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«Haut-commissariat à la prévention de la corruption : Qu’est-ce qui va changer ? ». C’est le thème de l’émission ‘’FRANC-PARLER’’ du dimanche 20 octobre 2024 sur radio Cotonou. Invité, le Dr Olivier-Charles Attindehou, Secrétaire Général du Haut-commissariat à la prévention de la corruption (HCPC) a partagé des réflexions sur la lutte contre la corruption au Bénin et a apporté des clarifications sur le HCPC.

Ce que vous devriez savoir : C’est en remplacement de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption que le Haut-Commissariat à la prévention de la corruption. Elle est régie par la loi numéro 2020-09 du 23 avril 2020. Dans son intervention, Dr Olivier-Charles Attindehou a fait remarquer cette institution n’est pas créée pour Me Jacques Migan comme certains le font croire dans l’opinion. A cet effet, il a invité l’ensemble de la population à faire l’effort d’éviter les procès d’intention. « La lutte contre la corruption nécessite l’engagement de toute la société. Ce n’est pas uniquement la tâche d’individus spécifiques, mais de chacun d’entre nous », a-t-il dit. Ce qui fait la spécificité du HCPC, de son point de vue, c’est que de nombreux pays ont choisi des actions répressives, mais la loi du 23 avril 2020 privilégie la prévention. « La prévention consiste à rechercher les causes de la corruption afin d’éviter sa survenance. Au lieu de punir les fonctionnaires, nous devrions les sensibiliser à l’intégrité et à la probité. Nous devons nous interroger sur le type de société que nous voulons construire », note-t-il. C’est pourquoi la stratégie de lutte contre la corruption doit reposer sur la sensibilisation des générations futures. Cela implique également le renforcement des mécanismes législatifs et juridiques existants. « La création du Haut-Commissariat à la prévention de la corruption est un prolongement de cette vision. Sa mission, comme stipulé dans la loi du 23 avril 2020, consiste à suivre la mise en œuvre des mesures de lutte contre la corruption et à initier des actions de prévention dans le secteur public et privé », a détaillé l’invité de radio Cotonou.
Que retenir de la corruption : Il définit la corruption comme l’abus de pouvoir à des fins personnelles. Il a donné comme un exemple un fonctionnaire acceptant un pot-de-vin pour accomplir ses tâches. Selon lui, aucun fonctionnaire ne devrait avoir d’intérêts personnels qui interfèrent avec sa fonction, car cela nuit à l’intérêt général. « La corruption peut revêtir divers visages, tant matériels que financiers. Pour le commun des mortels, on peut définir la corruption comme l’abus de pouvoir à des fins personnelles. Pour simplifier, lorsque l’on parle d’abus de pouvoir, il s’agit de l’exercice d’une fonction contre des intérêts personnels. Prenons un exemple concret : un fonctionnaire qui, en contrepartie de l’accomplissement de ses tâches, accepte un cadeau ou un pot-de-vin, c’est de la corruption. Un fonctionnaire n’a pas le droit d’accepter quoi que ce soit en dehors de son salaire, qui doit suffire à sa rémunération », va-t-il ajouter.
Entre les lignes : Interrogé sur la détermination du président Patrice Talon dans la lutte contre la corruption, il a évoqué le Programme d’Action du Gouvernement (PAG) 2016-2021, qui témoigne d’une volonté claire. Il a noté que malgré les obstacles humains, il y a un engagement collectif pour changer les choses. « Il y a une volonté ferme de Talon d’éradiquer la corruption », a-t-il dit avant d’ajouter : « Si nous pouvons mettre fin à la corruption, l’État sera en mesure de générer davantage de recettes pour réaliser des projets essentiels tels que des hôpitaux et des écoles ». S’appuyant sur d’autres pays, il explique que la corruption n’est pas un problème propre au Bénin, mais un fléau mondial qui perdure depuis des siècles. Dr Olivier-Charles Attindehou a rappelé qu’une des premières lois contre la corruption date de 59 avant Jésus-Christ, soulignant l’ampleur et la longévité du phénomène. Ce mal sape la confiance des citoyens dans les institutions et doit être combattu de manière collective. « Concernant la perception de la corruption au Bénin, elle n’est pas très différente de celle d’autres pays comme la Côte d’Ivoire ou le Ghana. Cependant, je constate qu’il y a une volonté ferme de la part du chef de l’État de lutter contre la corruption. Hélas, la bassesse humaine et certaines trivialités empêchent certaines actions d’aboutir. Néanmoins, je suis convaincu que collectivement, nous pouvons y parvenir. Je ne dirai pas que nous sommes tous corrompus, mais il existe des individus réfractaires qui s’opposent à l’amélioration des finances publiques nécessaires au développement du pays, et ceux-là devront répondre de leurs actes », a martelé Dr Olivier-Charles Attindehou.