Edito du 06 janvier 2025:   Une urgence inéluctable

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Le vent souffle fort sur les réseaux sociaux, et parmi eux, TikTok, cette plateforme aussi enivrante qu’un tourbillon, emporte des millions de jeunes dans son flux incessant de vidéos. Mais si la Chine, berceau de ce phénomène sous le nom de Douyin, a su canaliser cette puissance pour en faire un outil éducatif et culturel, pourquoi le Bénin resterait-il spectateur d’un spectacle débridé ? Il est temps d’établir des garde-fous, de poser des limites à cette marée numérique qui menace de submerger les esprits vulnérables.

En Chine, Douyin n’est pas un océan où tout le monde peut naviguer à sa guise. C’est un lac encadré de digues solides. Les contenus y sont filtrés, orientés pour promouvoir l’éducation, l’art et l’innovation. Mais chez nous, TikTok semble devenu le royaume du n’importe quoi, une scène où certains tiktokeurs, en mal de gloire et de vues, déploient une parade souvent vulgaire, utilisant le sexe sous toutes ses formes comme appât. Pourquoi accepter que cet espace, si prometteur, soit réduit à un terrain de dérives ? Certes, TikTok a démocratisé la création de contenu. Il permet aujourd’hui à chacun, depuis son salon, de devenir un acteur économique. Oui, il a ouvert une voie à l’expression individuelle et a fait émerger de nouveaux talents. A ce titre d’ailleurs, il arrache des parts de marchés substantielles aux médias conventionnels. Et cela ne fait que commencer. Mais ne fermons pas les yeux sur l’autre face de la médaille : une pollution mentale qui s’immisce dans les téléphones et les consciences. Un espace où les valeurs essentielles se noient dans une mer de superficialité.

L’artiste Richard Flash, connu pour son franc-parler, a récemment appelé à fermer TikTok à partir de 22 heures. Une proposition qui, bien qu’ambitieuse, pose la question fondamentale des limites nécessaires pour protéger notre jeunesse. Pourquoi ne pas instaurer un couvre-feu numérique, à l’image de ce que proposent certains pays pour limiter l’exposition des jeunes à des contenus potentiellement nocifs ? Cette idée, loin d’être rétrograde, pourrait constituer une première étape vers une utilisation plus saine et productive de la plateforme.

Au Bénin, nous devons apprendre de l’exemple chinois. Nous devons imaginer un TikTok où la créativité rime avec responsabilité, où la liberté s’accompagne de respect. Ce n’est pas un appel à la censure, mais à la responsabilité. L’État pourrait imposer une charte éthique, collaborer avec les créateurs locaux pour encourager des contenus enrichissants et punir les débordements nuisibles. Imaginez un TikTok qui devient une scène où éclatent les talents artistiques béninois, une bibliothèque virtuelle où s’éduquent les jeunes à travers des contenus inspirants. Imaginez un espace où la beauté de notre culture remplace les spectacles dégradants. Pourquoi ne pas rêver d’un TikTok béninois au service de la jeunesse et de la société ?

Il faut dire à TikTok ce que la Chine dit à Douyin : voici la voie, suivez-la. Il faut marteler aux utilisateurs qu’une plateforme de cette ampleur n’est pas un champ de bataille pour les regards, mais un jardin à cultiver avec soin. Il faut rappeler que la liberté d’expression ne signifie pas liberté de corruption. Et pour cela, les institutions publiques ont encore un rôle à jouer. Qu’elles s’appellent CNIN, HAAC, ARCEP ou encore APDP, il est temps que l’Etat mette en place des digues contre le chaos que l’on voit.

TikTok, à l’image d’un fleuve, peut irriguer nos esprits ou les inonder. Tout dépend des berges que nous construirons. Il est temps pour le Bénin de réglementer cette plateforme, de la transformer en un outil de développement plutôt qu’en une arène de débauche. Car en fin de compte, cette plateforme peut être le meilleur ou le pire. Et le choix nous appartient.

Olivier ALLOCHEME

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