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L’équation au sein de la mouvance aujourd’hui, c’est comment rĂ©ussir ce qui hier Ă©tait considĂ©rĂ© comme une hĂ©rĂ©sie : la fusion de tous les partis soutenant Patrice Talon. Il ne faut pas Ăªtre un visionnaire avant de voir que l’unitĂ© de l’opposition n’est plus une vue de l’esprit. Elle se concrĂ©tise de plus en plus après le congrès du parti Les DĂ©mocrates Ă Parakou.
Certes, il ne faut pas se leurrer. Il y a un vent violent anti-Yayi qui a soufflĂ© dans la salle du congrès, lorsqu’il Ă©tait apparu que l’ancien prĂ©sident avait dĂ©cidĂ© de prendre les choses en main. Eric HoundĂ©tĂ© Ă©cartĂ©, une bonne partie de ses partisans ne le digèrent toujours pas. Contrairement Ă ce que l’on peut penser, il y a des dĂ©chirements internes qui peuvent exploser Ă tout moment. Mais au congrès de Parakou, l’unitĂ© a Ă©tĂ© sauvĂ©e, contre vents et marrĂ©es. Car il ne faut pas Ăªtre dupe : aucun groupe politique, quel qu’il soit ne peut se prĂ©valoir de zĂ©ro conflit. Le fait que HoundĂ©tĂ© ait acceptĂ© malgrĂ© tout de devenir numĂ©ro deux du parti, en cĂ©dant son poste de prĂ©sident tout en demeurant dans le bureau, est le signe que pour le moment, il ravalera ses ambitions. Pour combien de temps encore ? Bien malin qui pourrait le dire. Il Suffirait d’une Ă©tincelle pour allumer le volcan de la contestation au sein du parti. Parce que les informations qui me parviennent de son entourage sont claires : Eric HoundĂ©tĂ© se prĂ©pare pour Ăªtre candidat en 2026. Et il n’a pas tort. De tous les potentiels candidats qui pointent leur tĂªte dans le parti, il est le plus expĂ©rimentĂ©. Mais personne n’ignore qu’il faudra avoir l’onction de Yayi pour la moindre action au sein du parti. Et si son propre fils Chabi est intĂ©ressĂ© prĂ©sidentiel, il le mettra dans le duo de 2026. Je ne vois pas Yayi agir en calculateur politique. Son instinct lui parle plus que toutes les logiques mathĂ©matiques du monde politique.
Au sein de la mouvance par contre, les choses sont moins claires. Le plus difficile, sera de conserver le semblant d’unitĂ© qui y règne, jusqu’aux Ă©chĂ©ances de 2026. Je suis mĂªme convaincu que pour sauver leur poste, les acteurs politiques feront les Ă¢nes jusqu’aux lĂ©gislatives, de façon Ă Ăªtre sĂ»rs dâ€™Ăªtre positionnĂ©s sur une liste gagnante. Avec le pouvoir en main, l’échec aux Ă©lections au BĂ©nin n’intervient que lorsqu’on a perdu toute luciditĂ©. Et il faut espĂ©rer que Patrice Talon n’en est pas encore arrivĂ© lĂ . Quoique…
La rĂ©alitĂ©, c’est que le système des microcrĂ©dits a mis en place un vĂ©ritable maillage politique permettant de toucher directement les couches les plus dĂ©favorisĂ©es. Ce sont ces gens qui forment le plus gros de l’électorat bĂ©ninois. Ce sont des milliers de femmes et d’hommes qui trouvent directement leur bonheur dans ces prĂªts. On ne va pas se mentir : les microcrĂ©dits constituent une redoutable arme politique aux mains du pouvoir. Maintenant, rappelons ce qui s’est passĂ© en 2015-2016. MalgrĂ© un système de micro-crĂ©dits non remboursĂ©s massivement octroyĂ©s Ă la population en son temps, le rĂ©gime Yayi avait perdu et les lĂ©gislatives de 2015 et les prĂ©sidentielles de 2016. Il y a longtemps que les BĂ©ninois savent se moquer des politiciens qui pensent les acheter. Et puis s’il ne fallait compter que sur les constructions d’infrastructures, la prĂ©tendue lutte contre la corruption ou encore sur la bonne gouvernance, les Ă©lections de janvier dernier ont dĂ©montrĂ© une nouvelle fois que le BĂ©ninois vous juge rarement Ă vos rĂ©sultats.
Cette Realpolitik sera utile pour 2026. En se positionnant prĂ©sident de son parti, Yayi veut engager le combat de la revanche. Et si la mouvance fait l’autruche en comptant sur les belles fleurs de la prĂ©sidence ou sur la statue de l’Amazone, il y a de mauvaises surprises qui l’attendent. Les voix comme celle de Me. Jacques Migan qui appellent Ă la fusion de toute la mouvance, ne viennent pas du nĂ©ant. Elles rappellent que toute dispersion des voix pour la prĂ©sidentielle sera du pain bĂ©ni pour l’opposition. Bien sĂ»r, pour le moment, la seule voix que les Ă©gos surdimensionnĂ©s de la mouvance peuvent encore Ă©couter, est celle du chef de l’Etat. Mais s’il attend le dernier jour pour mettre sa troupe en ordre de combat, c’est lĂ oĂ¹ il aura sa dernière surprise.
Olivier ALLOCHEME