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Il y a deux ans, j’étais au mariage de l’un de mes amis. Paillettes, tapis rouge, voitures, cortège, réception en bordure de mer…Tout était beau. Ils avaient déjà trois enfants. C’était une régularisation. Et la semaine dernière, Monsieur m’annonce que le couple s’est séparé depuis quelques mois. « Elle m’a dit que je n’ai pas suffisamment d’argent pour ses ambitions », me dit mon ami. J’étais abasourdi.
Malgré mon choc, je me suis mis à la place de cette dame. Travaillant dans une grande société de la place, elle a probablement subi les assauts des hommes. Ce ne sont pas les propositions alléchantes qui manquent, lorsque la femme a quelques atouts physiques. Ceux qui ont suivi le scandale Balthazar savent que nos administrations ne sont pas des lieux saints. Dans notre société où le sexe est omniprésent, il est difficile pour une femme qui a de grands rêves de résister aux hommes qui veulent goûter au fruit défendu et qui ont les moyens d’impressionner leurs proies.
Cette histoire me rappelle une autre, plus tragique. Lorsque j’entre à l’université dans les années 90, j’avais un ami, presque un frère, dont la petite amie cheminait avec lui depuis la troisième. Je les ai vus tourtereaux au lycée Béhanzin. Quand nous entrons à l’université, j’ai vu mon ami acheter la petite Piagio de l’époque à sa dulcinée. Seulement, avant la fin de nos études, le père de mon ami était décédé. La source de ses revenus avait donc tari. L’amour de la fille aussi. Après sa maitrise en droit, il a tout fait pour récupérer sa belle. De son côté, l’autre avait été engagée dans une grande société d’ici à une bonne position. La rupture qui s’en est suivie a été tragique pour mon ami. Et pour la dame elle-même. Son collègue devenu son mari s’est révélé un brutal et intrigant personnage. Maladie, divorce, déchirures au sein des familles…Le mari meurt. La femme elle-même, percluse d’un mal aux origines inconnues, tente de vivre aujourd’hui en appelant de temps en temps son ex pour lui dire ses regrets. « Je suis à l’origine de tout ce qui s’est passé », lui a-t-elle dit il y a quelques années, après les drames successifs.
Notre société s’est américanisée. Définitivement. Les relations amoureuses n’y sont solides et vraies que lorsque le matériel les accompagne. Il y a les femmes qui ajoutent au matériel la célébrité, la réputation professionnelle de leur homme. Quant à celles qui veulent à tout prix un homme riche, il y a une variable que j’ai pu observer : les familles vraiment riches acceptent rarement que leurs enfants se marient à des gens moins riches. Autrement dit, l’homme a beau accepter une belle aux yeux revolver, le jour où elle entre dans la famille riche, si elle n’a vraiment pas grand-chose à offrir (un métier, des revenus stables ou une position sociale déjà consolidée), on lui rappellera régulièrement qu’elle n’est qu’une profiteuse. Et dans la plupart des cas, la rupture suivra. Tôt ou tard. Je le répète encore une fois : quand vous regardez bien autour de vous, vous vous rendez compte que les riches se marient généralement entre eux. Sauter l’échelle sociale pour voir plus haut que son nombril, réserve des malheurs.
Je retourne à l’université. Quand je finissais ma quatrième année, l’un de nos professeurs nous racontait qu’il s’était entêté pour épouser une fille de médecin, lui qui n’était qu’un fils de paysan, malgré les avertissements de ses propres parents. Il nous confiait à l’époque qu’il a fini par conclure que chercher à épouser une femme qui n’est pas de votre rang social est un suicide. Il est décédé depuis quelques années, mais bien avant son décès, le couple s’est brisé.
Oui, l’argent est primordial dans un couple qui veut aller loin. Et je le dis toujours à mes étudiants : un pauvre sans qualification professionnelle n’a pas droit à l’amour. Fonder une famille n’est pas un jeu d’enfant et l’amour est une raison insuffisante pour se marier.