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Je ne vais pas conseiller aux nouveaux admis au Bac de ne pas aller à l’université. C’est-à -dire que je ne vais pas leur dire de faire la couture, la mécanique, la coiffure ou la menuiserie. Je leur conseillerai simplement de s’engager dans ce qui les passionne le plus si cette passion est rentable.
Comme beaucoup, j’ai suivi l’audio de Florent Eustache Hessou , Dr. en Socio- Anthropologie du Développement, qui disait aux nouveaux bacheliers d’aller faire l’agriculture, l’artisanat, etc. au lieu d’envisager l’université.
On ne peut pas demander aux enfants de mettre une croix sur les Ă©tudes supĂ©rieures. Si tel est le cas, oĂ¹ trouverons-nous les informaticiens de demain, les mĂ©decins, les pharmaciens ou les sages-femmes de demain ? Faut-il que disparaissent les experts en finances, les ingĂ©nieurs du BTP, les diplomates ou les avocats ? AssurĂ©ment non. Le cri d’alerte lancĂ© montre qu’effectivement tout le monde ne peut faire l’universitĂ©. Ceci est vrai aujourd’hui comme hier. Je me rappelle encore mes cours de marketing international donnĂ©s Ă l’époque par un expert aux connaissances pointues en droit maritime. Mais parmi nous, très peu d’auditeurs savaient qu’en plus de son expertise acquise en fac et sur le terrain, il Ă©tait aussi un couturier. Et un grand en ce domaine. Aujourd’hui, dans nos facultĂ©s, bon nombre d’étudiants l’ont compris. Ils ajoutent d’autres compĂ©tences pratiques aux thĂ©ories qu’ils apprennent.
Mais le fond du dĂ©bat ne mĂ©rite pas dâ€™Ăªtre survolĂ©. Florent Eustache Hessouraconte son expĂ©rience en Lettres Modernes, en laissant entendre que la massification des effectifs dans ce dĂ©partement autrefois sĂ©lectif, ne permettrait aucune formation vĂ©ritable. Et il a raison. C’est le paradoxe actuel. Pendant que les effectifs augmentent dans toutes les facultĂ©s et Ă©coles, le nombre d’enseignants permanents baisse. Chaque annĂ©e, ce sont des centaines d’enseignants permanents qui partent Ă la retraite pendant que les recrutements se font au compte-gouttes. L’Etat a mĂªme fait le choix comme dans les autres ordres d’enseignement, de crĂ©er un corps nouveau appelĂ© aspirants. Il n’y a aucun aspirant dans la police, ni dans la magistrature ou encore la mĂ©decine. Mais ce qu’on ne ferait jamais ailleurs, c’est dans l’enseignement qu’il faut le faire. RĂ©sultats, la formation de nos enfants est bĂ¢clĂ©e au vu et au su de tout le monde. On hypothèque l’avenir.
Sur ce front, nous sommes retournĂ©s presque trente ans en arrière, c’est-Ă -dire dans les annĂ©es 90 oĂ¹ les secteurs vitaux de la vie sociale ont Ă©tĂ© sacrifiĂ©s pour satisfaire les exigences du programme d’ajustement structurel (PAS). Les consĂ©quences nĂ©fastes de ce choix ne sont plus Ă dĂ©montrer. Sauf qu’ici, il n’y a plus aucun syndicat pour donner l’alerte, plus aucune ONG.
L’on pense Ă tort que ce sont les facultĂ©s seules qui sont touchĂ©es par le flĂ©au. MĂªme les Ă©coles de formation professionnelle en font les frais.
Aujourd’hui, c’est un sauve-qui-peut gĂ©nĂ©ralisĂ©. Les pontes du rĂ©gime et ceux qui ont droit au miel, envoient systĂ©matiquement leurs enfants Ă l’extĂ©rieur. Les autres leur trouvent de place dans les universitĂ©s privĂ©es et la masse des souffreteux les envoient au casse-pipe, c’est-Ă -dire dans les universitĂ©s publiques, lĂ oĂ¹ il n’y a pas de laboratoire appropriĂ© ou suffisant, pas de salle de cours, pas de studio, pas d’ordinateur…Si donc vous faites partie de ceux-lĂ , avant mĂªme de choisir une filière pour vous-mĂªme ou pour votre enfant, assurez-vous d’abord qu’il y a une entreprise, un cabinet ou une institution suffisamment gentille pour l’accueillir au moins en stage. Si vous n’en trouvez pas, changez ! Les parents les plus avisĂ©s vont jusqu’à envisager et PREPARER dès le dĂ©part l’entreprise, la ferme ou l’institution oĂ¹ leur enfant fera carrière. Dans ma famille, nous nous sommes entendus pour envoyer l’un des nĂ´tres en fac d’agronomie. Quand il a fini, il n’y avait aucune ferme, aucune entreprise agricole pour l’accueillir. Je ne sais plus ce qu’il est devenu aujourd’hui après plusieurs annĂ©es d’errance.
Ce que je veux dire, c’est que nous parents sommes surpris par la chertĂ© de la formation dite professionnelle, quand les enfants atteignent l’universitĂ©. C’est l’obstacle vĂ©ritable qui empĂªche la plupart de les inscrire pour apprendre un mĂ©tier. Les formations professionnelles post-Bac sont capables de vous endetter sur plusieurs annĂ©es. Et pour y parer, plusieurs maisons d’assurances offrent dĂ©sormais des produits permettant de se prĂ©parer. Si donc j’ai un seul conseil Ă donner, c’est bien celui-ci : ayez une police d’assurance pour l’avenir de vos enfants dès leur bas-Ă¢ge. Bien entendu, c’est dur ! Très dur mĂªme , mais beaucoup mieux!
Par Olivier ALLOCHEME