Mais il y a également le concours que nous avons commencé l’année passée : « Les Mots Dits à l’école », s’appuyant sur le jeu « Les Mots Dits » qui est un concept que j’ai développé et pour lequel je détiens les droits d’auteur et la marque de commerce. C’est toujours pour l’amélioration de la langue française et le développement de la culture générale au niveau primaire. En fait, nous avons créé un concours entre écoles. Chaque école doit envoyer deux représentants, un garçon et une fille, et cela se fait sur plusieurs mois. Nous avons fait la première édition en 2020 qui a pris fin en août dernier. L’idée est de récompenser, non seulement les meilleures écoles, mais aussi les meilleurs écoliers qui ont obtenu le maximum de points. Et on le faisait tous les derniers samedis de chaque mois sur sept (7) mois. Toujours par rapport au concept « Les Mots Dits », tous les dimanches depuis quatre (4) mois sur la Radio CAPP FM, nous avons lancé un jeu-concours radiophonique pour les enfants : « Les Mots Dits à l’écoute » cette fois-ci. Les enfants téléphonent donc, grâce à leurs parents, et on leur pose des questions, et les bonnes réponses leur donnent droit à des cadeaux. Même lorsqu’ils n’ont pas réussi à relever tous les défis, parfois ils obtiennent des lots de consolation.
Vient enfin le domaine « Arts et Culture ». À ce niveau, il s’agit, beaucoup plus, de sensibilisation. L’aspect culture, c’est beaucoup plus par rapport à notre identité, parce que nous sommes convaincus qu’on ne peut aller nulle part dans la vie sans savoir se définir soi-même. Et notre culture est fondamentale ; les arts aussi par ricochet. Il y a deux types d’activités que nous avons menées. D’abord, il s’agit des sensibilisations sur le « Consommons local », sur ce que nous sommes, de l’encouragement à parler nos langues locales et à connaître l’histoire de notre pays. Une activité majeure que nous avions faite en 2019, en partenariat avec le groupe de jeunes à l’initiative du concept, c’est un concours d’art culinaire portant sur les mets de chez nous, et dénommé « Miss Gnonnou Adokon ». Cette édition dudit concours se déroulait à Parakou où se trouve également le siège de notre ONG.

Que retenir en termes de perspectives ?
Dans un premier temps, il s’agit pour nous de pouvoir continuer les activités majeures que nous faisons jusque-là. Ensuite, nous devons convaincre et faire en sorte que le maximum de personnes, d’autorités et de structures nous accompagnent dans ce que nous faisons, parce que nous sommes convaincus que ce que nous faisons a beaucoup d’impacts positifs sur la population, sur les enfants et sur toutes les personnes cibles de nos activités. A titre d’exemple, les jeux Téracom au stade de Parakou, c’est au moins mille-cinq-cents (1500) spectateurs chaque jour. Ainsi, pendant six (6) semaines, ça fait mille-cinq-cents (1500) personnes que nous sortons peut-être de l’oisiveté, qui consacrent tout leur après-midi à une activité saine, en tout cas, qui en ce moment-là, n’ont pas le temps de penser négatif. Les jeux Téracom, c’est aussi plus de mille (1000) participants à travers une vingtaine de disciplines, et plus de deux-cents (200) emplois saisonniers directs et indirects. L’impact est réel, et nous le faisons depuis plus de dix (10) ans sans aucun soutien réel de l’État. Jusque-là, l’essentiel de ce que nous faisons, c’est par nos propres moyens. Nous trouvons des partenaires certes, mais chaque partenaire fait suivant ce qu’il peut ; et nous pensons que si nous avons un réel accompagnement de l’Etat, on ferait beaucoup mieux et on impacterait plus de personnes. Un accompagnement serait que nous n’ayons pas à payer l’INFOSEC par exemple ; que nous n’ayons pas à payer le stade pendant 6 semaines, par exemple. C’est dire que ce n’est pas nécessairement de sortir l’argent des caisses de l’Etat qu’il s’agit, mais surtout nous alléger nos charges. Pour le concours de dictées, nous espérions que les maires prennent en charge le déplacement des 10 meilleurs enfants de leurs communes respectives vers leurs préfets, et que les préfets prennent en charge le déplacement des 10 meilleurs enfants de leurs départements respectifs vers le Président de la République. Mais nous n’avons malheureusement pas eu cette chance. Très peu, et trop peu de maires et préfets ne l’ont fait. Je saisis la présente occasion pour les remercier très sincèrement. Ils ont très vite perçu et compris l’importance de ce que nous faisons et qui se sont impliqués, notamment le préfet du Borgou qui n’a jamais ménagé d’effort pour nous aider. Mille mercis à Monsieur Djibril MAMA CISSÉ. Ce n’est pas nécessairement de l’argent que nous attendons de l’Etat, mais au moins cette reconnaissance-là, par l’allègement ou la suppression de certaines de nos charges, pour qu’on puisse bien, et mieux, faire les choses.

Pourquoi faites-vous tout ça ?
Comme je vous l’ai dit, le slogan de notre ONG, c’est : « Au service de la communauté ». Donc, je pense qu’avec les autres membres, amis et camarades, nous sommes convaincus que nul ne peut être heureux tout seul. Et l’éducation que j’ai reçue ne me permet pas de concevoir le bonheur ou l’épanouissement pendant que dans mon entourage, il y a des pleurs. Ce n’est pas concevable dans ma tête. J’ai également eu la chance d’avoir les parents que j’ai, d’avoir le parcours que j’ai eu, d’avoir l’expérience positive de ma vie au Bénin, et je pense qu’à un moment donné, le minimum c’est de faire un bon et juste retour de tout ça. Je sais qu’il y a une autre question qui va suivre, alors je vais anticiper. Il est vrai que depuis un certain nombre d’années, je me suis engagé politiquement, je ne l’ai jamais caché. Mais je prends soin de faire la part des choses entre mes activités à caractère politique et celles de l’ONG. En la matière, il y a plusieurs preuves. Déjà avec l’ONG et tout ce qu’on a eu à faire, cela fait plus d’une douzaine d’années, alors que mon engagement politique ne date de 2013. Ensuite, parmi les membres actifs de notre ONG, il y en a qui ont des engagements politiques et proviennent de tous bords, tandis que d’autres n’ont aucune implication en politique. Le plus important ici c’est la communauté et les populations cibles.

Quelle est votre appréciation de la gouvernance Talon ?
Là vous m’obligez à donner ma coloration. Soit ! Je vous ai dit que depuis 2013, officiellement, je me suis engagé politiquement ; et c’était avec l’Alliance ABT. Et nous avons fait le cheminement que nous avons fait. A un moment donné, nous sommes allés aux élections présidentielles. A un moment donné, nous avons été en partenariat avec le candidat d’alors, et l’équipe a gagné. Donc nous sommes entièrement responsables et nous devons assumer pleinement la gouvernance qu’il y a eu jusqu’ici. En disant assumer pleinement, ça veut dire aussi que sur ce qui a été négatif ou positif, nous ne pouvons ni nous extraire, ni nous soustraire. Dans l’ensemble, personnellement, je juge ce bilan positif. Il y a les appréciations des uns et des autres sur certaines choses, mais je dirai que là encore, ça dépend de votre expérience à ce niveau de décision. Souvent ceux qui sont arrivés à un niveau décisionnel, il y a des commentaires qu’ils ne peuvent pas faire, parce qu’ils connaissent un peu mieux la réalité de la chose que la plupart des gens. Mon appréciation est donc positive et je suis pleinement engagé aujourd’hui avec le Bloc Républicain pour lequel nous allons œuvrer pour la victoire, puisque depuis quelques jours, nous avons officiellement la candidature de celui que nous avions porté. Donc, nous allons continuer dans cette dynamique pour mandater à nouveau le Chef de l’État pour conduire notre Nation durant les cinq (5) prochaines années.

Quelles sont les réalisations qui vous ont enchanté ?
Nous allons prendre chaque pilier. Par exemple, au niveau du premier pilier qui est le pilier politique ; donc les questions de démocratie, d’Etat de droit et de gouvernance, sans hésitation, moi je vous dirai que la réforme du système partisan est un accomplissement positif, parce que ça contraint toute la classe politique à s’organiser, à se mettre ensemble d’une manière ou d’une autre. Et ça c’est quelque chose d’extrêmement positif pour le pays. Un des avantages de cette réforme aujourd’hui, c’est que nous avons certains partis qui bénéficient du financement public. Je ne pense pas qu’avant, c’était réellement possible. Ça c’est quelque chose de positif qui va également dans le sens de la bonne gouvernance. Autre chose, la mise en place de la CRIET. Aujourd’hui, dans tous les cas, vous le sentez ; tout le monde a un respect plus élevé de la chose publique. Toutes les personnes qui paient leurs impôts, qui contribuent à permettre à l’Etat de fonctionner sentent que quelque chose a changé. Elles apprécient un peu mieux la manière dont sont utilisées aujourd’hui les ressources qu’elles ont mises à la disposition de l’Etat, parce qu’il y a des réalisations qui sont palpables, concrètes. L’autre point positif, mais ça c’est en 2026 qu’on le sentira réellement, c’est l’alignement des élections. On aura une seule année électorale. On finit avec les élections, et le reste du temps, on se concentre sur l’essentiel pour le développement de notre pays. Tout sera à l’apaisement : l’état d’esprit de la population, les fonctionnaires, les entrepreneurs, les artisans, etc. Chacun pourra vaquer à ses occupations et à ses affaires sur une période relativement stable et sans perturbation politique majeure.
Sur l’aspect de la transformation structurelle de l’économie qui est un pilier extrêmement important, c’est d’abord l’énergie électrique. Et il faut saluer le gouvernement pour la manière dont il a géré la question de l’énergie électrique. Le problème auquel nous faisons face aujourd’hui est plus relatif à la qualité de l’énergie et la qualité du service que nous avons en tant que consommateurs. Cet état de chose est dû à la vétusté de nos infrastructures relatives au secteur. Je sais que le gouvernement et les structures compétentes travaillent ensemble pour trouver, dans les meilleurs délais, une solution à cette question. La deuxième action qui m’enchante au niveau de ce pilier est la structuration qui a été faite du secteur agricole à travers les ATDA (Agence Territoriale de Développement Agricole). Nous avons également le FNDA (Fonds National de Développement Agricole) pour accompagner l’entrepreneuriat agricole et les institutions qui œuvrent pour mettre en valeur l’agriculture béninoise. Et le gouvernement s’est fixé comme objectif d’atteindre un certain taux de transformation locale des différents produits que nous produisons. Comme produits phares dans le secteur agricole, on a le riz, l’anacarde, l’ananas et le maïs. Et plusieurs autres produits prioritaires comme le soja, le karité, l’huile de palme et le manioc ; avec ensuite l’aviculture comme secteur transversale. Tous les travaux qui ont été faits autour de ces neuf filières sont encourageants et je crois que cela enrichit davantage le pays.
Concernant le pilier social, personne aujourd’hui ne peut dire qu’il ne voit pas les efforts fournis par le gouvernement pour l’accès à l’eau potable pour tous. Et mon dernier point à ce niveau est la mise en place des cantines scolaires qui luttent contre le décrochage en milieu scolaire et également de garantir aux enfants un enseignement de qualité.

Qu’est-ce qui a complètement changé dans le secteur de l’énergie au Bénin ?
Aujourd’hui quand on dit énergie électrique, la population, surtout urbaine, ne voit que la SBEE alors qu’il y a l’électrification rurale avec l’ABERME. Le rôle de l’ABERME, c’est le développement l’électrification en milieu rural. Nous avons également les projets de construction et de mise en place des centrales solaires dans plusieurs localités du Bénin, sans oublier le rôle important que joue le MCA BENIN II en ce domaine. A ce niveau il y a énormément de choses qui sont faites pour permettre aux populations d’avoir accès à l’énergie électrique. Le gouvernement est en train de mettre en œuvre un projet qu’on espère avantageux à terme : c’est la gestion déléguée de la SBEE. L’objectif fondamental est d’avoir un transfert de technologie, un transfert de compétences, pour qu’au terme du contrat nous puissions avoir de nouvelles compétences pour poursuivre et optimiser la gestion de la SBEE nous-mêmes. Si j’ai bonne mémoire, parmi les dernières décisions prises en Conseil des ministres, il y a eu l’autorisation pour lancer un appel d’offres pour la construction de Maria Gléta III. Cela concourra à l’autonomie énergétique. Tout à l’heure, j’ai parlé de la vétusté des infrastructures qui impactent négativement la qualité de l’énergie électrique reçue par les consommateurs. Je sais qu’il est prévu qu’elles seront renouvelées progressivement.

Est-ce que c’est ça qui a débouché sur l’augmentation des prix ?
L’augmentation du prix ne date pas d’hier, mais depuis 2019 où il y a eu une décision qui a été prise dans ce sens. Le gouvernement a pris un décret pour mettre en application cette décision de l’Autorité de Régulation de l’Électricité. L’une des missions des autorités de régulation est de veiller à la justesse des choses comme l’équité. Il faut de l’équité pour les consommateurs, mais il faut également de l’équité pour les promoteurs. L’équité pour le promoteur, c’est de lui fournir de quoi s’équilibrer financièrement. Ce sont donc ces situations qui ont débouché sur une augmentation des tarifs. Mais au lieu de faire cette augmentation une fois, le gouvernement a plutôt opté pour une augmentation en deux temps. C’est pourquoi du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2020, normalement il y avait 5% d’augmentation et les tarifs avaient été publiés. Et du 1er janvier 2021 au 31 décembre 2021, il y a une nouvelle grille tarifaire. Il y a également un élément majeur à tout ceci qui est le code de l’électricité, qui exige une révision tarifaire tous les deux (2) ans. Ce qui veut dire que dans six mois nous allons encore travailler pour voir si à partir du 1er janvier 2022, il faut un nouveau tarif à la hausse, à la baisse ou s’il faut maintenir les tarifs actuels. C’est ainsi que le code de l’électricité prévoit la gestion du secteur de l’électricité au Bénin. La SBEE n’a fait que mettre en œuvre cette décision.

Qu’est-ce qui a complètement changé dans le secteur des finances ?
Au niveau des finances, il y a eu beaucoup de choses qui commencent déjà par la dématérialisation, le payement des pensions des retraités via des réseaux mobiles. Ce qui a permis à l’État de réduire beaucoup de choses négatives. Et cette dématérialisation est transversale. Elle ne touche pas que le ministère des Finances, mais toutes les structures de l’État. La création d’entreprises, via son téléphone également permet d’améliorer les recettes de l’État et de réduire les charges de l’Etat. Deux manières d’améliorer la disponibilité financière de l’État c’est l’augmentation des recettes et la réduction des charges, et on peut arriver à jouer sur ces deux paramètres à l’avantage de tous. Il y a également la rationalisation des dépenses de l’Etat et présentement il y a une veille citoyenne sur la responsabilité fiscale. Aujourd’hui, beaucoup de populations sont conscientes de l’importance du payement des impôts et des taxes ; ce qui n’était pas nécessairement le cas hier.

Mais le fait est que nous sommes dans un pays où tout est gardé secret même les salaires des ministres. Que pensez-vous de cette façon de faire les choses ?
Je pense que les gens aussi aiment se créer des sensations. Le principe est que le chef de l’Etat, c’est un agent de l’Etat. Donc, le principe est clair, il doit avoir un salaire. Le principe est clair que les ministres doivent avoir un salaire. De façon sociologique, je parle de notre tradition, le salaire, que ce soit au niveau de l’administration ou au niveau du privé ou même à la maison, la question d’argent, reste un peu tabou. Ce n’est pas souvent aisé de dire à ses enfants : « voilà, je gagne tant » ou de dire à nos parents : « voilà ce que je gagne ». Je donne cet exemple pour rappeler aux uns et aux autres qu’il y a déjà un conditionnement sociologique à ce genre de chose. Maintenant, il est de la discrétion d’un chef de dire publiquement qu’il paye telle personne à tel montant, et l’autre à tel montant. Dans tous les cas, ceux qui sont supposés le savoir, le savent, puisque pour des dossiers, pour des documents qu’on dit classés top secret, il y a toujours des gens qui ont accès à ça. Ils sont simplement tenus par une obligation de réserve et ne peuvent pas divulguer ce qui n’a pas été désigné divulguable.

Est-ce que ça participe de la bonne gouvernance ?
Evidemment, ça participe de la bonne gouvernance, parce que les structures de l’Etat qui sont supposées le savoir, sont au courant. Je le dis parce que le jour où il y aura un problème avec la Haute Cour de Justice, par exemple, la CRIET ou autre, les documents existent, et au besoin, ils vont sortir. D’ailleurs, ce n’est pas aisé de dire un jour, tel gagne tel montant et que tel ministre gagne plus que tel et ainsi de suite. Je crois que nous ne sommes pas encore prêts à ce genre de choses. Pour preuve, je voudrais rappeler les réactions des uns et des autres lorsque les salaires des DC, DAC, SGM et SGAM ont été publiés. Vous n’avez pas idée du supplice et de la croissance exponentielle des sollicitations de tous genres que cela a entraînées à leur niveau. Je crois, à coup sûr, que tous les ministres n’ont pas les mêmes salaires. Parce que ça dépendra de l’expérience des uns et des autres, du niveau d’implication et de bien d’autres critères à la discrétion du Chef, et que nous ne pouvons savoir. Exposer les salaires des Ministres pourrait aussi une source de conflits, car on a des amis journalistes qui vont en faire une polémique et titiller ou monter les concernés les uns contre les autres. Ils seraient même capables de créer des conflits entre les membres d’un même gouvernement juste à partir de ces questions simples. Ils diront à l’autre : « Mais tiens, tu vois, vous êtes ministres d’un même gouvernement, mais si lui, il est payé mieux que toi, c’est que tu es nul. » Vous voyez, c’est que si on pousse loin, ça peut créer d’énormes polémiques. Donc, je crois que le Chef de l’Etat a ses raisons et le droit de gérer cette question comme bon lui semble.

Et les contrats PPP, il parait que c’est un gouffre financier pour le pays.
Non, pas du tout. Vous savez, les PPP sont les partenariats publics privés. Dans tout partenariat, il y a un gain pour chacune des parties. Alors, pour les PPP, le gain pour l’Etat n’est pas nécessairement financier. Il peut être social, diplomatique, ou autres. Dans un PPP, l’Etat sait qu’il ne pourra assurer une gestion optimale de certaines infrastructures pour assurer un service public, contrairement au privé qui en a l’expertise, et donc mieux placé que lui, l’Etat. Dans ces conditions, l’Etat met alors en place les mécanismes et prend les dispositions qu’il faut pour le fonctionnement de ce service-là, et le privé vient l’exploiter en faisant aussi ses propres investissements. En clair, je suis l’Etat, j’ai un terrain que je n’exploite pas, alors que je sais bien que si je construis sur cet espace une salle de cinéma pour le quartier, ça va marcher, mais je ne saurais la gérer comme un privé. Alors, ce que je fais, c’est soit je ne construis rien et j’appelle un privé à qui je dis : « Voilà le terrain, je m’assure que tu aies l’eau et l’électricité et toi ton engagement, c’est de construire le cinéma. On te donne tel délai pour l’exploiter. Passé ce délai, le cinéma revient dans le patrimoine de l’Etat. » C’est ça en fait un PPP. Ou encore, l’Etat a le terrain, construit la salle de cinéma, mais pour sa gestion, le confie à un privé qui vient faire des investissements additionnels, et dans le tarif sur la durée, récupère ce qu’il a investi tout en faisant ensuite le profit sur lequel on s’est entendus. Ça peut être 10%, 15% ou plus. Lui, il vient faire son business. Si ce n’est pas rentable, il ne va pas accepter le faire. Il fait ses calculs sur 10 ans, 20 ans, et regarde ses intérêts, ce qu’il va gagner sur la durée et accepte. Après, ça revient dans le patrimoine de l’Etat. Ce dernier peut commencer par l’exploiter lui-même, ou, le confier à quelqu’un d’autre, un autre privé, comme l’Etat peut renouveler le contrat à celui qui est à terme. En clair, pour les PPP, l’Etat ne sort aucun franc et ne perd rien financièrement. Donc, on ne peut pas être d’un gouffre financier pour l’Etat, alors qu’il ne creuse même pas sa poche.

Les élections présidentielles sont prévues pour dans quelques mois. Quel appel avez-vous à lancer aux forces vives de la nation afin que nous ayons des élections apaisées ?
Je dirai simplement qu’il est important que chacun se souvienne que le Bénin est notre patrimoine commun et que nous n’avons aucun intérêt à créer des perturbations puisque ça ne nous arrange pas. Même ceux qui ne sont pas d’accord avec le gouvernement actuel ont besoin d’un pays apaisé à gouverner si c’est à eux que revenaient la victoire et la charge de gouverner. Car le désordre n’avantage personne. Donc, c’est le moment de faire cet appel afin que chacun œuvre à son niveau et en ce qui le concerne pour que tout se passe bien, de la manière la plus apaisée. Que chacun fasse confiance aux institutions de la république, et que nous respections les règles que nous sous sommes données ; qu’on les respecte, qu’on les assume afin que nous ayons une période électorale pacifique et festive.

Vous parlez d’élection apaisée alors que votre leader, le président ABT a refusé d’être de la course, sachant bien que c’est la dernière fois qu’il peut se présenter. Comment avez-vous vécu ça ?
C’est un idéal qui nous a amenés là. Et si le leader même décide de ne pas y aller, c’est certainement la meilleure option pour lui et certainement pour le peuple. Nous, à notre niveau de façon individuelle, c’est vrai que ça nous a fait des pincements au cœur, parce que notre vrai désir était de le voir un jour Président de la République. Mais, la lucidité doit nous amener à une chose qui est que la personne dont on parle a plus de paramètres d’analyse que nous, et dispose de plus d’informations que nous pour savoir quel choix faire. Moi, connaissant l’homme, je crois que le choix qu’il a fait est le mieux pour le plus grand nombre. S’il voulait faire un choix égoïste, c’est facile. Il se choisirait lui-même, quoi que cela lui en coûte et nous en coûte. Ça va créer des perturbations peut-être ; mais, le connaissant, c’est un homme d’Etat et l’intérêt du plus grand nombre passe avant son intérêt personnel. Je crois qu’élu président ou pas, il a contribué et il contribuera toujours à œuvrer pour le développement de notre Nation.

Est-ce que vous craignez une résurgence des violences lors des présidentielles d’avril prochain ?
Craindre, je dirai, pas trop. Parce que beaucoup de Béninois, beaucoup de concitoyens ont compris où se trouvait l’essentiel. Il y a beaucoup de choses qui sont dites, mais qui ne sont pas vraies. Je parle des manipulations, des intoxications ; mais les gens sont beaucoup plus éclairés désormais, et je compte beaucoup sur ça. Au cours des débats, lorsqu’on échange, les gens ont des raisonnements qui montrent que le peuple n’est pas dupe et qu’ils ont saisi la réalité des choses. Lorsqu’on regarde aussi les quelques problèmes que nous avons connus en 2019, je crois que personne n’a envie que ça revienne.

Justement, pour les violences de 2019, vous en étiez l’une des victimes. Est-ce que le gouvernement vous a dédommagé ?
Oui, l’Etat a fait ce qu’il avait à faire. En tout cas, les premiers concernés que sont mes parents ont été dédommagés au même titre que les autres victimes que je connais. Donc, c’est en victime que je dis que je suis confiant et j’ai espoir que les choses vont bien se passer, puisque personne n’a envie de revivre ce qui s’est passé en 2019.

Vous avez une résidence à Parakou, est-ce que vous traversez Tchaourou depuis l’incident ?
Evidemment, j’ai été à Parakou plusieurs fois et même à Tchaourou.

En êtes-vous sûr ? La dernière fois, c’était quand ?
Plusieurs fois. Plusieurs fois parce que chaque fois que je dois aller à Parakou, je m’arrête à Tchaourou puisque ma grand-mère est toujours là. Et pour aller à Parakou, je m’arrête pour la saluer. J’y vais toujours et la dernière fois où j’y suis, c’était pour une activité et c’était en octobre, je crois.

Il parait que c’est votre engagement au côté du Président qui est la cause de l’attaque de votre domicile à Tchaourou. Vous le croyez aussi ?
Non. Je ne crois pas. Ce qui s’était passé a une autre explication, un autre fondement. Je suis resté depuis toujours avec le président ABT, et bien avant les élections de 2016. Après les élections, il est devenu le numéro 2 du Gouvernement du Président Talon. D’office, je suis resté et nous avons depuis ce temps, travaillé ensemble et ça, tout le monde le sait. Mais m’en vouloir pour mon engagement au point de créer cet incident, je ne crois pas. Il y a assurément d’autres raisons. Si c’était des représailles politiques, dans un mouvement d’humeur, ce n’est pas à 2h du matin qu’on attaque les gens dans leur sommeil. Un tel acte est simplement conçu, planifié et organisé longtemps à l’avance, pour une mise en exécution froide et efficace. Je pense qu’il y avait autre chose. Je pense vraiment. Mais Dieu demeure Le Meilleur des stratèges et Le Premier des secoureurs.

Carte d’identité: Un jeune innovateur

Né le 25 novembre 1982 à Cotonou, Fadel Kabassi fait ses études primaires du CI au CM1 à l’Ecole primaire publique Sikè Nord de Cotonou, et le CM2 au Complexe Scolaire Victor Ballot de Porto Novo. Après son CEP, il entre au Complexe Scolaire de la Cité « Vie Nouvelle » à Akpakpa où il décroche le BEPC en 1998, le CAP aide comptable en 1999, et le Baccalauréat G3 en 2001. Avec ce premier diplôme universitaire en poche, il s’installe au Canada pour y effectuer toutes ses études universitaires. Il obtient successivement une Licence en économie et gestion d’entreprise, une autre Licence en administration des affaires concentration finance, un DESS en instruments financiers dérivés, et un Master en finance. Dès le bas-âge, Fadel Kabassi avait déjà une grande ambition pour l’entrepreneuriat. « Mon père est banquier et ma mère est commerçante. Et je m’amusais à leur dire que je ne suis pas comme eux. Je suis entrepreneur. Je leur disais que je ne suis pas le modèle d’employé que quelqu’un voudrait. Parce que je suis tout le temps en train de vouloir faire quelque chose de neuf, de meilleur. Et comme ça, soit celui que j’ai comme chef hiérarchique va penser que je le fais pour prendre sa place, ce qui risque d’être problématique ; soit celui qui sera le grand patron de l’entreprise va mal prendre, croyant que je veux défier ou bafouer son autorité », a-t-il fait savoir. Depuis plusieurs années, il intervient beaucoup sur les questions d’emploi, dans le coaching des entreprises avec son ONG Cap Equi Libre Bénin pour accompagner les PME/PMI. Il fut Conseiller Technique au Secteur Privé du Ministre d’Etat chargé du plan et du développement pendant près de 4 ans. Et depuis 7 mois, il exerce à l’Autorité de Régulation de l’Énergie (ARE) comme Expert Financier.

Intimité: Passionné de religion

Marié et père de deux enfants, Fadel Kabassi aime manger de l’igname pilée accompagnée de la sauce d’arachide au fromage. En matière de boisson, il ne prend que de l’eau ou du jus de fruit. Il est musulman, mais a épousé une chrétienne catholique avec qui il a fait le mariage musulman, traditionnel, civil et catholique. Passionné de religion et d’écriture, il a une bonne connaissance de la Bible et du Coran, au point où ses amis l’appellent « Pasteur ». Il a également publié, comme auteur, « L’écrivain qui s’essayait » (recueil de pensées) paru en France en juin 2020. Pour maintenir sa forme, Fadel Kabassi joue au football, au tennis de table et pratique le taekwondo.

Pr Maxime da-CRUZ, Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi sur «Sous L’Arbre à Palabre»: «Nous devons faire confiance à notre université»

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Pr Maxime da-CRUZ, Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi

Elu Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi en 2017, le Professeur titulaire de Linguistique, enseignant au Département des Sciences du Langage et de la Communication (DSLC) de la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Communications (FLLAC), Maxime da-Cruz, purge un mandat de 3 ans auréolé de véritables actions et de distinctions. Au milieu des nombreuses avancées qui ont vu l’UAC grandir de 1970 à nos jours, le Recteur Maxime da-Cruz rêve d’une université qui fera la fierté de tous les citoyens. Ceci, au regard des nombreux défis à relever tant sur les plans de l’amélioration de la qualité des formations, des infrastructures, la valorisation des travaux de recherches et autres.

Et si on en parlait

Comment se porte aujourd’hui l’Université d’Abomey-Calavi dont on célèbre actuellement les cinquante ans d’existence ?

Comme Béninois, comme ancien étudiant et comme personne ayant eu le privilège d’assumer des responsabilités dans cette université, je dois dire que l’Université d’Abomey-Calavi se porte plutôt bien. J’ai dit qu’elle se porte plutôt bien ; cela ne veut pas dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Quand on connaît un peu l’histoire de cette institution, on peut se dire que du chemin a été parcouru. Maintenant, le défi, c’est de continuer de se battre pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui. Et je crois que, lorsqu’on on observe ces années, on se rend compte qu’aujourd’hui est différent d’hier. Et qu’hier est différent d’avant-hier. Chacun, à des époques déterminées et selon un contexte particulier, a fait ce qu’il a estimé humainement possible pour faire bouger les choses. Nous sommes dans la logique des tresseurs de corde pour continuer de tresser afin que nous ayons une corde solide. Solide pour le pays, solide pour notre système éducatif, solide pour notre développement.

Vous êtes aujourd’hui la première autorité de l’UAC après y avoir été étudiant et responsable à divers niveaux. Durant votre parcours, qu’est-ce qui a le plus marqué l’université selon vous ?
L’université est une institution dynamique. Je vous ai rappelé que j’y ai été étudiant. Pour les gens de ma génération, c’était extraordinaire d’arriver à l’université après le baccalauréat. Mais, c’est aussi la découverte d’un milieu nouveau. En effet, en venant ici, le premier choc que l’on ressent, c’est que l’environnement est différent. Vous quittez le collège et vous arrivez dans un environnement où vous avez le sentiment que personne ne s’occupe de vous. Au moment où nous étions venus, ce sentiment était fort. Aujourd’hui, vous voyez des enseignes, des plaques qui donnent des indications et qui vous orientent à l’université. Avant, il n’y en avait pratiquement pas, ou très peu. Quand quelqu’un arrive sur le campus pour la première fois, il est déboussolé. Moi j’ai été un peu responsable étudiant et je rappelle qu’à cette époque-là aussi, les luttes ont connu des moments forts. On a été responsable à l’époque du PRPB. Quand on parle de période de la révolution, on sait ce que cela rappelle. On a eu à exercer ces responsabilités dans un environnement où la délation était la règle. On n’est jamais sûr de qui vous écoute. Vous n’êtes jamais sûr de ce qu’on fait de ce que vous dites. Même dans un amphi, votre voisin peut rapporter ce que vous dites dans le sens qui lui plaît. C’était dur. Je rappelle cela pour qu’on ait une idée du chemin parcouru. Nous sommes aujourd’hui dans un environnement différent. Et malgré ces conditions de l’époque, nous avons pu étudier. Nous avons pu manifester pour nos droits. Je me rappelle le nombre de grèves pour améliorer les conditions de vie et d’études, des mouvements de grève pour demander l’augmentation du montant de la bourse. On a eu à mener des grèves pour cela. Il y a eu d’autres combats qu’on a menés et, je m’en souviens comme si c’était hier. A l’époque de la révolution, nous faisions ce qu’on appelait les activités coopératives. A l’université, le campus n’avait pas l’image qu’il affiche aujourd’hui ; il y avait beaucoup de végétation. L’une des tâches auxquelles on nous livrait était de désherber, de dessoucher. On sortait de cette activité avec beaucoup d’ampoules. La mentalité de nombre d’étudiants à l’époque, n’était pas d’aller aux champs, quand on s’inscrit à l’université. On vivait cela comme une humiliation, d’autant que cette activité était la condition à remplir pour un sésame. En effet, au terme de ces travaux de désherbage/dessouchage, on vous délivrait une attestation. Et c’est sur présentation de cette attestation qu’on vous remettait votre chèque de bourse. Si vous n’apportez pas cette attestation, votre chèque a beau être disponible, vous ne l’avez pas. Etant responsable étudiant à l’époque, nous nous sommes concertés. Une délégation de responsables est allée voir le Recteur. Sans insulter personne et sans rien casser, nous avons négocié avec le Recteur, le regretté Nathanaël MENSAH. Nous l’avons convaincu de sauter le lien qu’il y avait entre la remise de chèque et les activités coopératives. Et nous l’avons obtenu. Cette démarche pouvait être interprétée comme de l’opposition au gouvernement ou comme une action menée avec les contre-révolutionnaires. Ce qui a aussi changé aujourd’hui, ce sont les effectifs. A l’époque, dans mon département, en première année, on n’était pas 20 étudiants. Mais, j’ai eu à connaître des amphis de plusieurs centaines d’étudiants. Je me rappelle avoir encadré un cours au Département de Sociologie-Athropologie où j’ai commencé comme enseignant-vacataire. En présentiel, j’ai compté un peu plus de 300 étudiants. Pour moi, c’était un chiffre important puisque je n’avais encore jamais corrigé 300 copies pour un amphi. Lorsque j’ai reçu les enveloppes, je me suis amusé à compter le nombre de copies. C’était plus de 700 copies. C’était un choc ! J’ai laissé les enveloppes de côté pendant quelques jours, ne sachant pas comment m’en sortir. Mais, je me suis dit qu’il vaudrait mieux que je me mette à la tâche puisque les copies ne bougeront pas, tant que je ne commencerai pas les corrections. Je me suis mis à les corriger, et, à l’époque, je les corrigeais seul. Aujourd’hui, je ne peux plus le faire avec les effectifs que nous avons. Je bénéficie de l’appui de mes assistants que je remercie au passage, car, sans eux, je n’y arriverais pas. Même le titre d’assistant connaît de nouveaux contours. Quand on a commencé, les rapports entre assistants et responsables des enseignements n’étaient pas les mêmes. Aujourd’hui, cela a changé. A l’époque, on a commencé à intervenir avec une maîtrise. Aujourd’hui, des gens sont titulaires du doctorat et n’ont pas cette opportunité. Cela fait partie des défis à relever. Je rappelle tout ceci pour qu’on ait une idée du chemin parcouru. Je ne peux pas répondre à cette question sans évoquer tout ce qui s’est fait dans le sens de l’autonomisation de l’université. On a nommé les recteurs et on a commencé par élire les chefs de départements, les doyens, les directeurs et d’autres responsables. C’est une expérience qui existe depuis longtemps et on est arrivé en 2006, à élire les recteurs. Cette expérience s’est poursuivie jusqu’à présent. C’est un indicateur fort. C’est le lieu de rendre hommage à toutes les personnalités, quel que soit leur rang social, les étudiants, les enseignants, le personnel administratif, tous les acteurs de cette épopée. Les gens se sont battus, ils croyaient en ce qu’ils faisaient. Et comme toute expérience humaine, il faut oser se regarder dans la glace et se dire ce qu’il faut faire après l’évaluation.

A l’évaluation, on se rend compte que l’université a formé plus de chômeurs que de personnes ayant un emploi
C’est le constat qui est fait. J’ai évoqué un exemple tout à l’heure. C’est inimaginable que des titulaires de doctorat soient sans emploi. A l’époque, lorsque vous finissez votre formation à l’université, à partir du point fait en Conseil des Ministres de ceux qui ont fini, on vous répartit dans les administrations. Socialement, c’est important ; mais on se demande ce que cela donne, économiquement. En 1986, on a eu une situation difficile. Le gouvernement de cette époque a mis un terme à ce mode de recrutement. Au début, la mission de l’université n’était pas de former les gens pour qu’ils ne soient pas chômeurs. Le colonisateur avait créé l’université parce qu’il avait besoin de cadres pour son administration. Il ne pouvait plus se contenter des citoyens de la métropole. On avait besoin de cadres pour l’administration. Mais, lorsqu’on doit relever les défis de développement, on ne peut plus se limiter à cet objectif. J’ai le sentiment que dans notre façon de fonctionner, nous ne nous sommes pas totalement départis de ce rôle de l’université. Les parents espèrent que leur enfant, après les diplômes universitaires, sera appelé quelque part pour se voir offrir un emploi. Ce n’est plus le cas.
Que faut-il faire pour inverser la tendance ?
Il faut d’abord que les formations soient davantage en adéquation avec les besoins du terrain. On ne peut plus recruter comme on le faisait. Quand on examine notre environnement professionnel ainsi que les structures qui existent dans notre société, et qui sont susceptibles d’accueillir les titulaires des diplômes, on se rend compte qu’il n’y a pas grand-chose. Si on fait le point des ressources humaines présentes dans les entreprises publiques et privées, on se rend compte que ce n’est pas grand-chose. Il faut qu’on change de paradigme. Et les problèmes de développement sont aussi là. On a besoin par exemple de beaucoup plus de médecins, et c’est au niveau central qu’il faut régler ce problème. Il faut en recruter en nombre, surtout que nous sommes en pleine crise sanitaire. Il faut aussi amener les étudiants à réaliser que le diplôme seul ne suffit plus. Nous sommes aujourd’hui dans un environnement où ce qui compte, c’est ce que vous êtes capables de faire. Et de ce point de vue, l’une des missions essentielles de l’université, c’est de nous donner les moyens de nous battre dans la vie. Pour mettre un bémol, je dois exprimer mon désaccord avec ceux qui affirment que l’université forme des étudiants dont le profil n’est pas en adéquation avec les besoins du monde professionnel. J’ai l’impression que c’est une façon simpliste de voir les choses. Je me demande là où tous ceux qui disent cela ont été formés. Ils doivent un minimum de reconnaissance à l’institution qui les a formés. Je ne suis pas de ceux qui crachent dans la soupe. Mieux, beaucoup se présentent comme étant des spécialistes de l’institution. Les problèmes auxquels les jeunes font face sont sérieux et personne, encore moins eux, n’a encore la solution. Mais, en tant que société, nous devons prendre la mesure du défi, parce que ce que vivent ces diplômés sans emploi est un drame. Un jeune qui s’investit dans sa formation, donne le meilleur de lui-même, décroche son sésame, le dépose pour un stage bénévole et ne l’obtient pas, c’est vraiment dramatique. Et en tant que société, nous devons en faire une préoccupation. En tant que société, nous devons réfléchir sur les voies et moyens pour relever ce défi. Si on ne règle pas ce problème, nous couvons les bombes de demain : une jeunesse désespérée, qui ne peut plus s’accrocher au plus petit des rêves.

N’est-ce pas le rôle de l’université de mener les réflexions et de les porter vers l’Etat central ?
L’université n’a jamais arrêté de réfléchir. Le rôle de l’université au début, du moins ce qui s’est passé pendant longtemps, ce n’est pas de dire : « quand on les forme, ils deviennent quoi à un moment donné ? » Mais on doit changer ce rôle. Nous devons nous préoccuper davantage du sort de ceux et celles que nous formons. On ne peut plus rester dans l’ancien registre. Il faut s’en préoccuper. Cela veut dire qu’il faut revisiter les offres de formation pour impliquer ces paramètres, mieux préparer les gens à s’insérer professionnellement. Et comme tout le monde ne peut pas compter sur les autres pour avoir un emploi, il faut les former à entreprendre. Et entreprendre, ce sont des capacités humaines, ce sont des compétences à développer, mais ce sont aussi des moyens. Et l’université n’a pas les moyens matériels et financiers. Elle peut donner les moyens intellectuels et peut même donner les outils aux jeunes qu’elle forme pour les préparer à affronter les réalités de la vie. Mais l’université n’a pas les ressources financières, les infrastructures, les moyens pour mettre à disposition de ces jeunes, des infrastructures. Aujourd’hui, dans nos formations, nous associons les acteurs du monde professionnel. Ils interviennent dans l’élaboration des offres de formation. Ils interviennent dans les enseignements, dans l’encadrement des stages, dans l’évaluation des travaux, à travers par exemple les mémoires de fin de formation. Les professionnels sont impliqués dans tout le processus. Et cette expérience date de longtemps. Vous comprenez pourquoi j’ai réagi tout à l’heure par rapport aux donneurs de leçons. Il faut faire attention ; c’est une question très sérieuse. Quand le problème est sérieux, ceux qui veulent l’aborder ont l’obligation de faire preuve d’un minimum de sérieux. C’est un défi qui concerne la société. Nous devons tous et toutes en faire notre enjeu, et nous battre pour que les jeunes prennent davantage d’initiatives. Ils en prennent déjà beaucoup, mais, nous ne leur prêtons pas suffisamment attention. Quand vous les côtoyez, vous vous rendez compte que ces jeunes font des choses extraordinaires. En tant que société, nous devons mieux les écouter et les accompagner.

Est-ce qu’à l’université aujourd’hui, les thèses et mémoires sont versés à l’Etat central ?
Vous évoquez un problème important et là, je crois que l’université a une part de responsabilité. Quand les mémoires sont soutenus, il faut déjà faire connaître les conclusions de ces travaux-là. Il faut les partager au niveau de l’opinion. De ce point de vue, l’université doit revoir sa copie, parce que malheureusement, ces résultats de travaux dorment dans nos entités. Et justement, des manifestations comme celles-ci ont insisté sur la nécessité de partager avec l’opinion publique, ce qui se fait dans les laboratoires, par exemple, pour que les gens en soient davantage informés. On peut déjà prendre les dispositions nécessaires pour assurer leur diffusion. Je crois qu’il y a un problème de communication.

Voulez-vous dire que nos gouvernants ne connaissent pas les types de recherches qui sont faites à l’université ?

J’en doute. D’abord, il faut que nous partagions ces résultats, le contenu des travaux avec nos autorités à divers niveaux. Je viens de dire que l’université a sa part de responsabilité. Que faisons-nous pour que l’autorité soit mieux informée des résultats de recherche ? L’autorité ne va pas se mettre à faire le tour de nos laboratoires. L’autorité peut instruire pour qu’on lui communique les résultats de ces travaux. Mais de notre côté, nous devons nous organiser pour que ces résultats soient mieux connus du grand public et qu’on amène les gens à comprendre les solutions que nos chercheurs proposent à un certain nombre de problèmes. En faisant le tour des stands ce matin, en suivant l’élément vidéo qui a été projeté, on se rend compte qu’il y a des choses extraordinaires qui se font. Même par rapport au contexte de lutte contre la Covid-19, l’université a des outils, des moyens, des solutions à un certain nombre de problèmes. Donc, il faut davantage de synergie entre les décideurs quel que soit le niveau. Il faut que ce qui se fait soit connu et que dès que c’est connu, l’on travaille à le valoriser ; parce qu’il y a l’université qui produit des résultats de recherches ; mais, en ce qui concerne le volet valorisation, cela ne peut plus se faire au seul niveau de l’université. Il y a beaucoup d’acteurs qui doivent intervenir. Il y a notamment les structures en charge de la valorisation des résultats de recherche et de l’innovation, les acteurs du monde de l’entreprise qui attendent des solutions à un certain nombre de préoccupations. Il est important qu’on établisse des passerelles entre les laboratoires et ces institutions.

Dans l’immédiat, que proposez-vous pour remédier à cela ?
Il est essentiel que l’on fasse davantage confiance à l’université. Je crois que cela peut constituer un premier pas important. Il faut aussi initier une sorte de travail de collecte. Il faut prendre la peine de s’informer de tout ce qui est disponible comme résultat. Confier cela à des gens qui s’y connaissent. Ensuite, passer à l’étape de ce que l’on peut faire avec ces résultats. Je crois qu’il faut y aller. Nous universitaires comme je l’ai dit, devons mieux communiquer, saisir beaucoup d’opportunités pour partager avec les acteurs des différents pans de la société, ces résultats. La dame qui fait du commerce de tomates ou de mangues, et qui voit pourrir ces légumes et fruits ; même si elle ne dispose pas de moyens adéquats de conservation, qu’elle sache que de nos laboratoires sont sorties des solutions à ces problèmes. Comment peut-elle savoir que ces solutions existent si nous ne partageons pas les solutions avec la société, si elle n’a pas les moyens de découvrir cela ? Vous voyez que c’est une chaîne de responsabilités. Donc, nous devons tout faire pour que les solutions soient connues. Quand vous prenez par exemple les travaux soutenus dans les écoles, les rapports ou mémoires de fin de formation, en plus des solutions proposées, ils finissent toujours par des recommandations à l’endroit de différents acteurs. Et, dans bon nombre de cas, ces étudiants s’efforcent de porter ces recommandations à la connaissance de certains décideurs. Mais qu’est-ce qu’on en fait ? C’est la question. Et j’ai dit qu’il faut qu’on se fasse davantage confiance. Se faire confiance, c’est se dire que dans notre pays, il y a des compétences, des personnes et des institutions qui ont des solutions à nos problèmes. Et les solutions ne viennent pas forcément d’ailleurs. Les solutions que les gens proposent ailleurs sont davantage en adéquation avec leurs problèmes. Cela ne veut pas dire que nous allons nous renfermer sur nous-mêmes, tout faire « intramuros » ; mais il n’y a rien de plus anecdotique que d’aller chercher chez le voisin, les solutions que vous avez chez vous. Une anecdote pour finir avec ce volet : j’étais, il y a quelques années, en mission dans un pays de la sous-région, membre de l’UEMOA ; et dans ma chambre d’hôtel, je regardais la télévision quand j’ai vu un de nos ministres ; c’était à l’époque de la révolution. Le ministre est allé en mission dans ce pays et on a montré des images où il circulait dans les palmeraies ; et à la question de savoir ce qu’il est venu faire dans ce pays frère, le ministre a répondu qu’il est venu apprendre à cultiver du palmier à huile ; et celui-là, il était ministre en charge de l’agriculture ; c’est une insulte à l’intelligence des Béninois, parce que ce qu’il est allé voir, c’est ici que les gens sont venus l’apprendre. Que lui ministre dans un gouvernement qui se veut révolutionnaire commette une telle méprise, c’est grave. J’étais choqué et mon malheur, c’est que j’étais seul dans ma chambre, sans témoin ; j’aurais voulu avoir quelqu’un à côté de moi pour dire : « venez voir ce qu’il est venu raconter. » Parce qu’il n’a pas pris la peine de connaître l’histoire de son pays, de bien préparer la mission. Et quand on ne connaît pas l’histoire, il y a beaucoup de choses qu’on laisse de côté. Il faut connaître l’histoire quel que soit le secteur dans lequel on est ; il faut faire l’état des lieux pour savoir d’où on part. En matière de recherche aussi, il ne faut pas réinventer la roue. Je veux travailler sur un secteur, je me renseigne pour faire le point de ce qui existe.

Que peut-on retenir du renforcement des capacités du personnel administratif, technique et de service ?
Le renforcement des capacités est important pour nous tous et toutes, quelles que soient les professions que nous exerçons. Tout étant dynamique dans la vie, il ne faut pas craindre de se remettre en cause. Il faut au moins se recycler. Il faut faire des formations qui apportent une plus-value aux activités de l’institution et de ses différents acteurs. Il faut actualiser ses connaissances. Je suis par exemple dans le domaine de l’informatique, un secteur qui évolue rapidement. A un moment donné, il faut que je mette ma formation au goût du jour, et c’est valable pour tous les secteurs. Et au niveau du personnel, nous avons fait des renforcements de capacités. Il y a eu des formations dans beaucoup de domaines, au niveau central et au niveau des entités. Et l’autre aspect sur lequel nous travaillons, c’est d’avoir un plan de formation pour le personnel. Et quand on dit plan de formation, cela suppose une programmation ; ce qui signifie que les gens sortent de l’étape où chacun dit : « je veux aller faire une formation dans tel domaine. » Quand ils en font la demande, on leur donne l’avis favorable parce qu’il y a un vide. S’il y avait un plan de formation, la réponse à ce type de demande serait différente. Mais on ne peut pas continuer de la sorte parce que les formations doivent répondre aux besoins de l’institution. Le plan de formation est pratiquement prêt. Les résultats du travail sont déjà déposés. Nous avons des compétences à l’intérieur et c’est l’une de nos structures qui est en charge de travailler sur ce plan de formation. Nous allons le partager une fois encore avec l’ensemble des acteurs, les chefs d’établissements, les cadres à divers niveaux pour que le plan de formation soit validé. Quand il sera validé, on va le mettre en œuvre. C’est essentiel. Un agent qui n’évolue pas dans sa façon de travailler, qui ne découvre pas de nouvelles choses dans l’exercice de sa profession, c’est la porte ouverte à la sclérose, et la sclérose est un poison pour l’administration, pour toute institution.

Quels sont les mécanismes que vous avez mis en place pour mettre le corps enseignant au travail ?
Les collègues s’investissent déjà du mieux qu’ils peuvent dans leur travail. Le défi à relever, c’est comment faire pour que ce travail soit de meilleure qualité. Le travail de l’enseignant du supérieur est particulier quand on le compare aux travailleurs d’autres sous-secteurs. L’enseignant du supérieur a essentiellement trois missions : l’enseignement, la recherche et le service à la communauté. Ce sont trois pôles de notre mission qu’on ne peut pas ignorer. Ils sont pris en compte dans l’évaluation des dossiers au CAMES ; ainsi, si ces paramètres ne sont pas présents, le dossier du candidat ne passera pas. La quête de la qualité et le besoin d’équité supposent que tout le monde soit au même niveau d’information et d’exigence. Il faut cependant reconnaître que, comme c’est malheureusement le cas dans toutes les administrations, nous avons aussi des brebis galeuses. Si je suis dans un département et que je me contente d’aller assurer mes cours, il y a quelque chose qui ne va pas. Si je me contente d’être dans mon laboratoire et que je ne contribue pas au fonctionnement de mon entité, il y a problème. La plupart des collègues s’investissent dans ces activités ; mais d’autres ne le font pas. Il faut donc corriger cela et mieux accompagner ceux et celles qui s’acquittent convenablement de leurs missions. Il y a quelque chose d’extraordinaire que nous avons pu réaliser depuis quelques années. La formation à la pédagogie universitaire des acteurs de notre institution. Le défi est là depuis bien des années ; la formation à la pédagogie universitaire et la quête de la qualité préoccupent les responsables de l’UAC depuis des décennies ; plusieurs initiatives ont été prises, il y a longtemps. Ainsi, dans le cadre de la coopération interuniversitaire, notamment avec la Belgique et les Pays-Bas, des collègues ont suivi des formations dans ce domaine. De ce point de vue, on peut estimer qu’il s’agit véritablement d’un changement de paramètre. Les premiers enseignants de l’université venaient avec leurs compétences disciplinaires. Quelqu’un descend avec sa thèse, on le recrute et il assume ses enseignements. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Dès qu’on recrute un assistant, avant qu’il ne puisse aller interagir avec les étudiants, il doit suivre une formation en pédagogie universitaire ; Il doit apprendre à enseigner. Il a beau être un bon spécialiste dans sa discipline, il doit savoir que l’enseignement est un métier qui s’apprend. On ne s’improvise pas enseignant. Des gens peuvent avoir des prédispositions, mais il faut que tout cela soit formalisé. De ce point de vue donc, le travail des enseignants se fait dans de meilleures conditions ; ils sont mieux préparés à assumer leurs responsabilités d’enseignants. Il est important que, notamment, tout le personnel enseignant s’implique davantage dans l’accomplissement de ces trois missions : l’enseignement, la recherche et le service à la communauté.

A la date d’aujourd’hui il y a combien d’enseignants à l’université d’Abomey Calavi ?
A cette question, je pourrais répondre que, selon les données fournies par le Service des Statistiques de l’UAC, nous étions 911 enseignants-chercheurs en 2017-2018 ; à ce chiffre, il faut ajouter le nombre de collaborateurs extérieurs intervenant dans les entités.

Pour être opérationnel, l’université a besoin de combien ?
L’université a besoin de plusieurs milliers d’enseignants. Aujourd’hui, si nous considérons que nous avons près de quatre-vingt mille étudiants, mille enseignants, ce n’est pas suffisant. Il y a un certain nombre d’indicateurs. A titre d’exemple, idéalement, un enseignant doit pouvoir encadrer une trentaine d’étudiants au plus. Quand vous avez des amphis de trois mille étudiants, vous êtes en dehors des normes.

Mais face à ce manque criard d’enseignant, quelle solution avez-vous ?
Il faut former. Le problème de la formation est en partie réglé. Il y a beaucoup de docteurs qui sont sortis de nos universités et des autres universités. Il faut leur donner l’occasion de mettre leurs compétences au service de l’université. L’initiative des recrutements relève des compétences de nos autorités hiérarchiques ; les démarches sont en cours pour doter les universités de plus de ressources humaines de qualité. Compte tenu de l’important gap à combler dans nos universités, j’estime que, avec les ambitions que l’on nourrit pour le Bénin, il faut que ce problème soit résolu dans les meilleurs délais. Il est d’autant plus important de le régler qu’avec les départs à la retraite, le gap se creuse, et chaque année c’est plusieurs dizaines d’enseignants qui vont à la retraite. Déjà que cela ne suffit pas en termes d’effectif, en termes de qualité de l’encadrement, il faut déjà procéder au remplacement systématiquement des collègues admis à la retraite ; mais, même le remplacement systématique ne suffit pas. Il faut donc aller au-delà des remplacements systématiques. Je voudrais souligner que les exemples de certains pays peuvent nous inspirer. Il est arrivé, dans un pays de la sous-région que, pour la seule faculté de médecine, l’on ait recruté pendant une année cent enseignants. Pour en arriver là, je crois que ce que l’on peut faire est une politique volontariste. Le déficit est criard, il est très préoccupant. Alors, après l’évaluation des besoins, on fait l’effort d’un recrutement massif. L’évaluation doit se faire dans certaines conditions pour que l’impact recherché soit atteint. Si vous êtes enseignant et que l’on doit attendre votre départ à la retraite avant de recruter un autre enseignant pour vous remplacer, il y a un problème de préparation de la relève. Il faut que celui-là arrive suffisamment tôt, qu’il s’imprègne des réalités de l’environnement dans lequel il va vivre. S’il ne s’en imprègne pas, comment va-t-il agir dans le sens d’une relève de qualité ?

Qu’est-ce que l’équipe rectorale a fait dans ce sens ?
Nous informons régulièrement les autorités de nos besoins ; il faut communiquer davantage pour faire mieux comprendre la pertinence et l’urgence de ces besoins. Il y a un effort d’amélioration à faire dans ce sens. Les données existent, mais les priorités sont nombreuses aussi.

Entre 2017 et maintenant vous avez recruté combien d’enseignants ?
Entre 2017 et maintenant, nous avons bénéficié du recrutement de plusieurs dizaines d’assistants. Parce qu’il y en avait qui avaient été recrutés du temps du précédent Cabinet ministériel pour les universités publiques. Ils étaient au nombre de cent ; et nous avons d’abord régularisé la situation de ceux-là, parce qu’il y avait des cas de contentieux. Mais le processus est en cours pour que nous rattrapions les recrutements de 2018 et 2019. Nos autorités de tutelle et les universités y travaillent de façon assez sérieuse. Nous espérons donc que, dans un délai relativement court, ces ressources humaines seront mises à la disposition de nos universités. Le besoin est là et les compétences sont disponibles. Il y a beaucoup de titulaires de doctorat ; et certains d’entre eux, même s’ils sont frappés par le critère d’âge, continuent, malgré cette situation difficile, de mettre leurs compétences au service de l’Université.

A la date d’aujourd’hui, combien de docteurs sont à l’université et qui attendent le recrutement ?
Ils sont plusieurs dizaines. Il y a un nombre assez important. Et ce nombre, dans beaucoup de filières, ne suffit même pas pour couvrir les besoins actuels. On ne peut pas dire que c’est le cas dans toutes les filières. Il est déjà arrivé dans certaines filières que l’on détermine les profils et qu’on ne trouve pas, à l’instant, les personnes qui en remplissent les critères.

M. Le recteur, vous avez évoqué en filigrane la Covid-19. Cette pandémie sans précédent qui a ébranlé le monde entier et même les pays les plus industrialisés. Nous savons tous que l’Université d’Abomey-Calavi aussi a vécu cette crise. Dès l’annonce des mesures prises par le gouvernement en vue de lutter contre la propagation de cette pandémie à l’Université d’Abomey-Calavi, comment avez-vous traversé cette période ?
Effectivement, cette crise qui continue de nous compliquer la vie, bouleverse complètement nos interactions sociales et remet en cause nos pratiques sociales. C’est dur. Vous l’avez souligné à juste titre ; même les pays qui sont plus avancés que nous en font les frais, dans des conditions pires que les nôtres, et il faut de ce point de vue, rendre grâce à Dieu. Il y a eu des oiseaux de mauvais augure qui ont prédit l’hécatombe ; heureusement qu’ils ont eu tort et ils auront toujours tort.
Cela dit, le gouvernement a pris la décision de fermer les établissements de formation pour des raisons que tout le monde peut comprendre. Il fallait intervenir pour que la situation ne soit pas plus dramatique. Nous avons dû observer une halte de 45 jours. Et 45 jours, c’est important dans une année universitaire. Et ce qui a été proposé et qui était déjà en application dans certaines entités, c’est la mise en ligne des cours, les interactions avec les étudiants à travers le numérique. Et le gouvernement a pris une décision qu’il faut saluer ; la mise à disposition d’une plateforme pour les cours en ligne. Je le dis toujours, c’est un bien, quelque chose d’extraordinaire dans un contexte de crise. On peut dire que la lutte contre la Covid-19 a donné ça. Parce que c’est un besoin qui date de longtemps. Le e-learning pour moi, c’est un outil qu’il faut développer. Maintenant, c’est une première expérience. Ce n’est pas étonnant qu’il y ait quelques difficultés. Le gouvernement s’est investi dans la mise en place de cette plateforme. Le gouvernement nous a aidés au plan du renforcement de la bande passante. On est passé de 6 à 100 Mbits sur la bande passante. C’est un appui important. Mais ce n’est pas encore suffisant. Nous continuons de faire le plaidoyer pour que des efforts additionnels soient faits. Il faut qu’on y aille. On ne peut pas tourner le dos au e-learning.

Est-ce que ça a été vraiment bénéfique, profitable pour les étudiants. Est-ce que le e-learning est toujours d’actualité à l’université d’Abomey-Calavi ?
Moi je vous comprends. J’ai dit tout à l’heure que comme c’est une expérience nouvelle, qu’il y ait des difficultés, ce n’est pas étonnant. Mais je me demanderais plutôt quoi faire pour que tout le monde puisse en profiter. Si je pose la question « est-ce qu’on en a vraiment profité ? » ; celui qui répond NON est dans la logique du verre à moitié vide. Moi, j’opte pour le verre à moitié plein. C’est un besoin. Il n’est pas encore complètement en adéquation avec ce que nous avons envie de faire. Mais il faut continuer de travailler, de le renforcer pour qu’il réponde mieux aux besoins. Sinon, on va marcher à contre-courant. C’est incontournable.

Vous l’avez expliqué aux étudiants qui sont en grève ?
Oui. En fait, on n’a jamais cessé d’expliquer cela à nos chers étudiants. Maintenant, les étudiants se plaignent de la situation. Il faut aussi écouter les difficultés qu’ils rencontrent au niveau de la connexion. Le fait qu’ils communiquent les difficultés auxquelles ils sont confrontés participe de la recherche de solutions. Il faut avoir une oreille attentive à ce niveau. Ils vivent probablement plus que nous les difficultés liées au système. Il faut qu’ils nous expliquent leur situation afin qu’on puisse leur proposer des solutions. Mais des solutions sont aussi à leur niveau. Parce qu’il y a des étudiants de chez nous qui font des choses extraordinaires. Chez vous, au boulot comme au domicile, quels sont vos experts en utilisation de votre Androïde ? Ce sont les jeunes. Ce sont eux qui nous indiquent comment faire ceci ou cela. Et si on leur fait confiance et qu’on les met à la tâche, ils vont nous aider à régler aussi nos problèmes. Mais si on les regarde de haut, nous ne règlerons pas ces problèmes. Tout le monde mérite de la considération. Associons-les davantage à ce qui les concerne, et ils vont nous aider à trouver des solutions. Mais il ne faut pas qu’eux aussi regardent le processus comme une chose extérieure à eux, qu’ils adoptent une posture de spectateurs. Ce n’est pas une bonne attitude ; ils devraient se dire que ce qui est proposé est pour eux. Comment font-ils pour se l’approprier ? Qu’est-ce qu’ils font pour que cela fonctionne de façon optimale. Je crois que c’est ensemble qu’on va trouver des solutions.
Pour récapituler, j’estime qu’on ne peut pas faire marche arrière. Maintenant, comment allons-nous nous organiser pour que le dispositif soit en adéquation avec les besoins pour lesquels il a été mis en place ? Il faut travailler à cela. Le e-learning doit aider les étudiants à bénéficier d’une formation de qualité. Associons-les pour qu’ensemble nous puissions trouver des solutions. Il faut qu’ils cherchent les moyens pour s’approprier ce qu’on leur propose afin que le processus puisse fonctionner de façon optimale.

Vous avez dirigé une équipe qui a massivement construit sur le campus, êtes-vous satisfait de ces infrastructures ?
Nous devons avoir l’honnêteté de reconnaître que des efforts ont été fournis dans ce sens ; mais on aurait voulu faire encore davantage s’il y avait plus de moyens. Parce que malgré tout ce qui a été fait, les besoins sont loin d’être couverts. Il faut donc continuer de se battre. Ce que vous observez aujourd’hui, c’est un travail de plusieurs générations. Toutes les équipes qui sont passées à la tête de notre université ont joué leur partition ; c’est un travail à la chaîne. Et chacun doit s’investir en se disant qu’il est un maillon de la chaîne, même si nous ne sommes pas de la même institution universitaire, nous sommes quand même des Béninois.

Comment appréhendez-vous les mouvements liés aux 8 semestres ?
La question des 8 semestres est une préoccupation pour les étudiants, parce que malheureusement certains d’entre eux ont épuisé leurs années de formation. Un étudiant qui a un parcours normal finit son programme de Licence après 6 semestres. Les textes ont donc prévu la possibilité d’une année d’échec. Ce qui fait que l’étudiant dispose au maximum de 8 semestres pour finir sa licence. Malheureusement, il se trouve que certains étudiants ont épuisé les 8 semestres, mais n’ont pas encore rempli toutes les conditions nécessaires pour le diplôme. Ils n’ont pas validé toutes les unités d’enseignement. On vient à l’Université pour réussir et pour réussir on n’a qu’une seule chose à faire, c’est de travailler. Maintenant, l’institution universitaire à travers le processus des délibérations connaît la tradition qui consiste à se prononcer sur ces cas. Quand on parle de validation, quand on fait le point normal de ceux qui remplissent les conditions de validation, on échange autour des cas problématiques et on leur donne un certain nombre de moyens. Ils ont une deuxième chance de rattrapage, en termes d’autres moyens traditionnels d’accompagnement dans ce processus de validation de l’ensemble des unités d’enseignement. Par rapport au règlement de cette problème, nous avons entrepris des démarches ; nous leur avons demandé de faire des propositions. Nous avons mis en place une commission qui doit d’ailleurs faire le point et nous allons partager les propositions de cette commission avec les responsables étudiants. Quand on rentre dans une formation, on signe un contrat, et dans le contrat il y a un règlement pédagogique dans lequel figurent les conditions d’étude, les conditions dans lesquelles on travaille. On ne peut pas signer un contrat et après remettre en cause des clauses du contrat. Cela ne se fait pas. Nous sommes sensibles à cette difficulté ; nous allons réfléchir aux solutions, mais il faut que chacun reste dans les limites requises pour ne pas mélanger les choses.

Beaucoup de choses ont été faites de 1970 à 2020 à l’Université d’Abomey-Calavi. Quels sont aujourd’hui les défis qu’il faut relever pour pouvoir hisser l’Université au rang des meilleures universités sur le plan international ?
Il est important de construire des amphis, mais cela ne suffit pas ; il faut mettre à disposition aussi d’autres outils, notamment les matériels pédagogiques, les équipements de laboratoire. Quand on a parlé de e-learning, on a pensé à améliorer la fluidité de l’Internet ; l’étudiant peut travailler grâce à une meilleure connexion. Il y a beaucoup d’expériences à l’Université où les étudiants suivent les cours via Internet et arrivent à valider toutes les unités d’enseignement. Il y a quelques années, à l’UAC, on a même dû faire diffuser les cours via la radio ; en effet, du temps de l’équipe du Recteur Brice A. SINSIN, le Rectorat a équipé Radio Univers et une salle à partir de laquelle les cours sont enregistrés et diffusés. Donc, l’étudiant n’était pas obligé de se présenter en salle avant de suivre les cours. Les solutions existent et tout cela ne peut se faire qu’à partir d’une bonne connexion. Mais malheureusement, l’arsenal dont nous disposons aujourd’hui n’est pas encore à la hauteur de ce défi. Les autorités y travaillent sérieusement, mais il y a des efforts à fournir. J’ai parlé d’infrastructures tout à l’heure, mais il faut beaucoup de ressources. Vous avez beau disposer du personnel formé à l’utilisation de ces moyens techniques, pour prendre en compte les réalités d’aujourd’hui, il faut recruter les ressources humaines en quantité et en qualité. Il faut équiper les laboratoires, ce qui représente un coût ; et c’est autant de choses à faire pour améliorer la qualité du dispositif, parce que la recherche est un ingrédient essentiel pour l’actualisation, l’amélioration de l’enseignement. Si vous ne faites pas de recherche, vous allez passer à côté de l’essentiel.

Vos collègues enseignants revendiquaient de ne plus payer les frais d’inscription, comment appréciez-vous cela ?
Les enseignants ne payaient pas les frais d’inscription les années antérieures ; maintenant, les règles ont changé et les enseignants réclament le retour aux anciennes pratiques où le paiement de ces frais était à la charge du budget national. Je voudrais saisir cette occasion pour prier nos autorités de poursuivre les efforts de prise en charge de ces frais, dans le sens de ce qui a partiellement repris avec les concours d’agrégation. C’est un effort louable, et nous souhaitons leur accompagnement dans la résolution de ce problème. En effet, l’une des conséquences de cette décision est qu’elle dissuade certains collègues de franchir le cap de leur inscription sur les listes d’aptitude du CAMES. En effet, l’inscription sur l’une de ces listes, c’est la reconnaissance des qualités de nos enseignants-chercheurs ; mais c’est aussi la garantie d’amélioration de la qualité des formations et des recherches. Il faut donc aller au-delà des avantages matériels liés à cette performance d’évaluation au plan international. C’est davantage de possibilités d’interactions avec d’autres collègues et institutions ; davantage de visibilité pour l’institution et le pays. En effet, si un collègue sort un résultat de recherche, on parle de lui en tant que Béninois et ainsi notre pays sera honoré.

Votre mot de la fin
Je vais finir en disant que l’université appartient à la nation et comme citoyen/citoyenne, nous devons faire confiance à notre université, nous devons la porter haut, nous devons l’aider à avoir les moyens de réussir ses missions et à être à la hauteur des défis qu’elle doit relever. Un pays développé, c’est une université développée et la recherche est l’intrant essentiel dans tout ce processus. Ce sont les résultats des recherches qui permettent d’actualiser le contenu des enseignements, de relever les niveaux d’études ; et c’est grâce aux résultats des recherches qu’on peut apporter des solutions aux préoccupations des citoyens et citoyennes. Pour cela, il faut renforcer les activités de recherche, il faut les accompagner d’une certaine façon ; et, en le faisant, on améliore le système d’enseignement, les conditions de travail. Il est important que l’on poursuive les réformes au niveau du E-learning et que la plateforme continue de connaître des améliorations afin que les étudiants s’y sentent davantage à l’aise. Que cette plateforme leur permette d’avoir des enseignements de qualité et qu’ils n’hésitent pas à jouer leur partition en termes de contribution pour que ce dispositif soit davantage en adéquation avec les besoins, les raisons pour lesquelles il a été mis en place. Moi j’ai confiance et je rêve d’une université dont les citoyens et les citoyennes sont fiers parce que ce qui en sort leur fait plaisir, les honore et ils sont convaincus qu’avec ce qui se fait à l’université, ils ont des solutions à leurs problèmes afin que le pays puisse aller de l’avant.

Carte d’identité: Attaché à la recherche

Maxime da Cruz naît le 28 novembre 1955 à Ouidah. Il fait ses études primaires et secondaires à Porto-Novo, respectivement à l’Ecole catholique St Joseph, et au Cours secondaire Notre Dame de Lourdes. Après un Bac série A4 en poche en 1976, il s’inscrit à l’Université nationale du Bénin. Il soutient son mémoire de maîtrise de Linguistique en 1983. Recruté en décembre 1983 comme attaché de recherche ; avant son recrutement, il a servi comme Exploitant pédagogique au CEBELAE, dont le premier Directeur est aussi son maître de mémoire, le Professeur Georges A. G. GUEDOU. Mis à la disposition de la Commission nationale de Linguistique (CNL) devenue un an plus tard, le Centre national de Linguistique appliquée (CENALA), actuel INALA, il a eu le bonheur et le privilège de travailler aux côtés de son premier Directeur, le Professeur Marc Laurent HAZOUME. Il se rappelle les avancées remarquables qui ont été réalisées avec le temps, avec des enseignants locaux mais aussi ceux venant de l’extérieur. Il fait sa thèse de PhD. au Canada, à l’Université du Québec à Montréal, après des séjours de formation à l’Université de Montréal. Une fois revenu du Canada, il renoue avec l’enseignement et assume des responsabilités à divers postes jusqu’en 2011 où il a été élu Vice-Recteur dans l’équipe du Recteur Brice Augustin SINSIN, avant d’être élu à son tour Recteur en 2017. Maxime da CRUZ est Professeur titulaire de Linguistique, enseignant au Département des Sciences du Langage et de la Communication (DSLC) de la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Communications (FLLAC.

Intimité: Monogame convaincu

Père de trois enfants dont une fille et deux garçons, Maxime da CRUZ est monogame. Pour être son ami, il faut priser par-dessus tout, la sincérité, la bonne foi. A table, le Professeur da CRUZ apprécie plutôt les mets locaux. « Pour votre honneur aussi, si quelqu’un vient chez vous, offrez-lui d’abord et surtout les mets locaux ; ainsi, comme boisson, proposez-lui du sodabi, du choucoutou, offrez-lui du chakpalo », dit-il. Mais, l’eau reste sa boisson préférée, même s’il aime bien prendre, de temps en temps, du bon vin et de la bière avec les amis. Pour maintenir la forme, il fait de la marche.

La Rédaction

Le député UP Valère TCHOBO, invité de «Sous l’arbre à Palabre» à l’Evènement Précis: «En 2021, Talon doit pérenniser ses acquis»

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Le député UP Valère TCHOBO

Membre fondateur du parti Union Progressiste (UP), Député à l’Assemblée Nationale, 8ème législature, l’Honorable Valère Tchobo, était l’invité dans la rubrique Sous l’arbre à palabre du quotidien L’Evénement Précis du jeudi 16 juillet 2O20. Acteur politique très avisé, l’homme n’a pas caché sa proximité avec l’ancien Président Boni Yayi pendant qu’il était encore au pouvoir et sa participation actuelle en tant que Député de la 8ème législature, qui travaille à accompagner les réformes du gouvernement de la Rupture que dirige le Président Patrice Talon. Fervent chrétien, l’élu de Savalou a abordé plusieurs questions de l’actualité en l’occurrence la modification des lois électorales par les députés, les réformes politiques opérées sous le régime du Président Patrice Talon afin de renforcer les partis politiques et la question du parrainage. L’élu de la 9è circonscription électorale a exhorté le peuple béninois à accompagner le Chef de l’Etat Patrice Talon dans ses actions afin qu’il rempile pour pérenniser l’œuvre qu’il a entamée.

Et si on en parlait

Durant les dernières élections communales, l’UP a fait fort en enlevant 40 mairies. Quelles sont, selon vous, les clés de cette performance ?
C’est évident que l’UP ait fait fort avec le nombre de maires et de sièges. Au départ, l’UP a plus d’élus que les autres partis qui existent au Bénin. Et quand on parle d’élus, on parle de la population à la base. C’est vrai que nous avons une base en tant qu’élus et si vous êtes plus nombreux que les autres en termes d’élus, c’est évident que vous preniez la tête. C’est parti depuis le début. Quand on a créé les deux partis, UP et BR, vous aurez constaté que l’UP dépasse le BR en termes d’élus et de cadres.

Comment assurez-vous l’après victoire ?
Vous aurez constaté à travers les informations, le pragmatisme qu’il y a au sein de l’UP. A ce niveau, il y a de la matière. Depuis qu’on a pris cette direction, les maires ont été formés, que ce soit à Grand Popo, à Bénin Royal Hôtel et si ce n’était pas le contexte sanitaire lié au Covid-19, les membres du Bureau politique se seraient déjà rencontrés pour échanger sur l’organisation et autres points. C’est pour vous dire qu’il y a de la matière et que ça bouge au sein de l’UP.

On a constaté lors des communales que plusieurs candidats ont bataillé pour le même fauteuil, au sein de la même commune. Comment expliquez-vous cela ?
Partout où il y a le pouvoir, il y a de la rivalité et des ambitions. Un homme qui n’a pas d’ambition doit avoir un problème au niveau de son âme. Ces rivalités ne surprennent pas. Là où il y a le pouvoir, il y a aussi des intérêts. Il est vrai que ça a titillé un peu, mais les pendules ont été remis à l’heure.

Comment cela s’est-il passé à Savalou ?
Vous avez constaté que l’UP n’a pas fait long feu à Savalou, ni à Bantè ou les velléités de l’ancien système sont encore présentes. A Savalou, il faut remarquer que nous nous sommes éliminés nous-mêmes à cause de la mésentente. Il faut le souligner. Là où il n’y a pas l’harmonie, il ne faut pas s’attendre à un succès. Mais, il faut noter que l’UP a été en tête en termes de suffrages exprimés. On avait 15 400 voix pendant que le BR qui a le maire aujourd’hui, a 14 000 voix. Ce qui veut dire que nous dépassons de 1 000 voix le parti qui a le maire. En réalité, il nous a manqué plus de cohésion et d’entente. C’est ça qui a fait que la loi que nous même nous avons votée, nous a rattrapés. Si ce n’était pas cette loi, c’est l’UP qui serait en tête.

Aujourd’hui la loi est mauvaise ?
Aucune loi n’est mauvaise. C’est Montesquieu qui a dit qu’il n’y a rien de plus puissant qu’une République où l’on observe les lois, non par crainte mais par passion. Donc on ne peut pas dire qu’une loi est mauvaise. Mais peut-être que des choses sont à revoir. Vous savez que nous avons des prérogatives de relecture, de révision des lois. Ça peut arriver.

Qui dirige l’UP pour que le parti fasse ces performances ?
Au sein de l’UP, il y a des hommes. Un parti qui est plus organisé et plus structuré que l’UP aujourd’hui, ça n’existe pas. Ça peut venir demain. Bruno Amoussou est le président de ce parti. Il n’y a pas de polémique à cela. Le reste, vous allez voir Abraham Zinzindohoué, Sacca Lafia, Mathurin Coffi Nago et Idji Kolawolé. Ils accompagnent en tant que sommités du parti, mais il y a un président qui est Bruno Amoussou.

Quelle appréciation avez-vous de la 8è législature installée il y a un peu plus d’un an ?
Puisque j’y appartiens, je ne peux pas vous dire le contraire que la fierté que j’ai aujourd’hui d’appartenir à cette législature.

Plus que les autres ?
Absolument !

Quelle différence y a-t-il entre l’actuelle législature et les précédentes ?
Evidemment que vous devez constater que ça s’accompagne avec des réformes salutaires. Et pas sans nous les élus du peuple. Il n’y a pas de réforme de loi où on ne légifère pas dessus à l’Assemblée nationale. Donc aujourd’hui, nous sommes en harmonie avec toutes ces réformes de loi qui ont été votées. Je peux vous dire que c’est une fierté pour moi d’appartenir à cette législature.

D’aucuns estiment que cette législature n’assure pas le contrôle de l’action gouvernementale. Qu’en dites-vous ?
C’est leurs opinions. Et nous sommes en démocratie. On ne peut pas refuser à quelqu’un de dire ses opinions, parce que c’est la liberté d’expression et on leur concède ça. Mais en réalité, ça n’a jamais été ça, puisque nous avons aujourd’hui un Président de la République qui sait échanger, qui sait dialoguer et qui n’a jamais cessé d’appeler les différents partis qui le soutiennent à la table de négociations. Et vous devez constater aussi que quand il prend une direction où il constate que les députés estiment que cette direction n’est pas évidente, il rebrousse chemin. C’est un être humain le Président de la République. L’essentiel, c’est que la sagesse le guide et que Dieu l’accompagne.

Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’il y ait eu un tourbillon autour de la révision du Règlement Intérieur de l’Assemblée nationale ?
C’est de ça qu’il est question. Si on était vraiment à la solde de quelqu’un, ça ne se passerait pas comme ça, parce que c’est des débats houleux à l’Assemblée nationale. Et nous arrivons à accorder les violons si les choses sont corrigées. Pour la première fois, le Président de l’Assemblée a dû suspendre les travaux, parce qu’on ne s’accordait pas. Et on s’est retrouvé. On a échangé, chacun a donné son opinion et puis à la fin, on s’est compris. C’est pour cela que vous avez constaté que la loi a été votée facilement.

Mais avec 41 procurations, ce n’est pas trop ?
Ça a été toujours comme ça. Vous n’allez jamais voir tous les 83 députés présents à l’Assemblée nationale. Même avec la révision de la Constitution, les 83 députés n’étaient pas présents. Il y a toujours eu de procuration. C’est des pratiques parlementaires. Vous ne verrez jamais les 83 députés présents à l’Assemblée. C’est rare.

Désormais, c’est les partis qui forment les groupes parlementaires. Qu’est-ce qui explique cette disposition ?
Les partis ne forment pas les groupes parlementaires. Il faut nuancer. C’est les députés qui forment les groupes parlementaires, mais ils sont issus d’un parti politique. Et dans le pays aujourd’hui, il y a des réformes et comme on le dit, dans les grandes démocraties, les partis ont des règles. Il y a le Règlement Intérieur qu’il faut respecter. On ne peut plus se lever et faire ce qu’on veut. Ça c’est du passé et c’est révolu. C’est ça qui a fait un peu de polémique et finalement on s’est compris.

Avant chaque député était libre de quitter un groupe pour rejoindre un autre, mais pourquoi subitement on dit que c’est de la pagaille ?
Le monde tourne et il tournera toujours. On ne peut pas l’arrêter. Aujourd’hui, c’est les réformes. Il y a des réformes salutaires, que ça soit juridiques, sociétales etc. Ces réformes-là, nous amènent aujourd’hui à valoriser les partis politiques parce qu’ils ne sont plus des partis émiettés. Alors que précédemment, on avait jusqu’à 200 partis politiques. Mais l’arène politique a été assainie par les réformes. Avec ça, on ne peut plus continuer de faire la pagaille qu’on faisait auparavant. Aujourd’hui, les instances ont décidé qu’on encadre un peu les choses. Ce qui est normal. C’est vrai qu’on a nos points de vue. Si ça ne va pas, on peut le dire, mais avec la sagesse, puisque nous appartenons désormais à un parti politique. Sinon, s’il est loisible à chacun de faire la pagaille, de dire ce qu’il veut, de sortir quand il veut, là ce n’est plus la démocratie. Parce que la démocratie n’est pas l’anarchie.

Après 30 ans de démocratie, ça ne vous gêne pas de participer à une législature où il n’y a que deux partis qui soutiennent tous le Chef de l’Etat ?
Aucune gêne, parce que j’y participe, j’y adhère et en tant que responsable de l’éthique, je pose un acte, je dois pouvoir réfléchir et analyser un peu. Nous avons opté pour la chose et ça s’est accompagné. Ce n’est pas qu’on s’est levé du jour au lendemain pour créer un parti, non. Ça émane des lois de la République et une loi, vous savez, comme on le dit vulgairement, nul n’est censé ignorer la loi et je viens de dire qu’une République où les lois ne sont pas respectée, cette République est vouée à l’échec. Donc, moi j’ai toujours conseillé aux amis, aux proches, de respecter les lois. La question est de savoir où étaient les gens quand les lois ont été votées. C’est ça ce qui arrive puisque les gens disent « Non, ça ne se passera pas comme ça ». Et vont aller contre, alors que c’est au vu et au su de tout le monde que ces lois ont été votées et aujourd’hui, on ne peut que respecter la loi car la loi a été faite pour être respectée. La loi, c’est comme un fétiche et quand vous faites votre fétiche et que vous commencez par uriner là-dessus, c’est que ça pose un problème.

La question du parrainage, ça ne vous dit rien ou bien pensez-vous que dans le contexte actuel, un élu peut parrainer le candidat de son choix ?
Ça, je vais toujours revenir sur la loi car pour moi, nous devons respecter les lois de la République. Les lois que nous même nous votons, nous ne pouvons que les respecter. Tant que la loi n’est pas abrogée, on la respecte. Pour moi, laissons le temps au temps mais déjà, en tant que député, je peux vous dire que les uns et les autres doivent chercher à respecter les lois de la République, parce que ça n’arrive pas qu’aux autres. Ceux qui sont là aujourd’hui vont quitter un jour et si vous avez déjà porté un frein aux lois qui ont été votées, c’est que ça va vous rattraper puisqu’on ne vote pas les lois pour le présent seulement, mais aussi pour l’avenir. Donc, je nous invite tous, journalistes comme acteurs politiques au respect de la loi. Je ne vais pas aller plus que ça pour le parrainage.

Il y a un parti qui depuis hier ou avant-hier est en train de mener des démarches auprès de l’UP pour avoir un appui, c’est-à-dire que pour que l’UP lui passe ses députés pour le parrainer. Si par exemple le parti vous demande de signer le parrainage pour ce parti, que feriez-vous ?
Tout ça, c’est des choses à voir après puisque là tout de suite, je ne peux savoir avec certitude, ce qui peut se passer. C’est clair et vous venez de m’informer et ce n’est pas que je ne suis pas responsable mais je suis honnête. Donc, des gens vont déjà vers les partis, c’est leur choix. C’est leur droit parce qu’ils peuvent faire le tour d’ autant plus que nous sommes en démocratie.

Les gens estiment que le député doit être libre d’accorder son parrainage à qui il veut. Une autre opinion estime que c’est le parti qui doit autoriser le député à pouvoir donner le parrainage. Où vous situez-vous dans ces deux camps ?
Si non, tu prends la réponse que tu veux puisque j’ai déjà répondu à cette question et je vous dis : cherchons à respecter les lois de la République. Puisque la polémique se fait autour de la question, je crois qu’en son temps, il y aura certainement un consensus. Un consensus puisque ceux qui l’animent aujourd’hui sont des professeurs d’université et c’est des gens qui pensent quand ils parlent et nous savons de quoi nous parlons et pourquoi les lois ont été votées. Mais on a souvent dit qu’il y a la loi et qu’il y a l’esprit de la loi. Pour le moment, je peux vous dire l’esprit de la loi que j’ignore peut être.

Vous avez voté la loi et donc, vous connaissez son esprit. Vous êtes le législateur et vous savez ce qui se cache derrière cette loi. Dites-le nous !
Vous avez été à l’école comme moi, vous comprenez et on s’est servi du français pour écrire cette loi et donc, vous pouvez faire votre opinion comme les présidentiables sont en train de le faire aujourd’hui.

Les députés pourraient être convoqués à nouveau pour voter une loi interprétative, vous ne pensez-pas ?
Pourquoi pas ? Je suis partant. Parfois, il faut respecter l’esprit du groupe et je suis dans un groupe en tant que député. Même si on laissait le parti, entre nous députés, il doit y avoir un esprit de groupe que nous respectons et donc, il n’y a pas de souci. Si avec ça, nous devons corriger les choses, je crois qu’il n’y a aucun problème. Pourvu que la nation avance.

Vous n’êtes pas gêné de chaque fois interpréter des lois votées alors que la Cour constitutionnelle est là pour interpréter et expliquer les lois ?
Pas du tout, moi je ne suis pas du tout gêné. C’est quand les choses vous échappent que c’est plus grave, sachant qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite. Vous faites quelque chose et vous voyez que ce n’est pas parfait, vous le corrigez. Et, la Constitution nous donne ici l’opportunité ou la prérogative de revoir ce qui ne va pas.

On vous a vu actif derrière le Président Boni Yayi que vous avez soutenu pendant dix ans et depuis 2016, vous êtes encore actif derrière le Président Talon. C’est quoi le sens de cet activisme ?
Vous savez, quelque part, la vie est un choix et comme je vous l’ai dit, je ne fais rien sans l’avoir analysé. Dès que je prends la décision d’appartenir à un régime ou de soutenir un régime, c’est que je prends du recul, je prends du temps et j’analyse et j’observe : est-ce que ce bateau nous amène à bon port ? C’était le cas de Yayi Boni en 2006. Il était venu avec le changement. C’était ça et puis j’ai soutenu le Président Boni Yayi, pas seulement dans ce volet politique car le volet spirituel a compté beaucoup pour le Président Yayi parce qu’il était venu comme un chrétien et moi je suis encré dans le service de l’Eternel et je ne peux ne pas l’accompagner. D’ailleurs, j’ai connu le Président Boni Yayi à Paris, avant qu’il ne soit Président de la République. Nous avons échangé, il m’a laissé ses contacts et j’ai su déjà qu’il était un homme de Dieu. De facto, nous l’avions accompagné sans état d’âme. Donc, comme vous l’avez dit, je l’ai accompagné en toute fidélité et de façon loyale jusqu’à la fin. Je fais partie des rares personnes qui sont restées loyales au Président Yayi et quand on finissait, certains sont allés me voir au second tour pour me dire qu’on ne passera pas. Là, il ne s’agit plus de Boni Yayi mais de Lionel Zinsou. Alors que le sort était réservé au Président Talon. Pendant neuf mois, on a eu de recul. On a observé. Et quand on voit l’horizon, les perspectives, on s’est dit cet homme d’État est en train d’amener du nouveau. Pourquoi ne pas l’accompagner en tant que patriote et chrétien de surcroit ? Vous savez, la rébellion, l’adversité, l’opposition, d’abord ne sont pas pour les chrétiens.

Ah bon ?
Je vous le dis. Vous ne verrez aucun passage biblique qui dit le contraire. Vous prenez toute la Bible, de Genèse à Apocalypse, vous ne le verrez pas. Cela a été toujours un débat avec les frères politiques, les frères en Christ. Nous avons toujours échangé tout le temps à propos. La Bible ne varie jamais. C’est comme ça. Donc, vous voyez, aujourd’hui, Patrice Talon est le Président de la République. Il incarne le peuple. Nous devons le respecter en tant que tel, nous soumettre à lui et prier pour lui comme Dieu nous l’a recommandé. Ce n’est pas qu’on fait du ping-pong. Non. Pas du tout. Nous savons ce que nous faisons. Et aujourd’hui, quand je réponds à quelqu’un, il se tait. Parce qu’il ne peut pas me défier sur ce plan-là.
Vous n’avez pas voté Talon. Il est élu et depuis 4ans, vous le soutenez. Pensez-vous qu’il fait des choses qui sont différentes du Président Yayi Boni ?
Vous aussi ! Cette question ne mérite pas d’être posée !

Pourquoi ?
La différence ? Même les aveugles la voient.
Yayi Boni a posé des actes indéniables et souvenez-vous que l’Etat est une continuité. Toutefois, on note une différence entre ce qui se fait aujourd’hui et ce qui a été fait sous le régime précédent.

C’est quoi cette différence, Honorable ?
Je vous ai dit que même les aveugles voient.

Sous le Président Yayi, des gens étaient en exil. Aujourd’hui, on parle aussi des gens qui sont en exil. La différence est où ?
On peut dire sous cet angle qu’il n’y a pas de différence à quelques millimètres près. Car, les personnes qui sont hors du pays ne sont pas les mêmes et n’y sont pas pour les mêmes causes. Quand on fait une étude holistique des deux hommes, c’est la nuit et le jour. Vous savez, quand Talon prend une décision, et que les acteurs politiques, les députés n’arrivent pas à le convaincre, il va jusqu’au bout et il réussit. J’en veux pour preuve, la Police Républicaine. C’était les gendarmes à part, la Police de son côté. Est-ce qu’on pouvait imaginer que quelqu’un pourrait réussir une telle réforme en quelques mois ? Mais ça a été un succès. Nous avons aussi les réformes dans le système éducatif de notre pays. Est-ce que vous entendez parler encore des grèves des enseignants, tant au primaire, au secondaire qu’à l’université ? Les exemples sont légions. Si je dois continuer à en citer, on va y passer toute la journée.

Talon-Yayi, « c’est la nuit et le jour». Voulez-vous nous dire que vous étiez resté dans l’obscurité en soutenant Yayi pendant 10 ans alors que vous êtes un éclairé du Christ ?
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Je n’ai jamais dit qu’on est resté pendant 10 ans dans l’obscurité. Je ne l’ai pas dit et je ne dirai jamais. Parce que je suis un homme honnête et juste. Quand je parle de la nuit et du jour, je crois que c’est une expression pour dire que les deux personnes sont aux antipodes l’une de l’autre. C’est tout. Ce n’est pas pour dire que les 10 ans passés représentent la nuit. La preuve, j’ai parlé de continuité.

Vous avez parlé de la sécurité, de l’éducation. Donc, c’est toute la différence ça ?
C’est ce que vous pensez ? Sur le plan énergétique, vous n’avez rien remarqué ? Vous ne voyez pas les changements. Avez-vous encore les délestages comme c’était le cas par le passé ?

Nous avons toujours des coupures…
Non. Ecoutez, si sur le plan technique, il y a problème, c’est normal qu’il y ait des coupures. Mais, ces coupures durent-t-elles ? Soyons honnêtes. Ces coupures durent combien de temps aujourd’hui ? On a parlé de Maria Gléta pendant combien d’années dans ce pays ? Vous n’êtes pas sans le savoir.

Est-ce qu’aujourd’hui, il y a de l’eau à Savalou ?
Evidemment. C’est de ça qu’il est question. Le Président Talon a jugulé cette question d’eau à Savalou définitivement.

Comment ?
Allez à Savalou et vous verrez.

Dites-nous…
Mais c’est ce que je vous dis. J’ai eu la grâce de le rencontrer à domicile, et quand je lui ai parlé de cette question d’eau, de la misère que les populations de Savalou vivent par rapport à cette pénurie d’eau, le Président Talon m’a dit qu’il a eu la chair de poule. Il m’a dit : « Tchobo, je ne ferai pas la politique avec toi. Non. Je t’ai toujours dit que je suis Savalois même. Puisque je ne veux pas faire de la politique avec toi, je vous donne des forages modernes à grand diamètre, ne serait-ce que pour soulager tout le peuple savalois, jusqu’à ce que le projet japonais déjà ratifié prenne corps ». Et c’est ce qui se fait maintenant. Je vous invite à aller voir. On est en train de connecter tous les arrondissements de la commune. Ce qui est pratiquement fini. Les châteaux aussi finissent et dans quelques semaines, cette question sera définitivement du passé.

En dehors de l’eau, qu’est-ce qui est fait à Savalou ?
Aujourd’hui, Savalou jouit d’un stade omnisport. Ce n’est pas toutes les communes qui ont eu cela. Le projet de pavage, et ça je reconnais que ça avait commencé sous le régime Yayi Boni, se pérennise avec le Président Talon. Et c’est la même chose dans le secteur de l’énergie. Vous voyez, Ahossèdo, tous les grands quartiers de Savalou sont en train d’être connectés au courant électrique. C’est pour vous dire qu’il y a beaucoup de choses qui se font. Il faut être honnête.

Mais d’autres estiment que le Président Talon s’est occupé à amener les infrastructures dans les grandes villes et a laissé les zones reculées….
Mais écoutez, si je dis tout ça sans parler de l’asphaltage, je n’aurais pas bien conclu en parlant de différence. Vous-même vous voyez. Quand ce mot «asphaltage» est sorti, je ne le connaissais pas. Je me suis posé la question de savoir ce que c’est, et si ce n’est pas du leurre. Et quand on m’a expliqué, j’ai demandé par quelle alchimie le réussiront-ils ? Mais aujourd’hui, ce que je vois me dépasse. Je ne pensais pas à cela. Je n’y ai pas cru. Mais c’est une réalité aujourd’hui. Vous êtes tous Béninois. Et vous le constatez avec moi. Et c’est pourquoi je parlais plus haut des aveugles qui ont commencé par voir. Regardez le projet de la Route des Pêches. Des régimes sont passés sans aboutir. Avec le Président Talon, on voit ce qui se passe avec ce projet. Ce n’est pas fini, c’est vrai, mais déjà, on a de quoi se frotter les mains.

Mais c’est avec des prêts à n’en point finir…
Pour moi, on peut faire des prêts sur des prêts. L’essentiel est que le pays soit mis sur les rails. Nos arrières enfants peuvent venir rembourser ces prêts. L’essentiel est que le Bénin soit propre.

Pensez-vous qu’avec tout ce que vous venez d’énumérer, le Président Talon a accompli sa mission ?
Absolument ! Mais il faut être honnête. C’est vrai que tant qu’il reste à faire, rien n’est fait. Ce sont les sentiments à lui-même ça.

Alors, le Président Talon a dit solennellement qu’il vient pour faire un mandat de 5 ans. Mais on entend depuis quelques semaines déjà, Talon 10 ans. L’He Valère Tchobo se situe où entre que Talon respecte sa parole ou qu’il soit candidat pour un nouveau mandat ?
Tel que vous le dites, vous ne nuancez pas. Ce que le Président Talon a déclaré était plein de nuance. C’était clair : Je vais faire un mandat parce que je ne souhaite plus qu’un président béninois fasse deux mandats à cause de ci ou de çà. C’était la nuance. Mais le peuple dit non, de laisser intacte cette question de mandat comme la Constitution le stipule. Aujourd’hui, ces mêmes voix disent qu’il a parlé d’un seul mandat mais c’est clair dans ma tête. Voulez-vous enlever cette nuance pour prendre seulement une phrase et dire qu’il ne fera pas un seul mandat? Dans tous les cas, moi je ne peux pas souhaiter que ça soit un seul et unique mandat pour le Président Talon. Vu tout ce que nous sommes en train de voir, les acquis doivent être pérennisés et les perspectives, il ne faudrait pas qu’on les bloque. En français facile, c’est pour dire que quand quelqu’un est appelé à diriger les reines d’une nation, et qu’il réussit à faire ce que le Président Talon est en train de faire, et que la Constitution lui donne droit à un second mandat et que le peuple accepte, qu’on le laisse continuer cette œuvre de construction afin qu’il finisse ce qu’il a commencé.

Donc vous souhaitez un second mandat pour le Président Talon?
C’est mon souhait, c’est le souhait du peuple et je vais au-delà de ça pour vous dire que les cieux aussi ont validé ça parce que la voix du peuple est la voix de Dieu. Or, ce peuple avec ce qu’il voit ne peut ne pas vouloir un second mandat pour le Président Talon. Et je sais que ce peuple-là est intelligent et ne peut que vouloir ce qui est bien.

Nous venons de faire les communales où 50% des Béninois se sont exprimés, et une bonne frange du peuple a voté contre Talon. Vous l’avez surtout vu dans le nord. Vous avez vu dans votre circonscription électorale que vous avez perdu une grande commune comme Bantè. Avec les résultats du Nord vous pensez que le peuple veut vraiment un second mandat pour le Président Talon ?
Quand tu fais la lecture de ces communales et que tu vois qu’il n’y a aucune partie qui le soutient, tu vois le BR, l’UP et tu totalises les résultats, mais ça suffit largement pour comprendre que Talon a toujours la manivelle. Ça prouve que le peuple est derrière lui. C’est ce que ça sous-entend. Le peuple béninois est très intelligent.

Depuis quelques semaines, les artisans ont reçu de l’argent de la part du gouvernement pour un total d’environ 5 milliards qui ont été dépensés. Qu’est-ce que vous, vous pensez de l’ensemble des mesures qui ont été prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie du Covid-19?
C’est quand même salutaire, ces mesures sociales. Les organisations internationales aussi ont compris que le Bénin a fait un effort. C’est un bond qualitatif dans ce domaine. Parce qu’il sait que le peuple a des problèmes, surtout au niveau des réformes économiques. Avec la situation actuelle que cause la pandémie, le président s’est rapproché un peu du peuple pour les aider. Et cette subvention n’est pas de la tromperie. Vous suivez les témoignages à la télévision, ce que témoignent les bénéficiaires, de combien ils ont reçu et comment ils l’ont eu. On les a associés à cette gestion. Moi je ne peux qu’encourager ce gouvernement qui est en train d’aider son peuple.

Alors est ce qu’il reste encore quelque chose que Talon n’a pas encore fait et qui selon vous, paraît important ?
Il y a encore des choses à faire. C’est la raison pour laquelle je disais tant qu’il reste à faire, rien n’est encore fait. Vous savez qu’avant, les médecins avaient la latitude d’être dans le public et dans le privé. A la police républicaine qui travaille pour la sécurité sociale, avant on voyait les braquages, mais aujourd’hui tout ça a cessé. Dans le domaine sanitaire, je peux dire qu’il reste à faire parce que je fais partie du peuple et je sais de quoi je parle. Nous sommes en train de préparer quelque chose à l’Assemblée qui sera prêt bientôt pour changer un peu le pays à ce niveau. Il faut que nos services publics prennent un peu peur et améliorent les performances et ça se fera bientôt. Un peu peur pour dire que dans le domaine sanitaire, ce que nous voyons, ce n’est pas encore ça. Il y a des choses à corriger. Il y a tant de choses qui restent encore à faire, on ne peut pas dire que tout est bon, tout est nickel. Il reste encore à faire. Nous devons souhaiter son retour pour un second mandat afin qu’il pérennise les acquis.

C’est à quand une loi spécifiquement Valère Tchobo?
Sur la vidéo surveillance, la loi Tchobo est à l’ordre du jour et c’est mon initiative privée.

Que diriez-vous pour conclure cet entretient ?
Je vais en appeler le peuple béninois au travail, parce qu’il y a ce hic. On ne travaille pas. Même si le Chef de l’État a la volonté de propulser ce pays, si nous ne l’accompagnons pas avec le travail bien fait comment pouvons-nous parvenir ? Nous allons demander à ce peuple de changer de fusil d’épaule dans ce domaine. L’ardeur dans le travail. Tout le monde veut l’argent, mais on ne veut rien faire de bon. Tu appelles n’importe quel artisan aujourd’hui à qui tu confies un travail au bout du rouleau, tu es déçu à cause de la qualité du travail. Ils n’ont pas la patience de faire des stages pour se former, et améliorer le travail. Talon va déployer tout le génie en lui, mais si nous ne changeons pas de comportements, il manquera toujours quelque chose. Nous devrons avoir une révolution en esprit, comme les Chinois l’ont eue un jour. Et c’est ce que Talon veut pour ce peuple. Mais le peuple ne l’accompagne pas encore. Je veux en appeler à ce changement réel au peuple. Nous sommes en démocratie. Il doit y avoir des opposants, mais encore faudrait-il que cette Opposition soit une Opposition constructive pour un pays qui émerge, qui est sur le point du développement.

Carte d’identité: De l’informatique à la politique

Né le 11 septembre 1963 à Savalou d’où il est originaire, Valère Tchobo a fait le cours primaire à l’Ecole primaire de Yamadjako et le cours secondaire au Ceg de gbegamey à Cotonou. Il obtient le Brevet d’études du premier cycle, puis poursuit au collège Gbégamey et au Lycée Béhanzin. Sans avoir eu le Baccalauréat, il fait plus tard une capacité en droit. En effet, après avoir échoué au BAC pour la première fois, son père le ramène près de lui pour l’aider à continuer en mécanographie. Et très tôt avec la mécanographie, il comprend que cela n’avait plus droit de cité. « C’était l’informatique qui a commencé. Automatiquement, j’ai dévié pour aller faire la maintenance informatique. Et c’est bien après cela que j’ai été député pour la première fois, quand j’ai commencé les droits capacitaires », raconte-t-il. Et aujourd’hui, il a une maîtrise en relations internationales. Ce qui lui confère le statut de Juriste. Il explique son entrée en politique par un fait du destin. « La seule chose, c’est de pouvoir réussir à accomplir ses rêves. Quand on parle du destin, c’est aussi les rêves. Et tout le monde n’arrive pas à accomplir ses rêves. Vous saisissez vos rêves et vous les faites accomplir. Parce que les occasions que Dieu vous donne dans la vie, il faut savoir les saisir. Quand Dieu vous donne des talents, sachez les monnayer. C’est peut être ça que j’ai fait et aujourd’hui vous me voyez », conseille-t-il. Toutefois, il souligne que ses relations spirituelles sous Boni Yayi ont également motivé son entrée dans l’arène politique. « Pour commencer par soutenir le Président Yayi dans ma circonscription, j’ai commencé par l’église. Puisque je connais le code, je connais le message, je connais le langage », confie-t-il.

Intimité: Très attaché à Dieu

Actuellement fidèle de l’église Flambeau du Christ, Valère Tchobo est appelé Pasteur par ses amis car il est presque toujours dans le giron des Pasteurs. L’homme aime Dieu et le cherche en tout temps. Marié et père d’un garçon, il adore l’igname pilée avec sauce d’arachide et tchayo. Et en termes de boisson, il ne prend rien d’autre que l’eau et fait beaucoup de marche pour maintenir sa forme.

La Rédaction