Edito du 03 février 2025: La main lourde

Views: 13

logo2

Tous ceux qui avaient des projets de complots contre Patrice Talon sont désormais avertis : si vous le ratez, il ne vous ratera pas. Du moins, c’est l’impression qu’a donnée la CRIET la semaine dernière en condamnant à 20 ans de réclusion criminelle l’ami le plus fidèle du Chef de l’Etat. On pensait que par un dernier geste de mansuétude le chef de l’Etat allait demander à la justice d’arrêter la procédure. On avait pensé que par un coup de théâtre, il allait renoncer à ses poursuites, en reconnaissance pour toutes ces années d’amitié et de fidélité avec Olivier Boko. Non, le président de la République a préféré laisser la justice aller jusqu’au bout de la procédure.

Et l’exécution de la sentence risque d’être salée. En dehors des 20 ans de réclusion criminelle, les amendes et autres dommages et intérêts mis à sa charge sont si lourds qu’ils équivalent à une destruction en règle de tout son patrimoine. Si vous pensez que cette décision ne sera pas appliquée, rappelez-vous le sort d’Ajavon. Presque tous les biens portant son nom ont été liquidés un à un. Ce qui sauvera Boko, ce sera peut-être ses avoirs à l’extérieur, si jamais il parvenait à sortir de prison par une certaine grâce présidentielle. La CRIET n’a jamais eu la main aussi lourde. Pour ce verdict, elle n’a même pas suivi les réquisitions du procureur spécial Mario Mètonou qui réclamait une peine de dix ans de réclusion criminelle : c’est deux fois plus lourd…

Ce qui se passe déjà, c’est la terreur qu’inspire désormais Talon à tous ceux qui voudraient s’engager dans une aventure présidentielle. C’est surtout valable pour ceux de son camp. Ils savent que seul le mot du président de la République comptera pour 2026. Cela s’appelle contrôle des ambitions internes. C’était le principal talon d’Achille des précédentes fins de règne. La fin de la bulle Boko, aussi cruelle qu’elle puisse paraitre, donne du chef de l’Etat l’image d’un homme impitoyable pour ceux qui oseraient dans son propre camp remettre en cause ses orientations. C’était connu depuis le premier mandat, mais la sentence de la semaine dernière permet de sceller définitivement cette image.

Quant à l’opposition, elle sait qu’elle aura à faire à une mouvance présidentielle unie, en tout cas plus unie qu’en 2016. Plus unie parce que la lourde sentence de la semaine dernière donne carte blanche au chef de l’Etat pour imposer son homme. Est-ce un hasard si Romuald Wadagni a jeté l’éponge dans sa course pour la BAD ?  

J’ai déjà dit que son ambition pour la BAD ressemblait plus à une opération de camouflage qu’à une réelle candidature. Désormais, il a toutes les chances de rêver au fauteuil présidentiel. Et nous avons jusqu’en juin ou en juillet pour voir les signes de son adoubement par les partis de la mouvance. Mais il ne fera rien sans la dictée du président de la République définitivement paré de ses habits de seul maitre à bord. Joseph Djogbénou ? Je ne vois pas comment Patrice Talon le choisirait pour 2026. L’ancien président de la Cour constitutionnelle n’a pas les préférences de son mentor au poste suprême. Il continue pourtant d’y croire, même s’il a sensiblement limité ses actions sur le terrain dans ce sens. S’il ose aujourd’hui défier les orientations de Patrice Talon, il sait qu’il n’aurait pas grand monde derrière lui.  Avec les risques de représailles qui vont avec.

Concluons donc. Les agissements du camp Boko avaient pu faire penser que le camp présidentiel était divisé et écartelé surtout sur la réforme du système partisan. La décision de la CRIET met fin à cette spéculation et ouvre de nouvelles perspectives au sein de la mouvance.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *